Guide Lybia : Politique

Les institutions

Au tout début, le socle du tribalisme qui constituait l'assise du fonctionnement politique à l'époque du roi Idriss est écarté par le nouveau régime, qui crée un parti unique, des syndicats, et modernise l'administration. Pourtant, face à la participation modérée des citoyens au nouveau système politique, le régime a tôt fait de renouer avec le tribalisme à tous les échelons, voire de l'exacerber. C'est en effet dans les mailles du système politique énoncé dans le Livre vert, résumé de la pensée politique de Kadhafi, que se glisse le fonctionnement tribal d'une société à laquelle la colonisation pas plus que la royauté n'ont légué de tradition étatique : l'allégeance au régime et à son système administratif, au niveau national comme au niveau local, se double souvent dans les faits d'une allégeance aux tribus d'appartenance.

Le système institutionnel du Livre vert

Ce système est, en théorie, tel que présenté dans le Livre vert, un système de démocratie directe. Le système parlementaire, avec son corollaire les partis politiques, est vu comme un détournement de la démocratie par le biais pernicieux de la représentation.

Le second chapitre du Livre vert, intitulé " La solution au problème de la démocratie ", explique que la souveraineté individuelle de chacun ne peut être déléguée à un représentant. Pour cela, il faut abolir tout l'appareil des Etats modernes, le gouvernement, les ministères, les parlements, les partis politiques... A la place, les populations vont se diriger elles-mêmes à l'échelon local qui doit être autonome. Ce que dit le Livre vert, et qui a été en partie réalisé, est qu'à l'échelon local les individus souverains doivent participer aux congrès populaires, constitués à partir d'une localité ou d'un secteur d'activité, et à leurs comités qui en sont les branches exécutives. Les congrès populaires de district auxquels sont rattachés tous les habitants d'une même zone élisent, au niveau du sous-district, des comités populaires (sortes de mini-gouvernements locaux chargés des affaires municipales et des services publics locaux).

Fonctionnement du système jamahiriyen

Les congrès populaires se réunissent une fois par an durant quelques semaines pour parler de la politique locale, nationale et internationale.

Les avis exprimés par les citoyens de chaque congrès populaire sont recueillis par le président du comité exécutif du congrès et transmis à la réunion annuelle du Congrès général du peuple (l'équivalent du Parlement).

Le Congrès général du peuple, constitué des délégués des congrès populaires de base, décide alors, à partir de l'ordre du jour défini par les congrès populaires, des différentes orientations nationales à prendre et les transmet aux secrétariats (l'équivalent des ministères), réunis dans un Comité populaire général.

Dans la pratique, les secrétariats ont une large marge de manoeuvre et le Livre vert n'évoque ni le rôle de Kadhafi, le Guide de la Révolution, placé au-dessus des institutions populaires, ni les autres domaines d'attribution de l'action gouvernementale, comme l'important secteur pétrolier, qui échappe au contrôle populaire, de même que la police, l'armée et le budget.

En novembre 1977, les comités révolutionnaires sont venus s'ajouter à cet édifice institutionnel. Ces derniers, composés de membres rendus à l'idéologie révolutionnaire du Guide de la Révolution et placés directement sous son autorité, contrôlent et orientent les comités populaires.

La décentralisation

En 1998, 26 shabiyat (régions) ont été créées, auxquelles 55 % du budget national a été alloué en 2001. Le régime a ainsi mis en place une très importante décentralisation administrative au niveau régional. Certains ministères ont même été ramenés au niveau des régions. Mais quels que soient les découpages administratifs créés et remaniés depuis 1969, ils sont constamment investis par des logiques d'allégeance tribale plus qu'idéologique, dont le pouvoir central, aux mains de Kadhafi, a constamment joué à travers la mise en place de réseaux clientélistes. Toujours est-il que cette décentralisation, ajoutée au désengagement de l'Etat dans le secteur économique, correspond à une tendance qui s'observe depuis deux décennies dans la plupart des pays arabes.

LA POLITIQUE EXTERIEURE
De l’« état voyou »…

Au cours des années 1980, la Libye devient un véritable camp d'entraînement pour les révolutionnaires du monde entier. La rente pétrolière sert aussi au financement de groupes terroristes contre les Etats-Unis et Israël, et 30 milliards de dollars sont dépensés dans l'achat d'armes. En 1986, les Etats-Unis décrètent un embargo unilatéral contre la Libye et, le 15 avril 1986, un raid américain s'abat sur Benghazi et Tripoli où la caserne du colonel Kadhafi est touchée. Car la Libye, sous le commandement de Kadhafi que Ronald Reagan n'hésite pas à qualifier de " chien enragé du Proche-Orient ", est tenue responsable d'une série d'actions terroristes dont l'explosion d'une bombe dans la discothèque La Belle de Berlin-Ouest fréquentée par des militaires américains, le 5 avril 1986. L'attentat commis contre un Boeing de la Pan Am au-dessus de Lockerbie en Ecosse, le 21 décembre 1988, qui fait 270 morts, suivi de l'attentat contre un DC-10 d'UTA au-dessus du désert du Ténéré au Niger, le 19 septembre 1989, conduisent à un embargo de l'ONU sur la Libye. Le 31 mars 1992, la résolution 748 du Conseil de sécurité demande à la Libye de cesser son aide aux groupes terroristes et impose des sanctions économiques : embargo aérien, interdiction des ventes d'armes. Le 11 novembre 1993, la résolution 883 interdit en outre l'exportation de certains équipements pétroliers, déclare le gel des avoirs libyens à l'étranger et la fermeture des bureaux des lignes aériennes étrangères desservant la Libye.

…au retour de la Libye sur la scène internationale

La Libye est donc mise au ban de la communauté internationale durant les années 1990. En avril 1999, l'embargo onusien est suspendu après que Kadhafi eut accepté de livrer les deux Libyens suspectés d'être les auteurs de l'attentat du Boeing de la Pan Am. L'embargo est levé définitivement en septembre 2003. Entre temps, le procès concernant les deux Libyens qui s'est tenu à La Haye se termine janvier 2001 ; l'un des deux est condamné. En effet, la Libye a accepté les injonctions du Conseil de sécurité de l'ONU en reconnaissant sa responsabilité civile dans les attentats de 1988 et 1989, et acceptant d'indemniser les familles des victimes en 2004, ce qui n'est pas allé sans mal dans le cas des victimes de l'attentat de 1989 après qu'elles eurent réévalué le montant de leur indemnisation.

Un retour à l’orthodoxiedes relations étrangères

La politique extérieure libyenne est à présent fondée sur une application du droit international, une volonté de réaliser un rapprochement avec les Etats-Unis - nécessaire à la reprise de l'exploitation de puits pétroliers par les grandes compagnies pétrolières américaines -, et la fin du panarabisme remplacé officiellement en 1998 par une politique africaniste.

La Libye tournée vers l’Afrique

En Afrique aussi l'époque belliqueuse est bien loin où la Libye soutenait certaines rébellions africaines ou revendiquait un changement de sa frontière avec le Tchad à partir d'un contentieux territorial datant de 1935 et qui a conduit à des affrontements entre la Libye et le Tchad soutenu par la France, pour le contrôle de la bande d'Aozou riche en uranium entre 1973 et 1987.

Durant les années d'embargo, la Libye s'est sentie peu soutenue par les dirigeants arabes qui ont respecté l'embargo et a, en réaction, multiplié les initiatives diplomatiques en direction de l'Afrique ; en retour, l'Organisation de l'Union africaine (OUA) a soutenu la Libye dans ses efforts pour la levée de l'embargo. Cette diplomatie aboutit en 1998 à la création de la CEN-SAD ou Comessa (Communauté des Etats sahélo-sahariens), créée sous l'égide de la Libye qui en est de loin le principal financier, et regroupant 22 Etats membres. La même année, le ministère de l'Unité arabe était supprimé, tandis qu'un ministère de l'Unité africaine sera créé en 2000. Une seconde étape est franchie avec la relance par la Libye du projet d'Union africaine à Syrte, le 9 septembre 1999, visant l'abolition des frontières et la libre circulation des personnes entre Etats signataires. L'Union africaine, comprenant à présent l'ensemble des pays africains à l'exception du Maroc, est effective depuis 2002. La réalisation de l'unité africaine est en effet un des principaux volets de l'actuelle politique africaine de la Libye, financièrement généreuse. Le second volet de cette politique concerne la résolution des conflits du continent. Un exemple assez récent concerne la tenue à Syrte en octobre 2007 de négociations pour la résolution du conflit au Darfour.

Le rapprochement avec les Etats-Unis

Quant au rapprochement avec les Etats-Unis, en 2003, la Libye a accepté de mettre un terme à son programme d'armes de destruction massive, a ouvert ses sites aux contrôles de l'Agence internationale de l'énergie atomique et affirmé son soutien à la lutte contre le terrorisme. L'embargo unilatéral appliqué par les Etats-Unis a été levé le 23 avril 2004, après que la Libye eut également accepté de verser des compensations financières aux familles des victimes de l'attentat de Lockerbie. L'ouverture d'une ambassade américaine à Tripoli a suivi de peu l'annonce faite par la secrétaire d'Etat américaine Condoleeza Rice le 15 mai 2006 de la reprise de relations diplomatiques normalisées avec la Libye, qui étaient suspendues depuis plus de deux décennies.

L’approfondissement des échanges avec l’Europe

Les entreprises européennes ont joué un rôle non négligeable dans le développement des infrastructures de la Libye moderne, en dépit des fluctuations des relations politiques et diplomatiques, et ont en outre bénéficié de l'effacement du concurrent américain dans le secteur pétrolier durant les années de l'embargo américain. Au sortir de l'embargo, les relations avec l'Europe demeurent principalement commerciales, la Libye n'étant pour l'heure pas disposée à participer au projet d'Union méditerranéenne. Mais la Libye est également sollicitée dans la politique de lutte contre l'immigration clandestine maghrébine et subsaharienne vers l'Europe.

La normalisation complète des relations diplomatiques avec la Libye, ayant pour base un développement accru des échanges économiques, a eu lieu en 2007 avec le règlement d'un dossier qui a engagé directement la diplomatie européenne, celui de la tragédie des infirmières bulgares et du médecin palestinien accusés injustement d'avoir inoculé le virus du sida à 426 enfants libyens contaminés dans un hôpital de Benghazi. Détenus depuis 1999 et condamnés à mort par les tribunaux libyens qui n'ont jamais reconnu leur innocence, ils ont finalement été libérés le 24 juillet 2007 après de longues, complexes et parfois obscures tractations et négociations diplomatiques. Le ciel à présent sans nuages entre la Libye et l'Union européenne n'exclut pas certaines crises mineures avec certains Etats membres. Par exemple lorsque les relations avec l'Italie - complexes et denses du fait du passé colonial du pays et de son statut de premier partenaire économique de la Libye - se sont provisoirement refroidies suite aux émeutes de Benghazi en février 2006. Un ministre italien s'étant affiché avec un tee-shirt à l'effigie des caricatures du prophète Mohammed à l'origine d'une vive polémique internationale en 2005, les manifestations de protestations prenant le consulat italien pour cible furent alors sévèrement réprimées par la police libyenne causant des morts et des blessés libyens.

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