Discover Borneo : Beaux-Arts (Peinture / Sculpture / Street Art / Photo)

Île mythique de l’Océan Indien, Bornéo continue de fasciner les voyageurs du monde entier. Maintes fois décrite, photographiée et peinte, cette île de l’archipel du Sud-Est asiatique conserve tout son mystère. Son nom stimule à lui seul l’imaginaire. Bornéo fait rêver à juste titre ! Sa nature sauvage percée de pics rocheux est le berceau de peuples talentueux. Connus sous le nom de Dayak ou de « chasseurs de tête », ces ethnies réputées pour leur férocité ont porté l’art de la sculpture et du masque à son apogée. Un style élégant, épuré caractérise leurs créations, si variées soient-elles. Le style local s’est nourri au fil du temps des influences hindoues et chinoises sans se dénaturer. La scène actuelle, en plein boom dans la trépidante capitale malaise Kuala Lumpur, puise dans les tendances occidentales. La photographie et les installations rejoignent les œuvres traditionnelles dans les lieux culturels qui voient le jour dans ces régions enchanteresses.

Naissance de l’art pariétal

L’une des plus anciennes fresques du monde a été découverte à Bornéo, dans sa partie indonésienne à Sangkulirang (Kalimantan Est). Plusieurs millénaires de l’évolution picturale sont inscrites sur les parois rocheuses, la plus ancienne trace remontant à 52 000 ans. Les célèbres séries de mains en négatif font particulièrement preuve d’inventivité. En duo, en bouquets, poings serrés ou doigts croisés,  2000 mains témoignent d’une recherche créative qui a surpris les premiers archéologues qui les ont étudiées dans les années 1990. Sur une paroi de Gua Tewet, douze mains tracées au pochoir et décorées de symboles constituent le fameux Arbre de Vie. Ce terme s’inspire de la composition semblable à un arbre généalogique.

Apparaissent ensuite des animaux tels que des bovins puis des silhouettes humaines. Datées de 20 000 ans, des figures filiformes à longues chevelures sont représentées main dans la main. Au total, plusieurs milliers de peintures ornent une cinquantaine de grottes. Bien que difficile d’accès, c’est sur ce site que la plus ancienne peinture figurative de l’histoire a été dessinée. Notons que peu après, le motif humain fait son apparition dans des grottes européennes.

Art Dayak

Dès l’Antiquité, les grandes cultures se mélangent sur l’archipel malais. Située sur la Route de la Soie Bornéo s’enrichit d’influences chinoises et indiennes. Un art autochtone est cependant développé par le peuple dayak. Etape incontournable pour se familiariser avec la variété des traditions locales, le Bornéo Cultures Museum a ouvert ses portes à Kuching en 2022.

Les Dayaks réunissent en réalité une douzaine d’ethnies. Dans ce paradis terrestre, ceux que l’on surnomme les « chasseurs de têtes » terrifient. Pour autant, leur patrimoine est d’une richesse inouïe comme l’a montré l’exposition Dayak. L’art des chasseurs de têtes de Bornéo, présentée au Musée des cultures de Lugano (Musec) en 2020. Rassemblant 170 œuvres créées entre le début du XIXe et le milieu du XXe siècle, l’événement a fait la part belle à la figure du guerrier, centrale pour ces peuples. Sculptures monumentales en bois, statuettes en os, vêtements et chapeaux, pagaies et amulettes, crânes décorés, instruments de musique, chaque objet est magnifiquement travaillé et intégré au quotidien et aux rites. Mentionnons le tatouage pour ces motifs géométriques et végétaux qui signalent le statut social, la fonction et le genre des individus.

Les divinités dayaks fusionnent les éléments hindouistes et bouddhistes, chinois et javanais. Deux figures sont centrales : le naga, serpent mythique qui protège, assure la prospérité, et accompagne les défunts ; le chien-dragon qui repousse l’ennemi en montrant les crocs. A ce titre, il est souvent représenté sur le toit des maisons, les sépultures et lieux sacrés.

La sculpture dayak compte aussi des figures humaines en bois, de style épuré, qui séduisent très tôt les collectionneurs européens. Le pape du surréalisme André Breton collectionnait les masques dayaks «Hudoq». Tous les Hudoq sont uniques, minutieusement gravés et colorés avec des pigment naturels. D’une grande complexité, ces masques en bois sont portés par les danseurs lors de cérémonie afin de repousser les mauvais esprits. Qu’il soit doté d’un long nez ou de grandes oreilles, le masque Hudoq reste l’un des symboles de Bornéo.


Les statues Hampatong sont plantées dans la terre, en sentinelle. Destinées à protéger un champ ou une habitation, ces représentations humaines exposées à tous les vents sont retravaillées par les éléments. Le culte des ancêtres demeure fondamental pour le peuple insulaire des Bahaus. On le reconnaît aux statues humaines, debout ou assises, qui posent les mains sur les genoux.

Attaché aux traditions comme les cérémonies, le troc ou l’art du bois sculpté, le peuple dayak intègre toutefois les innovations. Il n’est pas rare de tomber sur un poteau sculpté représentant une silhouette humaine équipée d’une montre ou d’un téléphone.

Par ailleurs, les peuples du Sarawak et de Sabah perpétuent depuis quatre siècles l’art du tissage ainsi que le montre le Textile Museum à Kuching. Les sculpteurs sur bois s’illustrent dans la création de totems, à découvrir au Sarawak State Museum, le premier établissement culturel à avoir été ouverte sur l’île, en 1891.

De nos jours

Les traditions picturales, la faune et la flore locales restent au cœur de la création. Un peu partout sur l’île, les artistes ouvrent des galeries privées.

Depuis 2010, Tianne, de son vrai nom Christianne Goonting, accueille les visiteurs à Lavinia Private art Gallery (Kota Kinabalu). Dans ses toiles colorées, Tianna tient à préserver les traditions menacées de disparition. Avec spontanéité, elle mélange les médiums (stylo, aquarelle, peinture, matériaux recyclés) dans ses œuvres d’une grande liberté.

Basé à Sabah, Adrian Ho utilise l’huile sur toile pour capturer la majesté des paysages malaisiens. Son respect mais aussi sa tristesse de voir le patrimoine naturel dépérir sont la clé de voûte de son art. Adrian Ho a remporté son premier prix en 1974, à l’âge de 7 ans. Depuis, il cumule les récompenses et les commandes. Sa réputation dépasse désormais les frontières de l’Asie. Il exerce à Kuala Lumpur, Sarawak et Sabah. On peut admirer ses toiles à la Borneo Sunrise Home Gallery.

Spécialisée en art contemporain, la Mayuri House of Art garde les yeux ouverts sur l’avant-garde depuis 2008. L’art digital local et international s’expose à la Pro Art Gallery, espace ouvert pour faciliter les expérimentations. Toujours à Sabah, la Sunday Gaya Street Fair invite à prendre le pouls de la création tout en faisant son marché et en assistant aux danses traditionnelles.

La nature et la rue

Les rues de Kuching ont vu émerger un street-art palpitant. De magnifiques fresques se déploient sur les façades, les thèmes environnementaux arrivant en tête des préoccupations. En 2015, le gouvernement a pris l’initiative d’attirer les muralistes pour embellir le paysage urbain, en particulier les commerces. Le lithuanien Ernest Zacharevic est connu pour ses fresques de Penang mais aussi de Kuching dont Barrel of Monkeys (8 petits orang-outan dans une brouette) visible au bout d’India Street. Dans Wild about Kuching, ce sont des oiseaux qui recouvrent sur trois étages les façades du Singgahsana Lodge Hotel. Une œuvre de Leonard Siaw. A voir également, des enfants de toutes les ethnies peints face au Fung Shan Temple, sur Wayang Street.

Escale à Kuala Lumpur

Moins luxuriante mais vibrante d’énergie, Kuala Lumpur abrite dans sa forêt de gratte-ciels une scène artistique en plein essor. Peut-être même l’une des plus dynamiques d’Asie. Mais avant de plonger au cœur de cette vie trépidante, un détour par les Batu Caves s’impose. A dix kilomètres au nord de la ville, des temples ont été édifiés au sein des grottes. Cet ensemble constitue le plus grand sanctuaire hindou hors de l’Inde et accueille les célébrations des fêtes hindoues. Le site est dédié à Murugan, le dieu de l’armée céleste symbolisant la victoire de la lumière sur les ténèbres. Sa statue dorée garde l’escalier principal menant aux grottes.

Après cette bouffée de sérénité, retour dans la cosmopolite Kuala, où toutes les religions cohabitent. En atteste son architecture, où se mêlent temples, mosquées et églises. Et entre les tours Petronas, les galeries d’art poussent comme des champignons. Parmi les musées à visiter, la principale institution malaise n’est autre que le Musée National – Mizium Negara. Toute l’histoire du pays et ses héritages culturels sont retracés derrière l’impressionnante entrée du bâtiment. L’art ancien présenté par le musée-galerie Pucuk Rebung remonte au XIIe siècle.

A Kuala, chaque culture possède son musée, notamment l’Islamic Arts Museum qui explore toutes les facettes de sa création ; le Musée d’arts asiatiques réunissant arts et artisanats orientaux, y compris la photographie.

Du côté des galeries

Dans Chinatown, le spot des artistes et écrivains locaux se nomme l’Aku Cafe & Gallery. Concerts et projections en plus des expos. A la Galerie D'art National (Jalan Tun Razak), peintures, sculptures et expérimentations visuelles s’observent au fil d’un circuit en spirale. L’art contemporain s’apprécie également à la Galerie De Tangsi, situé dans le PAM qui accueille  l'association des architectes de Malaisie. Le centre Sasana Kijang réunit plusieurs galeries dans un même lieu. Maîtres anciens et talents contemporains de Malaisie et plus généralement d’Asie du Sud-est s’admirent dans ces espaces.

Artistes à suivre

Pamela Poh Sin Tan s’est fait remarquer pour ses installations qui brouillent les limites entre art et architecture. Après des études au Royaume-Uni, elle reçoit le Design for Asia Award 2020 et enchaîne les commandes.

Inspiré par les animaux, l’univers poétique de Kamuei Fong tient à la fois de l’illustration et de la peinture sur toile. Ses séries de chats Furry Things  ont séduit le public au Salon des Beaux-Arts in Paris puis à Art Expo Malaysia à Kuala Lumpur.

La photographie, avec ou sans l’intervention du numérique, est revisitée par la talentueuse Monica Lee. Passionnée par le photoréalisme, elle défend la cause environnementale également dans ses dessins au fusain. Monica Lee a été la finaliste du David Shepherd Wildlife Foundation: Wildlife Artist of the Year en 2021.

Le talent graphique de Dudu De Doodle est bourré de fantaisie. L’artiste peint avec du café des portraits de célébrités et intègre des objets du quotidien comme des cuillères ou des cookies à ses peintures. Son univers inspiré du manga et de l’imagerie pop, est dépeint dans plusieurs fresques à travers la capitale. Artiste graphique clairement orienté graffiti, Cloakwork a adopté une approche ludique de l’art. Ses créations colorées embellissent les rues de nombreuses villes asiatiques. Par ailleurs designer pour des grandes marques, Cloakwork insuffle de la joie et de l’optimisme dans la vie des passants. Sous le soleil exactement !

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