VOILIER LIMNOREIA

Un grand MERCI à Kévin, Christina, Kélio et Léna pour votre commentaire qui me fait chaud au cœur. Je suis heureux que ma balade en mer ait pu vous apporter de bonnes et belles sensations. Pour ma part, ce fut une joie de faire votre connaissance à bord de Limnoreia ! Vous serez toujours les bienvenus. Bonnes vacances. Eric Capitaine de LIMNOREIA

Madame, après le scandale que vous avez fait à votre descente du bateau, les autres passagers m'ont manifesté leur soutient et leur satisfaction au moment de débarquer, faisant en quelques sortes retomber sur vous la honte que vous m'aviez faite en public.
Si vous aviez choisi de mesurer votre satisfaction au nombre de kilomètres de côte parcourus durant l'excursion, il est normal que vous ayez été déçue car nous avons navigué droit vers le large afin de rester face à une mer en formation, ce qu'aurait choisi de faire tout capitaine, afin que les mouvements du bateau restent confortables.
Vous qui prétendez avoir participé à beaucoup de sorties en mer, il est surprenant que vous n'ayez pas su vous émerveiller de cette mer sauvage qui nous enveloppait et nous portait en elle, surtout au retour que nous avons fait entièrement à la voile, toutes voiles dehors, ce qui était en soi un spectacle magnifique, qui semble n'avoir échappé qu'à vous.
Je pratique ainsi depuis des dizaines d'années quand la mer est formée et plutôt que d’annuler la balade comme l'aurait fait un skipper moins expérimenté (ce que la grande majorité des passagers déploreraient), je raccourcis volontairement la partie en mer afin que le mal de mer ne vienne pas gâcher l'expérience de certains. La durée en mer n'est de toutes façons pas un critère et la grande majorité de mes passagers gardera un meilleur souvenir de trente minutes sur une mer un peu formée plutôt que d'une heure à longer les côtes sur une mer d'huile. D'ailleurs, une fois passées les digues d'entrée de port, la balade n'était pas terminée et nous avons continué un long moment à naviguer à la voile dans le chenal (qui n'est pas le port) portés par la quiétude soudaine et la beauté du paysage d'arbres, de nature et de montagnes au loin qui défilait doucement devant nous dans un silence presque parfait.
Durant l'escale, j'ai effectivement donné à manger aux goélands, non pour les attirer mais simplement pour leur montrer mon affection en leur offrant un peu de nourriture. Un peu avant la fin de l'apéritif, plutôt que de rester au mouillage jusqu'au dernier moment et de rentrer rapidement au moteur, j'ai choisi de repartir en avance et de laisser le bateau simplement glisser en silence sur l'eau, poussé par un vent favorable ce qui permettait de prolonger ce moment de détente et de partage tout en regardant défiler doucement le paysage. Mon but n'était pas de faire durer pour consommer du temps mais bien d'offrir à mes passagers un moment hors du temps, de zénitude et d'éloge de la lenteur. Je sais qu'ils y ont été sensibles et là ou vous n'avez vu que de la lagune sans intérêt, d'autres on su admirer dans un moment de communion, un paysage intacte de nature verdoyante avec les Corbières en arrière plan, sans aucun autre bateau autour de nous pour troubler la magie de ces instants.
La critique est aisée, mais l'art est difficile, c'est pourtant bien une forme d'art que j'essaie de pratiquer depuis 43 ans lors de mes balades en mer, avec la complicité de mes passagers.
Dieu merci, l'immense majorité d'entre eux y est sensible. L'essentiel est invisible pour les yeux...