Guide Leipzig : Arts et culture
Leipzig concentre de nombreux monuments emblématiques des grands styles architecturaux qui ont marqué l'Allemagne depuis le Moyen-Âge jusqu'à nos jours. Son bâti civil détient assez peu de bâtiments antérieurs au XVIIe siècle, notamment parce que son urbanisme a largement été remanié aux âges du baroque, du clacissisme et de l'Art nouveau. Leipzig n'est pas une ville du colombage allemand, loin s'en faut. La plus ancienne maison d'habitation préservée à Leipzig est la Maison de Schiller, une ancienne ferme de Gohlis, alors un village ; elle fut érigée en 1717 en pisé et colombage, avec des éléments d'architecture baroque. C'est récent, pour une ville allemande ! La vieille ville abrite de nombreux immeubles datant du début du XVIIIe siècle, arborant ainsi une substance urbaine d'apparence baroque, même si des éléments d'architecture plus anciens peuvent être trouvés à l'intérieur de ces maisons. Mais l'immense majorité du parc architectural de Leipzig est marqué par le XIXe siècle, et notamment par l'époque du Gründerzeit (1871-1914), et ce, sur un périmètre incroyable. Ainsi, elle est la ville qui compte le plus de monuments classés représentatifs du Jugendstil (Art nouveau, au sens large) d'Allemagne. Les années 1920-30, puis 1950-80 sont également passées par là, tant dans des quartiers périphériques que dans les " trous " laissés au coeur de certains coins de rues par les destructions de la guerre, rendant typique la proximité de bâtiments de différentes époques. Leipzig a également beaucoup construit dans les années 1990-2000, et le goût contemporain s'affiche tant dans la rénovation de l'ancien que dans la réalisation de nouveaux bâtiments.
Nous vous présentons ici une liste non exhaustive de monuments architecturaux représentatifs de courants ou d'époques.
Gothique : la Thomaskirche est la seule église gothique parfaitement préservée à Leipzig ; c'est un monument majeur de ce courant architectural en Saxe. La Nikolaikirche est de bâti gothique mais son intérieur est d'apparence baroque.
Renaissance : l'Altes Rathaus est l'un des plus beaux hôtels de ville Renaissance du pays et abrite la plus longue inscription murale en latin (elle fait tout le tour du bâtiment).
Baroque : L'intérieur de la Nikolaikirche est un fleuron de décoration intérieure baroque. La Bourse du commerce (Alte Handelsbörse) est un autre petit joyau du baroque ; mais elle est entièrement reconstituée à l'identique, après que l'original de 1687 eut brûlé en 1943. L'architecture civile baroque est bien représentée à Leipzig par plusieurs immeubles de la vieille ville, au premier rang desquels celui du musée du café Zum arabischen Coffeebaum qui date de 1711, ou encore les immeubles Romanushaus et Fregehaus sur la Katharinenstrasse. Le Gohlisser Schlösschen est un joli petit château baroque tardif, datant de 1755.
Gründerzeit / Jugendstil / Neo : La bourgeoisie marchande de Leipzig a laissé de nombreux monuments d'exception entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, époque dite Gründerzeit, dans le style communément appelé communément Jugendstil (Art nouveau), regroupant des courants divers comme l'Art nouveau stricto sensu, le néo-clacissime, le néo-gothique. En effet, cette bourgeoisie avait le goût pour les " néo ", imitation de styles anciens, cherchant ses racines dans le clacissisme ou au Moyen Âge. Les rues de la vieille ville, mais aussi les avenues du Südvorstadt, de Gohlis, Plagwitz ou du Waldstrassenviertel (le plus grand quartier d'architecture Gründerzeit ininterrompue) comportent de magnifiques immeubles néo-classiques. Parmi les monuments marquants, le Neues Rathaus est un exemple de monumentalisme historiciste, avec de nombreux éléments néo-médiévaux ; la Peterskirche est une imparable réalisation néo-gothique. La bibliothèque universitaire Albertina et le tribunal Reichgerichtsgebäude sont du plus pur néo-clacissisme. Certains versèrent dans le pur Jugendstil (Art nouveau), comme le Café Riquet dans la vieille ville, ou comme le célèbre passage marchand Mädlerpassage. La vieille ville est généralement célèbre pour l'architecture élégante de ses passages marchands : Barthels Hof, Speck's Hof, Städtisches Kaufhaus... Leipzig comporte aussi de beaux (et gros) exemplaires du monumentalisme wilhelmien des années 1900-1910 : la Hauptbahnhof et le Völkerschlachtdenkmal, monument de la bataille des nations.
Style industriel : L'industrie du XIXe siècle a laissé à Leipzig des monuments remarquables, qu'on peut admirer notamment à Plagwitz (Westwerk, Karl-Heine-Kanal, Baumwollspinnerei) ou dans le Südvorstadt (Werk II). De nombreuses usines, souvent décorées et très esthétiques, parsèment les faubourgs de la ville.
Modernisme : Les années 1920/30 ont laissé quelques traces à Leipzig, avec leurs différents courants du modernisme, influencé par l'épuration préconisée par le Bauhaus, et par les nouveaux matériaux de masse utilisés pour la construction, comme le béton armé. Ainsi, sur l'Augustusplatz, la Krochhochhaus (1927) fut l'un des premiers " gratte-ciel " d'Allemagne, entièrement réalisé en béton armé. Au sud-est de la ville, le Rundling fut l'un des premiers " ensembles planifiés " d'architecture moderniste dans les années 1920-30, construit en cercles concentriques dans un style visuel épuré et découlant en droite ligne du Bauhaus.
Epoque communiste : On ne peut pas exactement parler d'un " style communiste " en architecture, car le bloc de l'Est a connu les mêmes courants, parfois dans des variantes singulières et à des époques différentes, et les mêmes évolutions stylistiques que le bloc de l'Ouest. Ainsi, les années 1950 ont vu se mêler l'influence du modernisme d'avant-guerre, et notamment du style Bauhaus, à des accents de néo-clacissisme. Le meilleur exemple de réalisme socialiste, qui mêle néo-clacissisme, épuration des lignes et représentations idéologiques appuyées (bas reliefs idéalisant les ouvriers, représentant étoiles, faucilles et marteaux, est l'Opéra (1961). Les grands bâtiments qui bordent le Ring à hauteur de l'Augustusplatz en sont d'autres. La City-Hochhaus ou Uni-Turm, emblème de la ville, a elle été érigée en 1972 dans un style futuriste. C'était à son époque la plus haute tour d'Allemagne. La place Rossplatz, ensemble baroque avant guerre, est un bon exemple d'ensemble communiste d'apparat, dans un style post-Bauhaus, des années 1950. Comme elle, le Ring, autrefois baroque, est un bel exemple d'architecture de la RDA des années 1950. Les pavillons de l'Alte Messe (Vieille Foire), sont aussi de beaux exemples d'architecture d'apparat en RDA, des années 1950 aux années 1980 (le pavillon soviétique, avec l'étoile rouge). Le régime a aussi laissé des exemples typiques de Grands ensembles du bloc de l'Est des années 1970-80, notamment dans la cité nouvelle de Grünau, en banlieue de Leipzig.
Architecture contemporaine : Les rénovations du patrimoine leipzigois dans les années 1990 et 2000 ont ajouté à la substance patrimoniale de nombreux éléments de style contemporain : habillage de la City-Hochhaus en verre et métal, transformation des étages inférieurs de la gare Hauptbahnhof en centre commercial... Ces années ont vu également s'imposer des projets d'architecture contemporaine, faisant la part belle au verre, au métal et à la lumière, comme le centre commercial des Petersbogen, le nouveau musée des Beaux Arts ou plus récemment le centre commercial des Höfe am Brühl. Le Red Bull Arena / Zentralstadtion, stade inauguré pour la Coupe du monde de 2006 et utilisé par l'équipe Red Bull Leipzig fut une des grandes réalisations des dernières années. Mais le projet le plus titanesque des années 2000 fut la démolition de l'Université communiste et l'érection d'une université flambant neuve, axée sur le verre et le métal, très futuriste tout en citant l'histoire (chapelle Saint-Paul). Elle a été inaugurée en 2010.
Leipzig n'est pas détentrice d'un artisanat traditionnel et vous ne trouverez pas de souvenir d'artisanat typiquement leipzigois. La population aime parfois se référer à l'artisanat des monts Métallifères, dans le sud de la Saxe, très présent notamment pendant la période de l'Avent et sur les marchés de Noël avec ses figurines et ses méchanismes en bois.
En revanche, les quartiers " bobo " de la ville, Plagwitz et le Südvorstadt, regorgent de boutiques créatives de créateurs locaux, présents dans les domaines les plus divers : mode, artisanat d'art, design, décoration...
Une effigie de Jean-Sébastien Bach ou un disque d'archive acheté au Musée Bach
Une oeuvre d'art, grande ou petite, procurée à la Baumwollspinnerei, ou dans l'une des nombreuses galeries de Plagwitz, directement auprès des artistes
Un objet de déco, une création de mode ou d'art appliqué acheté dans l'une des boutiques créatives de Plagwitz ou de la Karl-Liebknecht-Strasse dans le Südvorstadt
Un souvenir classique, comme en vendent de nombreuses boutiques de la vieille ville et des centres commerciaux du centre (Höfe am Brühl, Promenade Hauptbahnhof) : T-Shirt I love Leipzig ou effigies de la City-Hochhaus
Sur le marché de l'Avent, un mug à vin chaud ou une pièce de crèches artisanales des monts Métallifères
Une Leipziger Lerche, pâtisserie, à consommer rapidement, ou bien quelques bières de la ville (Ur-Krostitzer, Reudnitzer...)
Un objet de brocante, par exemple sur l'Antik- und Trödelmarkt de l'Agra Messe, les derniers week-ends du mois
Ville d'art contemporain par excellence, Leipzig s'est notamment illustrée depuis des années dans le domaine de la performance, cette voie d'expression artistique aux frontières du happening, de la danse et du théâtre, et qui cherche à ancrer l'art dans le réel, le quotidien, la rue. En plus d'héberger de nombreux artistes de performance qui animent régulièrement la scène culturelle de Leipzig, la Messestadt est armée de son propre festival international de performance, Blauverschiebung, inauguré en 2008.
Le graffiti et l'art décoratif mural, qu'il soit illégal ou officialisé, est en plein effervescence à Leipzig, et ce depuis les années 1990. Notamment dans le Südvorstadt, à Connewitz et à Plagwitz, vous trouverez de nombreux graffs et affichages souvent humoristiques qui colorisent les murs de la ville. L'artiste le plus emblématique du succès mural à Leipzig est Michael Fischer-Art, dont la lubie est de décorer les immeubles de ses fresques mettant en scène des petits personnages multicolores. Son rêve serait de recouvrir toute la ville de son art... La municipalité lui a donné de nombreuses possibilités, d'abord dans le Südvorstadt où un immeuble entier de la Karl-Liebknecht-Strasse a été peint par ses soins, puis lors de la réfection du Ring à l'occasion de la Coupe du monde de Football en 2006, où Fischer-Art a pu se livrer à décorer des immeubles voués à être abattus, sur les thèmes mêlés du football et de l'histoire de Leipzig : les " 11 Leipzigois " y apparaissent, citoyens majeurs selon lui de Bach, Wagner et Leibniz au maire Jung...
Parmi les inclassables de la scène artistique de Leipzig, on peut citer Yadegar Asisi, artiste d'origine iranienne dont la spécialité est de composer des panoramas photographiques, selon la tradition développée en Allemagne au XIXe siècle, qui offrent des vues et reconstitutions à 360 °C, quasiment grandeur nature. Pour cela, Asisi a investi un ancien gazomètre dans le Südvorstadt, à la forme parfaitement ronde, qu'il a rebaptisé panometer pour exposer ses reconstitutions circulaires, de la Rome antique à la jungle en passant par la Bataille des Nations.
Leipzig n'est pas du tout une ville du cinéma : elle ne possède ni studio, ni école, ni maison de production et aucun réalisateur célèbre n'a été basé à Leipzig. Pas non plus de film majeur ayant été tourné à Leipzig ou dont l'action s'y produise.
En revanche, la ville de foires est peuplée de cinéphiles ! Leipzig est dotée de remarquables cinémas d'Art et d'Essai qui sont de véritables centres culturels, organisant également concerts, spectacles, pièces de théâtre, performances. La Schaubühne Lindenfels à Plagwitz, la Nato et le Prager Frühling dans le Südvorstadt ou encore UT Connewitz à Connewitz sont de remarquables institutions culturelles à Leipzig. Les programmateurs culturels de la ville sont aussi très coordonnés et Leipzig connait plusieurs festivals thématiques et des Filmwochen qui amènent des films rares et originaux à être diffusés dans la ville. Il y a ainsi la Semaine du Film français, et surtout le DOK, festival international du film documentaire et d'animation, qui gagnent chaque année en popularité. En octobre, c'est le plus ancien festival de film documentaire au monde ; il fêtera en 2017 ses 60 ans.
En été, ne manquez pas les projections en plein air de l'Hippodrome, événement très agréable.
Leipzig, comme dans tous les secteurs de l'art contemporain, est animée par une scène bouillonnante. Danse contemporaine, performance, de nombreux artistes évoluent dans la ville qui accueille plusieurs écoles de danse réputées. La Baumwollspinnerei, le grand vivier de l'Art contemporain à Leipzig, abrite par exemple l'ICZ, Centre de chorégraphie internationale, dirigé par la danseuse Montserrat Leon. Le Leipziger Tanztheater (LTT) est la plus grande école de danse contemporaine dans la ville, qui produit également spectacles et performances d'un grand niveau artistique. Les théâtres leipzigois sont aussi une plateforme d'expression privilégiée pour les artistes de performance et les danseurs, ainsi le Lofft à Lindenau. Le festival Euro-Scene de Leipzig, festival de théâtre contemporain européen, donne également une part belle à la danse.
Leipzig a été une ville littéraire majeure du XVIIIe et XXe siècles, notamment en raison de l'industrie du livre qui y était établie et qui en faisait un lieu clé de l'édition et de la distribution littéraire en Allemagne. Le Graphisches Viertel, dans l'est de Leipzig, a virtuellement vu déambuler les écrivains les plus marquants d'expression allemande. De plus, à l'époque classique, Leipzig était un centre intellectuel majeur. Des figures incontournables de la littérature allemande y séjournaient, fréquentant les salons et les cercles intellectuels. Goethe, Schiller, Lessing, autant de figures phare des Lumières et du classicisme qui ont étudié dans la Messestadt et qui y ont composé certaines de leurs oeuvres décisives (Faust, l'Ode à la joie, Nathan le Sage, etc.). Pendant le XIXe siècle, de nombreux écrivains influents étaient établis à Leipzig : Friedrich Semmig, Margareta Diersch, Louise Otto-Peters... Plus récemment, c'est Erich Kästner, célèbre auteur humoristique et orienté vers la jeunesse, qui eut une période leipzigoise. Pendant la RDA, on peut citer Gunter Preuss qui fut un intellectuel dissident actif.
Parmi les figures " locales " les plus emblématiques, il faut citer Lene Voigt (1891-1962), qui fut l'écrivain la plus célèbre d'expression saxonne, l'une des rares à avoir exploité ce dialecte pour produire poésie et prose.
Dans le sillon de l'Institut de Littérature de Leipzig, institution qui se réclame de la tradition du livre à Leipzig, une nouvelle génération d'écrivains a émergé dans la ville post-communiste. Deux figures montantes de la littérature allemande y sont installées, donnant à la Messestadt de nouvelles heures de gloire littéraire : Clemens Meyer qui situe la plupart de ses romans à Leipzig, et Matthias Senkel, auteur brillant et plein d'avenir. Stefan Schwarz, Martina Hefter et Jürgen Lehmann sont d'autres auteurs contemporains établis à Leipzig.
Clemens Meyer (1977)
Ce jeune écrivain est-allemand, né à Halle (Saale) et ayant grandi à Leipzig-Ost, a su mieux que tout autre se plonger dans la " racine du mal " de la génération perdue, celle qui s'est pris le changement de régime de plein fouet, celle qui était dans l'adolescence au début des années 1990. Son roman Quand on rêvait (2006), qui se déroule dans les bas-fonds du Leipzig des années 1990, est devenu porte-parole de toute cette génération qui a assisté aux duretés sociales, à la montée des mouvements néo-nazis, de la délinquance, à la pénétration des drogues parmi la jeunesse, aux pertes de repères identitaires. Meyer a qualifié sa jeunesse de " danse sur les ruines ". Ses autres oeuvres ont très largement la misère sociale comme toile de fond. Meyer est sorti lauréat de l'Institut littéraire de Leipzig 2003.
Matthias Senkel (1977)
Ce jeune écrivain originaire de Thuringe et établi à Leipzig est une autre figure montante de la littérature allemande. Représentant une génération issue de la RDA, cet auteur de prose et de poésie qui publie diverses anthologies dans le courant des années 2000 fait une entrée très remarquée auprès du grand public avec son roman Frühe Vögel (Oiseaux Précoces, 2012). Cette oeuvre éclectique et précise, à la fois réaliste, fantaisiste et pleine d'humour, retrace le parcours d'une dynastie d'inventeurs dans les temps bouillonnants de la fin du second Empire allemand, retraçant à cette occasion l'environnement culturel et idéologique de l'époque avec subtilité. Après avoir été artiste résident de la prestigieuse ville thermale de Baden-Baden, Senkel s'apprête à publier un nouveau roman qui révèle la " course à l'informatique " soviétique dans le contexte de la guerre froide.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, saviez-vous que Leipzig possède la seule école d'Allemagne destinée à former les futures plumes du pays ? Depuis 1995 en effet, il est possible de préparer ici, depuis les bancs de l'Institut de littérature allemand de Leipzig, un diplôme d'écrivain ! Un cursus universitaire singulier (imaginé par le célèbre écrivain, essayiste et traducteur Bernd Jentzsch) qui ne surprend au final pas tant que cela dans cette métropole qui a depuis toujours le livre chevillé au corps.
Il y a 370 ans, c'est à Leipzig que fut édité le premier quotidien du monde. L'histoire remonte précisément au mois de juillet 1650, lorsque l'imprimeur Timotheus Ritzsch publia les premiers numéros d'une parution intitulée Les Nouvelles récentes. Ce journal comportait quatre pages au contenu essentiellement politique. Edité sous format A5, il fut diffusé à environ 200 exemplaires quotidiennement.
C'est par ailleurs à Leipzig que vit le jour le premier journal illustré allemand, grâce à l'audace de l'éditeur Johann Jakob Weber, qui publia en 1843 le premier hebdomadaire du pays comportant des images. Une vraie révolution pour l'époque, qui allait définitivement donner un éclairage aux informations écrites, et apporter dans le même temps un intérêt grandissant des lecteurs pour la presse.
Le Duden, ah ce tendre... ou affreux Duden, c'est selon ! Toujours est-il que cette appellation vous évoque forcément quelque chose si vous avez suivi des études d'allemand à l'université, notamment si vous avez été ou êtes toujours un germaniste assidu. Le fameux dictionnaire allemand est en fait une sorte de bible pour tout apprenant se perfectionnant à la langue de Goethe. Sa première édition, signée de Konrad Duden en personne, date de 1880. Au fil de 187 pages, elle mettait en avant la juste orthographe de quelque 27 000 mots-clés de la langue allemande. De nos jours, le roi des dicos allemands comporte 130 000 termes, qu'il définit par le biais de 500 000 mises en situation.
Leipzig n'est pas une grande ville de médias et aucun des médias qu'elle abrite n'a de portée nationale ou internationale.
Depuis 1992, elle est le siège du grand groupe médiatique du sud de l'ex-Allemagne de l'est, Mitteldeutscher Rundfunk, MDR, qui édite plusieurs stations de radio et une chaîne de télévision et diffuse en Saxe, Thuringe et Saxe-Anhalt. Le groupe possède une partie de la City-Hochhaus, ex-tour de l'Université, parfois appelée aujourd'hui Tour MDR, et travaille dans un immense site, la MDR-City, dans l'Altenburger Strasse, dans le Südvorstadt.
Le grand journal de la ville est le Leipziger Volkszeitung LVZ, quotidien régional équivalent d'un Progrès, Dauphiné Libéré ou Républicain Lorrain pour Leipzig et l'ouest de la Saxe.
Une édition régionale du Bildzeitung, le plus important quotidien allemand en termes de ventes, est réalisée à Leipzig.
Leipzig n'a pas tout perdu de son passé de ville d'édition du livre. Malgré la fuite des maisons d'édition vers l'Allemagne de l'Ouest en 1945, certaines maisons d'éditions y sont toujours ou de nouveau basées, notamment spécialisées dans le domaine musical : Breitkopf & Härtel (éditeur musical le plus ancien au monde), Friedrich Homeister, Peters. Reclam en revanche, maison leipzigoise par excellence, a été déplacée à Stuttgart après guerre, et sa structure leipzigoise a été nationalisée sous la RDA. Réunie à la maison Reclam dès 1990, la branche de Leipzig a définitivement fermé en 2006. Il en va de même pour Glodmann, déplacé à Munich après guerre.
Sans nul doute, Leipzig est une ville clé de la grande tradition musicale allemande, du baroque au romantisme. Ville d'artistes et d'intellectuels, elle fut l'un des séjours préférés des compositeurs du XVIIIe au XIXe siècles, dans le sillage de ses institutions musicales :
Le Thomanerchor, choeur de l'église Saint-Thomas, créé en 1212, encore existant aujourd'hui et dont Jean-Sébastien Bach fut le directeur de 1723 à 1750.
Les orgues des églises Saint-Thomas et Saint-Nicolas, dont Bach fut également le maître, dans la tradition protestante. L'orgue de Saint-Nicolas est aujourd'hui encore l'une des plus réputées d'Allemagne et ses concerts, souvent gratuits, sont des sommets du genre.
La Gewandhaus, maison des concerts, avec son orchestre symphonique, qui compte parmi les plus prestigieux. Elle fut fondée en 1781 et fut dirigée notamment par Felix Mendelssohn-Bartholdy de 1835 à 1848 et par Kurt Masur de 1970 à 1996. Son directeur actuel est Riccardo Chailly, brillant chef d'orchestre italien. La Gewandhaus joua un rôle central dans l'histoire musicale allemande. Elle a accueilli de nombreuses premières de grands compositeurs : Mozart, Robert Schumann, Clara Schumann, Paganini, Von Weber, Liszt, Berlioz, Chopin, Brahms, Wagner et bien sûr Mendelssohn-Bartholdy lui-même.
L'Opernhaus, l'Opéra de Leipzig qui comme la Gewandhaus changea plusieurs fois de bâtiment, existe depuis 1693. Quelque peu dans l'ombre de la Gewandhaus, l'Opéra de Leipzig n'en accueillit pas moins les premières oeuvres ou mises en scènes de renom, comme celle de Oberon de Carl Maria von Weber en 1826, Genoveva de Robert Schumann en 1850, Grandeur et décadence de la ville de Mahagonny de Berthold Brecht et Kurt Weil en 1930, Catulli Carmina de Carl Orff en 1943 ou l'Orphée et Eurydice de Gluck par la danseuse d'avant-garde Mary Wigman en 1947. Gustav Mahler y travailla en 1886, assistant du directeur d'alors Arthur Nikisch.
Parmi les compositeurs dont l'histoire a rejoint celle de Leipzig, on peut citer Jean-Sébastien Bach et Felix Mendelssohn-Bartholdy qui en firent leur résidence principale, Richard Wagner qui y naquit, Clara Wieck-Schumann, également leipzigoise et qui amena à y vivre un temps son mari Robert Schumann ; Johannes Brahms, ami des Schumann, qui fréquenta assidument la ville, et aussi Georg Filipp Telemann, Edvard Grieg, Gustav Mahler, Albert Lortzing et Hanns Eisler qui y demeurèrent un temps.
Aux yeux du monde entier, Leipzig est souvent vue avant tout comme " la ville de Bach " ". Il faut dire que la région ne manque pas de noms de prestige dans le domaine de la musique, entre Halle (Saale) " ville de Haendel " et Zwickau " ville de Schumann ". Leipzig pourrait d'ailleurs aussi se targuer plus souvent d'être " la ville de Wagner " ou " la ville de Mendelssohn ". Mais Jean-Sébastien Bach (1685-1750) y tient une place à part. Tout d'abord, Leipzig n'est pas sa ville natale, mais sa ville d'adoption, celle où il se réalisa musicalement - Wagner choisira Bayreuth. C'est ici dans la Messestadt que Bach réalisa son immense oeuvre. Ensuite, Bach est pour beaucoup l'un des musiciens germaniques les plus doués et les plus influents de tous les temps, membre du fameux quatuor de tête BBMW (Bach-Beethoven-Mozart-Wagner). Bach fut le roi du Baroque allemand. Et il règna depuis Leipzig. Ce Thuringien formé à Weimar et en Anhalt, puis nommé Kantor de la Thomaskirche de Leipzig en 1723 (maître d'orgue et directeur musical des églises Saint-Thomas et Saint-Nicolas), passera toute sa vie dans la métropole saxonne et c'est là qu'il composera son abondante et prolifique oeuvre. Jusqu'à sa disparition en 1750, c'est dans les églises de Leipzig que naîtront les Toccatas, Préludes, Passions, Motets et Cantates si avant-gardistes qu'elles sont aujourd'hui considérées comme les premières pièces de musique moderne. Un temps oublié, Bach est aujourd'hui l'une des références absolues de la musique occidentale et l'une des raisons du tourisme à Leipzig, voyageurs venus visiter les églises et le Bach-Museum, installé dans son ancienne maison, juste en face de la Thomaskirche.
Dans l'histoire de la peinture allemande, Leipzig n'a longtemps pas été une ville majeure ; elle n'a pas été le foyer d'école ou de mouvement artistiques influents, au contraire de Dresde avec Die Brücke, de Munich avec Der Blaue Reiter de Berlin avec la Nouvelle Objectivité. Leipzig a vu naître le grand artiste Max Beckmann, mais le maître avant-gardiste s'est installé dans d'autres villes pour poursuivre sa vie d'artiste (Baden-Baden, Berlin, New-York). Max Klinger a en partie vécu et créé à Leipzig, mais il a également été actif à Berlin ou Vienne et choisit finalement sa maison familiale de Grossjena (à Naumburg) pour y passer la dernière partie de sa vie. C'est finalement à l'époque de la RDA que Leipzig s'est faite remarquée pour ses générations successives d'artistes visuels, très inscrits dans le monde académique et tous membres de la Hochschule für Grafik und Buchkunst fondée en 1949.
Elle l'est devenue tout d'abord dans les années 1960-70, avec des peintres professeurs et parfois recteurs de la Hochschule. Bien que très ancrés dans le système, ces artistes dépassaient largement le cadre du réalisme socialiste et leurs oeuvres s'illustraient par un important figuratisme, une narrativité socialiste, un héritage de l'expressionnisme et de la nouvelle objectivité et un certain monumentalisme. Werner Tübke, qui fut l'un des plus grands artistes de la RDA, est le plus célèbre représentant de cette Leipziger Schule dite de la première génération. A la fois célébré par le régime et formellement assez libre, il a réalisé des oeuvres monumentales comme le Panorama de la Guerre des Paysans allemands exposé à Bad Frankenhausen en Thuringe. Bernhard Heisig est un autre représentant de la Leipziger Schule, avec une oeuvre partie du réalisme socialiste pour aller vers l'abstrait, ainsi que Wolfgang Mattheuer, célèbre surtout pour sa sculpture.
Dans les années 1980, on a qualifié d'Ecole de Leipzig de la Deuxième génération les peintres Arno Rink et Sighard Gille, entre autres. Ce dernier a signé l'imposante fresque de la Gewandhaus. Elèves de Tübke, Mattheuer et Heisig à l'école de graphisme leipzigoise, héritiers directs de leurs maîtres sur le plan esthétique, ils ont produit une oeuvre plus éloignée du contenu socialiste que celle de leurs pères spirituels.
Depuis la fin des années 1990 la Neue Leipziger Schule, " Nouvelle Ecole de Leipzig ", parfois appelée " Ecole de Leipzig de troisième génération ", a repris le flambeau de cette école, toujours dans le monde académique puisque le mouvement s'inscrit encore dans la Hochschule für Grafik und Buchkunst. Elle a été fondée puis incarnée par son maître Neo Rauch, tenant d'un art contemporain figuratif et monumental, combinant post-modernisme, surréalisme et influences esthétiques du réalisme socialiste. Une nébuleuse d'artistes aux orientations artistiques diverses, mais dont le point commun est l'importance du figuratisme dans l'art contemporain, gravite dans ce mouvement. Citons Hans Aichinger, Tim Baumgärtel, également actifs dans le complexe de la Baumwollspinnerei ou encore Katrin Heichel, Paule Hammer et Tim Eitel.
Des oeuvres de tous les artistes cités sont exposées au musée des Beaux-Arts de Leipzig.
Né en 1960, Neo Rauch, enfant de Leipzig, est sans nul doute le peintre contemporain le plus célébré d'Allemagne et le plus prisé internationalement. Héritier des influences contrastées du réalisme socialiste monumental, de l'expressionnisme et du surréalisme, cet artiste de synthèse, très conscient de l'Histoire et de la culture est le fondateur de la célèbre Nouvelle Ecole de Leipzig qui rencontre depuis la fin des années 1990 un succès impressionnant sur le plan international. Tenant d'un art contemporain figuratif, il a réalisé de nombreuses oeuvres monumentales, à la fois narratives et déconstructivistes, qui figurent un réel où le fil conducteur de l'Histoire est brisé et mène au chaos, où les éléments sont à la fois reliés entre eux et destructurés. Une montagne abritant une cabane en bois où se tiennent des hommes habillés comme au XVIIIe siècle, reliée par une autoroute folle et sinueuse à une barre HLM typiquement communiste, voilà le type de représentations relayées par Neo Rauch. Sa carrière s'est entièrement construite au sein du monde académique de Leipzig, où il a gravi les échelons. Au début des années 2000, le monde des galeristes américains a découvert cet artiste qui représente pour eux le chainon manquant entre " l'exotisme de l'Est " enfoui, le réalisme socialiste de naguère et le post-modernisme. Le prix de ses toiles a grimpé en flèche. Dans son sillage, c'est toute la Leipziger Akademie que le monde de la peinture s'arrachait en un temps record. Depuis, tout membre de la " Nouvelle Ecole de Leipzig " et par extension tout peintre contemporain basé à Leipzig jouit d'une aura décuplée. Neo Rauch vit à Markkleeberg, banlieue sud de Leipzig, et se dit perpétuellement inspiré par Leipzig et sa région dans son processus créatif.
Leipzig a été la patrie et l'un des lieux majeurs de la vie et de l'oeuvre de Max Klinger, l'un des maîtres allemands du symbolisme, à la fois peintre, graphiste, dessinateur et sculpteur. Au musée des Beaux-Arts de Leipzig, on peut notamment admirer son Beethoven, une sculpture magistrale réalisée en ivoire, verre et métal.
L'autre sculpteur leipzigois le plus célèbre est sans doute Wolfgang Mattheuer, dont le bien connu " Pas du siècle ", personnage très symbolique faisant un grand pas avec une jambe, trône sur la Grimmaische Strasse à deux pas du Markt (et dont des variantes habitent aussi les rues de Bonn, Potsdam ou Berlin).
Leipzig est une ville aux drôles de traditions. Le carnaval ? Très peu suivi. Costumes folkloriques saxons ? Bien peu sont ceux qui sauront vous dire à quoi ils ressemblent. Musique traditionnelle ? Encore plus enfouie. Fêtes religieuses ? 80% de la population est athée. Si, il y a bien les Reformationsbrötchen, brioches à cinq têtes vendues par toutes les boulangeries le jour de la Fête de la Réforme, chaque 31 octobre, grande spécialité leipzigoise. Et les Weinachtsplätzchen, sablés mis au four dans toutes les bonnes familles pour Noël. Et bien sûr le grand marché de Noël médiéval, qui met le centre-ville en fête autour du Markt pendant toute la période de l'Avent, à l'image de ce qui se passe partout en Allemagne. Mais en dehors de ces quelques inévitables, on peut vraiment dire que Leipzig est une ville anti-traditionnelle. Ou plutôt que les traditions y sont d'un autre style : déferlements de gothiques en costumes et maquillages sur les rues de la ville pour la Pentecôte, concerts de punk, rock ou ska pour " fêter " l'anniversaire de la mort d'Hitler le 30 avril, descente du mont Fokeberg en caisses à savon, joutes nautiques sur des embarcations de fortune sur le bassin du monument de la Bataille des Nations... Le petit peuple alternatif de Leipzig s'est construit tout un univers et un imaginaire, ponctué par ses festivals qui sont des événements attendus, dont certains - à l'image du Wave-Gotik-Treffen - sont devenus de portée internationale. Leipzig a réinventé ses traditions ces 25 dernières années, et c'est cet élan-là qui est au coeur de l'identité de ses habitants.
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