Guide Venezuela : Arts et culture

De nouveaux espaces de création et d'expression se sont créés depuis que le président Chávez a pris le pouvoir. En effet, les positions politiques de certains artistes leur ont fait perdre les subventions publiques, alors que d'un autre côté les créations d'Etat fleurissent. Que ce soit au niveau de la danse comme de la musique force est de reconnaître que le Venezuela s'est fait une place parmi les grandes nations depuis quelques années. Les réponses artistiques sont tout aussi radicales que le quotidien dans la rue. On va dans le sens de la ligne tracée par le gouvernement ou l'on s'y oppose diamétralement. Toute la production artistique s'en retrouve bouleversée, politisée ; cette effervescence favorise l'émergence de grands talents dans tous les domaines.

Architecture
Maison typique Piaroa.
Maison typique Piaroa.

Contrairement à d'autres pays d'Amérique latine, l'influence espagnole en matière architecturale est relativement réduite, bien qu'il existe quelques villes qui possèdent de jolies maisons coloniales ; au premier rang d'entre elles, citons Coro, qui est un petit bijou classé par l'Unesco au patrimoine mondial ; Ciudad Bolívar (qui doit le devenir), Río Caribe, Trujillo ou Choroní méritent également une mention. Parmi les caractéristiques principales, relevons les maisons colorées, dont les fenêtres sont protégées par une grille en bois ou en fer. La plupart du temps, ces demeures coloniales possèdent un charmant patio intérieur et des plafonds très hauts afin de permettre une meilleure ventilation des chambres. Sur la péninsule de Paraguaná, on rencontre une autre influence coloniale, hollandaise cette fois, directement importée par les commerçants juifs établis antérieurement du côté des îles ABC (Aruba, Bonaire, Curaçao). Dans les grandes villes, l'architecture est plus anarchique. Caracas constitue un bon exemple de ce melting-pot, où s'entremêlent joyeusement buildings vitrés à la pointe du modernisme, misérables baraques de tôle ondulée des ranchos des bidonvilles, édifices atroces des années 1950, splendides villas luxueusement aménagées, petit centre colonial, etc. Mais sans doute, l'architecture la plus typique et la mieux conservée est l'apanage des communautés indiennes, comme la churuata (maison ronde au toit en V renversé constitué de feuilles de palmiers) des Piaroas et des Yekuanas, les palafitos (maisons sur pilotis) des Waraos et des Wayuus ou les yahís des Yanomamis.

Artisanat
Que ramener de son voyage ?

Le choix est vaste. Nombreux en effet sont les villages spécialisés dans la fabrication d'un objet particulier : la céramique précolombienne à Quíbor (vers Barquisimeto) ou encore les superbes pièces de Maria Esther chez Tao à Los Altos de Sucre (côte Est), les poupées en toile à Barbacoas (entre Mochima et Cumaná). Mais la palme revient indiscutablement aux Indiens. La diversité des communautés indiennes se reflète également dans leur artisanat varié, souvent très authentique et d'excellente qualité. De surcroît, il est bon marché, ceci d'autant plus lorsqu'il est acheté auprès des Indiens eux-mêmes.

Si vous voulez ramener un hamac pour réorganiser l'agencement de votre bureau, préférez ceux fabriqués par les Waraos, dans le delta de l'Orénoque. Constitués de fibres de palmier moriche, ils sont très solides, confortables et la finition est généralement bonne - ils mettent plus d'un mois pour en terminer un !

Du côté d'Amazonas, craquez pour les splendides masques ou statuettes des Piaroas et des Yanomamis. En Europe, ce genre de pièce vaut une petite fortune. Ces mêmes ethnies sont également excellentes en vannerie et si vous vous sentez d'humeur guerrière, pourquoi ne pas craquer pour des arcs indiens ?

Dans les Andes, place à la terre ! Les Andins fabriquent des services à café, des petites maisons multicolores et surtout de magnifiques petites crèches dont les personnages aux formes comiques sont parfois très iconoclastes.

En Grande Savane et dans les meilleures bijouteries du pays vous trouverez des pièces ethniques en jaspe sculptées à la main et ornées d'or non traité au mercure, réalisées par le plus vénézuélien des Français, Jean-Luc Benedetti (www.ethnosjoyas.com).

Si vous cherchez d'autres souvenirs typiques à ramener du Venezuela, quelques kilos d'or ou de diamants, de la sauce aux fourmis (Cumachi dans l'Etat de Bolivar et Catara dans l'Etat Amazonas) ou une bonne bouteille de rhum feront sans doute aussi l'affaire !

Attention ! En achetant des bijoux comportant des griffes, des plumes ou des dents d'animaux, vous encouragez, ni plus ni moins, la destruction d'espèces protégées comme le jaguar ou l'ocelot.

Cinéma

Le premier film sonore du Venezuela fut un court-métrage intitulé Taboga de Antonio Delgado Gomez en 1934. Pendant les années 1930, Romulo Gallegos crée les studios Avila dans la capitale ; quelques années plus tard Bolivar Films est créé par Guillermo Villegas Blanco qui aujourd'hui encore collabore avec des productions latino-américaines. La Balandra Isabel llego esta tarde de Carlos Hugo Christensen remporte le prix de la meilleure photo au festival de Cannes en 1951. En 1954, le Venezuela obtient sa plus haute distinction, encore au festival de cannes où le documentaire Araya de Margot Benacerraf se partage le prix de la critique avec Hiroshima, mon amour d'Alain Resnais. Dans les années 1960, le cinéma est militant, réalisé avec peu de moyens. Dans la décennie suivante, le pays s'enrichit grâce à la hausse du pétrole : ceci profite aux productions qui ont plus de moyens pour réaliser des fictions et des longs-métrages ; tout en restant amateur le pays se tourne vers des productions plus commerciales.

A partir des années 1990, c'est un cinéma historique qui s'installe sur les écrans ; un autre genre aussi fait recette avec des films plus violents tels que Sicario en 1995 ou Secuestro Express de Jonathan Jakubowicz sur fond d'insécurité et de trafic de drogue. Lilane Blaser dirige une école de cinéma depuis 1986, la Vila del Ciné accompagne le cinéma d'auteur qui reprend sa place. Les financements de l'Etat permettent aujourd'hui à de jeunes réalisateurs de concrétiser leurs projets. En 2011, le road-movie El chico que miente écrit et produit par Mariana Rondón a été sélectionné au dernier festival de Berlin. Elle a aussi réalisé Cartes postales de Leningrad, primé au festival Biarritz Amérique latine en 2007.

Littérature

Pendant la période coloniale, le Venezuela reste discret dans l'histoire de la littérature latino-américaine. Seuls deux noms ressortent, le chroniqueur Oviedo y Baños qui commente la découverte de la terre ferme (Colombie et Venezuela), et le poète Fray Juan de Castellanos qui raconte de manière épique l'histoire de la colonisation. Au XIXe siècle deux courants de pensée marquent l'époque républicaine, la pensée politique et constitutionnelle de Simón Bolívar, et la pensée humaniste de Simón Rodríguez et d'Andrés Bello ; les chants visionnaires amorcent la poésie romantique du continent sud-américain. Les héros de l'histoire nationale sont dépeints sur un fond d'élégies. L'époque romantique prédomine jusqu'au début du XXe siècle. Pendant cette période, la satire de la vie sociale voit le jour avec le roman d'Eduardo Blanco (Zárate, 1882). Au début du XXe siècle, José Martí et Rubén Darío, marqués par le modernisme, donnent un coup de jeune à l'écriture : on est en pleine recherche symbolique. Mais la représentation de la vie nationale est toujours présente, comme avec Rómulo Gallegos (Doña Barbara, 1929, et Canaïma, 1935). Le patrimoine lyrique s'enrichit avec Juan Sánchez Peláez, Juan Liscano ; l'écriture contemporaine prend forme. La prose d'Arturo Uslar Pietri devient une référence dans le monde littéraire (Barrabas y otros cuentos, 1929, Las lanzas coloradas, 1931 et El Camino de El Dorado, 1942), l'écriture libre de Miguel Otero Silva (Casa muertas, 1955) change la perspective trop réaliste des écrivains. L'imaginaire du peuple s'est nourri de la richesse des traditions des ethnies indigènes, des esclaves africains et des conquistadors. C'est avec l'histoire de ce peuple et ses talents d'alchimiste que l'écrivain contribue à l'existence d'un être à part entière, reconnu par les autres nations. Hugo Chávez depuis son ascension au pouvoir a détourné la majorité de l'imaginaire collectif vers lui ; la société vénézuélienne a politisé tous les espaces même les plus intimes. On attend désormais d'un écrivain qu'il prenne position et qu'il s'exprime sur ses affects par rapport à la politique. Le lecteur se retrouve ou non dans la plume, il se sent proche ou très loin de celle-ci selon ses convictions.

Médias locaux
Presse

Chaque ville, même peu importante, a son propre journal, le plus souvent de qualité très médiocre et alimenté pour sa plus grande part de sombres faits divers, de petites annonces et de publicités. Les journaux nationaux contiennent de bons articles économiques, un maigre feuillet sportif (pour les amateurs de base-ball) et le week-end de nombreux suppléments (tourisme, société, famille, etc.) intéressants.

Pour plus de détails, rendez-vous sur le site www.prensaescrita.com/america - Toute la presse nationale mais également du continent sud-américain y est référencée.

El Mundo. Quotidien du soir, 270 000 exemplaires (www.elmundo.com.ve). Tendance anti-gouvernement.

El Universal. Grand quotidien national, pas toujours d'accord avec son gouvernement, tendance conservateur, 140 000 exemplaires (www.eluniversal.com).

Meridiano. Quotidien spécialisé dans la presse sportive (www.meridiano.com.ve).

El Nacional. Quotidien libéral indépendant tiré à 175 000 exemplaires, même philosophie que le Meridiano. Son supplément du jeudi fait le point sur les événements de Caracas, le théâtre, la musique, etc. (www.el-nacional.com).

Tal Cual. Si vous aimez la polémique, le vocabulaire coloré et sans concession, ce quotidien fondé par un ex-révolutionnaire marxiste nommé Teodoro Petkoff vous enchantera peut-être (www.talcualdigital.com).

Parmi la presse pro-chaviste : Ultimas Notícias, quotidien important assez équilibré, qui se distingue des journaux antichavistes (www.ultimasnoticias.com.ve). Panorama, quotidien de Maracaibo, (www.panorama.com.ve). Questión, magazine mensuel latino-américain proche du Monde diplomatique. Vea, quotidien (www.diariovea.com.ve). Et quelques hebdomadaires.

Télévision

La première retransmission télévisuelle s'est effectuée le 22 novembre 1952 avec la chaîne nationale Canal 5 sous la présidence de Marcos Pérez Jiménez. Principal moyen de communication du pays, la télévision est présente dans 99 % des ménages, fin 2006. L'espace radioélectrique en VHF est occupé à 78 % par le secteur privé et 22 % par le public. La fermeture en 2007 de RCTV (équivalent de notre première chaîne) a relancé le débat sur la situation au Venezuela. D'un côté, ceux qui clament l'atteinte à la liberté de la presse, qui crient à la dictature et de l'autre les chavistes qui se défendent des attaques de l'opposition. RCTV émet à nouveau mais uniquement sur le câble et le satellite, on la retrouve aussi sur Internet (www.rctv.net). Les chaînes nationales ont pour fonction de faire l'éloge du gouvernement, avec en complément des spots publicitaires qui ne cessent de vanter sa gloire. Telesur, ViveTV et Venezolana de Television (www.vtv.gov.ve) diffusent souvent les mêmes images. Seule la télé communautaire ViveTV se risque un peu plus, mais même si des moyens importants sont utilisés, le sens du débat reste minime. La télé chaviste reste prudente pour solidifier ses relations diplomatiques avec les homologues des pays voisins.

Aló Presidente (www.alopresidente.gob.ve). Il s'agit de l'émission de télévision d'Etat fétiche du président Chávez, diffusée depuis 1999 sur toutes les chaînes du canal hertzien le dimanche à 11h. La durée de ce programme atypique peut durer plusieurs heures. Plus qu'un talk-show le président raconte des histoires, chante et annonce aussi les décisions politiques importantes et les orientations. Longtemps animée par le président, la chaîne a été interrompue pendant 7 mois en 2011 suite à sa maladie. Il a fait son grand retour sur les ondes en janvier 2012 pendant plus de 6 heures ! Pendant une pause musicale, le président vénézuélien est monté sur une estrade pour danser et jouer des percussions avec une énergie rassurante pour le peuple.

RNV
Musique
Musicien des Llanos.
Musicien des Llanos.

La musique au Venezuela est aussi importante que la bonne bouffe en France. Avant de savoir marcher, le petit Vénézuélien tape du pied quand il entend du merengue. Dans les bus (de jour comme de nuit), les boutiques et les bars, la musique est partout. Même les plus machos fredonnent les refrains à l'eau de rose des salsas les plus romantiques. Géographiquement, on distingue plusieurs types de musique. Sur les côtes encore peuplées de Noirs, les tambores vous mettront en transe et vous feront tournoyer comme sous l'effet d'un envoûtement furieux. Dans les plaines, la musique des Llanos (contrapunteo ou l'entraînant joropó surtout, qui est la danse nationale) rythme la vie des fermiers, au son des maracas, cuatro (une petite guitare à quatre cordes), basse et harpe. Ses figures les plus éminentes, Simón Diaz ou le plus jeune (et plus soft) Reynaldo Armas, sont les ambassadeurs des llaneros, ces cow-boys vrais et forts comme le café, à la peau et au chapeau brûlés par le soleil. Ailleurs encore règnent la salsa (Willie Colon, Ruben Blades, Celia Cruz, Oscar D'Leon) et le merengue (Proyecto Uno, Los Ilegales), qui sont les musiques les plus populaires. Parfois, on a droit au reggae ravageur de Los Pericos ou Lebronch, et la nouvelle bombe qui a explosé dans le monde latino, le reggaeton, ce style ragga-cumbia-salsa avec des vocalises rap, est né dans le quartier qui a révélé au monde entier la salsa dans les années 1970. Parmi les groupes autochtones populaires, on peut compter sur le duo caraqueño de Doble Impacto, le soliste de Barquisimeto Mister Bryan. En 2012, les plus fameux sont Chino y Nacha et Oscarcito. A Caracas et dans les grandes villes, le rock'n'roll à son public, du rock classique des 80's avec Aditus, La Puta Electrica, au rock alternatif avec Zapato 3, La Vida Boheme, Caramelos de Cianuro et Los Mesoneros. Dans les discothèques, la probabilité d'avoir droit à quelques morceaux de techno est importante. Les DJ qui s'imposent sont : DJ Trujillo (Caracas), Jose Cabello (Cumaná), Leo, Stod, Nano et Oscar (Caracas). Les rappeurs ont aussi droit de " cité " : Cuarto Poder, Guerilla Seca avec Prieto, La Mente, Los Causa et DJ Trece ; une grosse scène rap appelée " Caracazo " a lieu chaque année. Au mois de décembre, un genre musical folklorique éclipse les autres : la gaita, originaire de Maracaïbo. Enfin Soledad Bravo, l'une des voix les plus célèbres d'Amérique latine, a émigré au Venezuela à l'âge de 7 ans. Connue depuis les années 1960, son répertoire mélange les genres : folklore, jazz, llanera et même la salsa. Elle a interprété la fameuse chanson du Che Hasta Siempre.

Peinture et arts graphiques

L'art colonial se nourrissait de la religion pour s'assurer la protection divine, même avec leurs armes. Les nouveaux propriétaires terriens se sentaient isolés face aux populations indigènes hostiles. La représentation de la figure du saint protecteur devint nécessaire. Le premier peintre, Tomas de Cocas, arrive en 1602 dans la ville de Coro. Au XVIIIe siècle, les ateliers de Tocuyo et de Mérida façonnent une identité propre à la peinture vénézuelienne. Les initiateurs sont José Lorenzo Zuríta, Juan Pedro López et l'école de Landaeta. Pendant la guerre d'indépendance, l'activité culturelle est sclérosée. Il faut attendre l'indépendance pour qu'un " art républicain " émerge, avec en 1830 la fondation de l'Ecole de dessin. Les présidents qui se succèdent encouragent les peintres qui s'inspirent de la peinture française, laissant l'influence espagnole en retrait. C'est l'époque de Tovar y Tovar, Cristóbal Rojas et Arturo Michelena. Dès le début du XXe siècle, la peinture contemporaine s'impose avec l'apport des théories des peintres impressionnistes. En 1912, le Circulo de Bellas Artes révolutionne l'art vénézuélien et fait un pied de nez au classicisme de l'Académie des beaux-arts.

L'expression libre et personnelle de l'artiste trouve sa place ; la diversité du Venezuela est introduite dans la sensibilité des artistes qui, jusqu'à aujourd'hui, n'arrêtent pas de surprendre par leur créativité. Un des peintres les plus remarquables de l'époque est Armando Reverón (1889-1954). Aujourd'hui, la nouvelle génération d'artistes est productive et reconnue souvent internationalement. Certains inventent de nouveaux concepts, des codes picturaux qui donnent une place importante à la sculpture (cinétisme de Soto). La peinture prend une forme cubique, volumétrique. Elle prend forme dans la religion, dans les mythes et légendes, sous l'influence des traditions indigènes mais aussi dans la cybernétique. Carlos Cruz-Diez (1923-), artiste cinétique, s'intéresse aux phénomènes optiques depuis les années 1950 et joue avec l'illusion. Il crée des images géométriques en décalage au moyen de bandes en plastique mais aussi de l'ordinateur. Ses oeuvres sont exposées dans le monde entier : en 2009, sa première collection anthologique est présentée successivement au musée d'Art contemporain de Palma de Majorque aux Baléares et au musée d'Art abstrait de Cuenca en Espagne ; et l'aéroport international de Caracas possède par exemple une grande mosaïque de cet artiste dans son hall.

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