Guide de Belgique - Wallonie : Architecture

De la période préhistorique, la Wallonie a gardé de nombreuses traces : plusieurs menhirs dans les provinces de Namur, Luxembourg et du Hainaut et des dolmens à Wéris (Luxembourg). Curieusement, s'il y a encore quelques vestiges de villas romaines qui n'étaient en fait que des exploitations agricoles, il ne reste pas grand-chose de l'époque gallo-romaine en dehors de certains axes routiers, les fameuses " chaussées romaines ". Celles-ci sont souvent rebaptisées par les riverains " chaussée Brunehaut ". La situation n'est pas meilleure pour les périodes mérovingienne et carolingienne. Du palais de Charlemagne à Herstal, il ne reste rien d'autre que le souvenir de son existence. Parmi les rares traces de son époque, quelques vestiges incrustés dans des ensembles devenus plus importants par la suite comme à Nivelles (collégiale Sainte-Gertrude) ou la collégiale Saint-Ursmer proche de l'abbaye de Lobbes (Hainaut).

Des églises ouvertes et accueillantes

Entrer dans une église devient de plus en plus difficile. Trop souvent, en dehors des offices, les portes sont closes, sécurité oblige. Pourtant, nombreux sont ceux qui souhaitent y pénétrer pour découvrir un patrimoine souvent extraordinaire ou tout simplement trouver un instant de calme ou de méditation. Heureusement certaines églises sont encore largement ouvertes, notamment celles qui adhèrent à la Fondation " églises ouvertes ". Celles-ci ouvrent le bâtiment aux visiteurs au minimum pendant huit semaines consécutives entre le premier juin et le 30 septembre, trois jours par semaine (normalement les vendredi, samedi et dimanche), quatre heures par jour (généralement de 10h à 12h et de 14h à 16h). Ces églises ou autres lieux de culte s'efforcent d'être accueillants en proposant des informations écrites sur l'édifice, un texte de bienvenue, un livre d'or, un fond musical ou des fleurs. Belle initiative. Pour les découvrir, voyez le site www.eglisesouvertes.be

Art mosan et art scaldien

Ce n'est qu'à partir du 10e siècle que l'architecture en Wallonie va littéralement exploser avec l'art mosan qui se concentre autour de la Meuse et l'art scaldien dans le bassin de l'Escaut. Suite au traité de Verdun en 843, puis à ceux de Meersen (870), Fouron (878) et de Ribémont (880), la " Belgique " est partagée en deux : la partie située à l'ouest de l'Escaut (le Comté de Flandre) passe sous la suzeraineté du roi de France et le reste sous celle de l'empereur germanique. De cette scission vont naître deux écoles artistiques différentes qui vont s'épanouir du 10 au 13e siècle. L'école mosane va subir assez fortement l'influence des courants architecturaux dits " Ottoniens ", du nom d'une lignée d'empereurs germaniques et de l'art roman de Rhénanie. L'exemple le plus représentatif d'architecture de type mosan est la collégiale de Nivelles. Pour ce qui est de l'art scaldien qui répond aux normes anglo-normandes, on retrouve l'un des chefs-d'oeuvre d'art roman avec la cathédrale de Tournai. L'invention de la voûte d'ogive donne naissance au gothique. La répartition des influences se maintient puisque le gothique va très rapidement s'implanter dans la région scaldienne qui crée un style propre (Tournai). Du côté mosan, ce ne sera qu'au 14e siècle qu'une école brabançonne va voir le jour. Ecole qui va évoluer vers la fin du 15e siècle vers le gothique flamboyant. La collégiale Sainte Waudru à Mons en est un exemple représentatif. A Liège, l'abbatiale de Saint-Jacques et la somptuosité des voûtes de sa nef est l'exemple le plus caractéristique de cette époque.

Les abbayes

Toute l'Europe a connu le phénomène monastique. S'il ne reste pas de véritables ensembles antérieurs aux 12 et 13e siècles en Wallonie, il subsiste par contre de nombreux témoignages d'abbayes ou de monastères datant des siècles qui ont précédé la Révolution et l'occupation française (1795-1815). Pour rappel, la sécularisation des biens de l'église en 1796 a entraîné de nombreuses démolitions totales de chefs-d'oeuvres architecturaux comme l'abbaye de Lobbes. En conséquence, les plus beaux témoignages de l'architecture monastique en Wallonie ne sont plus que des ruines : Villers-la-Ville, Aulne, Orval... En fait, il ne reste plus, comme témoignages représentatifs, que quelques ensembles comme la Cambre à Bruxelles, Val-Dieu dans le pays de Herve et Heylissem à Hélecine (Brabant Wallon).

Les châteaux de plaisance

Après avoir servis de demeures fortes, de nombreux châteaux wallons vont être transformés par leurs propriétaires en demeures d'habitation. Certains de ces aménagements vont garder de larges éléments militaires (Corroy-le-Château, Lavaux-Sainte-Anne ou Jehay) tandis que d'autres vont subir de très profondes modifications (Beloeil, Antoing, Freÿr...). Parmi les demeures seigneuriales que l'on peut considérer comme étant véritablement de plaisance et sans base militaire, le château d'Attre.

L'architecture militaire

Emiettée en une multitude de fiefs, la Wallonie sous le Moyen-Âge se couvre de châteaux forts, de villes fortifiées ou de fermes-châteaux. Par la suite, ce seront des lignes de défense qui vont ponctuer le paysage. Il apparaît que presque toutes les écoles et les formes d'architecture militaire sont présentes en Wallonie. Cela va du simple donjon comme à Villeret (commune de Jemeppe-sur-Sambre) ou à Ath (Tour Burbant), au château fort classique tel que nous l'imaginons : Vêves, La Roche-en-Ardenne (ruines), Sombreffe, Montaigle (ruines), Poilvache (ruines), etc. Le Château de Bouillon est une exception puisqu'il est l'une des rares fortifications féodales qui ait évolué au fil des siècles. Auparavant la forteresse était hérissée de tours, donjons et autres bastions défensifs, ensuite plusieurs grands architectes militaires comme Vauban ont procédé à des modernisations successives de la forteresse. Les derniers aménagements furent apportés par les Hollandais entre 1815 et 1830. Parmi les lignes de défense et les défenses en étoiles, on retrouve les villes citadelles implantées par les Espagnols pour contrer les fortifications érigées par Vauban (le pré carré de Louis XIV) : Philippeville, Mariembourg. Plus tard, au 19e siècle, les Hollandais aménagent différentes forteresses le long de la Meuse : Dinant, Namur et Huy. Par la suite, ce sont les Belges eux-mêmes qui se lancent dans la construction de lignes de défense militaire avec la ceinture des forts de Namur et Liège, par exemple. Plusieurs forts de Liège sont toujours visitables.

L'architecture civile

L'une des caractéristiques des villes de Belgique, aussi bien de Flandre que de Wallonie est la présence de beffrois ou de perrons. Ces deux types de constructions étaient pour nos ancêtres urbanisés l'indication que leurs cités disposaient de privilèges. Dans les beffrois étaient conservées les chartes, c'est-à-dire les traités passés entre les citoyens et leurs seigneurs. En Wallonie, on retrouve les plus anciens à Tournai et à Mons. Celui de Thuin doit ses origines à Napoléon Bonaparte qui transforma en beffroi le clocher de la collégiale. Mais même après l'indépendance belge, certaines villes ont continué à ériger ce type de construction comme Charleroi qui a construit le sien en 1936. A ce propos, on notera encore que tous les beffrois de Wallonie appartiennent au patrimoine mondial de l'Unesco : Tournai, Mons, Thuin, Binche, Charleroi et Namur. Quant aux perrons, on les retrouve dans la plupart des villes qui dépendaient du Prince-Evêque de Liège. Pour ce qui est des palais, à la fois lieu de d'habitation et d'administration, le témoignage le plus flagrant de l'ancien régime en Wallonie est le palais des Princes-Evêques de Liège qui sert désormais de palais de Justice et de palais Provincial.

Le 19ème siècle et l'Art Nouveau

S'il est un pays où l'art éclectique a triomphé, c'est bien la Belgique. Il suffit de parcourir la plupart des villes belges pour constater que le Bruxellois Joseph Poelaert a fait pas mal d'émules au sud du pays. Parmi les exemples types en Wallonie : le château de Fy à Esneux et le château de Louvignies proche de Soignies. C'est avec l'Art nouveau que l'architecture en Belgique va connaître ses heures de gloire. Ce mouvement, qui va révolutionner l'architecture et l'art du monde entier, aura quatre capitales : Vienne, Bruxelles, Nancy et Barcelone. Presque toutes les villes importantes de Wallonie ont des bâtiments répondant à l'esprit du renouveau créatif de cette école qui met fin aux différents " néo-quelque chose " qui ont triomphé pendant la fin du 19e et au début du 20e siècle. Il est impossible en quelques lignes d'expliquer l'ensemble de ce mouvement qui sera prolongé par l'apparition du mouvement moderniste. Il suffit de nommer les architectes Horta, Henry Van de Velde, Paul Hankar, Louis Herman de Coninck, Lucien François...

L'architecture industrielle

Au 19e siècle, l'industrie lourde s'est développée tout le long du sillon Sambre et Meuse. Ce faisant, toute une approche architecturale ou urbanistique a vu le jour. Parmi les nombreux témoignages, les Ascenseurs hydrauliques du canal du Centre qui sont repris sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco. Il faut signaler l'importance sociologique que représentent les cités charbonnières du Grand Hornu et du Bois du Luc et leurs " corons " respectifs tracés de façons tout à fait originales. La conception de celles-ci permet de découvrir ce que fut la vie des ouvriers et des mineurs à la toute grande époque industrielle de la Wallonie.

Les réalisations contemporaines

Aux 20 et 21e siècles, les réalisations architecturales en Wallonie n'ont pas été en reste. L'ascenseur à bateaux vertical de Strépy est une oeuvre unique au monde. Le plan incliné de Ronquières, le viaduc de l'Eau Rouge (650 m de long) ou encore les ponts haubanés de Ben Ahin ou de Wandre, sont autant de " prodiges " techniques et esthétiques. La nouvelle gare des Guillemins, à Liège, permet à la Cité Ardente de figurer parmi les villes européennes qui ont accueilli une des réalisations les plus osées de ce début de 21e siècle. A Namur, le Gouvernement wallon investit dans la restauration du patrimoine en installant ses services dans de nombreux édifices remarquables : présidence du gouvernement wallon à " l'Elysette ", Parlement installé au Saint-Gilles mais aussi les cabinets et l'administration qui ont rendu vie à des bâtiments comme l'immeuble Bibot, le Couvent des Célestines ou les Moulins de Beez à Namur. On citera encore l'Hôtel de Soër de Solières, l'Hospice du Vertbois et l'Hôpital des Anglais à Liège, l'ancienne Banque nationale et l'ancien lycée de Verviers, le Béguinage à Mons ou encore la Maison du Bailli à Charleroi. Parmi les toutes dernières réalisations en cours et à Charleroi toujours, la transfiguration d'une partie du centre-ville va à coup sûr modifier l'image de la cité dans les années à venir. Plusieurs chantiers sont en cours ou en passe d'être terminés : le projet Rive Gauche pour le coup de fouet commercial à la ville-basse, la transformation de l'ancienne banque nationale en pôle artistique, l'abaissement des quais de la Sambre pour les rendre à la promenade ou encore - et surtout ? - la flamboyante tour de l'hôtel de police, dessinée comme un phare au sommet de la ville haute par Jean Nouvel. Un édifice visible de partout à plus de 10 km à la ronde !

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