Guide Yemen : Survol du pays

GEOGRAPHIE

Le Yémen est situé à la pointe ouest de la péninsule arabique, à l'intersection du 15e parallèle Nord et du 48e méridien. Sa superficie est de 517 970 km2. Ses frontières comptent 1 746 km, dont 1 458 km avec l'Arabie saoudite et 288 km avec le sultanat d'Oman. Ses côtes sont longues de 1 906 km. La population yéménite ne se répartit pas sur l'ensemble du territoire mais se concentre dans les grandes villes de Sanaa, d'Aden, de Taizz, de Hodeïda, de Moukalla. Quelques vallées de la région désertique de l'Hadramaout comme le ouadi Doan sont peuplées. La terre arable ne représente que 2,91 % du territoire et seuls 5 500 km2 sont irrigués.

Le pays qui se trouve à la limite de la plaque arabique est issu du socle africain dont il s'est détaché au début du Tertiaire, c'est-à-dire il y a 30 millions d'années, selon la faille du Rift, qui a créé la mer Rouge et surélevé le relief général du pays. Les plaques tectoniques se séparent ici par deux cassures : la première se trouve au milieu de la mer Rouge, elle commence en Jordanie et se termine à Djibouti, la seconde entoure la côte sud du Yémen dans le golfe d'Aden.

Le socle sédimentaire du Yémen est composé de roches cristallines remontant à 600 millions d'années, composé d'argiles et de grès permiens comptant parmi les plus anciens de la planète. La région émerge entre 210 et 250 millions d'années et est recouverte par la mer à l'époque du Jurassique, pendant lequel se forme le calcaire qui regorge de fossiles marins que l'on trouve encore aujourd'hui vers Saada, au nord.

La période du Crétacé située entre 130 et 65 millions d'années amorce une réduction du niveau de la mer, créant des fleuves qui apportent une couche de grès. Pendant l'ère tertiaire se forme un plateau calcaire dans la région actuelle du Djaouf, et enfin, pendant la dernière glaciation se créent les vallées de l'Hadramaout et du ouadi Doan.

On peut diviser le relief yéménite en trois régions : la Tihama à l'ouest, les hauts plateaux de Sanaa jusqu'aux massifs du centre, l'Hadramaout, qui sont le résultat de cette évolution géologique.

La Tihama

Formant la bande côtière de la mer Rouge (d'une largeur de 40 à 50 km), cette région est quasi désertique, et on y trouve des dunes de sable importantes. La ville principale est Hodeïda, port de pêche et d'échanges de marchandises, joint à deux ports de moindre importance, Loheiya et Mokha. C'est l'irrigation naturelle, au moment de la saison des pluies, qui permet à cette région de cultiver des fruits tropicaux, des légumes et des céréales.

Les hauts plateaux du nord et du centre

Les plateaux du Yémen sont perchés entre 1 000 m et 3 760 m, formant la région des hauts et la région des moyens plateaux, du nord vers le sud. Les montagnes sont volcaniques mais il ne reste plus beaucoup de cratères encore intacts. Le climat privilégié de ces régions où il fait moins chaud et où les précipitations sont plus importantes lui confère une grande fertilité ; c'est ici que les cultures en terrasses se sont développées. Les routes escarpées qui sillonnent cette région permettent d'accéder dans les endroits les plus reculés.

L’Hadramaout

L'Hadramaout est aussi une région au relief tourmenté, allant de longues vallées en forme de canyon aux alentours de Seyoun, vers des plis volcaniques en descendant vers la mer Arabique. A l'ouest, la région de Chaboua est encore riche de pierres volcaniques très noires, et possède le plus grand cratère du pays, à Bir Ali, qui est constamment rempli d'eau verte. L'aridité de la région n'est compensée que par des pluies saisonnières, mais cette région ne subsiste que par apports extérieurs.

On pourrait ajouter, au nord-est, le " quart vide ", appelé depuis des siècles ainsi sous le vocable arabe de " Roub al Khali ", qui n'est que désert. Marib, ancienne capitale du royaume de Saba, en fait partie, et seuls les bédouins les plus aguerris peuvent endurer une vie austère dans cette région de sable et de pierre balayée par les vents chauds.

Les tremblements de terre sont plutôt rares : le dernier eut lieu en 1991, à Ibb, et le plus destructeur en décembre 1982, dans la région de Damahr qui a fait 3 000 victimes.

CLIMAT

Le relief varié du pays lui confère différents types de climats. La mousson, qui déferle sur les côtes de l'océan Indien à deux reprises dans l'année, n'a donc pas les mêmes influences sur l'ensemble du territoire que l'on peut encore diviser, pour le climat, en trois zones.

La Tihama

Climat chaud et humide, pendant toute l'année, et particulièrement d'avril à octobre. Les températures moyennes l'été sont de 45 °C, et l'hiver de 30 °C. Le taux d'hygrométrie varie de 45 % à 80 %.

Les hauts plateaux du nord et du centre

C'est la région la plus touchée par les pluies, apportées par les vents de la mousson venus du sud-ouest, réparties en deux périodes, l'une en avril, l'autre en juillet et en août. Les températures moyennes l'été sont de 30 °C, et l'hiver de 20 °C.

L’Hadramaout

Les pluies touchent peu cette région, sinon en avril, provoquant l'inondation des ouadis. La chaleur y varie de 45 °C l'été à 30 °C l'hiver.

La température de l'eau en mer Rouge peut diminuer pendant l'hiver mais la baignade reste très supportable. Dans la mer Arabique et l'océan Indien, la température est très agréable toute l'année. Il faut toutefois se méfier, à Aden et à Moukalla, des courants latéraux dans lesquels il est facile de se noyer.

La république du Yémen possède un ministère conjoint de l'Eau et de l'Environnement, créé en 2003, qui a à sa tête un homme qui se sent concerné par la protection écologique de son pays, le docteur Abdoul Rahman Fadl Al Iryani, qui a accompli beaucoup d'actions en faveur de l'île de Socotra, qui est préservée jusqu'alors.

Le Yémen est signataire d'accords internationaux sur la biodiversité, le changement climatique, le protocole de Kyoto, sur la désertification, les espèces en voie de disparition, les modifications de l'environnement, sur les déchets dangereux, la loi sur la mer et la protection de la couche d'ozone.

ENVIRONNEMENT – ÉCOLOGIE
Parcs nationaux et réserves naturelles

La république du Yémen possède un nombre impressionnant de réserves naturelles ou de zones protégées dont le Petit Futé vous livre une liste choisie selon des critères d'accessibilité et de beauté, présentée par zones géographiques.

Dans la région de Sanaa

Forêt du djebel Lauz, sur la route de Taizz. Le nom vient de la montagne qui domine la vallée, le mont Amande, puisque ses flancs sont couverts d'amandiers.

Plateau de Shibam - Kaukabam.

Dans la région de Taizz

Marais d'Hidhran, réserve d'oiseaux (dans une zone comprise au nord/nord-ouest de la ville, à 15 kilomètres).

Djebel Saber et sa vallée, perché à 3 000 m au-dessus de Taizz, dont on aperçoit les marais d'Hidhran.

Djebel Iraf, sur la route ouest entre Taizz et Turba, où l'on croise des baobabs.

Forêt de Taizz.

Ouadi Douba.

Ouda Souq Abs.

Dans la région de Saada

Djebel Nabi Shoyeb, point culminant du Yémen et de la péninsule (3 760 m).

Sur la route Sanaa – Hodeïda

Parc naturel de la vallée et de la forêt du djebel Boura.

Al Qtoutaï du djebel Boura.

Forêt d'Al Mahouit (connue pour ses nuages qui chatouillent le village du même nom).

Ouadi Siham (connu pour sa source d'eau chaude aux vertus curatives).

Ouadi Zabid.

Dans la Tihama

Al Kadan.

Mer Rouge

Parc national marin des îles Zouqour (14°00 N, 042,75° E), non habitées.

Zone protégée des îles Kamaran, connue pour ses fonds marins et sa mangrove.

De Hodeïda vers Aden

Zone protégée de Al Khaukhah, superbe plage avec palmiers.

Point de vue de Bab al Mandeb, accès réservé car zone militaire.

Zone protégée de Mokha.

Océan Indien

Île de Socotra, île peuplée de 80 000 habitants qui reste le plus bel endroit écologique du pays.

L’eau tarie dans dix ans ?

L'enjeu le plus important est celui de l'eau, le pays est classé parmi les dix pays les plus pauvres en eau. Le ministère de l'Eau et de l'Environnement a été créé suite aux recommandations de la Banque mondiale qui a tiré la sonnette d'alarme en 2003 concernant la pénurie en eau à laquelle le Yémen devra faire face à moyen terme, c'est-à-dire dans moins de dix ans.

Ce ministère doit faire face au pompage anarchique des nappes phréatiques qui s'épuisent à grande vitesse. Celles de Sanaa, d'Amran, de Saada, de la Tihama, d'Abian et de Touban ont déjà atteint des niveaux inquiétants.

Pour la capitale, un projet d'envergure prévoit de désaliniser l'eau de mer sur les côtes de la Tihama et de la propulser vers Sanaa, à l'aide d'un aqueduc qui devrait passer au-dessus des cols escarpés de la route d'Hodeïda. Certains milieux sont catastrophés au point d'envisager de déplacer la capitale vers des plateaux moins hauts.

L'approvisionnement en eau, et sa répartition équitable dans le pays, risquent de créer des mécontentements supplémentaires des tribus les moins aidées par le gouvernement, et de générer des conflits internes supplémentaires.

FAUNE ET FLORE
Faune

Le milieu ornithologique est des plus variés au Yémen. On n'y dénombre pas moins de 360 espèces en incluant la fabuleuse île de Socotra. Le Yémen a été choisi par les oiseaux après la dernière glaciation, alors que les espèces quittèrent le nord de la planète et migrèrent vers des montagnes accueillantes pour ce qui est des espèces endémiques. Par ailleurs, la position géographique du Yémen privilégie ce pays placé sur les routes des oiseaux migrateurs.

Les ornithologues apprécient particulièrement se promener sous le plateau de Kaukabam, dans la région de Sanaa, où se trouvent les serins et fauvettes du Yémen, cachés dans les acacias, et pour les plus chanceux le pic vert arabique. Au bord de la mer dans la Tahima, il n'est pas rare de croiser des pélicans ou des flamants roses.

Les animaux sauvages, comme les léopards, les gazelles ou encore les antilopes, ont peu à peu disparu, victimes de la chasse. Les plus gros animaux que vous verrez sont domestiques (en fait, des bêtes de somme pour la plupart) : dromadaires, chameaux, chèvres, boeufs, ânes, chiens et chats.

Sur les quarante sortes de serpents que compte le Yémen, seulement quatorze sont venimeuses. Parmi celles-ci, les plus virulentes sont les vipères des sables. La plupart des serpents se cachent dans les amas de rochers, sous les éboulis, et disparaissent dès que le pas d'un promeneur se fait sentir. Il serait exceptionnel que vous rencontriez un serpent au Yémen.

Les autres reptiles que l'on croise sont beaucoup plus paisibles, comme les varans. Le reptile le plus commun est le gecko : on le trouve partout dans les maisons yéménites. Ses pattes, munies de ventouses, lui permettent de monter et descendre le long des murs, ce qui offre un spectacle toujours amusant aux observateurs un peu curieux. La vision d'un caméléon nécessite plus d'entraînement et de concentration. Essayez donc de faire passer cet animal sympathique d'une feuille verte sur un tronc et vice versa, et vous pourrez enfin vérifier le surprenant mimétisme qui fait toute sa particularité.

Autre curiosité, autre danger potentiel : les cinquante espèces de scorpions répertoriées au Yémen. La plupart ne sont pas venimeux et leur piqûre ne vous causera qu'une grosse rougeur assortie de quelques démangeaisons. Les scorpions se cachent sous des pierres ou dans des trous, sauf s'ils croisent, au milieu de la nuit, l'une de vos chaussures...

Comme partout ailleurs, les insectes forment la part de la faune la plus riche et la plus diversifiée, depuis les moustiques anophèles, dont nous aurons à parler dans la partie " Santé " de la rubrique " Pense Futé ", jusqu'aux coccinelles et aux cigales (qui donnent un air de Provence aux journées yéménites), en passant par les sauterelles, qui sont une plaie terrible lorsqu'elles s'abattent en grand nombre, à la saison sèche, sur les champs et les vergers, car rien ne résiste à leur passage.

Sur sa côte, le pays possède bien entendu un éventail d'animaux propres au milieu marin : crabes, crevettes, langoustes, concombres de mer ou méduses. Les coquillages sont aussi très nombreux et, il y a bien longtemps, ils faisaient office de monnaie d'échange. De nos jours, on en fait toutes sortes de bijoux, de parures et de décorations. Au temps de l'imamat, posséder des habits incrustés de coquillages était une marque de richesse sur la côte maritime. Les perles, que l'on pêchait autrefois en grand nombre, sont d'assez bonne qualité et, aujourd'hui, celles qui ont le moins de valeur sont vendues dans les souks, tandis que les plus belles prennent le chemin de magasins spécialisés. Avec les progrès de l'industrie perlière, le nombre des pêcheurs en apnée a eu tendance à diminuer, d'autant plus que c'est désormais l'or qui constitue le principal signe de richesse.

Les plages yéménites accueillent encore quelques tortues de mer, notamment à côté de Bir Ali ou de Moukalla, qui viennent pondre leurs oeufs la nuit. L'espèce est très menacée et le moindre des gestes à faire pour contribuer à leur préservation consiste à refuser leur commerce sous n'importe quelle forme : les bijoux en écaille, les carapaces décoratives ou même la soupe de tortue.

Ceux qui désirent approcher la faune sous-marine du Yémen se rendront sur la côte ouest, c'est-à-dire sur les rives de la mer Rouge où les barrières de corail sont très présentes. Le sud du Yémen, longé en grande partie par le golfe d'Aden, est assez pauvre en barrières de corail, en raison de la fraîcheur des eaux. Sans grand intérêt pour les plongeurs, l'océan Indien est toutefois le lieu de pêche majeur du Yémen : d'Aden à Mahza, au large, vivent et sont pêchés toutes sortes de poissons (dorades, thons, raies, requins, langoustes, crustacés...). Un secteur économique d'importance, comme le prouvent l'usine de congélation de Moukalla et les nombreuses joint-ventures qui exportent leurs poissons dans le monde entier, en particulier vers l'Europe.

Pour revenir à la richesse des rivages yéménites, il faut mentionner l'île de Socotra qui est entourée d'une mer très riche en coraux, poissons et crustacés. D'une manière générale, la présence de " patates " de corail est toujours le signe que les lieux sont très fréquentés des poissons. Au large, la présences de dauphins, de requins et de baleines est assez commune dans ces régions. Bien que la légende du requin soit bien ancrée dans nos esprits, vous verrez plus souvent cet animal (dont seulement 10 des 200 espèces ont tendance à attaquer l'homme par un réflexe d'autodéfense) sur les marchés des villes côtières que dans l'eau.

Flore

Le nombre d'espèces végétales répertoriées au Yémen s'élève à près de 1 800. Pour un pays dont l'image de légende évoquerait plutôt les grandes plaines arides, cette grande diversité pourra surprendre, avec une palette qui s'étend des plantes désertiques aux plantes subtropicales.

Dans un passé lointain, les forêts occupaient une grande partie du Yémen. Elles ont aujourd'hui disparu et seuls subsistent quelques groupes d'arbres dans les vallées où coule une rivière. L'arbre le plus typique du Yémen est l'acacia, caractérisé par sa forme de dôme et ses petites feuilles vertes. Cet arbre a comme principal avantage de protéger du vent, mais il est aussi très utilisé pour son bois qui est un excellent combustible. L'acacia n'est pas encore menacé, mais sa population a déjà sévèrement diminué depuis quelques années.

L'ibb est un arbre plus rare, mais son symbolisme théologique en a fait le plus célèbre du pays. De la famille du jujubier, le nom latin de l'ibb est Ziziphus spina christi, car selon la Bible, la couronne d'épines dont fut coiffé Jésus venait des branches de cet arbre. Il est également évoqué dans le Coran, chapitre 34, versets 15 et 16 : " Il y avait assurément, pour la tribu de Saba, un signe dans leurs habitats : deux jardins, l'un à droite et l'autre à gauche. " - " Mangez de ce que votre Seigneur vous a attribué et soyez-lui reconnaissants : une bonne contrée et un Seigneur Pardonneur. " - " Mais ils se détournèrent. Nous déchaînâmes contre eux l'inondation du barrage, et leur changeâmes leurs deux jardins en deux jardins aux fruits amers, tamaris et quelques jujubiers. " Ainsi, le jujubier, ou ibb, n'est-il pas l'arbre lotus du Coran, mais bien celui qui symbolise le châtiment divin. Cette espèce pousse au Yémen partout où le terrain est sec. Toutes les parties de cet arbre très prisé sont utilisées : le bois pour la construction des maisons, les branches comme bois de chauffage et les feuilles pour la nourriture du bétail. Les fruits sont consommés pour leur goût et les fleurs, comme celles de l'acacia, offrent leurs ressources aux abeilles qui produisent un miel succulent.

L'ibb excepté, le bois de construction le plus utilisé est le tamaris, que sa très grande solidité désigne pour la confection de poutres. Le figuier de Barbarie est aussi une espèce très représentée au Yémen. Il fut importé de Turquie par les Ottomans et s'est très bien acclimaté, au point de pousser aujourd'hui de façon sauvage. On trouve souvent ses fruits sur les marchés. La diversité végétale du Yémen est aussi fonction de l'altitude. Ainsi le millet est-il très répandu dans les régions montagneuses qui sont cultivées en terrasses. Avec le millet, qui est l'ingrédient principal de l'un des pains du Yémen, ces terrains offrent de la luzerne, la plante fourragère par excellence. Le Yémen fut précurseur dans la culture du café et, jusqu'au milieu du XVIIIe siècle, il en était le seul pays exportateur. Toutefois, la plante la plus connue du Yémen contemporain, et la plus prisée de ses habitants, est le qat.

Le qat, fléau du pays

C'est le sujet le plus important de la société yéménite puisque lui sont liés la production agricole, la consommation d'eau, l'économie domestique et le revenu des ménages, la santé publique, la productivité du travail, le développement national, la tradition, les loisirs !

A part la région de l'Hadramaout, la majorité du peuple yéménite s'adonne au qat, chaque après-midi de chaque journée de la semaine. Dès midi, l'important est de trouver sa botte de qat, dont le prix peut varier de 300 rials (un peu plus d'1 euro) à 20 000 rials (80 euros). On se retrouve alors avec ses amis, dans les " majlas " pour les plus fortunés, dans des salons publics, dans la rue ou dans une voiture pour commencer à le consommer.

Les feuilles de qat, préalablement lavées de leur poussière, sont placées l'une après l'autre contre la paroi d'une joue, où la salive les dissout au point d'en faire un amalgame vert franc, qui grossit à en faire une boule qui distend la peau. Ceci peut durer quatre ou cinq heures durant lesquelles hommes ou femmes - respectivement dans des salons séparés - discutent, boivent du thé ou du café pour faire passer l'amertume de la feuille, fument cigarette ou " madaeah ".

La seule défense de la consommation du qat que l'on retient en entendant ses partisans est que ses salons de convivialité sont les seuls endroits sociaux du pays, ou ministres ou président du Parlement peuvent rencontrer les uns et les autres, discuter, régler les problèmes. Car, il est vrai, qu'à part ces " parties de qat ", il n'y pas d'autre vie sociale au Yémen !

Que pourrait-on dire contre le qat et des conséquences de sa production ? En premier lieu, qu'un pays aride et en plein boum démographique comme le Yémen fait un choix dangereux de consacrer 25 % de sa consommation d'eau à sa culture. Que les terrasses de terre arable pourraient servir à augmenter la production de café ou d'autres plantes à consommation immédiate destinées soit à l'augmentation des revenus du pays, soit à nourrir la population.

En deuxième lieu qu'un homme, s'il achète une botte de qat tous les jours, même le meilleur marché, dépensera 9 000 rials par mois, soit les deux tiers du salaire d'un ouvrier municipal chargé de nettoyer les rues, ou le quart du salaire d'un enseignant ou d'un employé de maison, de quoi perturber le budget familial et reléguer comme secondaire l'éducation et la nourriture des enfants.

En troisième lieu que le qat, pour être produit, nécessite l'emploi de pesticides qui ne partent pas lorsque l'on en nettoie les feuilles, créant un véritable problème de santé publique puisque les dents jaunissent et s'avarient, et que des cancers de la gorge, de l'estomac, du colon, se déclarent de plus en plus.

En quatrième lieu que le besoin de développement du Yémen ne peut pas cohabiter avec une majorité de la population qui cesse chaque jour son activité quotidienne aux alentours de 13h, et laisse son marché envahi par les produits manufacturés d'origines chinoise ou indienne.

En cinquième lieu, et non des moindres, que le qat est considéré comme un psychotrope enregistré au tableau III de la convention de 1971 et qu'être en sa possession dans ses bagages dans la plupart des pays du monde relève des stupéfiants. Certes, ce tableau inscrit sous cette catégorie tout produit présentant un " potentiel d'abus présentant un risque sérieux pour la santé publique, mais valeur thérapeutique moyenne à grande ", et les défenseurs du qat minimisent ainsi son effet sur la santé, allant jusqu'à en nier la création de dépendance. Toutefois, il suffit de constater avec quelle force les consommateurs du qat en parlent et n'imaginent pas s'en passer pour se demander jusqu'à quel point la dépendance a été créée.

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