Guide Manchester : Mode de vie

Les hommes sont passionnés de jardinage et de football, lisent volontiers la page cricket du Times et retrouvent leurs amis le soir au pub. Les femmes boivent du thé en regardant des émissions humoristiques à la télévision, s'investissent dans des associations caritatives, sans oublier de bichonner le chat ou le chien de la famille... Des clichés ? Un peu, bien sûr, mais pas tellement éloignés de la réalité pour autant. A Liverpool comme à Manchester, l'ambiance est celle de la capitale, pour le meilleur mais sans le pire : on profite des musées, des sorties, des bons restaurants, du brassage culturel et de la connexion avec le reste du pays ; les transports suchargés, la vie hors de prix, les gens pressés et certains bougons en moins. La musique et le sport y sont des religions, les deux sujets cristallisent de nombreuses conversations et il est impossible d'y couper. L'endroit de prédilection pour en parler, c'est le local. A partir de 17h30-18h, la vie publique et professionnelle s'arrête au profit de la vie sociale et familiale, qui occupent une place très importante. On dîne tôt, de 18h à 19h30, ce qui laisse de longues soirées devant soi. Les Britanniques aiment bien en profiter pour se rassembler et refaire le monde, ou le match, autour d'une bière. Les dames sont bien entendu de la partie et apprécient autant une bonne mousse que ces messieurs, même si c'est souvent dans de plus petits verres. N'oubliez pas de vous prêter au jeu en allant tâter l'ambiance. Et si votre anglais vous le permet, il faudra bavarder un peu. Les locaux adorent ça ! Quand ils commencent une conversation, il est dur de les arrêter, même si on ne les connaît pas... Côté jeunesse, la maîtrise des soirées est un plus chancelante et la discipline nationale reste trop souvent le binge drinking : boire vite et beaucoup, peu importe le résultat, qui est souvent un walk of shame (" la marche de la honte ") jusqu'à la maison. Il ne faudra pas s'en étonner, si vous sortez tard dans les rues. Pour le reste, on trouve beaucoup de gens à Liverpool et Manchester qui adorent profiter de la nature le week-end. Ils en sont entourés dans la région, et se précipitent sur leurs chaussures dès les beaux jours pour aller crapahuter dans les parcs nationaux.

L'enseignement est obligatoire jusqu'à l'âge de 16 ans et gratuit jusqu'à 18 ans. Pour le secondaire, on distingue les écoles publiques (comprehensive schools) et les écoles privées (paradoxalement appelées public schools). La plus célèbre des public schools est Eton, où les princes William et Harry, entre autres, ont étudié. Les deux examens les plus importants sont le G.C.S.E. (General Certificate of Secondary Education) et le A level, qui ont lieu à la fin des études secondaires (17-18 ans). La plupart des étudiants vont jusqu'au second, qui est l'équivalent du baccalauréat. Les résultats déterminent le choix de l'université.

En Angleterre, à partir de la Seconde Guerre mondiale, l'éducation est devenue l'une des priorités des gouvernements. L'arrivée de Margaret Thatcher au pouvoir dans les années 1980 changea cependant la politique sur le sujet. D'une opportunité égale pour tous, on passa alors à une opportunité individuelle. Les étudiants doivent passer plus de tests, on les incite à devenir plus autonomes et on développe l'élitisme. Ainsi, les dépenses dans le secteur diminuent et les élèves sont incités à passer dans les établissements privés, où le niveau est plus élevé.

Depuis plusieurs années, de plus en plus d'étudiants vont à l'université. Ils y passent généralement de 3-4 ans (bachelor) à 5 ans (master). Jusque dans les années 1990, l'enseignement universitaire était financé par l'Etat. Cependant, devant le nombre croissant de bénéficiaires, les jeunes doivent aujourd'hui prendre eux-mêmes en charge leurs frais d'inscription. En conséquence, la plupart souscrivent à des prêts au gouvernement.

Cathedrale Anglicane de Liverpool.

Chris Hepburn - iStockphoto

En Angleterre, le moindre village est doté d'une église. La plupart du temps, on en trouve deux ou trois  : l'une est anglicane, l'autre protestante, la dernière est parfois catholique, baptiste ou réformée. La cathédrale reste cependant toujours anglicane. De ce point de vue, Liverpool est tout à fait exceptionnelle : c'est la seule ville du pays à posséder une cathédrale catholique en plus de sa cathédrale anglicane. L'importante immigration d'Irlandais qui a suivi la famine de 1845-52 a eu pour conséquence d'augmenter considérablement la population et de créer une communauté catholique très importante. Cet arrivage massif ne fut pas sans conséquences dramatiques sur la vie sociale de la cité, créant une concurrence avec la main d'oeuvre locale et exacerbant les tensions religieuses.

150 ans d'animosité trouvent enfin leur terme grâce à l'évêque anglican David Sheppard, et l'archevêque catholique Derek Worlock, qui travaillent ensemble à une pacification des deux cultes. A l'époque, leur entente est telle qu'on les surnome les fishy chips dans la presse locale. Leur engagement social en faveur des plus démunis est également remarquable, au point qu'ils seront assez mal vus par les mouvements conservateurs et plus particulièrement Margaret Thatcher. La visite officielle de Jean Paul II, en 1982, consacre officiellement le travail des deux hommes. En signe d'allégeance à ce rapprochement, il visite d'abord la cathédrale anglicane avant de célébrer une messe dans la cathédrale catholique. Les fidèles sont nombreux à venir l'accueillir dans Hope Street. En 2005, ce miracle de la Mersey est commémoré par l'érection de la Sheppard-Worlock Statue, à mi-chemin entre les deux églises, sur Hope Street, en présence de 3 000 chrétiens.

Un recensement effectué en 2009 en Angleterre et au pays de Galles décomptait 5,2 millions de catholiques, donc presque 10 % de la population. Le pourcentage le plus élevé se trouve à Liverpool, avec 46 % de la population concernée.