Guide Sète : Patrimoine et traditions

Cité historique, ville d'artiste, " Île Singulière ", la ville de Sète est à bien des égards une commune attractive au passé riche et marquée par de nombreuses influences. Son agglomération n'échappe pas à la règle. Les terres de l'étang de Thau sont encore marquées par les vagues de migrations espagnoles et italiennes, elles conservent dans leur vallons quelques vestiges de cette époque révolue et les politiques locales ne cessent d'investir pour conserver cette histoire auparavant enfouie. La région est également marquée par un ensemble de fêtes traditionnelles, comme la Saint-Louis, originaires - pour la plupart - de la construction de la ville en 1666. Mais pour trouver à Sète ou sa région une richesse culturelle, il n'y a pas besoin d'aller chercher dans un passé trop lointain. Cette cité de poète, de peintre et de réalisateur a notamment vu naître Paul Valéry et l'incontournable Georges Brassens.

Patrimoine culturel

Sète est une ville riche en influence, la culture est partie intégrante de son ADN. La vie sétoise est rythmée par le travail d'une multitude de peintres aux ateliers intimes dispersés au détour des ruelles et de ses quatre musées dédiés aux enfants du pays (les célèbres poètes Georges Brassens et Paul Valéry) ou aux arts insolites et contemporains. Sans créer de véritable courant ni d'école réputée, le cas de la ville de Sète est tout à fait intéressant, et le qualificatif de Paul Valéry, " l'île singulière ", prend aussi toute sa raison dans le domaine artistique. La magie des lieux doit y être pour quelque chose, puisque, au cours du siècle dernier, de nombreux artistes vinrent s'y installer ou y créer. Rien de commun à Albert Marquet, François Desnoyer, Soulages, ou les tenants actuels de la figuration libre que sont Combas ou les frères Di Rosa... Si ce n'est l'amour de cette ville et l'ambiance créatrice qui en émane.

Deux monstres sacrés

Jean Vilar (1912-1971). Ce Sétois apporta une pierre décisive à l'édifice théâtral du XXe siècle. Il fonde sa troupe en 1943 et se distingue par des idées nouvelles et une grande originalité. Son empreinte peut se résumer en deux oeuvres, qui marquent pour toujours le théâtre français : le Théâtre national populaire, qui verra jouer Gérard Philipe, Jeanne Moreau, Daniel Sorano, J.-P. Darras, Philipe Noiret, Georges Wilson et bien d'autres, et le festival d'Avignon, qu'il a créé en 1947.

Manitas de Plata (1921-2014). Sans lui, aurait-on eu les Gipsy Kings, 20 ans plus tard ? Sétois, il a lancé, avec son étonnante dextérité, la guitare flamenca et gitane dans les années soixante, grâce au parrainage de Jean Cocteau qui un jour à Arles s'exclama en l'écoutant : " il vaut plus cher que moi ".

Littérature

Écrivains et poètes célèbres :

Paul Valéry (1871-1945). Il est né à Sète d'un père corse et d'une mère génoise. Après avoir terminé ses études à Paris, et influencé par Mallarmé, il se consacre à une réflexion politique, scientifique et économique ainsi qu'architecturale. Le succès du Cimetière marin l'oriente définitivement vers la poésie et les arts. Elu en 1925 à l'Académie française, puis nommé professeur au collège de France, il restera toujours fidèle à sa ville natale où il repose, au cimetière marin

Georges Brassens (1921-1981). Toutes ses chansons ne sont pas consacrées au pays sétois de son enfance, mais l'influence méditerranéenne, faite de générosité et de fidélité, est toujours présente chez le grand Georges, qui était lui-même un admirateur de Trenet. Réécouter, bien sûr, ses standards, dont la fameuse Supplique, mais fréquenter aussi les textes des autres qu'il savait si bien choisir (Les passantes, Gastibelza, La prière). Ne cherchez pas sa tombe sur la plage de Sète, ni même dans le cimetière marin, il est enterré au cimetière le Py, " le cimetière des pauvres ". Mais allez plutôt visiter le remarquable musée qui lui est consacré.

Yves Rouquette (1936-2015). Ce poète sétois, auteur d'une quarantaine de livres (romans, nouvelles ou pièces de théâtre) et journaliste, est un parfait représentant de la littérature occitane d'aujourd'hui.

Maurice Clavel (1920-1979). Intègre dans la passion, Maurice Clavel, né Frontignan au bord du bassin de Thau, disait que " Dieu est Dieu, nom de Dieu ". Professeur de philosophie, il collabora dans les années cinquante au journal Combat, puis au Nouvel Observateur. Gaulliste au départ, il prendra ses distances lors de l'affaire Ben Barka et deviendra un prophète de la contestation après mai 1968, où il quittera le corps professoral. Il est aux côtés de Jean-Paul Sartre lors de la création de Libération, et se rendra célèbre lors d'un débat face à Jean Royer, lorsqu'il quitta le plateau en direct après avoir prononcé son fameux " Messieurs les censeurs, bonsoir ".

Peinture

Sète, une lumière qui inspire les peintres.

La ville compte une multitude de peintres, parmi les plus célèbres :

Pierre Soulages (1919). Peintre de l'abstraction, il pourrait être sétois, tant son nom est associé à la ville. Ce peintre qui vit à Sète, explorateur du noir, est pourtant né à Rodez, mais a fait ses études à l'école des Beaux-Arts de Montpellier. Il a décidé en 2005 de faire don d'une partie de ses oeuvres à sa ville natale, Rodez, ainsi qu'au Musée Fabre à Montpellier. Jouissant d'une belle notoriété, plus de 150 de ses oeuvres se trouvent dans les plus grands musées du monde. De 1987 à 1994, il a réalisé les 104 vitraux de l'abbaye de Conques. Le nouveau Musée Fabre à Montpellier, qui a rouvert ses portes en 2007, lui consacre une salle.

Robert Combas (1957). Sétois de coeur, Robert Combas (né à Lyon) est lié à cette ville depuis son enfance. Il y a grandi et s'en est inspirée. Artiste de renommée internationale, il est avec Hervé Di Rosa à l'origine d'une nouvelle peinture figurative  : la figuration libre.

Hervé (1959) et Richard (1963) Di Rosa. Peintre voyageur, Hervé Di Rosa, créateur de la figuration libre, reste très attaché à sa ville Sète. Ses oeuvres sont partout, à la télé (avec la série Les Renés) et surtout dans son musée, le MIAM, qu'il a créé avec Bernard Beluc. Musicien et sculpteur, Richard a commencé par mettre en volume les personnages de son frère Hervé, avant de créer ses propres sculptures.

La Figuration libre

En 1981, deux jeunes artistes sétois, Robert Combas et Hervé Di Rosa, exposent à Paris avec Rémy Blanchard, François Boisrond, Jean-Charles Blais et Jean-Michel Alberola. Alors qu'ils intitulent leur exposition Finir en beauté, Ben (figure emblématique de l'école de Nice) baptise ce mouvement figuration libre. Un nouveau mouvement dans l'art contemporain venait de naître. Sète était fière de ses enfants. La figuration libre puise dans le rock, le punk, les mass media, la bande dessinée, la publicité ou les graffitis urbains, pour inventer une nouvelle forme d'art, libre et anti-culturelle. Les artistes (auxquels s'est joint le frère d'Hervé Di Rosa, Richard) revendiquent leur appartenance à une culture urbaine de masse, une culture populaire. Leurs supports sont des bidons, des affiches, des cartons d'emballages... Il est impossible de dissocier Sète de Combas ou de Di Rosa, leurs oeuvres sont partout et facilement reconnaissables : des personnages bruts ou naïfs très colorés, très BD dans l'esprit.

Cinéma

Sète et le bassin de Thau, un décor de cinéma
En 1929 Jean Gourguet tourne à Sète le film L'escale, Julien Duvivier suivra en 1937 avec Pépé le Moko, Agnès Varda immortalisera un quartier typique de la ville avec La Pointe Courte en 1955.
Mais ce n'est qu'un début, de nombreux autres films vont suivre :

Les Promesses dangereuses de Jean Gourguet (1956)

Babette s'en va-t-en guerre (1959) de Christian-Jaque

La Soupe aux poulets (1963) de Philippe Agostini

César et Rosalie (1972) de Claude Sautet

Touche pas à mon copain (1976) de Bernard Bouthier

L'Union sacrée (1989) de Alexandre Arcady

Le Petit Criminel (1990) de Jacques Doillon

Gaspard et Robinson (1990) de Tony Gatlif

Mima (1991) de Philomène Esposito

La Graine et le Mulet (2007) par Abdellatif Kechiche

Face à la mer (2010) d'Olivier Loustau

Vrais Mensonges (2010) de Pierre Salvadori

Coup d'éclat (2010) par José Alcala

Et de nombreux autres...
Le bassin de Thau devient également une terre d'élection pour les séries avec Candice Renoir qui cartonne et Demain nous appartient qui est bien partie pour durer.

Patrimoine architectural
Villes et villages

Les villages en circulade
L'Hérault est le fief des villages en circulade, des villages médiévaux où le cercle constitue la base de l'organisation parcellaire. Reflets de l'urbanisme roman, ces villages étaient en fait bâtis en cercle autour d'une église ou d'un château-fort. Le département compte 22 communes répondant à ces critères, déterminés par l'association des Villages Circulaires, chacune offrant de magnifiques témoignages du passé. À découvrir sur le bassin de Thau : Balaruc-le-Vieux, Poussan, Gigean

Poussan

L'originalité du coeur du village consiste dans sa forme de " circulade " typique des villages languedociens bâtis en cercle autour de l'église ou du château fort. Poussan, c'est aussi trois châteaux et un patrimoine bâti remarquable. Situé sur le tracé ancien de la Via Domitia entre garrigue et étang, le territoire de Poussan, riche de plusieurs villas gallo-romaines, présente une occupation continue depuis l'Antiquité. Étymologiquement, Poussan viendrait du nom d'un propriétaire de domaine romain : Porcius.

Architecture religieuse

Les incontournables sur le bassin de Thau

L'abbaye Saint-Félix-de-Montceau à Gigean
Perchée sur le massif rocheux, surnommé " le joyau de la Gardiole ", Saint-Félix-de-Montceau est une ancienne abbaye bénédictine. Tel un vaisseau de pierre, cette abbaye de femmes se dresse sur les flancs du massif dans une mer de garrigue, à Gigean. Fondée au tout début du XIIe siècle par des moniales (et consacrée par l'évêque de Maguelone, Godefroid, aux alentours de 1104), elle fut tour à tour cistercienne puis bénédictine. Malgré les atteintes du temps et des hommes qui s'en sont servis comme pierrier après son abandon au XVIe siècle, les ruines restent imposantes. Construite en pierre de Pignan (calcaire tendre) pour l'essentiel, seuls les contreforts sont en pierre taillée. Elle comprend en réalité deux églises : l'une, la plus petite, date de la fondation de l'abbaye ; l'autre, plus majestueuse, date de l'époque gothique. Le portail, de toute beauté, se trouve sur la face nord du bâtiment. Les troiq fenêtres qui éclairent la nef représentent un très bel exemple d'architecture gothique. Côté sud, un mélange romano-gothique permet de voir très nettement les anciens bâtiments sur lesquels l'église est venue s'appuyer.

La chapelle Notre-Dame-de-la-Salette à Sète

Située au sommet du mont Saint-Clair cette adorable chapelle fut construite en 1861 à l'emplacement de l'ancien fortin Montmorencette bâti par Louis XIII. Lieu de pèlerinage, vous pourrez voir les stations inscrites tout le long du chemin de Saint-Clair. Elle est remarquable pour ses fresques intérieures réalisées par Jacques Bringuier en 1952 et ses ex-voto déposés par les familles de pêcheurs.

L'église Sainte Cécile à Loupian

Classée Monument Historique depuis 1949, l'église de Sainte-Cécile semble être le trait d'union entre l'Antiquité et le Moyen-Age. Construite dans le courant du XIVe siècle, l'église paroissiale Sainte-Cécile, impressionnante de majesté et de sobriété, est de style gothique languedocien.
Son aspect extérieur a l'austérité d'une forteresse, et diffère en cela des aériennes constructions du nord de l'Europe. Cet aspect trapu et monolithe, rythmé par de massifs murs-boutants, est caractéristique de ce style gothique languedocien. La façade méridionale, le portail principal ainsi que la porte latérale ne possèdent aucune décoration. Par contre, l'intérieur de l'édifice développe une splendide nef aux proportions parfaites. La décoration est limitée à des chapiteaux feuillagés et renforce l'impression de volume et d'équilibre.

La chapelle Saint Pierre à Montbazin

La chapelle Saint Pierre du XIIe siècle est surtout reconnue pour ses fresques romanes d'influence byzantine. Les pans de la voûte laissent apparaître les apôtres auréolés, en pied.
La construction fait partie intégrante du château et de son système défensif. La situation sur le promontoire du territoire de la commune fait ressortir une façade anormalement imposante par rapport aux volumes intérieurs de la nef et du choeur.
La chapelle Saint-Pierre achetée par la mairie lors de la Révolution française, est classée Monument Historique depuis 1964. Elle est actuellement un lieu d'accueil pour des concerts, des manifestations culturelles, des expositions.

L'église Saint-Paul à Frontignan

Église classée Monument Historique et construite entre le XIIe et le XIVe siècle.
Monument remarquable, il a été le témoin de l'histoire de Frontignan la Peyrade. Lieu de culte et de recueillement, ce bâtiment communal est incontournable, à plus d'un titre, dans la vie de la cité. Il fait l'objet de visites régulières organisées par l'association des amis du Musée de Frontignan. Il accueille également de nombreux événements culturels et traditionnels comme les fêtes de la musique, de la mer ou de la miquette mais aussi des chorales et des concerts de musique classique.

Traditions et modes de vie
La cité engloutie de la lagune de Thau

Par temps clair, les pêcheurs aperçoivent le sommet d'un clocher, dans l'eau de l'étang de Thau. Par temps brumeux, on entend les cloches de cette église noyée. Les plongeurs disent apercevoir des vestiges de constructions. On raconte que dans les fonds de l'étang repose une ville entière.
Une nuit de solstice, la terre aurait croulé dans un meuglement sourd - suite à l'éruption du volcan d'Agde, peut-être -, et l'étang a alors recouvert temples et palais. Mais où se trouve cette cité engloutie ? Dans l'anse de Sète, où des murs d'aqueduc semblent s'enfoncer dans l'étang. Pour le savoir vraiment, il faut suivre les daurades royales. Lorsque ces poissons se mettent en ligne, les arcs dorés de leurs fronts forment un escalier d'or... qui nous mène à l'entrée de la ville engloutie.

Cette légende plonge ses racines dans l'époque romaine. Et plus particulièrement dans Ora maritima, un ouvrage que l'on doit au géographe romain Rufus Festus Avienus. Ce dernier décrit, lors d'un périple (entre 350 et 355 après J.-C.) dans le secteur de l'étang de Thau, une cité nommée Polygium. Une " pauvre et petite cité barbare ", selon ses termes.

En 1976, l'équipe de l'archéologue Denis Fonquerle a bien trouvé des traces d'habitat lacustre englouti, par deux mètres de profondeur. En bien moins grandiose : un hameau de trois cabanes de roseaux, arrimées dans le sol par des pieux de chêne vert. Sur pilotis pour se protéger des bêtes sauvages ou, plus probablement, engloutie par une montée des eaux de 2 à 3 mètres.

A l'âge de bronze, au Ier ou IIe siècle avant J.-C., les premiers Gaulois se sont installés entre le Barrou et la Plagette à Sète, au lieu-dit la Sangade. Mais aussi dans l'anse de Balaruc-les-Usines, à Saint-Sauveur (port de plaisance actuel), et entre Marseillan et Mèze, à Montpénèdre.
A en croire les poteries et les outils retrouvés, ces premiers Gaulois se nourrissaient de pêche, de cerfs et de sangliers chassés, mais aussi d'élevage diversifié, et de culture de céréales.

Le Branle de la Chemise

Chaque année, dans le village de Poussan, le jour de Mardi gras on fête le Branle de la Chemise. Les hommes et les femmes sortent danser à la tombée de la nuit au son du hautbois, ils chantent en déambulant à la queue leu leu dans les rues du vieux village.

Les animaux totémiques

Ces animaux fantastiques occupent une place privilégiée lors des fêtes votives et autres manifestations culturelles. L'histoire de ces animaux est directement issue des légendes du Moyen Age. Ils ont une valeur d'oracle ou de mauvais augure. Leur forme est parfois très libre et fantaisiste, comme leur couleur. Il s'agit le plus souvent d'une construction en bois et recouverte d'une toile colorée. A l'intérieur, se nichent les porteurs qui font avancer l'animal au gré de leur humeur et de la musique. Quelques animaux totémiques : le muge de Balaruc-les-Bains, le loup de Loupian, le crabe de Marseillan, le boeuf de Mèze, la chèvre de Montagnac, le cochon rose de Poussan...

Le boeuf de Mèze, une histoire qui remonte en l'an 59 de notre ère.

Une pauvre famille, venue des environs de Béziers, vint s'établir sur les bords de l'Etang de Thau. Cette famille vivait de la pêche dans l'étang mais aussi de l'agriculture, aidée dans son travail par une paire de boeufs. Grâce à l'installation de cette famille, une urbanisation débuta, étant à l'origine du village portuaire de Mèze. Mais hélas, le premier boeuf mourut suivi du second. On décida de conserver la peau de ce dernier, étant sans doute le plus beau. Sa dépouille fut alors conservée comme une relique étalée sur un mannequin de bois.

Langue

La langue d'Oc
Dans l'Hérault et le bassin de Thau, la population parle deux langues : le français et l'occitan, ou langue d'oc. Cette dernière, délaissée pendant des siècles, connaît une véritable renaissance au XXe siècle. Ses racines sont profondément ancrées dans l'histoire de l'Europe méridionale. Après l'installation des Francs dans toute la moitié Nord de la Gaule, la langue parlée par tous, le gallo-roman, a évolué en une multitude de dialectes, regroupé sommairement en dialectes du Nord et dialectes du Sud. Curieusement, ces dialectes ont été nommés d'après la manière dont les gens disaient oui. Dans le nord, on disait " o-il " et dans le sud " oc ", ainsi sont nés la langue d'oïl et la langue d'oc. Au Moyen Âge, la langue d'oc s'affirme comme une culture majeure. Elle fut celle de l'amour courtois, celle des moeurs raffinées et de la culture. Les troubadours l'ont chantée de l'Italie du Nord aux Pyrénées, avant qu'elle ne soit la langue de l'hérésie cathare, combattue aussi vivement que ceux qui la parlaient, au cours de la croisade contre les Albigeois. Conservée seulement à usage domestique, elle reprit vigueur au XIXe et au XXe siècle dans un mouvement parallèle à celui du félibrige en Provence. Chantée par de grands écrivains, Ferdinand Fabre au XIXe siècle, puis Paul Valéry, Joseph Delteil, André Chansom, Jean-Pierre Chabrol ou Max Rouquette, elle est à nouveau étudiée et utilisée dans certaines écoles (les Calandretas) et même à la télévision, dans les éditions régionales. De Toulouse, capitale du haut Languedoc à Montpellier, tête du bas Languedoc, on peut entendre les Languedociens parler cette langue à l'accent chantant. Petit Futé a déniché pour vous quelques proverbes occitans : " Tot aquò s'arrengara sus lou cousin ", autrement dit " tout s'arrange sur le coussin ". Au Moyen Âge, on ne disait pas " trouver chaussure à son pied " mais " L'ola topin totjorn son coverton " : " la marmite trouve toujours son couvercle ". Un dernier proverbe à méditer : " Es pas l'òme que ganha es lo temps " : " Ce n'est pas l'homme qui gagne, c'est le temps "...

Sports et jeux traditionnels

Sète, de joutes séculaires.
Si les traditions des petits villages du Pays de Thau se limitent aux fêtes votives, les Joutes de Sète ont acquis une réputation nationale et attirent des milliers de visiteurs chaque été au mois d'août. La première édition a eu lieu sur le canal (où elles se tiennent toujours) en 1666.
Leur point d'orgue a lieu lors de la Fête de la Saint-Louis, saint patron de la ville. Bien que joviales et bon enfant, elles sont très codifiées. Les tournois sont précédés du défilé des jouteurs, tout de blanc vêtus.Tous sont coiffés d'un canotier et défilent au son de musiques traditionnelles à base de tambours et de hautbois.
Une passe d'honneur ouvre les rencontres sur l'eau. Les jouteurs, quand ils se croisent, se serrent la main en signe d'esprit sportif. Chaque jouteur, le torse protégé par un pavois et debout au sommet avant de la barque, tente alors à l'aide d'une lance de faire tomber l'adversaire à l'eau. L'ambiance, par delà les cris de la foule, toujours impressionnants, est assurée par diverses fanfares locales à grands coups de cuivres et de grosses caisses juchées sur les tribunes montées le long du canal pour l'occasion. Encore une fois, les règles sont très codifiées et tout faux pas d'un des jouteurs entraine son élimination immédiate. C'est le rendez-vous incontournable annuel, autour du 25 août, et les équipes de jouteurs s'y préparent tout au long de l'année, notamment pour la catégorie des " lourds ", qui se tient le lundi de la Saint-Louis. Le grand vainqueur voit alors son nom passer à la postérité locale et ajouté à la très longue liste des vainqueurs depuis la première édition en 1666.

Un événement sportif mais aussi chaleureux, convivial et très coloré qu'il serait plus que dommage de rater. Un peu le point d'orgue d'une saison riche en festivités de tout genre.

Des sports traditionnels

Les joutes languedociennes

Ce sport traditionnel qui trouve ses racines à Frontignan dès 1627, est resté intact, il est pratiqué dans huit villes de l'Hérault et dans une ville du Gard. Les chevaliers de la tintaine tout de blanc vêtus défilent au son de la musique traditionnelle avant de prendre place sur leurs bateaux : deux barques, " la rouge " et " la bleue ", propulsées par huit à dix rameurs et guidées par deux barreurs. Les jouteurs sont positionnés sur une plate-forme appelée tintaine, située à près de trois mètres de l'eau et à l'extrémité de chaque barque. Les deux barques se positionnent pour l'assaut. Puis les deux bateaux, propulsés par les rameurs, se frôlent par la droite pour permettre aux deux jouteurs de réaliser la passe. Muni de sa lance et de son pavois, le jouteur cherche à faire tomber son adversaire. Le vainqueur est celui qui reste en place sur la tintaine après la passe. Le combat débute dès que les hautbois et les tambours sonnent la charge. Sous le soleil, ces tournois sont des spectacles immuables, depuis la création du port de Sète.

Ambiance garantie à Sète, Mèze, Balaruc-les-Bains, Frontignan ou Marseillan.

A Sète, l'épreuve reine est le fameux tournoi de la Saint-Louis, fin août. C'est à cette occasion qu'est sacré le champion des champions.

Le tambourin

Jeu de balle ancestral, tous les villages possédaient naguère une vaste aire dégagée qui servait de terrain. Aujourd'hui codifiée, pratiquée au niveau international et reconnue, cette discipline est spectaculaire et mérite bien une visite estivale (en hiver, la saison s'arrête ou le jeu se pratique en salle). Il suffit pour cela de prendre place le long du terrain, un rectangle de 80 m sur 20 m environ, divisé en deux par une simple ligne. De part et d'autre, deux équipes de cinq joueurs (deux au fond, deux à la corde et un milieu), chacun muni d'un tambourin, cercle de 28 cm de diamètre recouvert d'une peau synthétique et muni d'une poignée (comme l'instrument de musique, en beaucoup plus résistant). À l'engagement, le batteur se sert d'un battoir, tambourin plus petit monté sur un long manche. Commence alors la partie qui consiste à se renvoyer une petite balle de caoutchouc, d'environ 80 grammes et qui peut atteindre la vitesse de 250 km/h. Les renvois se font comme au tennis (à la volée ou après un rebond) et les points se comptent de même. Le plus impressionnant au cours de ces parties est sans doute le bruit de la balle frappée et l'adresse des joueurs. Activité de compétition tout autant que de loisir, presque aussi familier que la pétanque dans les villages, le tambourin est ouvert à tous et permet de s'amuser rapidement.
A voir notamment à Balaruc-les-Bains et Mèze.

La bouvine

Derrière ce mot de bouvine, le biou, le toro, pointe le bout de ses cornes. Sans doute parce que l'Espagne n'est pas loin, plus sûrement parce que la Camargue est la terre des taureaux noirs, la bouvine rassemble ces sports et traditions qui enflamment les aficionados. Au premier rang duquel les courses camarguaises, spécificité locale dont on aura un aperçu, tout l'été, aux environs de Lunel et dans toutes les arènes de la région. Ces courses sont l'affrontement codifié de l'homme et du taureau. Mais ici, pas de sang, pas de combat, pas de mort, seulement un concours de rapidité et d'agilité. Le taureau mis en course porte entre ses cornes six " attributs " (glands, ficelles, cocarde), que les raseteurs devront lui prendre au moyen d'un petit peigne recourbé. À plusieurs dans l'arène (la course est aussi un concours entre eux), ces hommes font charger la bête et tentent de lui enlever ces récompenses. Cela donne lieu à des courses, des sauts, des passes, des " rasets " où l'homme frôle le taureau.
A voir durant l'été aux arènes de Frontignan.

Simon Caselli

C'est au cours de la 275e édition de la Saint-Louis que le grand public a fait la connaissance du jouteur Simon Caselli. Sétois de naissance et de coeur, il a remporté la finale " Poids lourd " 2017 de cette compétition sportive et traditionnelle. Cette victoire - ce marin-pêcheur de trente ans - la doit à une vie de pratique : " J'ai vraiment commencé à jouter à 2 ans et demi, ce que les gens n'imaginent pas c'est que les enfants joutent aussi. On ne s'entraine pas sur l'eau mais sur des planchers de barques montés sur des roulettes ". Le début d'une longue passion transmise par son père, autrefois président de la Lance Amicale Sétoise, l'une des sept sociétés de joutes sur Sète. Aujourd'hui, il explique sa victoire par de nombreuses années d'efforts : " J'ai commencé très jeune donc ma victoire n'est pas due à la chance, j'ai pratiqué. Je suis vraiment ravi parce que j'ai toujours été l'un des plus maigres de mes catégories, il a fallu que je m'adapte à mes adversaires, que je me fabrique ma propre technique, je l'ai remporté au mérite ". Simon Caselli est particulièrement fier de faire vivre cette tradition Sétoise : " La joute est une pratique encore locale, traditionnelle et elle attire de nombreuses personnes. Il est important de la conserver. Comme la corrida cela brasse du monde et ce sont des compétitions sportives et festives qui plaisent, d'ailleurs la compétition est désormais retransmise à la télévision ". C'est toute la beauté de Sète, une ville typique qui vit au rythme des traditions locales : " C'est ce que j'apprécie avec la ville de Sète, elle a su conserver et faire vivre sa tradition, son authenticité, sa culture, qu'elle soit sportive ou culinaire, il n'y en a pas deux comme elle ".

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