Guide de la Côte nord Espagne : Mode de vie
Depuis les années 1970, l'Espagne a vécu des bouleversements politiques et sociaux qui ont radicalement transformé sa configuration. De la movida des années 1980 aux années 2000, le pays s'est métamorphosé ; il est passé d'une société figée par quarante ans de dictature à une société du mouvement. Animée par une force vitale longtemps réprimée, l'Espagne bouillonne encore, et se doit de faire face à des nouvelles mutations et de nouveaux défis.
La structure familiale est encore extrêmement regroupée et il n'est pas rare de voir cohabiter trois générations sous le même toit ! Les jeunes, même lorsqu'ils travaillent, restent chez leurs parents jusqu'à ce qu'ils se marient. Une fois mariée, la fille conserve son nom de jeune fille, auquel elle ajoute celui de son mari, qui en fait de même. A la naissance, l'enfant porte obligatoirement le nom du père et celui de la mère (il prend le premier nom de son père et le premier de sa mère). Cet ordre peut être inversé, mais l'ordre choisi pour le premier enfant devra être respecté pour le (s) suivant (s). Lopez, Muñoz, F. González et Martinez sont quelques-uns des noms de famille les plus courants. Vous en trouverez des pages entières dans le Bottin ! Le " z " final signifie " fils de ".
En même temps que la grande révolution politique et culturelle de l'après-dictature, la situation des femmes a beaucoup évolué. Avant la chute du franquisme, elles étaient plutôt assignées aux trois " C " : la cuisine, les chiquillos (les gosses) et le curé. Aujourd'hui, la plupart vivent relativement tard chez leurs parents, font bien plus d'études que leur mère et se marient donc plus tard (l'âge moyen du premier mariage est passé de 24 à 30 ans en une génération). Leur taux d'activité progresse en moyenne d'un point par an. Elles sont aujourd'hui 54,9 % à travailler, dont près de 65 % parmi les 25-54 ans. Comme souvent, elles sont plus touchées par le chômage : 19,1 % (INE 2010) contre 18,6 % pour les hommes. L'écart salarial est lui aussi très important : entre 20 et 30 % de moins par rapport à leurs collègues masculins.
Le taux moyen de fécondité est de 1,43 enfant par femme et l'âge moyen pour le premier enfant est de 31 ans. Les moyens de garde et la politique d'aide à la famille sont quasi absents. Les postes à haute responsabilité sont en outre beaucoup moins souvent offerts aux femmes : elles sont moins de 2,5 % dans les conseils d'administration des entreprises de l'Ibex 35 (le CAC 40 espagnol). Toutefois, le gouvernement Zapatero donne l'exemple en appliquant la parité à la lettre au sein de ses ministres.
Bien que la Constitution de 1978 soit laïque et ne reconnaisse par conséquent aucune religion officielle, l'Espagne demeure un pays encore fortement marqué par la tradition chrétienne catholique. Très présente et très pratiquée jusqu'aux années 1970, la religion est actuellement en perte de vitesse, notamment chez les jeunes citadins. L'Eglise, qui a longtemps bénéficié d'une grande audience, perd aujourd'hui son influence sur la vie quotidienne des fidèles. Elle parvient difficilement à maintenir les vocations sacerdotales (le nombre des séminaristes est passé de 8 000 en 1960 à 1 800 en 1975) et ses membres se font vieux. Les effectifs des ordres monastiques baissent aussi considérablement. La conception de la laïcité espagnole diffère de celle que l'on connaît en France. Citons deux grandes différences : en Espagne, si l'on se marie à l'Eglise, on n'a pas besoin de repasser devant le maire. Et le gouvernement continue à verser des millions d'euros chaque année à l'Eglise catholique, argent qui sert à la rémunération des prêtres et à l'entretien des édifices.
Le vote d'une loi réduisant le poids de la religion dans l'enseignement, en décembre 2005, a marqué une rupture et a rencontré l'opposition de l'Eglise et du PP (Parti populaire), déjà opposés au mariage des homosexuels. L'épiscopat espagnol conteste le gel d'une loi votée sous le gouvernement précédent, qui rendait le cours de religion obligatoire à l'école et décisif pour l'accès aux classes supérieures et universitaires. La nouvelle loi accorde cependant aux familles la possibilité de suivre un enseignement religieux non obligatoire et non pris en compte pour l'accès à l'université.
La scolarisation en Espagne est obligatoire et gratuite pour tous les enfants, entre 6 et 16 ans. L'enseignement scolaire est divisé en trois sections : école maternelle, de 3 à 6 ans, école primaire, entre 6 et 12 ans, et secondaire. Cette dernière s'étend sur quatre ans, entre 12 et 16 ans. Le titre de diplômé ESO (Education secondaire obligatoire) permet d'accéder au bachillerato, deux années de plus qui mènent aux études universitaires. La grande différence avec la France réside dans le système d'entrée à l'université : pendant le bachillerato les élèves obtiennent une moyenne qui s'additionne à la moyenne de la PAU (Preuve d'accès universitaire). Cette série d'épreuves se déroule pendant une semaine, à raison de deux examens par jour. La moyenne obtenue déterminera l'accès à une branche universitaire. Par exemple, les notes de l'année 2010-2011 nécessaires pour faire médecine à l'université de Bilbao ont été de 8,24/10. Après l'entrée à l'université, le fonctionnement espagnol s'apparente au français, avec trois cycles universitaires, sur 3, 5 et 8 ans.
Comme en France, le système de santé espagnol est largement financé par les cotisations salariales et patronales et géré par les pouvoirs publics. De plus en plus techniques et innovants, les hôpitaux sont en charge d'une population dont l'espérance de vie, comme dans tous les pays industriels, atteint à présent 80 ans en moyenne. Les carences alimentaires ont été éradiquées. La vaccination généralisée a induit une baisse considérable de la mortalité infantile. En 20 ans, l'Espagne a atteint le niveau de ses voisins européens. La santé publique est gratuite, que l'on soit chômeur, travailleur ou étranger ; la sécurité sociale espagnole prend en charge tous les frais médicaux. Les citoyens européens peuvent également bénéficier de la sécurité sociale espagnole durant leur séjour sur le territoire, il leur suffit de se procurer la Carte européenne d'assurance maladie (CEAM).
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