Discover Kazakhstan : A l'écran (Cinéma / TV)

Si, dans l’imaginaire collectif, le Kazakhstan est souvent associé au personnage Borat de Sacha Baron Cohen, le pays a une cinématographie bien plus riche que ces deux films, qui plus est tournés principalement en Roumanie. Documentaristes et réalisateurs kazakhs sont en effet en activité depuis les années 1980, avec des productions de qualité malgré les moyens réduits. Le Kazakhstan a, de par son histoire et ses paysages captivants, attiré de nombreuses productions internationales, qu’elles soient américaines, indiennes ou d’ailleurs. Certaines de celles-ci ont laissé leurs marques dans les steppes, à l’instar du film Nomad: The Warrior, dont les décors construits au milieu des années 2000 sont encore accessibles pour les touristes aujourd’hui. Une plongée dans l’histoire épique des guerriers des steppes, mais aussi dans celle du septième art de ce vaste pays, bien plus riche et diversifiée qu’il n’y paraît au premier abord.

Cinéastes et documentaristes kazakhs

Grand pôle de cinéma pendant les années 1940, les studios d’Almaty ont notamment été le lieu de tournage du classique Ivan le Terrible, dernier long métrage du cinéaste russe Sergueï Eisenstein (1946). Une production de grande envergure mettant en scène des centaines de figurants dans des scènes épiques, rarement égalées dans l’histoire du cinéma soviétique. Initialement validée par Staline, la saga qui devait compter trois parties ne verra finalement le jour qu’à travers un seul film, le second volet ayant été interdit de diffusion par les autorités soviétiques, le jugeant anti-historique. La mort du cinéaste en 1948 causera l’abandon du projet, et ce n’est qu’en 1958 que sortira une version recomposée du second film, après la mort de Staline lui-même.

Après la guerre, la majorité des tournages de Mosfilm sont rapatriés à Moscou, et la production cinématographique de la région diminue. Il faudra attendre les années 1980 pour qu’une nouvelle génération de cinéastes, locaux cette fois, s’empare de la caméra et capture l’essence de cette époque, marquée par le tournant de la perestroïka. Parmi ces films, Igla est sans doute le plus connu, car il est fondateur de ce qu’on appellera par la suite la Nouvelle Vague kazakhe. Réalisé par Rachid Nougmanov et sorti en 1988, Igla suit les mésaventures de Moro alors qu’il doit faire face à la déliquescence de son pays et aux problèmes de drogue de plus en plus présents dans la région. Porté par son acteur principal, le rockeur russe Viktor Tsoi du groupe Kino, le film est une représentation brûlante de la jeunesse soviétique désenchantée de cette période.

Après la chute de l’Union Soviétique, le Kazakhstan poursuit sa production cinématographique grâce au déjà existant Kazakh Film Studio, soutenu par le gouvernement. Dans les années 1990, plusieurs cinéastes se forgent un nom au niveau national et international, à l’instar de Darezhan Omirbaev, acteur, réalisateur et scénariste qui sort son premier long métrage, Kaïrat, en 1992. Nommé pour le Léopard d’Or au festival de Locarno, il y remporte celui d’Argent avant de remporter, en 1998, le Prix Un Certain Regard au Festival de Cannes pour son film Tueur à gages. Il est depuis un habitué des grands festivals, mettant en avant un cinéma mêlant inspirations personnelles et adaptations des grands auteurs russes tels Tolstoï ou Dostoïevski. Dix ans plus tard, le cinéma kazakh sera de nouveau récompensé à Cannes, avec le film Tulpan du cinéaste Sergueï Dvortsevoï (2008).

Dans un tout autre registre, le cinéaste Timur Bekmambetov se fait quant à lui remarquer pour ses films de genre, avec Daywatch, film d’action fantastique sorti en 2004. Suite au succès international de ses films, il poursuit sa carrière de producteur-réalisateur entre la Russie et Hollywood, où il tourne notamment Wanted (2008) ou le remake de Ben-Hur en 2016.

Le Kazakhstan est également un pays de réalisatrices, grâce à des figures comme Zhanna Issabayeva, couronnée au festival du film asiatique de Deauville en 2013 avec Nagima. Ou encore grâce à la documentariste Katya Suvorova, qui décortique la société kazakhe dans ses films comme Let There Be a Girl (2021-2022). Un documentaire poignant qui explore et questionne la tradition d'un pays où les parents nomment leur fille d’un prénom de garçon, dans l’espoir, en cas d’une future naissance, d'avoir un garçon. Un choix lourd de conséquences, et un l’impact émotionnel fort sur les femmes rencontrées par cette cinéaste.

Une cité construite par et pour le cinéma

L’un des tournages les plus marquants de l’histoire du cinéma kazakh est probablement celui de Nomad, fresque historique épique sortie en 2005 au Kazakhstan, puis en 2007 dans le monde entier en version anglaise. Narrant l’enfance, la jeunesse et l’avènement au pouvoir du jeune Kablaï Khan, dernier Khan libre de l’histoire du pays avant l’annexion russe. Malgré un budget impressionnant et de gros investissements en termes de décor, le film sera un échec commercial à l’international. Il n’en reste pas moins que la cité construite pour les besoins du film est encore accessible aujourd’hui, et a été réutilisée pour de nombreux tournages depuis sa création. Elle se visite comme un musée à ciel ouvert, et est accessible en taxi depuis la ville de Kounaïev, anciennement Kapchagaï.

Petite histoire des salles de cinémas kazakhes

C’est en 1900 qu’a lieu la première projection publique de cinéma au Kazakhstan, et plus précisément dans la ville d’Almaty. Il faut cependant attendre 1911 pour que la première salle de cinéma du pays ouvre ses portes dans cette même ville, salle qui restera en activité jusqu’à sa destruction par incendie dans les années 1930. Par la suite, les cinémas kazakhs s’implantent plutôt dans les parcs, comme le Rodina Cinema au sein du Parc Gorky, une installation qui deviendra un cinéma permanent dans les années 1950, avec plus de 700 places. Aujourd’hui, les nombreux cinémas du pays sont principalement des complexes appartenant à des chaînes multinationales, proposant des expériences cinématographiques de grande qualité. Attention néanmoins, la plupart des films sont doublés et non sous-titrés, mais certaines séances sont projetées en version originale. À Almaty, rendez-vous au Kinopark IMAX pour profiter de l’un des plus grands écrans du pays, ou bien au Lumiera Cinema pour une sortie dans un cinéma confortable et accueillant. À Astana, le VIP Cinema vous propose des petites salles privatives de qualité professionnelle, avec un service à la carte, mais vous pouvez également profiter du confort de nombreuses salles plus classiques, si le cœur vous en dit. Enfin, si vous êtes plutôt amateurs de tapis rouges, faites un détour par l’étonnant Almaty Indie Film Festival, un événement de renommée internationale qui met en avant les productions légères et les films indépendants, avec de belles surprises à la clé. À Astana, c’est l’Action Film Festival qui vous proposera de découvrir les derniers blockbusters internationaux et locaux, dans un style plus brutal mais pas forcément déplaisant. Enfin, si vous souhaitez prolonger la découverte, sachez que s’organise annuellement entre Paris, Bruxelles et le Luxembourg le Festival du Film Kazakh, un événement mettant en avant la diversité du cinéma national auprès de publics européens. De quoi satisfaire votre curiosité cinéphile, en voyage comme à la maison.

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