Guide Kinshasa : Arts et culture
Kinshasa a reçu en avril 2016 le prestigieux titre de "ville créative dans le domaine de la musique" par l'Unesco. La capitale rejoint ainsi le réseau des villes créatives dans le monde, tous domaines confondus (l'artisanat et les arts populaires, les arts numériques, le design, le cinéma, la gastronomie, la littérature et la musique). La RDC compte maintenant deux villes - avec Lubumbashi dans le domaine de l'artisanat - parmi ce réseau mondial de 116 villes issues de 54 pays plébiscitées par l'Unesco, dont cinq seulement sont africaines (Brazzaville, Dakar, Lubumbashi, Assouan et maintenant Kinshasa) !
La vocation de ce réseau est de stimuler la coopération internationale avec et entre ces villes "faisant de la créativité un moteur de développement urbain durable, d'inclusion sociale et de rayonnement culturel". Kinshasa - en tant que "berceau ya Rumba ya Congo" - a été choisie en raison du laboratoire créatif musical qu'elle représente, qui permet à de nombreux talents congolais d'émerger et de rayonner sur le continent. Et afin de saluer le "génie créateur kinois qui contribue à la musique universelle". Une juste reconnaissance de ce riche terreau créatif congolais, et de la vitalité culturelle et musicale de Kin.
L'entreprise coloniale belge au Congo marque toujours aujourd'hui le territoire de la RDC - dont singulièrement sa capitale Kinshasa - à travers l'architecture et les paysages urbains. Pourtant, l'architecture en tant que référent identitaire de cette entreprise coloniale ne s'imposera qu'assez tardivement au Congo, les premières constructions coloniales visant essentiellement à répondre aux problèmes d'acclimatation des Européens. Le modèle du "bungalow tropical", inspiré notamment des constructions coloniales britanniques ou hollandaises, s'impose assez vite, dont la résidence du gouverneur-général de Boma est un bel exemple encore visible aujourd'hui (voir encadré).
Vers les années vingt, dans le cadre de la politique migratoire coloniale qui limite l'établissement au Congo des agents de l'Etat ou des grandes entreprises à quelques années, se développe une architecture résidentielle qui imite la typologie des villas et maisons vernaculaires de la métropole. Les agents déracinés provisoirement retrouvent ainsi au Congo un "comme chez soi". L'organisation de l'habitat répond aussi à une nouvelle structure sociale avec l'arrivée des épouses et enfants d'expatriés. Cette typologie d'habitat formera de nombreux quartiers des villes, qui se développent parallèlement à l'exploitation économique du pays.
Des quartiers "indigènes", plus communément appelés "les cités" se développent à côté de la ville "coloniale". L'urbanisme colonial structure ainsi la ville sur un principe de ségrégation entre les populations. Une vaste zone "tampon" délimite ainsi deux entités urbaines. Déjà, les premières implantations coloniales marquent la distance entre le noyau européen et le village. Basée sur un principe de zonage, cette ségrégation prévoit que la ville soit divisée en quartiers avec d'une part la ville européenne sous une forme "pittoresque" influencée notamment par les "Garden Cities", et d'autre part la ville indigène en forme de damier. Ces deux zones sont séparées par un cordon de 500 mètres, censé représenter le rayon de déplacement maximal du moustique vecteur de malaria, et qu'on appelle parfois "cordon sanitaire".
A Kinshasa, cette zone ne sera jamais totalement réalisée à l'exception de quelques bandes qui forment aujourd'hui le golf de Kinshasa et les jardins zoologique et botanique. Ces premières cités ouvrières forment des entités urbaines autonomes qui comprennent des logements, écoles et dispensaires, destinés à la main-d'oeuvre locale. Après la Deuxième Guerre mondiale, avec la crise du logement qui intervient surtout en milieu urbain suite à l'exode des populations congolaises qui viennent s'établir à proximité des centres économiques, la construction des cités indigènes devient l'une des priorités des autorités. La conception et la réalisation de ces nouveaux quartiers indigènes sont confiées à l'Office des Cités Africaines (OCA) créé pour l'occasion.
Une génération d'architectes influencés par les bâtiments modernistes construits en Afrique du Nord ou au Brésil valorisent un nouveau style à partir des années 1940 : le "modernisme tropical", inspiré notamment du langage corbuséen. Ce style se distingue par l'intégration de dispositifs climatiques comme éléments de composition de l'architecture (le brise-soleil, le pilotis...) alors que parallèlement la climatisation tend à s'imposer dans les constructions. Le modernisme tropical et l'architecture monumentale qui caractérisent surtout les bâtiments de l'administration publique, comme par exemple la résidence du gouverneur-général à Léopoldville, vont opérer une symbiose entre technologies climatiques et langage architectural.
La construction de bâtiments publics et d'immeubles à appartements, dont l'objectif est de former une architecture référentielle urbaine, devient un véritable outil de la propagande coloniale, en particulier à Léopoldville. L'immeuble en hauteur - alors rare au Congo si ce n'est les exceptions notoires notamment de l'hôtel Métropole à Matadi ou du bâtiment Forescom à Léopoldville de style paquebot - s'impose et va de pair avec la hausse spectaculaire du prix de l'immobilier et du terrain à bâtir dans les centres urbains dès le début des années 1950. Le "nouveau Congo" se veut résolument moderne, transformant le paysage urbain à l'image des grandes villes prospères sur le modèle nord-américain. Cette transformation est systématique à Kinshasa, donnant à la capitale cette allure de ville occidentale florissante caractéristique et véhiculée à l'époque coloniale, ce qui lui vaudra ce surnom de "poto moyindo", la ville européenne par excellence au coeur du continent noir.
Mais la "mission civilisatrice belge" passe aussi par la construction de nombreux bâtiments civils et religieux. De cette "mission", il demeure encore un patrimoine architectural important formé par les écoles, les universités, les lieux culturels, les hôpitaux ou dispensaires, dont une grande partie a été construite dans le cadre du Premier Plan Décennal pour le Développement Economique et Social du Congo belge, promulgué en 1948. Si beaucoup de bâtiments scolaires types sont conçus par des architectes et ingénieurs du Service des Travaux publics du ministère des Colonies à Bruxelles, d'autres sont signés par des architectes de renom pour ne citer que le vaste campus universitaire de Lovanium (maintenant Université de Kinshasa - UniKin) à Kinshasa, oeuvre de Marcel Boulengier, et qui ouvre ses portes en 1954.
De nombreuses commandes publiques monumentales sont réalisées sous Mobutu : le siège de la Radio Télévision Nationale Zaïroise (RTNC), des architectes Arsac et Dougnac, la Tour Sozacom (siège de la Gécamines) ou la tour de l'échangeur de Limete qui s'élève à 210 mètres. Conçu pour héberger à sa base un musée de la nation qui devait valoriser l'histoire de la lutte du peuple zaïrois pour son indépendance, ce projet dessiné par Olivier Cacoub entre 1970 et 1974 constitue une vraie prouesse technique. Le goût du monumental qui caractérise le règne autocratique de Mobutu s'illustre aussi par le stade des Martyrs de la Pentecôte, entièrement financé par la Chine, ou le palais du Peuple. La plupart des bâtiments construits sous l'ère Mobutu se réfèrent au style "international", avec des techniques de construction importées et l'utilisation de la climatisation généralisée. Vers 1975, une génération d'architectes congolais, comme Talangay, auteur de l'extension de la Banque Nationale du Congo et de la Cour suprême de justice, ou Magema, auteur de l'Office de Gestion de la Dette Publique (OGEDEP), développe une architecture plus sculpturale et locale.
La génération actuelle, fédérée autour de la Société Nationale des Architectes du Congo et pour la plupart formés à l'Institut des Bâtiments et Travaux Publics (IBTP), cherche à s'ancrer à la fois dans l'identité africaine - avec une nette influence des pays africains anglophones - et dans le rapport aux techniques contemporaines de l'architecture. Peu d'architectes congolais ont malheureusement la chance de s'exprimer, la plupart des commandes importantes étant encore exécutées par des cabinets internationaux. La politique des "cinq chantiers" du président Kabila a ainsi favorisé les investissements privés internationaux pour ces nouveaux complexes résidentiels, hôteliers et de loisirs, qui illustrent les nouvelles tendances de l'architecture de promotion.
Aujourd'hui, le paysage urbain est essentiellement dominé par des milliers de bâtiments à l'architecture spontanée. Ceux-ci sont érigés entre les parcelles historiques des anciennes cités ou dans les tentaculaires extensions urbaines non planifiées, et forment cette identité si particulière des villes congolaises à l'explosion démographique galopante, dont Kinshasa est l'exemple suprême. L'architecture coloniale au sens large et les paysages urbains qu'elle a formés sont un sujet de débat : quelle identité ces villes importées - références du pouvoir colonial - véhiculent-elles auprès des populations africaines ? Quoi qu'il en soit, les bâtiments coloniaux et la figure de l'urbanisme colonial font partie de l'histoire de l'architecture du XXe siècle, et du patrimoine historique congolais.
D'après Kinshasa. Architecture et paysage urbains de Johan Lagae et Marc Gemoets, éd. L'Inventaire.
La province du Kongo Central, par sa riche histoire, jouit toujours d'un patrimoine architectural important, singulièrement la ville de Boma qui fut la capitale du Congo de 1886 à 1929. Les premiers bâtiments durables construits par les Européens ont été conçus sur le modèle occidental, tout en l'adaptant au climat équatorial. Ils ont été préfabriqués en Europe et ont été montés sur place, à partir de matériaux de qualité : bois, fonte, tôle et béton. L'ensemble est sobre mais les élégantes finitions lorgnent vers l'Art nouveau, le néogothique et néoclassique. Ces demeures sont souvent construites à deux niveaux sur des pilotis en métal, tout en assurant une ventilation naturelle. Les maisons sont bordées en façade, ou sur le pourtour, de barza, galeries ouvertes qui apportent de l'ombre et de la fraîcheur.
La plus illustre, c'est sans doute l'ancienne résidence du gouverneur-général de l'EIC qui constitue un parfait exemple du style "bungalow tropical". Entourée de baobabs séculaires, elle se dresse depuis 1890 sur les hauteurs de Boma. La résidence est composée de trois niveaux à toitures métalliques étagées. Le rez-de-chaussée, sur pilotis en fonte, supporte le premier étage, flanqué d'une barza. Les tôles embouties et les persiennes du deuxième étage reconstituent l'ambiance feutrée des intérieurs du XIXe siècle. Le ministère du Tourisme envisage d'en faire un musée, dans le cadre du projet de classement de Boma et de son riche patrimoine historique à la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.
Source : Bas-Congo, Ch. Tombu et A. Huart, Ed. Weyrich.
Le Congo possède un artisanat unique et de grande qualité, avec de très belles pièces et oeuvres d'art déclinées sur différents supports (statuettes, objets décoratifs, bijoux...), imputables à l'incroyable talent des artisans congolais, aux styles et influences spécifiques à chaque région/ethnie du pays. Des lignes fortes et points communs peuvent en effet se dégager pour former un style dit "congolais", mais qui dans les faits reste extrêmement diversifié. On retrouve cette grande diversité d'influences à Kinshasa, où l'on peut dénicher des pièces provenant de différentes régions du pays à des tarifs souvent attractifs.
L'artisanat occupe une place importante au Congo, même si la plupart des artisans opèrent encore de manière informelle et sur un marché très limité, dont ils tirent trop peu de revenus. Partant du constat que l'artisan connaît son métier mais, faute de moyens, ne produit que sur commande et expose peu, quelques structures encadrent des groupes d'artisans à Kinshasa. L'objectif est qu'ils puissent vivre dignement de leur art et de leur savoir-faire, en promouvant leurs oeuvres et productions auprès d'un plus large public.
Mais outre ces structures et magasins plus établis (voir rubrique "Shopping"), le lieu par excellence où l'on vend de l'artisanat à Kinshasa et qui fait partie des immanquables en ville, c'est le Marché des Valeurs dans le quartier Royal. Ambiance de souk où l'on se fait harponner et solliciter de tous côtés, et où l'on tchatche et négocie ferme, le tout dans la bonne humeur générale et pour des pièces qui valent bien souvent la peine. Quelques vendeurs et artisans ambulants tiennent aussi des stands ou exposent quelques oeuvres dans des hôtels ou lors de manifestations, voire dans la rue.
Quel que soit le contexte, peu d'arnaques sont à signaler au niveau de la qualité des objets vendus, si ce n'est les prix à diminuer de moitié, voire par trois ou quatre selon le degré de bagou et l'humeur du vendeur qui les adapte à la tête du client... Mais ça fait partie du jeu. A Kinshasa, les prix pratiqués sont souvent plus intéressants, avec une large marge de négociation, et pour une variété de produits inégalée par rapport aux autres villes du pays. Attention cependant aux prétendues antiquités et oeuvres anciennes (masques, fétiches...), qu'il est toujours difficile d'authentifier. Des pièces actuelles sont artificiellement vieillies, et peuvent faire illusion... Même si de bonnes occasions peuvent se présenter, dites-vous qu'une pièce prétendue exceptionnelle à même la rue en ville, et pour un tarif imbattable, a peu de chances d'être authentique. Mais là n'est pas (toujours) l'essentiel, tant qu'elle vous plaît...
Kinshasa, en bon melting-pot congolais, présente donc un large échantillon des techniques et styles à l'oeuvre dans les différentes régions et ethnies du pays. Il n'existe donc pas à proprement parler de style kinois, si ce n'est cette tendance à la récupération et au recyclage, qui donne des oeuvres souvent inédites et aux techniques inventives (bijoux à partir de pièces en plastique, objets créés à partir de canettes en métal...). Récupération dans tous les sens du terme d'ailleurs... quand le Kinois flaire un bon coup, son audace n'a d'égale que sa créativité. C'est le cas des "Tintin", ces figurines et déclinaisons sur tous les supports (peintures, sculptures...) adaptées de Tintin au Congo - et par extension des autres albums - et dont les touristes raffolent, à juste titre.
Le royaume de Kongo a une longue tradition de commerce (ivoire, ustensiles en cuivre, objets en métal, tissus, poterie, coquillages...). Avec une histoire et culture aussi riches, l'artisanat de l'ethnie Kongo est logiquement assez convoité. Les pièces les plus connues sont les nkisi, ces statuettes anthropomorphes, ou en forme d'animaux, produites par les populations Bakongo à des fins magico-religieuses. Certains de ces fétiches, les nkondi, sont transpercés de clous et pointes en métal, dans le but d'éloigner les dangers, les maladies et de lutter contre les mauvais sorts. Contrairement à d'autres peuples congolais et africains, les Kongo ont sculpté peu de masques. Mais ceux-ci, d'un grand réalisme, sont très expressifs et délicatement sculptés.
Quelques objets-souvenirs typiques du pays qu'on trouve aisément à Kinshasa, où cohabitent les influences et styles de différentes régions et ethnies congolaises :
Bijoux : fabriqués à partir de bois, verre, métal, os d'animaux, pierres et minerais (malachite, cuivre), coques ou fruits séchés... La diversité des techniques et matériaux utilisés n'a d'égale que la créativité de leur fabricant.
Instruments de musique : likembe (sorte de xylophone local et traditionnel appelé aussi "sanza" en Afrique centrale), tambours et divers instruments de percussions, maracas, guitares en bois traditionnelles...
Masques et fétiches : souvent de toute beauté. On en trouve de toutes les ethnies et de toutes les tailles, couleurs et modèles, qu'ils soient anciens ou neufs. Ils possèdent tous des significations et caractéristiques particulières qui les différencient fortement, selon leur culture d'origine. Un must !
Tapis Kuba (velours du Kasaï) : provenant d'une longue tradition issue du royaume Kuba. Les fibres utilisées proviennent du palmier raphia et sont teintes de couleurs végétales. Leur fabrication, qui peut prendre plusieurs mois, se distingue par la finesse des techniques utilisées et l'extrême diversité des dessins et motifs représentés.
Antiquités : ici, un antiquaire n'est pas nécessairement celui qui vend des antiquités mais aussi celui qui les fabrique avec parfois un mélange de styles anciens et de techniques de vieillissement sur des objets modernes. Quoi qu'il en soit, les adeptes de "vieux" seront comblés, avec parfois de belles trouvailles à la clé : médailles, pièces de monnaie, bijoux, fétiches, masques, objets de culte...
Déco : les objets et accessoires décoratifs rivalisent bien souvent de beauté et d'inventivité : bougeoirs et chandeliers, boîtes à bijoux, bibelots divers, paniers tressés, ouvre-bouteilles, porte-clefs, miroirs, plats et bols, coussins, céramique, poterie, tableaux...
Mobilier : du siège au tabouret (ebonga), appuie-dos ou petit banc, en passant par la table, le porte-CD, la lampe, voire le lit ou l'étagère. Grand choix de modèles et matériaux proposés. Mention spéciale pour les chaises à palabre constituées de ces deux planches de bois entrecroisées, très stylées et confortables, en plus d'être facilement transportables.
Pagnes : même s'ils ne sont plus fabriqués au Congo, les pagnes (wax), ces tissus typiques aux tons et motifs vifs et colorés portés par toutes les Congolaises, restent l'un des produits phares du pays et de Kinshasa. Une couturière peut même à partir de nombreux modèles vous fabriquer la tenue de votre choix sur mesure, en un temps et pour des prix record.
Tintin : le grand classique, c'est de revenir avec un petit tableau peint représentant la couverture du célèbre album de Tintin que l'on customise en rajoutant votre nom dans le titre "Les Aventures de... au Congo". Mais on trouve également quantité d'autres déclinaisons (sculptures en bois, fils de fer, ferraille...) représentant des scènes du livre, voire d'autres albums.
Typique à Kin : certains objets fabriqués à partir de matériaux de récupération (boîtes de conserve, vieux métaux...). Un véritable recyclage s'opère en donnant une seconde vie à certains produits, avec une sacré dose d'inventivité et de créativité à l'oeuvre chez les artistes et artisans locaux, pour un résultat original et qualitatif (bijoux, déco...). Voir rubrique "Shopping".
Epices, nourriture : pour faire comme les Kinois, et ramener au pays des glacières chargées de mets et saveurs typiques (à mettre en soute !). Ou on peut aussi se contenter de gingembre frais, de pili-pili, d'arachides et autres spécialités faciles à transporter (moringa, fruits...).
On a déjà évoqué la sape, ce fameux courant vestimentaire et socio-culturel qui imprègne la jeunesse kinoise depuis les années 1980-90. Mais l'art de l'habillement et de la parure, qui a toujours été valorisé comme marqueur social, est encore bien ancré. Rien d'étonnant dès lors à ce qu'une scène "fashion" kinoise émerge, au même titre que les autres disciplines artistiques.
Dans la foulée de l'Ethno Tendance Fashion Week de Bruxelles ou de la Black Fashion Week de Paris, de nombreux événements, salons et défilés ont ainsi vu le jour à Kin, confirmant son possible futur statut de ville africaine de la mode, même si tout cela est encore embryonnaire pour le moment. La tendance est bien là cependant, et le terreau local fertile avec toutes ces "fashion victims" kinoises, de quelque âge ou statut social que ce soit.
On peut épingler la Congo Fashion Week, la Kinshasa Fashion Week, le festival Ujana Fashion Week, ainsi que les défilés dans les grands hôtels en ville de nombreux créateurs et designers locaux, essentiellement féminins. Parmi celles-ci : la jeune styliste Lydie Okosa, diplômée de l'Institut des Arts et Métiers (ISAM) et de l'Institut National des Arts (INA), qui a créé sa propre marque "Lok Style" et a récemment présenté sa première collection ABC lors d'un défilé. Un autre fashion event serait par ailleurs en préparation pour 2017.
De nombreux organismes de formation (Congo Fashion Institute, écoles de stylisme) voient également le jour, et permettent de canaliser toutes ces ardeurs créatives vestimentaires et ce goût prononcé des Kinois pour la mode, de même que des structures oeuvrant à la professionnalisation du métier de mannequin (Institut JNF...), tout cela afin de dynamiser et structurer un secteur potentiel, synonyme de rayonnement pour la ville, pour le pays, pour ses habitants, et générateur d'emplois.
Gloria Mteyu est une jeune styliste congolaise au parcours et à l'ambition impressionnants. Après des études en Zambie, à New York, et à l'Ecole de mode de Milan, elle décroche un job auprès de John Galliano. Mais loin de s'en contenter, l'appel du pays et de sa capitale (k) "in" se fait plus fort, et elle décide de revenir pour aider les stylistes locaux à émerger. Son ambition affichée est de contribuer à ce que les Kinois, adeptes de grandes marques européennes, finissent par porter leurs propres marques.
C'est elle qui en 2013 monte la première Kinshasa Fashion Week, convaincue par les atouts de la capitale en termes de localisation centrale sur le continent, et en tant que grande source d'inspiration artistique. Gloria a aussi créé la seule école publique de mode de toute l'Afrique centrale, avec des élèves congolais, angolais, béninois, togolais... Et si Kin la branchée devenait le "Paris africain" ? Gloria lui donne dix ans pour accomplir ce destin et revêtir ses atouts fashion...
Le cinéma congolais continue d'exister malgré des heures difficiles tant à l'époque coloniale que sous le maréchal Mobutu, peu favorable à un libre accès au 7e art. Les archives sont donc assez pauvres quantitativement. Le cinéma nécessite aussi une technologie plus dispendieuse à mettre en place que dans d'autres disciplines artistiques où émergent davantage de talents (musique, danse, dessin, peinture...). Mais on assiste aujourd'hui à l'éclosion d'un vrai cinéma d'auteur porté par des artistes cinéastes et vidéastes véhiculant un regard neuf et original sur leur ville, leur culture et leur pays.
L'éducation à l'image constitue aussi un enjeu et une nécessité, afin de faire évoluer la conception un peu émoussée du public congolais, il faut bien le dire, par la consommation d'oeuvres souvent de piètre qualité dont il est abreuvé par les chaînes de télévision locales, ce qu'on qualifie couramment ici de cinéma, alors qu'il s'agit le plus souvent de théâtre filmé, assez mal réalisé, qu'on appelle "maboke". Sans parler de l'absence de salles de cinéma répondant à des normes acceptables et surtout accessibles au plus grand nombre. Cela constitue un autre frein à lever, afin de décloisonner cet art encore trop souvent considéré comme réservé à une élite socioculturelle.
Très vite, dès 1896, le milieu colonial a utilisé l'image cinématographique comme instrument de propagande. Dans les années 1920, les prêtres catholiques déploient leur propre organisme cinématographique, avec un système de salles de projection, de cinémas mobiles et des commissions de contrôle. A l'époque, la production cinématographique coloniale officielle est entre les mains de l'abbé André Cornil dont l'ambition était de réaliser des films courts s'inspirant des contes naïfs et pittoresques congolais. Entre 1954 et 1957, il tourne onze films de fiction avec des acteurs congolais, dont Albert Mongita et Antoine Bumba Moaso, et vingt-deux documentaires éducatifs. Le cinéma colonial a surtout une vocation didactique et moralisatrice prônant les bonnes moeurs (avec des acteurs comme Pili-pili et Mata Mata), les bienfaits de la colonisation et insistant sur les dérives des superstitions indigènes.
A la même époque, des cours privés de cinéma sont organisés au Congo et des Congolais viennent se former à la prise de vue en Belgique. Des acteurs congolais commencent également à décrocher des rôles dans des films destinés à un public international. En 1953, Bongolo et la princesse noire du Belge André Cauvin, dont les acteurs principaux sont Congolais, est projeté à Cannes. L'indépendance en 1960 met un coup d'arrêt à la petite industrie cinématographique émergente, suite au départ du gouvernement colonial et des missionnaires (les principaux "producteurs"). La jeune République du Congo hérite de quelques salles de cinéma à travers le territoire national et dans la capitale, mais la plupart ne survivront pas aux conflits et guerres que le pays a connus au cours de la décennie 1960.
A l'arrivée au pouvoir de Mobutu en 1965, la production des actualités et de l'audiovisuel est placée sous son contrôle, et donne lieu essentiellement à des films de propagande à la gloire du maréchal et de son idéologie. Toutefois émergent aussi à cette époque les premiers films d'auteurs réalisés par des Congolais, dont le plus célèbre est Moseka de Roger Kwamy. Vers le milieu des années 1990, la loi sur la presse permet la création de chaînes privées. Des jeunes formés à l'étranger rentrent alors au pays et se lancent dans la réalisation. Le théâtre filmé, mais aussi les feuilletons produits au Nigeria ou au Ghana, envahissent à ce moment-là les écrans congolais.
Il faudra attendre les années 1980-90 pour voir émerger les premiers talents nationaux, notamment au sein de la diaspora : Kwamy et le Belge Mirko Popovitch avec Wendo, Dieudonné Ngangura Mweze avec Kin-Kiesse, Pièces d'identité, Les Habits neufs du gouverneur (tourné avec des stars congolaises de la chanson : Wazekwa, A. Dominguez, Marie Misamo, Lutumba, Emeneya, R. Amisi...). Et surtout La Vie est belle, l'oeuvre majeure de Ngangura, réalisée avec Benoît Lamy en 1987 dont Papa Wemba tient le rôle principal, et qui est restée la référence jusqu'à récemment. D'autres noms s'illustrent comme Tshitenge Nsana, Hemedi Mwanamboyo, et Bokakala grâce à son film sur le martyr chrétien catholique Isidore Bakanja. C'est l'époque de résistance du cinéma congolais qui tente d'exister librement.
Les années 1990-2000 voient l'émergence d'une nouvelle vague de cinéastes avec des gens comme Balufu Bakupa-Kanyinda, Joseph Kumbela, Kibushi Ndjate, Zeka Laplaine, Monique Phoba Mbeka, Guy Bobanyama... Tous leurs films racontent les drames d'un Congo empêtré dans ses élans vers la modernité sans se donner les moyens de s'assumer avec responsabilité, notamment au sein de la classe dirigeante.
Cette génération est talonnée par une autre vague de jeunes talents comme Djo Tunda wa Munga, Petna Katondolo, Sandra Boukhany, Gilbert Balufu, Claude Nzeba Hafner, Dieudo Hamadi, Tshoper Kabambi (dont le court métrage Mbote a été sélectionné au prestigeux festival de Clermont-Ferrand)... qui, dans le cas du premier, a contribué à rappeler et imposer avec fracas l'existence d'un cinéma africain et congolais sur la scène internationale. Son premier long métrage (tourné intégralement en lingala, à Kinshasa, et avec des acteurs et techniciens locaux) Viva Riva ! a en effet rencontré un incroyable succès un peu partout dans le monde.
Signalons aussi la recrudescence d'un cinéma documentaire aux considérations principalement d'ordre social, et dont de jeunes artistes vidéastes s'emparent afin de dénoncer, interpeller, sensibiliser à des problématiques locales, avec beaucoup de discernement et de talent. Ces oeuvres commencent également à circuler à l'international (Congo en quatre actes, Atalaku et Examen d'Etat de Dieudo Hamadi...). Du docu-fiction a aussi fait son apparition récemment avec Ba Sekwi de Junior D. Kannah dédié aux pionniers de la rumba congolaise.
Ces dernières années, des structures de formation et de production indépendantes ont vu le jour à Kinshasa (Suka !, Les Béjarts, Mututu), à Kisangani (les 3 Tamis, Studios Kabako) et à Goma (Yolé Africa !). Et c'est d'autant plus nécessaire que le Congo et Kinshasa commencent à avoir la cote auprès de réalisateurs étrangers qui viennent y tourner leurs films et ont besoin d'équipes professionnelles locales.
Le Congo, et singulièrement Kinshasa, semble en effet depuis quelques années inspirer bon nombre de réalisateurs étrangers, tant pour la fiction que le documentaire ou l'animation. Certaines de ces réalisations sont devenues des success stories, contribuant par la même occasion à montrer le pays et ses habitants sous un jour plus positif.
C'est le cas de Benda Bilili de Renaud Barret et Florent de La Tullaye qui retrace l'incroyable parcours du groupe de musiciens invalides Staff Benda Bilili. Ainsi que, dans le même style, Kinshasa Symphony de Martin Baer et Claus Wischmann qui s'attarde sur l'Orchestre Symphonique Kimbanguiste et ce pari fou de créer un orchestre classique en Afrique composé de complets autodidactes.
Quant au film canadien Rebelle de Kim Nguyen tourné intégralement à Kinshasa avec des comédiens amateurs, il a été sélectionné au Festival de Berlin 2012. Et sa jeune interprète principale, Rachel Mwanza, ex-enfant des rues, y a remporté le prix de la meilleure actrice.
Sans oublier les nombreuses oeuvres du journaliste et documentariste Thierry Michel (Mobutu roi du Zaïre, Congo River, Katanga Business, L'Affaire Chebeya, et plus récemment L'Homme qui répare les femmes)... Citons aussi Kinshasa Kids de Marc-Henri Wajnberg en 2013, avec Rachel Mwanza jouant son propre rôle.
Plus récemment, et dans la même veine "feel good movie" que Benda Bilili ou Kinshasa Symphony, on peut aussi citer le docu Mwimba Texas de Soizic Sanson dédié au grand catcheur albinos éponyme.
En attendant que rouvrent un jour des salles dignes de ce nom, des ciné-clubs sont organisés à l'initiative de centres culturels et d'autres organismes, pour tout de même assurer une diffusion de films étrangers et nationaux en ville. C'est le cas aussi de festivals : Festival du Film européen, Festival international du Cinéma de Kinshasa (Fickin), Festival du Cinéma au Féminin...
Une récente initiative est par ailleurs à signaler : le projet Mokolo. Son but est d'établir une industrie du cinéma en ligne, qui mettra en lien la distribution, l'information, et la mise en réseau de sites Internet au travers d'un portail unique (www.mokoloprojects.org). Pour les professionnels et les amateurs ayant un intérêt particulier pour les films africains et congolais.
Le récent documentaire La Belle at the movies, réalisé à Kinshasa par Cecilia Zoppelletto, retrace l'histoire de l'industrie cinématographique au Congo, partant du constat qu'il n'existe plus un seul cinéma à Kinshasa, pourtant capitale de plus de dix millions d'habitants, et alors que la capitale comptait de nombreuses salles emblématiques datant de la colonie, telles que le Palladium, le Palace, RAC, Belle Vue, etc.
A travers témoignages et archives, le film raconte aussi en filigrane l'histoire du pays ces cinquante dernières années : période coloniale, Lumumba, Mobutu, reprise des cinémas par les groupes religieux... La réalisatrice y constate que la mémoire des années qui précédèrent le déclin des salles est encore vivace, et que le goût pour les films reste entretenu par les "pop-up cinémas" dans la Cité, ce qui annoncerait un prochain retour du cinéma en ville. Intéressant et instructif.
Il existe une scène congolaise en danse contemporaine assez riche et développée, intégrant parfois des accents hip hop, de danse traditionnelle, voire de ndombolo et autres danses urbaines. Parmi ces jeunes talentueux chorégraphes, danseurs et compagnies - la plupart autodidactes, et dont certains sont maintenant réputés à l'international - on peut citer : Dinozord ; Papy Ebotani ; Jean-Marie Musungayi et sa compagnie Diba danse ; Didier Ediho et la compagnie Losanganya Dancing ; Flex ; Jolie Ngemi ; Artcon ; Doudou & Steman ; Ambassa ; Popol Amisi ; Jeannot Kumbonyeki ; Joel Tenda ; la compagnie Jacques Bana Yanga (qui a créé le festival de danse Meyabe à Kin)...
L'un des artistes les plus reconnus de la RDC dans le domaine de la danse est Faustin Linyekula, dont la compagnie est implantée au sein des studios Kabako à Kisangani, mais qui se produit maintenant un peu partout à travers le monde. Faustin et ses créations sont régulièrement de passage par Kinshasa, notamment lors du festival Connexion Kin développé avec le KVS de Bruxelles, et dont il est l'un des contributeurs et concepteurs.
Par ailleurs, outre les danses folkloriques traditionnelles qui font le renom du pays et de ses différentes ethnies, il y a aussi les danses populaires associées aux styles musicaux actuels, comme le ndombolo et ses avatars (coupé décalé, lopele, soukous, makossa, mutuashi, etc.). Celles-ci sont pratiquées par une bonne partie de la jeunesse congolaise dans les boîtes de nuit en ville, devant des miroirs le plus souvent pour pouvoir admirer leur propre prestation... Lors de concerts ou de clips, les grandes vedettes et leurs orchestres se font également accompagner par des groupes de danseurs et danseuses qui exécutent les pas et mouvements caractéristiques - assez suggestifs - en accord avec la musique qui les a vu naître. Bien que populaires, ces styles de danse n'en sont pas moins "techniques" et impressionnantes.
Le Congo a toujours été une source d'inspiration littéraire pour les auteurs du monde entier. Qu'il s'agisse de Joseph Conrad, Aimé Césaire, Hergé, Lieve Joris ou David Van Reybrouck, beaucoup d'écrivains ou journalistes étrangers ont en effet vibré au cours de l'histoire pour ce ce pays "envoûtant et inquiétant" où ils ont situé leurs récits (voir bibliographie en fin de guide).
La littérature congolaise d'expression française est aussi riche et foisonnante, depuis plus de soixante ans, mais rares sont les auteurs congolais lus et reconnus en dehors du pays. Les maisons d'édition et les librairies sont peu nombreuses, et elles limitent souvent leurs tirages à un public local. Il n'est dès lors pas rare que les auteurs doivent prendre eux-mêmes en charge les coûts d'édition, ce qui explique le manque de diffusion et le déficit de notoriété, à l'intérieur comme à l'extérieur du Congo, d'écrivains pourtant talentueux, et de cette littérature qui gagnerait à être mieux connue, avec ses thèmes originaux, son style particulier non sans humour caustique et empreint d'un certain surréalisme poétique.
De nombreux "auteurs" congolais vont oeuvrer, dans les années 1920 et 1930, à la collecte de contes, légendes, proverbes et autres récits de terroir pour le compte du colonisateur, et dont ils assurent la traduction en français. C'est le cas de Stefano Kaoze, l'un des premiers Congolais à être ordonné prêtre et à écrire en français. Ses récits consistent en proverbes et récits du terroir tabwa, soit des mythes, contes, légendes qu'il a recueillis et traduits (La Psychologie des Bantu en 1910). Il faut attendre l'après-guerre et le recul progressif des forces coloniales pour qu'un mouvement littéraire de langue française s'amorce et prenne forme au Congo, et pour qu'une élite intellectuelle locale ait enfin le droit de prendre la plume.
En 1945, la création du mensuel La Voix du Congolais marque le début d'une littérature congolaise originale. Après un demi-siècle d'éditions missionnaires à but pastoral, souvent en langues congolaises, cet ouvrage signale une prise de conscience politique et culturelle. Deux personnalités ont marqué cette époque : son rédacteur en chef, Antoine-Roger Bolamba (devenu Bolamba Lokolé), et Paul Lomami-Tshibamba. Bolamba est le premier écrivain du pays à avoir acquis une renommée internationale grâce à son recueil de poèmes Esanzo, Chants pour mon pays en 1955. Quant à Paul Lomami-Tshibambe, il s'est fait connaître dès 1948 avec Ngando, le crocodile et a publié des récits initiatiques, dont Faire médicament, légende de Londéma et Ngemena parmi d'autres.
D'autres écrivains de cette époque méritent aussi d'être signalés : Désiré-Joseph Basembe, Albert Mongita qui se lança dans l'écriture d'une pièce de théâtre en 1956, ou encore Patrice Lumumba qui a laissé quelques écrits politiques avant d'être assassiné peu après l'indépendance. En 1962, la création d'un centre de littérature romane d'inspiration africaine à l'Université Lovanium favorise l'émergence d'une nouvelle génération d'écrivains. Au nombre des auteurs les plus connus, on peut signaler Lisembé (Philippe) Elebe, Timothée Malembe, (Edmond) Withankenge Walukumbu-Bene, wa Kayembe Mubadiate Buabua ou Zamenga Batukezanga.
L'après-indépendance marque la publication d'oeuvres de nombreux poètes congolais : Madiya Faïk-Nzuji (Murmures, 1967 - Kasala, 1969), Mwana-Ngo Ayimpam (Les Complaintes du Zaïre, 1967), Mukala Kadima-Nzuji (Les Ressacs, 1969), Tshiakatumba Mukadi Matala (Réveil dans un nid de flammes, 1969). La plus grande figure des lettres congolaises est Vumbi-Yoka Mudimbe, tout à la fois poète (Déchirures, 1971), romancier (Entre les eaux, 1973 - L'Ecart, 1979) et essayiste (L'Autre face du royaume, 1973). Signalons également le spécialiste des littératures africaines Pius Ngandu Nkashama (La Mulâtresse Anna, 1973 - Le Fils de la tribu, 1983 - Le Pacte de sang, 1984 - La Délivrance d'Ilunga, 1977), ainsi que le critique littéraire Georges Mbill a Mpaang Ngal (Giambatista Viko ou le viol du discours africain, 1975).
Cette nouvelle génération d'écrivains fait son apparition sur la scène littéraire congolaise et se distingue au cours des années 1980. Les plus connus étant sans doute Vumbi-Yoka Mudimbe, Pius Ngandu Nkashama, Kama Kamanda ou l'homme de théâtre Kashi M'Bika Katende. Un survol de la littérature congolaise au début des années 1990 révèle la vitalité des auteurs de cette période. Au tournant du millénaire cependant, les écrivains restés au pays font face à des moments très difficiles alors que ceux qui se sont expatriés connaissent un sort plus favorable, ce qui conduit le critique Alphonse Mbuyamba Nkakolongo à parler de "littérature congolaise à deux vitesses".
Aujourd'hui, quelques auteurs congolais tirent leur épingle du jeu et accèdent à une certaine reconnaissance nationale et internationale. C'est le cas de Marie-Louise "Bibish" Mumbu (savoureux Samantha à Kinshasa). Celle-ci a collaboré avec d'autres auteurs kinois à un recueil de Nouvelles de Kinshasa, ainsi qu'avec le collectif Moziki Littéraire pour leur création-performance Kin Kiesse, avec Papy Maurice Mbwiti et Fiston Nasser Mwanza, deux autres auteurs et dramaturges congolais réputés. Le second a récemment accédé à une certaine notoriété en Europe avec son premier roman Tram 83 (Ed. Métaillé).
On peut aussi citer parmi les auteurs contemporains reconnus dans le pays et à l'étranger : Vincent Lombume Kalimasi (Le Quêteur du Soleil), Jocelyne Kajangu, David Minor Ilunga, Bernadette Tok Waulu Aena, Bestine Kazadi, Richard Ali, Claus Sinzomene, Deni Munkulu, Pie Tshibanda (Un fou noir au pays des Blancs)... L'écrivain congolais le plus (re) connu actuellement étant sans nul doute In Koli Jean Bofane avec ses truculents Mathématiques congolaises et Congo Inc, qui ont remporté un large succès, mérité, en Europe et en francophonie.
La Fête du Livre de Kinshasa, organisée depuis 2012 en novembre, permet la mise en lumière de ces talents congolais, dans un domaine artistique encore trop peu valorisé.
Moyen d'expression privilégié, le slam permet à de nombreux jeunes Kinois de développer une pratique littéraire poétique sous une forme très contemporaine. Cet art populaire d'expression orale leur permet aussi d'affirmer une conscience politique, que le texte soit déclamé, scandé, récité sur fond musical ou non. De nombreux tournois ont lieu en ville, sur des thèmes libres ou imposés, qui permettent de voir l'étendue du talent et de la créativité de ces jeunes - en français ou en lingala - et d'apprécier leur aisance oratoire et scénique. C'est le cas de "Slam à Kin" organisé à la Halle de la Gombe : pendant trois minutes, a cappella, les prestations sont évaluées par un jury en vertu de leur éloquence, la beauté du texte, et son fil conducteur.
Parmi ces auteurs à suivre, on peut citer Peter Komondua, jeune poète et écrivain kinois considéré comme précurseur. Peter s'imprègne de rumba congolaise traditionnelle pour nourrir son sens de l'"oralité".
Microméga, qui s'est également produit avec Grand Corps Malade lors de son passage à Kin. Il est l'auteur du recueil Au clair de ma voix - poèmes à lire avec les oreilles.
Yekima De Bel Art, qui se fait appeler "le soldat du slam", et qui est assez actif en ville. Son dernier spectacle mêlant l'humour : The one man slam.
Le groupe Kinshasa Musée Poétique, qui n'est pas sans rappeler Abd Al Malik dans le phrasé caractéristique et par les textes assez engagés. Ils se produisent en Europe.
De l'autre côté du fleuve, Black Panther, finaliste à la dernière Coupe du monde de slam, qui exerce aussi une influence positive sur ses voisins kinois.
Les filles s'y mettent aussi (Oracle, Princesse la Grande, Ri-K) pour déclamer leur amour des mots et de la langue à travers la "tchache" si typiquement kinoise, et renouer avec une tradition orale bien ancrée dans la culture congolaise.
On ne présente plus la musique congolaise, incarnée par sa célèbre rumba aux multiples générations d'artistes, qui a envahi depuis plusieurs années le continent africain. Elle a contribué à développer de nombreux autres courants musicaux sur le continent (soukous, coupé décalé, etc.) avec des grands noms d'artistes littéralement vénérés par les Congolais, par les Africains et par la diaspora occidentale. D'autres courants s'affirment également (rap, tradi-urbain...), confirmant le statut de Kinshasa comme "Mecque de la musique africaine".
La musique et la danse ont toujours été présentes dans la vie sociale des villages, afin de célébrer les principaux événements de la vie communautaire. Mais c'est avec la naissance de Kinshasa que la musique congolaise prend ses marques. Au départ folklorique, cette musique est alimentée par des groupes qui arrivent de partout, à la suite du développement industriel de la ville au début des années 1920. Dans cette métamorphose sociale apparaissent les premières manifestations de la musique extra ethnique forgée au contact des Européens, de différentes tribus ainsi que d'autres communautés africaines.
La rumba congolaise, dont les bases sont ainsi posées, se développe avec les "pionniers", pour la plupart des lettrés évoluant en majorité au sein des groupes Odéon et Américain, tels que Joseph Disasi, Emmanuel Dadet, François Poto Galo, Joseph Mbungu, René Kisumuna et Antoine Kasongo. Ceux-ci balisent la voie que vont emprunter et développer leurs successeurs, qui formeront la première génération de la rumba congolaise. Ces derniers, bien que contemporains des pionniers, pratiquent une rumba sensiblement différente tant dans la structure rythmique que dans l'élaboration de l'orchestration.
La musique dite moderne naît vers les années 1940, avec l'implantation de studios d'enregistrement qui accompagnent l'émergence de musiciens comme Camille Feruzi, Paul Kamba, Paul Mwanga, Antoine Mundanda, Antoine Wendo, D'Oliveira, Jean Bosco Mwenda, Bukasa. Dans la foulée, on assiste à la mise en place d'orchestres mieux structurés, disposant d'éléments électriques dans les années 1950, et qui vont révolutionner le genre avec des artistes phares, considérés comme les pères de la musique congolaise : Joseph Kabasele dit Grand Kalle (African Jazz, 1953) - à qui l'on doit le mythique Indépendance Cha Cha en 1960 - et François Luambo dit Franco (OK Jazz, 1956) dont le plus grand tube, Mario, date de 1985.
Cette première génération, et singulièrement ces deux orchestres, enfanteront deux grandes écoles de la rumba congolaise qui vont régenter le microcosme musical congolais pendant près de vingt ans. Sous la houlette de ces têtes d'affiche, des figures de proue comme Pascal Tabu dit Tabu Ley Rochereau (accompagné de M'Bilia Bel), Vicky Longomba, Dr Nico Kasanda s'imposeront sur la scène musicale congolaise et africaine, donnant naissance à la deuxième génération de la musique congolaise moderne, avec des formations telles qu'African Fiesta, African Fiesta National, African Fiesta Sukisa, Micra Jazz, Makina Loka, etc. La rumba s'inspire alors de la musique cubaine et des Caraïbes. Des artistes comme Manu Dibango sont passés à l'école de Kinshasa pendant cette période-là...
A travers les orchestres d'étudiants congolais de Belgique, inspirés par la musique yéyé, un nouveau vent souffle à Kinshasa. Cette nouvelle vague influence l'orchestre Zaïko Langa-Langa créé par DV Moanda en 1969 et rejoint un temps par Papa Wemba. Avec eux, de nouveaux instruments entrent en scène : ils abandonnent la section cuivre, adoptent une batterie et électrisent la rumba traditionnelle. Avec un style musical beaucoup plus rapide, énergique et dansant, l'empreinte de Zaïko (toujours actif) sonne définitivement le glas des deux grandes écoles préexistantes, laissant la place à cette troisième génération.
Une nouvelle génération prend la relève au début des années 1980 sous la conduite du collectif Wenge Musica, qui fera évoluer le courant vers une nouvelle variation plus endiablée que jamais de la rumba d'origine : le "ndombolo", référence musicale incontournable. Wenge Musica, c'est le groupe musical phare des années 1980 jusqu'à la fin des années 1990, qui aura fait danser l'Afrique entière et sa diaspora pendant plus de dix ans jusqu'à sa scission inéluctable, ce groupe n'échappant pas non plus au démon de la division qui hante la musique congolaise depuis ses débuts. Ce qui lui confère aussi sa grande richesse, avec des courants et sous-courants l'alimentant sans cesse...
On dénombre aujourd'hui plusieurs ensembles se réclamant du label Wenge, comprenant les superstars actuelles de la chanson : Wenge Musica Maison Mère (Werrason), Wenge Musica BCBG (JB Mpiana), Wenge Aile Paris (Marie Paul), Wenge Tonya Tonya (Adolphe Dominguez), etc. Ceux-ci sont rejoints par d'autres grands noms actuels, et issus d'un orchestre concurrent aujourd'hui éteint (Quartier Latin) : Koffi Olomide, Fally Ipupa et Ferre Gola. Tous ces artistes, qualifiés de 5e génération, évoluent dans un registre commercial de variété, avec le style caractéristique de cette génération Wenge que les Congolais vénèrent : sape, bling-bling, libanga (dédicaces), mbuakela (quolibets), produits publicitaires, et danseuses provocantes à souhait.
Aux groupes folkloriques qui venaient des villages à Kin ont succédé des orchestres d'un type nouveau à travers l'une de ses plus éclatantes manifestations : le phénomène swede swede à la suite de Bana Odéon de Mangembo (commune de Kintambo). Cette musique à consonance rustique s'accompagne à présent d'instruments contemporains et gagne les lieux de spectacles jusque-là réservés aux orchestres modernes. Ainsi s'imposent au milieu des années 1980 des groupes comme les Bayuda du Congo, Mabele Elesi, Konono, Basokin. Ce courant tradi-moderne est aujourd'hui plus vivant que jamais, paradoxalement à l'extérieur de la RDC avec des groupes emblématiques : Konono N° 1, Kasaï Allstars, Staff Benda Bililli... Leur style se définissant comme un mix "électro-traditionnel".
Le mutuashi est une danse et un genre musical qui tire ses origines de la musique traditionnelle des Baluba du Kasaï. Le pionnier, c'est Dr Nico Kasanda, premier musicien à interpréter des oeuvres en tshiluba vers 1965, à côté de la rumba en lingala (dont il fut l'un des membres de la "2e génération"). Mais ce style a vraiment été popularisé par Tshala Muana, surnommée la reine du Mutuashi, avec l'appui du guitariste Souzy Kaseya. L'origine moderne du style date de 1981, avec la sortie de la chanson Tchebele de Tshala Muana. Peu à peu ce rythme tradi-moderne luba a conquis le reste de la RDC et de l'Afrique. Le mutuashi se chante principalement en tshiluba, et s'accompagne d'une danse et de mouvements de hanches résolument particuliers...
La musique religieuse est un genre en soi au Congo, extrêmement populaire et vivace, malgré des textes forcément adaptés au message religieux, mais dont les Congolais raffolent. Le groupe phare, ce sont les Makoma qui prêchent le Seigneur en lingala dans un détonnant mélange de R'n'B et de rap avec comme figure de proue la chanteuse Nathalie Makoma, qui s'est entre-temps lancée dans une carrière solo et enregistre régulièrement avec de grands noms de la musique congolaise.
Le mouvement rap et hip-hop est aussi très vivace au sein d'une nouvelle génération d'artistes assez engagés : Bawuta-Kin, PNB (Pensée Nègre Brute), Section Bantoue, Smoke, Bebson de la rue, Lexxus Legal (ex-PNB), Alesh, Pasnas, Ridenza, Oracle (l'une des rares rappeuses de Kin), Didjak Munya, Mic Mac, Dasol Dsm Malpol... On peut également citer Baloji et Pitcho (rappeurs congolais qui vivent en Belgique), ainsi que Youssoupha (le fils de Tabu Ley Rochereau) installé en France. Ces artistes sont bien loin de la rumba congolaise populaire, centrée davantage sur la danse et l'ambiance, et au contenu souvent assez insipide... De plus en plus de jeunes se passionnent pour cette discipline et pour le slam, ouvrant la voie à ce genre musical relativement inédit dans le pays.
Parmi les autres grands noms congolais en musique contemporaine (souvent davantage connus à l'étranger), et dans un tout autre registre, on peut citer :
Ray Lema : formé à l'occidentale (séminaire, musique classique, piano), il est l'un des musiciens africains les plus intéressants. Toujours en quête de nouveautés, de découvertes, d'inspirations, il n'a de cesse de sillonner la planète et d'enrichir son travail, magnifique synthèse entre musiques africaines et sons du monde entier. Il a collaboré avec d'innombrables artistes dont Tony Allen, Manu Dibango, Jacques Higelin, CharlElie Couture, Alain Bashung...
Lokua Kanza : musicien, auteur, compositeur et chanteur, initié à la musique par Ray Lema. Sa musique puise son inspiration dans son riche bagage multiculturel et multilingue. Les influences africaines s'y marient à merveille avec des textes en français ou en anglais d'une rare qualité. Son grain de voix particulier lui permet d'interpréter de riches mélodies avec une grande sensibilité. Lokua Kanza a déjà collaboré avec Papa Wemba, Koffi Olomide, Manu Dibango, Corneille, Miriam Makeba, Jean-Louis Aubert, le rappeur Passi, etc.
Jean Goubald : chanteur et guitariste congolais, ainsi que secrétaire général et porte-parole de l'Amicale des Musiciens du Congo (AMC). Goubald chante en lingala et en français, avec un style atypique et une musique mélangeant reggae, blues, R'n'B, jazz et rumba congolaise. Il a collaboré avec Gérard Madiata, Tabu Ley Rochereau, Kalama Soûl, Youlou Mabiala, Mbilia Bel, Redo Likinga, Mopero wa Maloba et le groupe Zaïko Langa-Langa parmi d'autres.
Jupiter : en 2006, les réalisateurs R. Barret et F. de La Tullaye (Benda Bilili) lui consacrent un documentaire, La Danse de Jupiter. Dans la foulée, il enregistre un morceau avec Damon Albarn (Blur), attire l'attention de producteurs britanniques, tourne à l'international et enregistre son premier album, Hôtel Univers, en 2013. Artiste iconoclaste, son style est une combinaison unique mêlant des rythmes congolais traditionnels avec des influences rock, soul et funky urbaines, agrémentées de sa voix grave, qu'il définit comme le rock Bofenia.
Flamme Kapaya : reconnu au Congo comme l'un des meilleurs guitaristes solistes de sa génération. En 1997, il entre dans le mythique groupe Maison Mère du chanteur Werrason où il restera dix ans. En 2007, il rencontre le danseur et chorégraphe congolais Faustin Linyekula avec qui il débute une longue collaboration artistique qui l'emmènera partout dans le monde. Parmi ses autres collaborations récentes : Fabrizio Cassol et le groupe de jazz belge Aka Moon ou le réalisateur congolais Djo Munga pour la bande-son de son film Viva Riva !
Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba de son vrai nom. Très jeune, il ambitionne déjà une carrière musicale. Vers la fin des années 1960, il participe à la création de Zaïko Langa-Langa. En 1975, Papa Wemba forme Isifi puis Yoka Lokole. Il crée le mythique orchestre Viva la Musica en 1977 et se fait entre-temps introniser chef coutumier du "village Molokaï", un village imaginaire autour de la parcelle familiale dans le quartier Matongé de Kinshasa. Papa Wemba a imposé au fil du temps un style musical avec l'usage du lokole, un instrument de musique traditionnel du Kasaï, mais aussi un style vestimentaire, une manière de penser, de parler, de chanter (avec une voix très haute caractéristique de son style), de danser (le "mukonyonyo"), qui inspirent toujours plusieurs générations de Congolais. Cet art de vivre sera d'ailleurs d'une grande influence pour le mouvement de la sape.
En 1986, Papa Wemba s'installe à Paris où il crée Viva la Musica Nouvelle Ecriture qui coexiste avec le groupe originel Viva la Musica au Congo. Dans les années 2000, Papa Wemba rentre au pays d'où il poursuit sa carrière musicale internationale. Son dernier album Notre Père a connu un grand succès, qu'il avait ensuite décliné en version "world", Papa Wemba n'ayant eu de cesse en effet de s'adapter et de produire des titres et albums à la fois pour un public occidental (il a collaboré avec Peter Gabriel), tout en continuant d'assurer l'ambiance dans un style davantage adapté à sa "fan base" congolaise et africaine. Papa Wemba était la star congolaise la plus connue au monde. Il est décédé sur scène le 27 avril 2016 lors d'un concert à Abidjan. Son deuil a provoqué une onde de choc dans le pays, laissant les Kinois inconsolables de la perte de leur vénéré Papa...
Depuis le début du XXe siècle, l'intérêt de l'Occident et d'artistes d'avant-garde pour "l'art nègre", tel qu'on l'appelait alors, s'est lentement imposé grâce à une pléthore de musées, d'expositions, de galeries d'art et de publications. Son attrait réside dans le fait que l'art traditionnel africain ne veut pas représenter, il n'imite pas la nature, il veut rendre visible des idées abstraites, des forces, des esprits...
A partir des années 1930, l'art moderne exerce une influence sur les artistes autochtones. Les administrateurs et missionnaires européens cherchent à développer un nouvel art congolais (nouvelles interprétations, nouveaux matériaux) en substitution de l'art ancien qualifié de fétichiste. L'art congolais devient hybride. Les murs des cases sont remplacés par des tableaux, peintures murales, paravents... où va s'épanouir désormais le talent décoratif des peintres autochtones. Les premières oeuvres sur papier connues sont le fait des "précurseurs" Albert et Antoinette Lubaki (Kongo Central - Katanga), et Djilatendo (Kasaï).
S'embarquant dans ce modernisme, les artistes congolais vont devoir apprendre à évoluer dans un cadre précis soumis à une discipline, au sein d'un atelier ou d'une école d'art dont les plus notoires - qui ont tout de même permis à leurs élèves une certaine émancipation et liberté créatrice - sont l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa et l'Atelier du Hangar à Lubumbashi (d'où sont sortis Bela Sare, Mwenze Kibwanga et Pili Pili Mulongoy).
Créée à l'origine en 1933 à Matadi sous le nom d'Ecole Saint-Luc par le religieux belge Marc Stanislas Wallenda avant d'être transférée à la capitale en 1949, cette école acquit en 1957 son statut officiel d'Académie des Beaux-Arts, la première du genre en Afrique centrale. Par respect des talents natifs et par sa recherche d'inspiration dans le monde africain, le frère Marc conseillait à ses élèves de ne pas le copier servilement et de bannir de leur horizon les illustrations étrangères. Il incite ceux-ci à considérer la nature comme leur source d'inspiration sûre et intarissable, sauvegardant par là une tradition immensément riche.
Premières générations : les deux frères Chenge, qui mettent en scène l'Afrique avec d'abondantes lignes et des couleurs fluidifiées, représentent la première génération de cette école. Trois autres Congolais sortent du lot et s'imposent comme ténors en inventant la culture du paysage : Mongita, le réaliste, Dombe et Nkusu, les symbolistes. Aujourd'hui, l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa a évolué des sections originelles en peinture et sculpture à l'art moderne et contemporain. L'Aba enseigne de nos jours les arts plastiques et graphiques à un niveau secondaire et supérieur, et compte plusieurs départements au sein de ces deux sections : peinture, sculpture, céramique, métal, architecture d'intérieur, communication visuelle...
Générations actuelles : d'illustres anciens élèves se sont distingués dans le domaine de l'art et ont contribué à l'excellente réputation de "l'Aba" en Afrique et dans le monde : le pionnier, maître sculpteur Papa Lufwa, les artistes peintres Lema Kusa et Mavinga, Maître Liyolo en sculpture, l'artiste peintre muraliste monumentaliste Roger Botembe, et plus récemment l'artiste contemporain Vitshois Mwilambwe Bondo, Malambu Dibandi Papy et les sculpteurs monumentalistes Christophe Meko et Freddy Tsimba. Sans oublier la jeune génération qui commence à s'illustrer en arts plastiques (Ange Swana, Cobla Makusuna, Nshole Bezayame Egide, Mbemba Doudou, Kalama Akulez Henry, Mega Mingiedi) et en photographie comme les artistes du collectif SADI (Alain Polo, Yves Sambu...) ou Kiripi Katembo, pour ne citer que ceux-là.
L'art "Wata" est tout le contraire de l'art académique tel qu'il est parvenu au Congo par le biais de l'Académie des Beaux-Arts de Kinshasa ou de l'école dite de Lubumbashi. C'est l'ensemble des oeuvres d'artistes populaires dont la présence et l'activité ont un impact marquant sur la vie des Congolais de condition modeste vivant en cités urbaines, principalement à Kinshasa. Les ateliers sont généralement installés le long des grandes artères.
Plutôt dilettantes, ces watistes ne pratiquent donc pas un art issu de grandes traditions ou d'un folklore séculaire, mais produisent des oeuvres candides avec ce caractère à la fois intime et reflétant la vie du peuple. Les peintures de scènes de la vie quotidienne, dans les bars, sont très courantes : danseurs et buveurs sont représentés en situation de disputes, de flirt ou de scènes de jalousie... Des commentaires naïfs accompagnent l'image et confèrent à la toile un côté BD. Les thèmes bibliques, évangéliques et politiques sont aussi assez exploités.
Le courant watiste tire son nom de cette divinité femme-poisson appelée Mami Wata, la mère des eaux, apparue et vénérée en Afrique et au Congo au moment de l'arrivée des Blancs, et qui est devenue au fil du temps une source d'espérance en une vie meilleure, symbole de ces femmes libres qui effraient et fascinent à la fois. Au Congo, elle devient à l'époque de Mobutu, et avec la montée du sida, l'un des thèmes dominants de cet art populaire congolais. Parmi les plus célèbres peintres populaires (qui refusent de se faire appeler "naïfs"), on compte Chéri Samba, Chéri Cherin, Moké, ainsi que Papa Mfumu'eto, ou Bosoku Ekunde, ex-bédéiste et peintre de talent. Ce courant est aujourd'hui représenté par de jeunes artistes tels que J.-P. Mika ou Monsengo Shula.
"Le "Village des artistes" dans l'enceinte du zoo de Kinshasa regroupe une poignée d'artistes congolais peignant ces scènes de satire sociale avec des couleurs lumineuses et chatoyantes comme pour conjurer un "Congo malade de tous les maux"...
Ou "Beauté Congo". Tel est le nom de la grande exposition qui s'est tenue à Paris à la Fondation Cartier en 2015, dédiée à 90 ans d'art congolais (musique, sculpture, photographie, bande dessinée), et singulièrement à la peinture. L'exposition se concentrait sur la peinture moderne des années 1920, avec les précurseurs Albert et Antoinette Lubaki, jusqu'aux générations contemporaines, faisant la part belle aux représentants de cette peinture watiste "populaire".
Avec les artistes Chéri Samba, Steve Bandoma, Pathy Tshindele, Rigobert Mimi, Kura Shomali, Shula Monsengo, J.-P. Mika (considéré comme l'étoile montante de l'art populaire), Papa Mfumu'eto (roi de la BD satyrique), Chéri Cherin, Bodys Isek Kingelez (merveilleux architecte maquettiste), Pierre Bodo (père du peintre Amani Bodo, éminent représentant de la peinture populaire, ancien sapeur devenu artiste, puis pasteur pentecôtiste), etc. Un hommage a également été rendu au talentueux photographe Kiripi Katembo, décédé pendant l'exposition, et à sa formidable série kinoise "Un Regard".
Parmi les nombreux talentueux artistes que compte la capitale (impossible de les nommer tous !), on peut citer : le peintre Maludi au style personnel "black & white" très impressionnant, les sculpteurs maquettistes Rigobert Nimi et Bienvenue Nanga, les designers plasticiens Pume Bilex et Alexandre Kyungu, les artistes visuels Vitshois Mwilambwe et Tenda Fransix (collectif Sadi), l'artiste plasticien Aïcha Muteba, le fameux sculpteur Freddy Tsimba dont les oeuvres sont faites à partir de cartouches et métal récupérés, et tant d'autres talents.
Kin et la RDC ont récemment perdu l'un de leurs plus illustres ambassadeurs dans le domaine des arts et de la photographie. Agé d'à peine 36 ans, Kiripi Katembo s'est éteint en 2015, alors qu'il était au sommet de son art. Ambitieux et inventif, il avait déjà à son actif plusieurs séries photographiques exposées un peu partout (Biennale de Bamako...) dont la magnifique série de reflets "Un Regard" qui était présentée à la Fondation Cartier au moment de son décès. Kiripi puisait son inspiration dans sa ville et ses contemporains, tentant de capturer l'essence de cette ville mutante et de ses habitants, à l'heure de grandes métamorphoses sociales et urbaines. Il était également actif en cinéma, et avait créé la structure de production Mututu. Kiripi a aussi mis sur pied fin 2014 la première Biennale d'art contemporain de Kinshasa "Yango", dont la seconde édition devrait en principe se tenir fin 2016... Salut l'artiste (et l'ami) !
On l'ignore souvent mais Kin et le Congo s'illustrent également sur le plan artistique par la bande dessinée, avec une école congolaise diablement dynamique, qui n'a rien à envier à ses "nokos" de la BD franco-belge.
La bande dessinée congolaise s'est en effet imposée au fil du temps comme un art populaire très riche, notamment avec l'épopée Jeunes pour Jeunes qui a vu le jour au milieu des années 1960. Son heure de gloire dans les années 1970 et 1980 a permis l'émergence de plusieurs dessinateurs et auteurs talentueux, ceux-ci restant malheureusement peu connus à l'international, avant de subir les contrecoups de la crise que le pays a traversée dès l'aube de la décennie 1990.
A partir de 1990, la BD n'existe quasiment plus et la caricature politique devient à la mode dans les journaux. Pour éviter de disparaître complètement, certains dessinateurs tels que Chéri Samba, Bilenge et Bosoku Ekunde se convertissent à la peinture, avec le succès que l'on connaît. D'autres résistent cependant, portant même haut l'étendard de la RDC à l'étranger. C'est le cas d'Hallain Paluku, de Serge Diantantu, et d'Alix Fuilu (association Afro-bulles).
Parmi ceux-ci, Barly Baruti est le premier auteur africain et congolais à avoir été publié au sein de maisons d'édition européennes. Il a à son actif les séries Eva K. avec Frank Giroud (Soleil) et Mandrill (Glénat). Il a signé en 2014 Madame Livingstone, et plus récemment Chaos debout à Kinshasa qui évoque l'époque du "Zaïre 74". Barly a également collaboré à l'épopée du film La Vie est belle, dont il a tiré une BD, Papa Wemba : Viva la musica !
En 1989, Barly Baruti est le fer de lance de la reprise, et fonde avec d'autres bédéistes de talent, tels qu'Asimba Bathy et Pat Masioni, l'Atelier de Création et d'Initiation à l'Art (ACRIA), où viendront par la suite Tembo Cash (Vanity), Luba Ntotila, Fifi Mukuna et d'autres. ACRIA visait à promouvoir le 9e art dans la capitale congolaise en organisant notamment le salon de la BD de Kinshasa (cinq éditions entre 1991 et 2005). C'est d'ACRIA qu'est aussi parti le mensuel Afro-BD.
Un autre collectif a vu le jour il y a quelques années, sur les cendres d'ACRIA : Kin Label, sous la houlette d'Asimba Bathy, et dont l'objectif est de faire renaître la BD congolaise. Toutefois le secteur, bien que toujours vivace, ne souffre actuellement aucune comparaison avec les années de gloire de ses débuts. Elle est loin la période des précurseurs comme l'homme de théâtre et scénariste Albert Mongita avec les aventures de Mukwapamba, et d'Achille Ngoie, le fondateur de Jeunes pour Jeunes...
Pourtant de nouveaux talents apparaissent, notamment via la caricature de presse, secteur très vivace dans un pays où l'on aime par-dessus tout la dérision et la satire (dont Patou et Tembo Cash, toujours lui). En BD, quelques noms sortent du lot, à l'instar de Fati Kabuika (La Chiva colombiana - éd. Les Enfants rouges), ou d'Alain Mata Mamengi, alias Al ́Mata, bédéiste de Kin Label, qui a décroché le premier prix de la BD africaine lors du quatrième Festival de la bande dessinée d'Alger en 2011, avec son album Le Retour au pays d'Alphonse Madiba dit Daudet (éd. L ́Harmattan).
On distingue également parmi les talents actuels : Séraphin Kajibwami, l'un des dessinateurs et auteurs de bande dessinée les plus actifs, Asimba Bathy, créateur de Kin Label et d'une demi-douzaine de revues dont Amazone BD (premier magazine de bande dessinée réalisé par des artistes féminines), Dick Esale, l'un des leaders de la nouvelle vague de bédéistes kinois, le scénariste et éditeur de BD Dan Bomboko, Papa Mfumu'eto, le roi de la BD satyrique qui lorgne vers la peinture populaire... Malgré des difficultés structurelles et le manque de moyens, la RDC reste tout de même le plus grand vivier du 9e art en Afrique, plus de la moitié des auteurs de BD du continent étant issus de ce pays.
Signalons qu'à l'instar du cinéma et de la littérature, le Congo semble également fasciner bon nombre de bédéistes étrangers. Preuve en est du nombre de titres sortis ces dernières années et se rapportant à ce pays et son histoire le plus souvent : Africa Dreams de Jean-François et Maryse Charles, Retour au Congo d'Hermann, Kongo de Tom Tirabosco et Christian Perrissin inspiré de Au coeur des ténèbres de Conrad, Les Jardins du Congo de Nicolas Pitz, parmi beaucoup d'autres.
Sans oublier le précurseur et la référence absolue, quoique controversée : Les Aventures de Tintin au Congo d'Hergé publié en 1930, et qui atteste déjà de la fascination qu'exerce cette contrée sur l'imagination européenne... Le deuxième album de Tintin a déjà fait couler beaucoup d'encre depuis sa parution. Celui-ci reprend en effet à son compte une série de clichés en vigueur à l'époque coloniale, tels qu'ils étaient partagés par la société européenne au moment où Hergé a écrit cette aventure. Mais c'est aussi ce qui fait la valeur historique de cet album, davantage témoignage d'une époque révolue et de ses codes...
Le Congo dispose d'un art traditionnel très riche, de par la multitude d'ethnies qui le composent. La région du Kongo Central comprenant les arts Kongo et Teke fait partie des six régions artistiques habituellement identifiées, avec la région de Kwango-Kwilu à l'est de Kinshasa comprenant les arts Yaka, Suku, Holo et Pende. Ces régions, comme toutes les autres, sont les récipiendaires de nombreux mythes et rites spécifiques qui articulent la vie sociale et spirituelle de la communauté.
L'art traditionnel congolais est un art qui a une fonction religieuse ou sociale et qui ne peut se comprendre que dans le cadre de la culture déterminée. Souvent l'oeuvre d'art est utilisée dans un contexte magique ou religieux. Il s'inscrit dans la continuité des décors symboliques que sont les façades des maisons, les tatouages et scarifications tribales, les attributs du pouvoir, etc. Les masques et statues sont des messagers invisibles. Il s'en dégage une richesse extraordinaire au niveau de la forme, ainsi que dans d'autres objets usuels. Ces nombreux objets sont travaillés dans des matériaux divers comme le bois, le raphia, les tissus, l'ivoire, la pierre, etc. Ils possèdent une force culturelle importante qui assure la cohésion de nombreux groupes attachés aux traditions séculaires par ces objets "vivants", qui sont fabriqués, non pour la délectation mais pour une certaine fonctionnalité.
Le terme fétiche est régulièrement employé de manière abusive pour désigner toute figure religieuse alors que cela ne désigne que les objets "chargés", c'est-à-dire accompagnés d'une charge de matières magiques qui les rend efficaces pour des travaux surnaturels, le plus fréquemment la recherche ou la neutralisation de sorciers. Les grands fétiches comptent parmi les sculptures les plus impressionnantes de la statuaire congolaise, en particulier les célèbres fétiches à clous des populations Kongo, qui sont activés en y enfonçant un clou, et qui, trop dangereux pour être manipulés à mains nues, sont soulevés par des tiges de fer ou de bois.
Le nkisi est une puissance du monde invisible des morts, qui se soumet à un certain contrôle humain, celui du nganga, au travers de pratiques rituelles. Le terme nkondi désigne "le chasseur", qui précise qu'il possède des pouvoirs offensifs, généralement voués à s'attaquer aux sorciers. Les ingrédients destinés à renforcer son efficacité et à préciser son type de pouvoir sont placés au sommet de la tête et sur le ventre. Les clous et autres éléments métalliques étaient enfoncés dans la statue afin de la mettre en éveil et de l'inciter à attaquer le malfaiteur dont est victime le patient.
Le masque est une expression caractéristique de l'art africain. Beaucoup de ceux-ci servent dans un cadre éducatif, à l'initiation des jeunes gens. Cette initiation dure un an ou deux, les enfants sont séparés de leur famille dans un campement de brousse où ils apprennent l'histoire, les mythes fondateurs et les règles sociales de leur groupe. Ils apprennent aussi les secrets des masques qui incarnent des esprits. Le plus souvent, les femmes et les enfants non-initiés ne peuvent voir les masques ou alors ceux-ci sont destinés à les effrayer. Contrairement à d'autres peuples congolais et africains, les Kongo ont sculpté peu de masques, mais ceux-ci, d'un grand réalisme, sont très expressifs et délicatement sculptés.
La plus ancienne sculpture d'Afrique centrale, une tête d'animal en bois conservée au Musée royal de l'Afrique centrale à Tervuren près de Bruxelles, est datée entre 750 et 850 de notre ère. Plusieurs objets de l'ancien royaume de Kongo (XVIe) sont conservés dans d'anciennes collections princières européennes. De cette région également ont été retrouvées plusieurs sculptures (XVIIe et XVIIIe siècles) s'inspirant des sculptures religieuses de ce royaume converti au catholicisme (crucifix, Madone, saint Antoine) pour les intégrer dans l'univers de la religion traditionnelle.
Les statues funéraires en pierre, si caractéristiques des terres Kongo, ont connu un essor considérable sur la rive gauche du fleuve Congo, dans la région montagneuse de Noqui. La figure funéraire du scribe, ou du tambourineur, évoque la vie professionnelle du défunt, pour que sa famille puisse en conserver le souvenir. Les statues funéraires anciennes, appelées ntadi ou fumani (penseur aux traits nostalgiques), possédaient plusieurs fonctions, dont l'une, pratique, consistait à marquer les domaines fonciers et identifier la tombe d'un ancêtre prestigieux et de sa lignée.
Des édicules en béton abritent pour l'éternité des couples monolithiques, figés dans des attitudes marquant leur statut : militaire, fonctionnaire, épouse. L'image de la famille est renforcée par l'effigie d'un chien couché au pied de ses maîtres. Chez les Kongo, le chien est l'animal intermédiaire entre les forces visibles et invisibles. Dans les cimetières, il fait la jonction entre les vivants et les forces qui animent la forêt sacrée. Actuellement, les cimetières au bord de la route continuent à arborer des édifices funéraires colorés, maçonnés durablement, signe de statut social. Certains sont désormais protégés par une enceinte grillagée.
Les cultes traditionnels ont perduré, malgré les efforts conjoints des missionnaires chrétiens et des souverains Kongo, une fois christianisés, pour les éradiquer.
La société traditionnelle matrilinéaire, organisée en clans, respecte des interdits communs et trouve sa continuité et sa vitalité dans les rites d'initiation pratiqués par la société khimba. L'enfant reçoit son premier nom du chef de famille, et un second lors de l'initiation.
C'est l'Eglise qui favorisa l'installation d'un système de succession patrilinéaire, bien que la tradition matrilinéaire perdure toujours dans certaines tribus du Kongo Central. Celle-ci prévoit la transmission de l'héritage d'une femme à sa fille, tandis que celui d'un homme est transféré au fils de sa soeur. Les femmes sont ainsi porteuses de la parenté et sont les courroies de transmission du passage d'une génération à l'autre.
Les Kongo pensent que tout individu se compose de quatre parties : le corps, le sang, le coeur où réside l'âme, convoitée par les sorciers (qui sont craints et combattus), et enfin le double : "mfumu kutu".
La religion Kongo est dualiste et oppose le Haut et le Bas, les génies de la terre et les génies des eaux. Cette dualité se répercute sur la politique (entre le Mani Congo, le roi responsable de la bonne marche du royaume, et le Mani Vunda, grand prêtre de la cour qui incarne le pôle magico-religieux de la royauté).
L'arc-en-ciel, esprit des eaux terrestres, occupe une place incontournable dans les mythes. Celui-ci est appelé Mbumba, l'esprit serpent des eaux terrestres qui retient les pluies, c'est la figure mythique centrale qui contrôle le grand rite initiatique masculin khimba.
Source : Bas-Congo, Ch. Tombu et A. Huart (Ed. Weyrich).
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