Guide Split & Area : Politique et économie
La Republika Hrvatska (HR) est une démocratie parlementaire qui s'appuie sur la Constitution du 22 décembre 1990, inspirée de la Ve République française. " La République de Croatie est une et constitue un Etat indivisible, démocratique et social. Dans ce pays, le pouvoir procède du peuple et appartient au peuple en tant que communauté de citoyens libres et égaux en droits. " La peine de mort n'existe pas (article 21). En outre, le préambule précise : " La République de Croatie se constitue en Etat national du peuple croate qui est aussi l'Etat de ceux qui, tout en appartenant à d'autres nations et à des minorités, sont ses citoyens : les Serbes, les musulmans, les Slovènes, les Tchèques, les Slovaques, les Italiens, les Hongrois, les juifs et autres, auxquels sont garantis l'égalité avec les citoyens de nationalité croate ainsi que le respect de leurs droits nationaux en conformité avec les règles démocratiques de l'ONU et des autres pays du monde libre. " Modifiée en février 2001, la nouvelle constitution renforce le caractère parlementaire du régime et supprime la chambre haute du Sabor. La déclaration d'indépendance de la Croatie a été promulguée en 1991, puis reconnue par les pays de l'Union européenne en 1992, qui furent rapidement suivis par la communauté internationale. Quelques mois plus tard, la Croatie rejoint les rangs des pays de l'ONU et restaure l'intégralité de son territoire en reconquérant la Slavonie.
Le pouvoir exécutif est assumé conjointement par le président de la République et le gouvernement. Le chef de l'Etat est élu au suffrage universel indirect pour cinq ans et rééligible une fois. Il nomme le Premier ministre ainsi que les membres du gouvernement et met fin à leurs fonctions. Il dispose de larges pouvoirs : il représente l'Etat à l'étranger et s'associe au gouvernement dans l'élaboration de la politique étrangère, il est le chef des armées ; il déclare la guerre et conclut la paix " sur proposition préalable du Parlement ", il peut prendre des ordonnances ayant force de loi en cas de guerre ou de crise et peut dissoudre l'assemblée, enfin il dispose du droit de faire grâce. Le palais présidentiel se trouve à Pantovčak, sur les hauteurs de Zagreb. Actuellement, Stjepan Mesić, dernier président de l'ancienne Yougoslavie, assure les fonctions de président de la République de Croatie. Il a été élu en février 2000, avec plus de 50 % des voix. Il a remplacé Franjo Tuđman, qui fut nommé président en 1990 et élu à la fin de la guerre. En janvier 2005, Mesić a été réélu pour cinq ans. Le gouvernement est en charge de la politique intérieure et étrangère. Il est constitué d'un Premier ministre, d'un vice-Premier ministre et enfin de ministres. Il a pour rôle d'élaborer des projets de lois afin de les soumettre au Parlement. Le Premier ministre, élu le 23 décembre 2003, est Ivo Sanader. C'est le neuvième gouvernement et le huitième Premier ministre depuis l'indépendance. Il a été à la tête du HDZ, le parti libéral de Franjo Tuđman aujourd'hui réformé. C'est aussi le premier chef du gouvernement originaire de Dalmatie. Dès le mois de juin 2009, suite à la démission d'Ivo Sanader, le Premier ministre de la Croatie est, pour la première fois dans l'histoire, une femme, Jadranka Kosor. Le 10 janvier 2010 Ivo Josipović a été élu troisième président de la République avec 60,26% de voix.
Le Parlement, appelé " Sabor ", est composé de 151 membres élus pour quatre ans au suffrage universel direct, dans un scrutin à la proportionnelle. Parmi eux, onze députés représentent les minorités ethniques et les Croates à l'étranger. Environ 20 % des élus sont des femmes, ce qui en fait un des parlements où la parité homme-femme est la mieux respectée. Détenteur du pouvoir législatif, le Sabor vote les projets de loi, décide du référendum, contrôle l'action du gouvernement, détermine les orientations de sécurité et de défense nationales. Jusqu'en 2001, le Sabor comprenait une Chambre des députés et une Chambre des comitats ou régions qui possédaient des pouvoirs distincts. Il devient monocaméral le 28 février 2001.
Le pouvoir judiciaire est exercé par les tribunaux organisés au sein d'une hiérarchie ayant à sa tête une cour suprême de vingt-huit juges. La Cour constitutionnelle, composée de huit juges désignés par le Parlement, statue sur la conformité des lois votées à la Constitution.
La Croatie est membre de l'ONU, du FMI, de la Banque mondiale, de la BERD et du Conseil de l'Europe. En 2010, son PNB était de 60,59 milliards de dollars. La majeure partie des échanges du pays se fait déjà avec l'Europe des 27. L'objectif de la Croatie est désormais d'intégrer l'acquis communautaire dans sa législation et d'encourager la venue d'investisseurs étrangers sur son territoire dans les domaines de l'industrie et du tourisme en priorité. Les services représentent 75 % de l'économie croate, le tourisme venant largement en tête. L'industrie est un secteur moins performant qui survit grâce aux subventions de l'Etat - pour être rentable ce secteur devrait être largement privatisé.
De par sa richesse géographique, le territoire croate peut être divisé en trois zones : les plaines du nord du pays, la côte méditerranéenne du sud et enfin les montagnes au centre du pays. Les activités du secteur primaire représentent 6,8 % du PIB. Environ 64 % des terres cultivables - 3,15 millions d'hectares - le sont, le reste étant utilisé pour l'élevage et la culture des fruits. 80 % des terres appartiennent à des propriétaires privés. La production de vin est très importante principalement dans les régions du Sud. Les vignes recouvrent 59 000 hectares de terre. La production est assurée par 30 grandes entreprises viticoles, 35 coopératives et 250 petits producteurs. Dans la région côtière et insulaire, c'est la pêche et son industrie de transformation qui représentent l'activité la plus importante. On y produit plus de 15 000 tonnes de produits de la mer par an. Enfin, la production agroalimentaire et le tabac représentent 20,2 % de l'ensemble du PIB. Ce sont les industries les plus rentables du pays qui produisent l'alimentation, les boissons et le tabac.
Elle représente environ 27,2 % du PIB croate, ce qui la rapproche des niveaux des autres pays européens. En 2010, elle emploie 30,9 % de la population active. La principale activité reste l'agroalimentaire, puis les industries pétrolières, chimiques, la construction électrique, le papier, l'imprimerie, l'édition et, enfin, la construction navale. C'est principalement cette dernière activité qui s'exporte. La production représente 95 % des exportations croates. Il s'agit pour l'industrie de conquérir de nouveaux marchés et d'introduire les nouvelles technologies au sein de leurs constructions. Le secteur du bâtiment et de la construction est quant à lui en pleine expansion. Le savoir-faire des ouvriers croates est largement exporté. De plus, la Croatie travaille sur la prolongation de ses autoroutes et l'amélioration de ses routes. La A1 est la plus longue autoroute, elle relie Zagreb à Split et les travaux se poursuivent pour arriver jusqu'à Dubrovnik.
Près de 45 % des entreprises croates ont une activité commerciale. Cette activité emploie 14 % de la population active et représente 10 % du PIB croate. Malgré une reprise de l'activité commerciale depuis 1993, le chiffre d'affaires reste toutefois limité : en 2008, les exportations croates s'élèvent à environ 66 milliards de kunas, tandis que les importations se chiffrent à 138,1 milliards de kunas. Les points de vente les plus représentés sont les petites surfaces. Pourtant, des grands noms de la distribution étrangère s'installent en Croatie, toujours plus nombreux chaque année. De plus, la situation géographique de la Croatie, grâce à ses ports ouverts sur l'Adriatique, représente un atout indéniable pour le commerce international. En 2010, le commerce emploie 23,1 % de la population totale employée et gagne 37,7 %.
La Croatie a une tradition touristique ancienne. Elle a en particulier attiré, dès la fin du XIXe siècle, une partie des élites européennes (le chemin de fer relie Vienne, Budapest et Zagreb dès 1873). C'est ainsi que la cour de Vienne, par exemple, se rendait dans les stations balnéaires d'Opatija, de Hvar ou de Dubrovnik. Un grand nombre de scientifiques, attirés par les conditions climatiques de la côte Adriatique, ont fait des séjours dans la région, contribuant à leur retour à faire connaître le pays. Opatija, par exemple, qui fut la première à se développer, dut une bonne part de sa renommée à un étranger, membre de l'Académie de médecine, Šporer, physicien et écrivain ; ainsi qu'à Billroth et Glax, deux médecins réputés. Les deux grands hôtels Kvarner et Imperial furent construits dans les années 1880. Plus tard, de nombreuses célébrités, parmi lesquelles Orson Welles ou Joséphine Baker, passèrent des vacances sur la côte. Au milieu des années 1980, le secteur touristique enregistrait de très bons résultats avec 4 % du flux touristique européen, soit 10,5 millions de touristes par an, dont 8,8 millions de visiteurs étrangers. L'éclatement de la Yougoslavie a évidemment pesé lourdement sur le secteur, même si l'activité n'a pas complètement cessé. Le retour de 5,8 millions de visiteurs étrangers en 2000, puis de 6,5 millions en 2001, de 8,3 millions en 2002, de 8,9 millions en 2003, etc., fait que le tourisme est devenu un des piliers majeurs de l'économie nationale. Et malgré la crise, cela ne se dément pas puisqu'en 2010 ce sont 9,11 millions de touristes étrangers qui sont venus en Croatie, ce qui fait 5,4 % de plus qu'à la saison précédente. La particularité du tourisme en Croatie est sa concentration le long de la côte adriatique. Il s'agit aussi d'un tourisme très saisonnier. Les hôtels ne sont utilisés que quatre mois par an. La région la plus visitée est l'Istrie (35 %), puis le Kvarner (24 %), la Dalmatie (30 %) et Dubrovnik (8 %). Zagreb et l'intérieur du pays n'attirent que 9 % des touristes. En 2010, pendant les deux premiers mois, il y eut une baisse de 14,8 % des visites et de 15,7 % des nuitées en Croatie, symptôme croisé de la crise économique et de l'inflation des prestations touristiques suite à de nombreuses années de forte croissance. Comme nouvelle stratégie, les agences de voyages ont essayé de motiver les touristes locaux en leur offrant des séjours bon marché.
Les années de guerre ont pesé lourd dans l'économie de la Croatie. Le coût total des destructions et des dommages pour l'économie, causés par le conflit militaire, est estimé à 37 milliards de dollars. Pendant cinq ans, un quart du territoire a été occupé. La Croatie a perdu 15 000 hommes, sans compter les 55 000 blessés ou le coût financier de l'accueil de plusieurs centaines de milliers de réfugiés.
La Croatie est donc un pays en reconstruction. Avec la remise en état du pays après la guerre, la Croatie s'est lancée en 1993 dans une série de réformes économiques et financières : monnaie stable, inflation maîtrisée (inférieure à 3 % par an) et équilibre budgétaire concentrent le gros des efforts. Depuis l'élection de Stjepan Mesić en 2000, des réformes de structure qui tardaient à venir sont plus systématiquement entreprises pour réussir le passage au capitalisme. Le principal objectif est la privatisation du secteur public. Dans ce cadre, un " fonds croate de privatisation ", créé en 1993, est chargé de vendre les actifs de l'Etat en organisant des enchères. Le fonds détient encore des participations dans plus de 1 200 entreprises qui devraient toutes être vendues. La compagnie pétrolière INA a été privatisée en 2002. C'est l'entreprise la plus importante de Croatie avec un revenu de 24,02 milliards de kunas, suivi par KONZUM (10,8 milliards de kunas), puis HEP (10,2 milliards de kunas), HT (7,2 miliards de kunas) et T-Mobile (4,44 milliards de kunas). L'ouverture économique de la Croatie a rendu ces entreprises plus compétitives, le gouvernement a installé un grand nombre d'investisseurs étrangers, le secteur privé croate ne pouvant absorber à lui seul tout le secteur public. Les autoroutes de Zagreb à la côte et à la frontière hongroise sont en cours de construction. Les besoins de financements sont grands. Une partie sera assurée par la Banque européenne de reconstruction et de développement et la Banque mondiale. Les grands marchés sont ceux des infrastructures en général (routes, autoroutes, chemins de fer, télécommunications) et du secteur énergétique. Il faut compter aussi sur le développement des industries phare du pays : industrie pharmaceutique, agroalimentaire, textile, chantier naval et surtout tourisme. L'Union européenne représente environ 68 % des échanges de la Croatie, devant la Russie, la Chine et l'Indonésie. Entre 2009 et 2010, la crise économique a également touché la Croatie. Il y a un grand nombre d'entreprises qui ferment, beaucoup de gens perdent leur travail. Seul le tourisme, la branche économique la plus importante de la Croatie, n'a pas été touché par la crise. Les chefs du gouvernement ont lancé une politique - afin de sortir de la crise - de baisse des bénéfices et des salaires d'une façon permanente. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'amélioration de la situation économique.
La Croatie affiche un taux de chômage de 17,6 % en 2010. A cause du déclin de l'industrie, la plupart des jeunes cherchent à se recycler dans le secteur du tourisme. Malheureusement, la saison touristique ne dure que quatre mois, et il est alors difficile pour eux de travailler le reste de l'année. Le problème de l'économie croate se trouve aussi dans la difficulté de changer les mentalités et plus particulièrement dans les régions du sud. Les autres grands problèmes sont liés à la guerre qui a traumatisé une grande partie de la génération active et aux départs en retraite trop précoces. Les plus courageux se lancent dans la création d'entreprises individuelles. Malheureusement, l'Etat n'est pas toujours à la hauteur pour aider ces entrepreneurs. Depuis début 2010, beaucoup d'employés ont perdu leur poste de travail, dû à la crise économique. Il est difficile de trouver un nouveau poste car les entreprises n'ont pas l'argent pour employer de nouveaux cadres. Un nouvel espoir réside dans le fait que beaucoup d'entreprises étrangères viennent s'installer en Croatie, ce qui certainement créera de nouveaux postes de travail.
Alors que les Français ont redécouvert la Croatie, le tourisme s'essouffle dans certaines régions déjà très visitées. L'Istrie voit par exemple son nombre de visiteurs baisser depuis que la Dalmatie attire les foules. Les professionnels du tourisme cherchent aujourd'hui à diversifier, à moderniser et à améliorer leurs attractions touristiques. Aujourd'hui, il ne suffit plus du soleil et de la mer pour être l'une des grandes destinations touristiques et le gouvernement croate doit garder cela en mémoire.
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