Guide Galicia : Population et langues
Le pays a connu de nombreuses invasions, à l'origine de types ethniques très variés. On estime que l'Espagne du XVIIe siècle comptait environ 7 millions d'habitants. La croissance de la population est d'abord lente (10,5 millions en 1800), avant de s'accélérer au XXe siècle à 18,5 millions en 1900 ; 23,5 millions en 1930 ; 30,5 millions en 1960 ; près de 46,7 millions en 2010. Cependant, depuis 1960, le taux de natalité a d'abord chuté (de 21 ‰ en 1960 à 15 ‰ en 1980 et à 9 ‰ en 1997), pour remonter progressivement depuis quelques années : de 9,2 ‰ en 2000, il est passé à 9,87 ‰ en 2010. En 2010, le taux de fécondité espagnol de 1,43 enfant par femme est l'un des plus faibles de l'Union européenne des 27.
Cependant, la baisse corrélative des décès et de la mortalité infantile rééquilibre le différentiel laissé par le faible taux de natalité et explique la progression démographique. L'Espagne fait désormais partie de ces pays dits " vieux " : les plus de 65 ans représentant 17,53 % de la population totale.
L'exode rural devient important à partir de 1960. Attirés par les emplois que créent les nouvelles industries ou les services tertiaires dans les villes, les ruraux abandonnent en masse la campagne et leurs emplois dans le secteur agricole, qui par ailleurs se mécanise. En trente ans, 7 millions de personnes, dont 500 000 en 1964, ont migré vers les villes, tandis que d'autres partaient à l'étranger. Dans les années 1990, le mouvement se ralentit. Madrid, Barcelone, Valence, Palma de Majorque et Málaga restent les lieux de vie privilégiés sur le plan national. L'Espagne est désormais un pays urbain : les villes concentrent 77 % de la population. En outre, la fécondité y est plus importante que dans les zones rurales. La population a majoritairement choisi d'habiter les provinces périphériques, laissant Madrid isolée au centre de la Meseta. Sur 46,7 millions d'habitants, plus de la moitié se concentre dans l'Espagne du Nord, principalement sur la côte atlantique (Pays Basque, Asturies, Galice).
L'Espagne est avant tout diverse. Traversé, parcouru ou occupé, le pays a hérité quelque chose de chacun des peuples qui y ont pénétré : Ibères, Celtes, Phéniciens, Grecs, Carthaginois, Romains, Vandales, Wisigoths, Arabes, Berbères, Francs. Pendant près de huit siècles, l'Espagne a été le creuset de trois cultures et de trois religions : chrétienne, juive et musulmane. Malgré la Reconquista, ces trois cultures se sont côtoyées, se sont enrichies de leurs mutuelles différences. Les chrétiens vivant sous la domination musulmane sont appelés mozarabes tandis que les musulmans habitant les territoires reconquis par l'Aragon et la Castille, sont nommés mudéjares. L'interculturalité a été la règle pendant des années, si ce n'est des siècles. Toutefois, à côté de ce trait, se révèle aussi une Espagne faite " de sang, de volupté et de mort ", celle de l'Inquisition, celle des conquistadores, celle aussi de la guerre civile et de la dictature, celle enfin qui perdure toujours à travers la corrida et qui nous apparaît dans les oeuvres de quelques grands maîtres, comme Goya ou Picasso, ou de grands poètes comme Garcia Lorca. Aux prises avec " le sentiment tragique de la vie ", pour citer Unamuno, l'Espagne chante et pleure, rit et crie, toujours intensément, jamais à moitié. Le pays a été très fortement marqué par la religion chrétienne et plus précisément le catholicisme. Dans ce domaine encore, le paradoxe est de règle. L'Espagne a donné naissance à Thomas de Torquemada, inquisiteur général de la Péninsule connu pour son intolérance, et à Jean de la Croix ou Thérèse d'Avila, deux mystiques qui cherchent la voie de Dieu dans l'extase amoureuse. L'Espagne oscille entre la fascination de la chute et l'éblouissement de l'ascension. Le héros espagnol, traversé par les contradictions de la terre dont il est issu, engendre également son envers, son absurde, la parodie de ce qu'il est. A l'image de don Quichotte, l'Espagnol ne cesse d'enchanter le réel. L'illusion comme drame et le picaresque comme moyen de conjurer le sort, voilà deux traits de la culture nationale. L'Espagne est excessive, à l'image de ses coutumes et traditions dont l'exemple le plus significatif est la diversité des langues. Face à une telle richesse, on serait presque tenté de la conjuguer au pluriel.
L'aspect le plus original de la Constitution espagnole de 1978 réside sans doute dans la façon de régler la question des nationalités régionales. Tout en affirmant, " l'unité indissoluble de la nation espagnole ", la Constitution " reconnaît et garantit le droit à l'autonomie des nationalités et régions qui en font partie ". Ainsi se trouve-t-on aujourd'hui en présence de 17 régions autonomes revendiquant chacune une culture et parfois une langue particulière. C'est pour des raisons d'ordre essentiellement politique que le castillan a été prédominant, devenant langue nationale. Le basque, parlé par environ 650 000 individus, n'a aucun rapport avec les autres langues. Très différentes les unes des autres, les régions renvoient parfois à de puissants héritages historiques, souvent même à d'anciens royaumes, comme c'est le cas de la Navarre ou des Asturies. Cependant ce n'est qu'au XIXe siècle, époque d'industrialisation et de commerce florissant, qu'apparaissent les revendications régionales là où le développement économique s'intensifie. C'est à cette époque qu'elles revêtent un contenu politique. Aujourd'hui sur les 17 régions recensées, 3 bénéficient d'un statut d'autonomie particulier : la Catalogne, la Galice et le Pays Basque. Depuis la reconnaissance des langues régionales, Galice s'écrit " Galizia " en galicien, et Pays Basque, " Euskadi " en basque.
Si la langue officielle de l'Espagne est l'espagnol, ou castillan, trois autres langues sont parlées dans la région du nord de l'Espagne, dont deux ont un statut officiel : le basque et le galicien. Quant au bable, ou asturien, il a le statut de langue historique.
" Je me souviens de la phrase d'Arturo Campión : que le basque monte vers les cimes et se réfugie en elles pour mourir plus près du ciel. "
Miguel de Unamuno
Comme la base de l'union des habitants de la région était la langue, ils se sont appelés Euskalherri : herri signifie " le peuple qui parle euskara ". L'unité de base du peuple basque, c'est la maison (etxea), où l'isolement et l'absence de contrôle culturel a provoqué l'éclatement de la langue en une infinité de dialectes et sous-dialectes parfois inintelligibles entre eux. On trouve la trace du basque en 1545, dans les poèmes de Dechepare, et, en 1571, dans le Nouveau Testament, publié en basque. Au XIIIe siècle, il figurait dans le guide des pèlerins à Compostelle et, au Xe siècle, dans les Gloses Emilianenses du monastère San Millán de la Cogolla. Avant le Xe siècle, c'est le trou noir, plus aucune trace ni d'indice. Les hypothèses sur l'origine du basque sont diverses : ressemblance avec les langues d'Afrique du Nord, origine caucasienne...
Les bertsolaris sont des poètes qui improvisent en basque. Ils s'affrontent dans des joutes oratoires où chacun redouble d'ingéniosité face à son adversaire. Même si on ne comprend pas un seul mot, le spectacle est saisissant.
La langue basque est essentiellement une langue de tradition orale. Un disque admirable de chansons basques pour les enfants, avec des berceuses sur fond sonore de harpe, est celui d'Olatz Zugasti, Bulun Bulunka.
Le basque est une langue très ancienne, dont on pense qu'elle a peut être été la première parlée par les hommes modernes (Homo sapiens), qui ont occupé l'Europe il y a 35 000 ou 40 000 ans. Le basque n'est pas une langue indo-européenne comme le latin ou le grec. Il est apparenté aux iénisséien (Sibérie centrale), caucasien, burushaski (nord du Pakistan), sino-tibétain, et na-déné. Ces langues appartiennent au groupe hétérogène déné-caucasien et leurs locuteurs sont localisés dans des endroits peu accessibles.
De nos jours, au Pays Basque, on dénombre 51,5 % d'hispanophones et 30,1 % de bilingues (espagnol et basque). En Navarre, il y a 81,3 % d'hispanophones.
Entre 1991 et 2006, le nombre de personnes parlant le basque est passé de 419 200 à 557 000. Pourtant son usage régresse, car c'est l'espagnol qui est privilégié en famille et en société.
Le galicien est une langue romane (indo-européenne), comme le français, le roumain, l'italien... Il a la particularité d'être très proche du portugais et également de l'asturo-léonais. Ces deux langues étant voisines de l'espagnol et du catalan, le galicien est facile à comprendre. Le galicien est parlé par plus de 80 % des Galiciens, qui sont tous bilingues (espagnol).
L'asturien, ou bable, est également une langue romane. Il est parlé par moins d'un million de personnes et n'a aucune reconnaissance officielle. C'est pourquoi, dans les Asturies, près de 90 % de la population s'exprime en espagnol.
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