Guide Philadelphia : Mode de vie
Education. Le lycée est appelé high school, l'université est leur college puis on peut aller en graduate school qui peut correspondre à un troisième cycle ou à une spécialisation en France. Le système éducatif est très différent de la France, surtout par son financement. Les études supérieures reviennent très cher aux familles ou aux enfants (qui contractent souvent des emprunts), car une année d'université coûte entre 25 000 et 50 000 euros. Philadelphie est une ville universitaire importante, la seconde de la côte Est. La région comprend 80 universités ou écoles spécialisées. Le quartier d'University City est un campus dynamique, particulièrement dans les secteurs de la chimie, des sciences, de la santé et des arts. L'université de Pennsylvanie est l'une des plus anciennes. Créée par Benjamin Franklin au XVIIIe siècle, elle fait partie de la célèbre Ivy league, une association informelle regroupant les huit universités les plus prestigieuses du pays.
Travail. La récession économique a évidemment touché la ville de Philadelphie. Le taux de personnes vivant sous le seuil de pauvreté en 2016 est de près de 25 %, soit deux fois plus que la moyenne de l'Etat, et dépasse les 44 % dans les quartiers nord de la ville. Il reste largement supérieur à la moyenne nationale (13,5 %). Entre les villes de Washington, New York et Boston, Philadelphie est la plus pauvre. Le chômage, en revanche a nettement baissé ces dernières années en passant de près de 12 % de la population active en 2010 à 6,4 % au deuxième semestre 2017, bien qu'il reste supérieur à la moyenne nationale (4,4 %). Le premier employeur de la ville est le gouvernement et les services municipaux, devant le secteur hospitalier qui est également très développé.
Protection sociale. Source de débats permanents entre républicains et démocrates, la protection sociale est du ressort du gouvernement fédéral. Peu après son élection, le président Barack Obama se lance dans une réforme du système de santé avec conviction. Le 28 juin 2012, il entre dans l'histoire de la protection sociale aux Etats-Unis avec l'Affordable Care Act, ou Obamacare, sa réforme de la santé visant à assurer une couverture sociale minimale et un accès aux soins au plus grand nombre. La loi entre en vigueur en octobre 2013, et le nombre total d'adultes sans assurance passe de 18 % à 13,4 % en moins d'un an. Les résultats sont là mais les opposants d'Obama lui reprochent des dépenses trop onéreuses et un pilotage encore flou. Pendant sa campagne présidentielle, Donald Trump devient l'un des principaux détracteurs de l'Obamacare et fait de son abrogation une promesse de campagne. Quelques mois après son investiture, il présente sa réforme de santé au Congrès. Le nouveau président souhaite revenir sur plusieurs acquis de l'Obamacare, le coeur du projet étant la suppression de l'obligation pour chaque Américain de souscrire à une assurance maladie. En mai 2017, après de longues semaines de négociations, la Chambre des représentants vote pour l'abrogation de l'Obamacare à une très courte majorité (217 voix contre 213), mais le texte est finalement rejeté par le Sénat. Incapable d'obtenir l'abrogation promise, Trump signe en octobre 2017 un décret visant à contourner certaines obligations de l'Obamacare. Considéré par certains démocrates comme un acte de sabotage, ce décret risque d'être contesté devant la justice.
Crime. Comme beaucoup de villes américaines, Philadelphie a connu une hausse notoire des crimes après la Seconde Guerre mondiale, mais la ville lutte fortement contre la criminalité. Lors d'un discours à Philadelphie en janvier 2017, Donald Trump a affirmé que le taux de criminalité de la ville ne cesse d'augmenter, ce qui est faux comme l'a ensuite précisé le maire Jim Kenney. En réalité, le nombre de meurtres a été divisé en deux depuis 1985. En 2016, Philadelphie s'est classée à la 67e place des villes de plus de 25 000 habitants les plus dangereuses. Le centre-ville ne l'est pas du tout mais de nombreux ghettos dans la banlieue sont le théâtre de violences.
Communauté homosexuelle. Aux Etats-Unis, la tolérance est grande vis-à-vis de l'homosexualité, réalité vécue sans honte ni retenue dans les grandes villes. Outre les bars, restaurants, clubs ou autres lieux de rencontres, la communauté homosexuelle a son bureau de tourisme, son créneau horaire sur une chaîne télévisée et sa station de radio. L'un des plus anciens journaux gay américain est le Philadelphia Gay News, fondé en 1976. Et, en 1997, la Philadelphia domestic partner law est la première loi dans le pays à fournir un allègement fiscal pour les couples gays et lesbiens.
Place de la femme. Aux Etats-Unis, comme dans de nombreux pays, les femmes sont encore minoritaires dans les postes à responsabilités et de larges progrès restent à accomplir dans ce domaine. Elles sont à peine 40 % à occuper un poste de décideurs dans le pays. A Philadelphie, dès 1977, des femmes se sont regroupées au sein d'une organisation nommée The Forum of Executive Women pour promouvoir et élargir l'impact des femmes leaders dans la région. L'association comporte 350 membres, toutes des femmes d'influence significative pour Philadelphie et l'agglomération.
Liberté. L'Amérique ou le lieu de la liberté par excellence ! Les Etats-Unis ne se définissent-ils pas eux-mêmes comme the land of the free ? Philadelphie a même son musée de la Liberté. La notion est importante. La communauté amish, en Pennsylvanie, en est le témoignage le plus frappant : séparés du monde, ces anabaptistes radicaux mènent une existence selon leurs propres traditions, leurs propres règles, parlent leur propre langue et ont leurs propres écoles, sans que rien ni personne ne vienne interférer dans leur communauté ni entraver leur champ d'action ou leur souhait de vivre leur vie comme ils l'entendent.
Le droit à la différence existe vraiment aux USA, car c'est un pays qui abrite un nombre considérable de communautés avec leurs particularités sociales, culturelles et religieuses. Ce respect des autres se révèle dans des domaines collectifs, comme la diversité des lieux de culte, la traduction systématique en deux ou trois langues des circulaires scolaires destinées aux parents, des fiches de recensement de la population, des informations concernant les transports en commun ou des distributeurs bancaires s'adaptant aux minorités environnantes. Dans la vie quotidienne, exempte de regards réprobateurs, tout est permis, tout est admis, de l'excès pondéral à l'extravagance vestimentaire... Une situation qui reflète peut-être aussi un redoutable anonymat : du droit à la différence au droit à l'indifférence il n'y a qu'un pas.
Dans le monde du travail, la flexibilité sociale est réelle et fondée sur une reconnaissance de l'individu davantage basée sur le talent personnel que sur des diplômes accumulés sur un curriculum vitae. Il n'y a aucune ingérence de l'Etat dans les affaires privées, ce qui se vérifie principalement dans tout ce qui touche au business. Une entreprise se monte en quelques jours seulement, il y a peu d'entraves administratives, tout va très vite, tout se défait et se refait en un rien de temps. Mais la liberté absolue ne va pas sans abus. Pour faire de l'argent, on a tous les droits, même celui de travailler 90 heures hebdomadaires dans quatre jobs différents. C'est aussi au nom de cette liberté que la législation dans tel ou tel secteur fait si souvent défaut. Un récent litige opposait l'Europe et les Etats-Unis sur la question de la protection des données personnelles des individus : en effet, dans ce pays, n'importe quelle entreprise peut à tout moment mettre le nez dans votre passé universitaire, judiciaire, médical ou financier. Les limites sont parfois difficiles à poser...
Puritanisme et censure
Le puritanisme américain a la vie dure. Impossible d'entrer le moindre petit fuck sur les chaînes publiques américaines, sur lesquelles la nudité est également censurée. Aux Etats-Unis, rien n'échappe au politically correct, pas même les célébrités qui ont un lourd fardeau à porter : celui d'être un bon role model auprès de leur public et plus particulièrement la jeune génération. Le moindre dérapage, même lorsqu'il se produit dans la sphère privée, est suivi d'excuses publiques, la plupart du temps sur une chaîne de télévision nationale. En octobre 2009, le présentateur du très populaire talk-show The Late Show with David Letterman s'est vu contraint d'interrompre son émission pour s'excuser, auprès de son épouse et de son public, de ses liaisons qui avaient été dévoilées dans la presse quelques jours auparavant. Plus récemment, une vidéo montrant la jeune pop star Ariana Grande a provoqué un tollé à travers le pays. Son crime ? Avoir léché un donut avant de le remettre en rayon en prononçant les trois mots les plus profanateurs pour l'Amérique puritaine et patriote : " I hate America ". Une longue vidéo d'excuses est mise en ligne dans la foulée, mais sa réputation désormais entachée la prive d'une performance prévue à la Maison Blanche quelques semaines plus tard. Les innombrables exemples dans ce domaine sont le reflet d'une société qui vit dans la hantise de tomber dans un excès de stupre et qui est probablement trop consciente de sa propre démesure.
Philadelphie a indéniablement été fondée dans un esprit de tolérance religieuse chère à William Penn et la diversité des confessions est importante. La ville est marquée par son héritage quaker qui remonte à l'immigration suédoise, néerlandaise, anglaise et allemande.
L'agglomération de Philly compte plus d'un million et demi de catholiques, essentiellement d'origine irlandaise ou hispanique. La ville est également le siège d'un archiodiocèse dans la cathédrale St Pierre-St Paul. La communauté juive est la sixième plus importante du pays, avec plus de 300 000 fidèles. La ville est par ailleurs jumelée à Tel-Aviv. Les musulmans représente 2 % de la population de la ville, on trouve de plusieurs mosquées dans le quartier de Walnut Hill. Le protestantisme est largement présent dans sa diversité et par de nombreux lieux de culte.
Enfin, impossible de ne pas évoquer la communauté amish de Lancaster, qui représente environ 25 000 personnes, est la plus importante des Etats-Unis, devant celles de l'Ohio, du Michigan et de l'Indiana. Ils refusent le monde moderne, s'éclairent au gaz, n'utilisent pas d'appareils électroniques, labourent leurs champs sans tracteur et respectent la Bible à la lettre. Quant au mouvement religieux mennonite, il a été fondé en Suisse par Ulrich Zwingli, après la période de la Réforme, au début du XVIe siècle. Il s'est ensuite organisé autour de Menno Simons, un prêtre qui avait quitté l'Eglise catholique. Les mennonites refusent notamment le baptême des enfants, mais approuvent celui des adultes. C'est pourquoi on les a appelés des anabaptistes. C'est plus tard que le leader anabaptiste Jacob Amman s'est détaché des mennonites pour former le mouvement amish, plus radical.
En août 2018, une enquête a révélé les agissements de plus de 300 prêtres pédophiles dans six diocèses de Pennsylvanie, dont ceux d'Harrisburg, de Pittsburgh et d'Allentown. Ils auraient commis des abus sexuels sur plus de mille enfants des années 1950 jusqu'en 2010. Si les faits sont terribles, le rôle de l'Eglise catholique des Etats-Unis, qui ne s'est pas contentée de fermer les yeux mais a activement oeuvré à la dissimulation des faits, fait scandale. Le Vatican, qui a exprimé sa honte peu de temps après les révélations, est également soupçonné d'avoir été au courant de certains de ces abus. Parce que la plupart des faits se sont déroulés avant les années 1990, ils sont prescrits et ne peuvent pas faire l'objet de poursuites pénales.
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