Guide de Vatican : Mode de vie

Vie sociale
Les ordres de chevalerie pontificaux

Il ne reste plus que cinq ordres de chevalerie qui soient attribués par le Saint-Père. Il s'agit, par ordre protocolaire, de :

L'ordre suprême du Christ. Créé en 1319 sous le vocable de Milice de Jésus-Christ. Il est réservé depuis Paul VI aux chefs d'Etat et aux souverains catholiques. Il n'a qu'une seule classe.

L'ordre de l'Eperon d'or. Créé en 1559, il conférait la noblesse à son titulaire et à leurs descendants. Depuis Paul VI, il est aussi réservé aux chefs d'Etat chrétiens.

L'ordre de Pie. Il a été créé, dans sa conception actuelle, en 1847. Il n'anoblit plus ses titulaires depuis 1939.

L'ordre de Saint-Grégoire le Grand. Il a été créé en 1831. Il est décerné pour des mérites civils ou militaires, et se décline en trois classes.

L'ordre de Saint-Sylvestre. Il a été créé en 1841. Il est décerné aux laïcs engagés activement dans un apostolat, de même qu'à des non-catholiques. Il se décline en trois classes civiles et militaires.

Les autres ordres, comme le Saint Sépulcre, Saint-Lazare et Malte, ne dépendent pas du Saint-Siège.

Religion
Les premiers temps du christianisme
Les écrits vétérotestamentaires

La Bible chrétienne, divisée en soixante-treize livres indépendants, se décompose en deux grandes parties, l'Ancien et le Nouveau Testament. Ce sont quarante-neuf livres qui constituent, selon la déclinaison de la Vulgate (la bible latine catholique), l'Ancien Testament, que l'on appelle aussi les écrits vétérotestamentaires.

Le premier d'entre eux est la Genèse, qui décrit la création de l'univers et de l'homme, le péché d'Adam et Eve, les vies de Noé, d'Abraham, de Jacob, de Joseph. La Genèse appartient à un groupe de cinq livres appelé le Pentateuque.

Beaucoup de ces textes anciens ont d'abord appartenu à la tradition orale, chantée ou déclamée. Ils ont ensuite été écrits par des rédacteurs différents. Selon le dogme catholique, la Bible et ses livres n'ont pas été dictés par Dieu à l'homme ; Dieu les lui a inspirés.

Pendant longtemps, l'interprétation des textes bibliques a été très contrainte, jusqu'à ce que la lecture historico-critique, proposée par le père Marie-Joseph Lagrange, prêtre dominicain, fondateur de l'école biblique de Jérusalem, soit enfin admise au début du XXe siècle.

Cette nouvelle exégèse a donné du souffle à la Bible et à l'Eglise catholique.

La tradition messianique

La Bible hébraïque pose à plusieurs reprises une attente, celle d'un messie, un sauveur, issu de la maison de David. Le livre prophétique d'Esaïe donne aux croyants du peuple hébreu des indices de la venue du Messie. " Aussi bien le Seigneur vous donnera-t-il lui-même un signe : Voici que la jeune femme est enceinte et enfante un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel. " (Es 7, 14-15.) Ou bien encore " Car un enfant nous est né, un fils nous est donné. La souveraineté est sur ses épaules. On proclame son nom : Merveilleux, Conseiller, Dieu Fort, Père à jamais, Prince de la Paix. Il y aura une souveraineté étendue et une paix sans fin pour le trône de David et pour sa royauté qu'il établira et affermira. " (Es 9, 5-6.) Et aussi " Devant le Seigneur, celui-là végétait comme un rejet, comme une racine sortant d'une terre aride ; il n'avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions. Il était méprisé, laissé de côté par les hommes, homme de douleurs, familier de la souffrance. " (Es 53, 2-3.)

Le catéchisme de l'Eglise catholique énonce que " Christ vient de la traduction grecque du terme hébreu Messie qui veut dire " oint ". Il ne devient le nom propre de Jésus que parce que celui-ci accomplit parfaitement la mission divine qu'il signifie. (...) Il fallait que le Messie soit oint par l'Esprit du Seigneur à la fois comme roi et prêtre, mais aussi comme prophète. Jésus a accompli l'espérance messianique d'Israël dans sa triple fonction de prêtre, de prophète et de roi. " (§ 436.)

L'Annonciation

Le Nouveau Testament est constitué de vingt-quatre livres comprenant les quatre Evangiles, les Actes des Apôtres, les Lettres et l'Apocalypse. Il est la spécificité chrétienne de la Bible, puisqu'il décrit la vie de Jésus, de sa naissance à sa mort, et les événements des premières communautés chrétiennes, de la résurrection du Christ à l'envoi des apôtres vers leur mission d'annonce de la Bonne Nouvelle.

C'est dans le premier livre du Nouveau Testament, l'Evangile selon saint Matthieu, que la lignée entre Abraham et Jésus est reconstituée. " Jessé engendra le roi David, David engendra Salomon. (...) Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie, de laquelle est né Jésus, que l'on appelle Christ. Le nombre total des générations est donc : quatorze d'Abraham à David, quatorze de David à la déportation de Babylone, quatorze de la déportation de Babylone au Christ. " (Mt 1, 1-17.)

Joseph s'est marié à une jeune femme du nom de Marie. Il s'aperçoit qu'elle est enceinte, mais ne désire pas la répudier publiquement ; il ne veut pas qu'elle soit lapidée pour l'acte sexuel hors mariage dont il la soupçonne. L'Evangile selon saint Matthieu rapporte que l'archange Gabriel vient lui dire en songe que " ce qui a été engendré en Marie vient de l'Esprit Saint et elle enfantera un fils auquel Joseph donnera le nom de Jésus, car c'est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ". (Mt 1, 20-21.)

L'annonce de sa grossesse faite à Marie par le même archange et que les peintres ont souvent représentée sous le titre théologique de l'Annonciation, est relatée dans l'Evangile selon saint Luc. " Sois sans crainte Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas être enceinte, tu enfanteras un fils et tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand et sera appelé fils du Très Haut. Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père. (...) Marie dit à l'ange : " Comment cela se fera-t-il puisque je suis vierge ? " L'ange lui répondit : " L'Esprit saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre ; c'est pourquoi celui qui va naître sera saint et sera appelé Fils de Dieu. " (Lc 1, 26-38.)

Magnificat

Lorsque Marie rend visite à sa cousine Elisabeth, elle découvre sa vieille parente enceinte de celui qui deviendra Jean le Baptiste, appelé aussi le Précurseur, parce qu'il vient avant son cousin, Jésus, dont il annonce la venue.

Elisabeth est avertie par l'Esprit Saint que Marie est enceinte, elle aussi. Elle lui dit : " Tu es bénie plus que toutes les femmes, béni aussi est le fruit de ton sein. " Cette phrase est reprise dans l'Ave Maria. Marie, de joie, lui répond la prière du Magnificat qui est chantée chaque jour par les catholiques ; au moment des vêpres, l'office de la fin de l'après-midi.

" Mon âme exalte le Seigneur,

Exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !

Il s'est penché sur son humble servante ;

Désormais, tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;

Saint est son nom !

Son amour s'étend d'âge en âge

Sur ceux qui le craignent.

Déployant la force de son bras,

Il disperse les superbes.

Il renverse les puissants de leurs trônes,

Il élève les humbles.

Il comble de biens les affamés,

Renvoie les riches les mains vides.

Il relève Israël, son serviteur,

Il se souvient de son amour,

De la promesse faite à nos pères,

En faveur d'Abraham et de sa race, à jamais. "

La naissance et la jeunesse du Christ

Saint Luc rapporte qu'un édit de l'empereur Auguste demande qu'un recensement soit effectué dans toutes les provinces administrées par Rome. Joseph doit se rendre à Bethléem, en Judée, qui est la ville d'origine de la maison de David à laquelle il appartient. Avec Marie, ils quittent Nazareth et arrivent à Bethléem, où ils ne trouvent plus de place à l'auberge. Ils trouvent refuge sous un abri, grotte ou étable, où naît Jésus.

C'est saint Matthieu qui rapporte la visite des Mages dont on dit par ailleurs qu'ils venaient des royaumes sudarabiques. Ces savants ont vu dans les astres que le " roi des Juifs " était né et viennent demander au roi Hérode où il se trouve. Celui-ci, terrassé par la nouvelle que le Messie pourrait être né et serait amené à le remplacer, convoque les prêtres qui lui disent que la prophétie veut que ce soit à Bethléem qu'il naisse. Il en informe les Mages, qui trouvent l'enfant et lui rendent hommage. Plutôt que de revenir à Jérusalem et de confirmer auprès d'Hérode la naissance de l'enfant, ils quittent Jésus et sa famille par un autre chemin. Hérode, de rage, ordonne la mort de tout enfant mâle de moins de deux ans qui sera trouvé à Bethléem. L'archange Gabriel a informé Joseph bien avant de ce qui se trame, et la Sainte Famille fuit en Egypte, laissant dans ce pays une tradition de dévotion qui perdure jusqu'à nos jours, dans les lieux où Joseph, Marie et Jésus seraient passés avant de revenir à Nazareth.

Il y alors peu de récits évangéliques sur la jeunesse de Jésus, sinon dans l'Evangile selon saint Luc, où plusieurs événements se déroulent dans le temple de Jérusalem. Jésus rencontre Siméon, connu pour sa piété, qui déclare à l'enfant : " Maintenant, Maître, c'est en paix, comme tu l'as dit, que tu renvoies ton serviteur. Car mes yeux ont vu ton salut que tu as préparé face à tous les peuples : lumière pour la révélation aux païens et gloire d'Israël ton peuple. " Un peu plus tard, Joseph et Marie qui l'avaient perdu, retrouvent Jésus au milieu des prêtres. Quand Marie lui dit combien son père et elle-même étaient angoissés à la pensée de l'avoir égaré, Jésus lui répond, sans qu'elle comprenne alors : " Pourquoi me cherchez-vous ? Ne saviez-vous pas qu'il me faut être chez mon Père ? "

Il n'y a plus, après cet épisode, aucune mention de la vie de Jésus jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de trente ans.

La vie de Jésus, les quatre Evangiles

Les quatre évangélistes ne rapportent pas les mêmes événements de la vie de Jésus. Leurs textes ont été écrits après la mort du Christ et leur transcription reflète à la fois leur sensibilité et les événements auxquels ils ont participé. Matthieu était un percepteur d'impôts d'origine juive ; Marc n'a pas de métier constaté et est aussi d'origine juive ; Luc est un médecin de culture grecque ; Jean est le plus jeune et a écrit un Evangile plus mystique. Une lecture comparée des quatre Evangiles, surtout des trois premiers que l'on appelle synoptiques, donne une vision claire des trois dernières années de la vie du Christ.

La vie publique de Jésus débute avec son baptême dans les eaux du Jourdain, par son cousin Jean Baptiste. Jean le Précurseur est un exalté de Dieu, il dérange par ses paroles quand il déclare : " Moi, je vous baptise d'eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de délier la lanière de ses sandales. Lui, il vous baptisera dans l'Esprit Saint et le feu. " (Lc 3, 16-17.) C'est ainsi que Jean baptise Jésus dans les eaux du fleuve. Hérode, irrité par Jean Baptiste, le fait arrêter. Il aura la tête tranchée à la demande de la belle-soeur du roi, Hérodiade.

Jésus se pose en prédicateur d'un message nouveau, qui s'oppose à la loi juive telle qu'elle est enseignée par les grands courants religieux de l'époque. Il choque les Pharisiens, tenants d'une application à la lettre des textes, quand il se réfère peu à la Torah, tout comme les Sadducéens, qui ont une approche comparable. Ces deux grandes familles théologiques siègent au sanhédrin, le conseil des prêtres et de l'interprétation de la loi. Jésus, entouré de disciples qu'il choisit, parcourt la Palestine à la rencontre de tous et, surtout, des rejetés que les pharisiens évitent pour préserver leur pureté. Ses discours, ses paraboles, ses miracles dérangent de plus en plus.

Le procès et la mort de Jésus

Jésus sait que sa mission d'apporter un message nouveau ne peut que se terminer par sa mort. En tant qu'homme, il sent approcher son destin et il l'annonce régulièrement dans ses déclarations que rapportent les Evangiles. Au moment de la pâque juive, il monte à Jérusalem avec ses disciples qu'il réunit pour un dernier repas, la Cène. Les catholiques célèbrent ce dernier repas à chaque messe. Il y partage le pain et le vin, instituant l'Eucharistie, qui signifie " action de grâce ".

Il quitte ensuite la salle où a eu lieu ce repas et se rend au jardin des Oliviers, avec quelques disciples. Il y prie dans un dialogue avec Dieu d'une grande intensité. Sachant que sa fin est proche, il dit : " Père, si tu veux écarter de moi cette coupe... Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté mais la tienne qui se réalise ! " Fortifié par sa prière, il attend avec calme le moment de son arrestation. Il est livré par un de ses disciples dont il savait qu'il le trahirait : Judas.

Le sanhédrin le convoque alors pour le juger. La théologie juive est claire : le Messie attendu par les juifs est un homme, de la lignée de David ; c'est ce qu'est Jésus. Mais le Christ, qui prétend bien être le Messie, dit aussi être le Fils de Dieu, Dieu lui-même. C'est trop pour les Pharisiens et les Sadducéens, qui lui demandent s'il est le Messie.

Jésus leur répond : " Si je vous le dis, vous ne me croirez pas ; et si j'interroge, vous ne me répondrez pas. Mais désormais le Fils de l'homme siègera à la droite du Dieu puissant ! " Le sanhédrin lui demande alors : " Tu es donc le Fils de Dieu ? ". Jésus leur répond : " Vous-mêmes, vous dites que je le suis. " (Lc 22, 66-71.) Le sanhédrin le juge coupable de blasphème.

Jésus est alors mené devant Ponce Pilate, gouverneur de la province de Judée. C'est à lui, en tant que représentant de Rome, que revient la responsabilité de prononcer la sentence. Il lui semble que l'homme qu'on lui présente n'est pas le dangereux agitateur que l'on prétend. Et comme, en fait, Jésus, en tant que Galiléen, dépend de la juridiction d'Hérode, Pilate l'envoie devant celui-ci. Jésus ne répond pas à ses questions et il est renvoyé à Pilate, après avoir été brutalisé, affublé d'un manteau de pourpre, la couleur royale, pour se moquer de ses prétentions au titre de " roi des Juifs ". Pilate ne comprend toujours pas sur quels motifs il devrait condamner cet homme à mort. Il propose qu'on lui inflige un châtiment moins lourd. Il a le droit d'user d'un droit de grâce et propose de le relâcher. Pris de haine, les représentants du sanhédrin préfèrent qu'un criminel du nom de Barabbas soit gracié et que Jésus meure. Pilate cède finalement, et se lave les mains de ce qui doit advenir.

Jésus est alors fouetté jusqu'au sang et coiffé d'une couronne d'épines qui lui lacère la tête. On lui attache les bras à la barre transversale d'une croix, qu'il porte le long d'un chemin qui mène au mont Golgotha, au lieu dit du Crâne. Une pancarte est placée sur sa poitrine ; on y lit : " Je suis le roi des Juifs ". Arrivé au lieu de son supplice, on cloue ses poignets à la croix, on le hisse et l'on fait de même avec ses pieds transpercés de fer. Au pied de la croix, les Evangiles disent que se tiennent Marie, sa mère, Jean l'évangéliste. Dans un cri, il dit : " Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? " Puis, un peu plus tard : " Père, entre tes mains, je remets mon esprit. " Il meurt.

Il est vite décroché de la croix, en application d'une loi juive tirée du Deutéronome, qui exige que les morts ne restent pas exposés la nuit. Joseph d'Arimathie, un membre du sanhédrin, offre un tombeau neuf à Jésus. Enveloppé d'un linceul blanc, il est déposé sur une dalle.

La porte en pierre du tombeau est repoussée pour en bloquer l'entrée. Pilate place une garde armée devant le tombeau à la demande des pharisiens qui craignent que le corps ne soit dérobé par ses disciples. Ainsi se termine la vie de Jésus.

La résurrection du Christ

La foi chrétienne naît deux jours plus tard. L'Evangile selon saint Matthieu rapporte que des femmes, amies du groupe de Jésus, veulent voir où Jésus a été enseveli. Saint Luc précise qu'elles sont venues pour l'embaumer, car le shabbat les avait empêchées de le faire. Les trois Evangiles synoptiques et l'Evangile selon saint Jean narrent le même événement. La pierre du tombeau a été déplacée laissant le sépulcre ouvert. Il n'y a plus de corps et le linceul de Jésus est délicatement plié sur la dalle où son corps avait été déposé.

Un ange resplendissant s'adresse aux femmes : " Soyez sans crainte, vous. Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Il n'est pas ici, car il est ressuscité comme il l'avait dit ; venez voir l'endroit où il gisait. Puis, vite, allez dire à ses disciples : " Il est ressuscité des morts et voici qu'il vous précède en Galilée. C'est là que vous le verrez, comme il vous l'avait dit. " (Mt 28, 1-7.)

Saint Marc rapporte que Jésus est apparu à plusieurs reprises aux disciples. C'est dans l'Evangile selon saint Luc qu'est décrite la rencontre sur le chemin d'Emmaüs.

La mission d'évangélisation

Pendant quarante jours après sa résurrection d'entre les morts, Jésus va apparaître à ses disciples. Abattus après la mort du Christ, ils se rassérènent grâce à ces rencontres au cours desquelles Jésus les prépare à leur mission.

En effet, dans le dessein de Dieu de laisser mourir son Fils puis de le ressusciter d'entre les morts, il y a une révolution. Le Messie, parce qu'il a réalisé la prophétie annoncée dans l'Ancien Testament, devient lui-même le Nouveau Testament, la Nouvelle Alliance. Ce sont ses trois années de prêches et de messages que les disciples du Christ, ceux qui deviendront les chrétiens, doivent enseigner.

Après ces quarante jours, Jésus va disparaître définitivement aux yeux de ses anciens compagnons. L'Evangile selon saint Luc rapporte que Jésus les emmène jusqu'à Béthanie. Il les bénit alors et est emporté au ciel. C'est ce qui est célébré sous le nom de l'Ascension, quarante jours après Pâques, dans le calendrier liturgique.

Les Actes des Apôtres, le cinquième livre du Nouveau Testament, vraisemblablement écrit par saint Luc, reprennent l'événement de l'Ascension. Dix jours plus tard, les Douze sont réunis, Matthias ayant été choisi pour remplacer Judas, qui est mort sur la terre qu'il avait achetée avec les deniers reçus pour la trahison du Christ. C'est alors que l'Esprit Saint s'engouffre dans la maison où ils se tiennent. Sous la forme de langues de feu, il emplit leur esprit et les disciples se mettent à parler en langues étrangères. Pierre sort dans la rue et adresse à la foule un discours fort appelant à la conversion à la Bonne Nouvelle. Trois mille personnes sont baptisées le jour même. Ceci a lieu cinquante jours après Pâques, " cinquante " se disant : ΠΕΝΤΕΚΟΝΤΑ, ou " Pentecôte ". (Ac 2, 1-41.)

Les premiers chrétiens ; Les Actes des Apôtres et les Epîtres

Les Actes des Apôtres retracent les premières années de la communauté chrétienne qui se forge autour du noyau des apôtres du Christ. Pierre, Jean et Paul converti sur le chemin de Damas alors qu'il s'en allait persécuter ceux dont il rejoindra bientôt les rangs, sont les principaux protagonistes de ce texte dont on pense qu'il ne faisait peut-être qu'un avec l'Evangile selon saint Luc. L'adversité qu'ils rencontrent est grande. Etienne est le premier martyr, lapidé pour blasphème.

On y discute notamment de la question de la circoncision. Certains considèrent encore que si la loi de Moïse de circoncire les jeunes mâles n'est pas appliquée, alors ils ne pourront pas être sauvés.

Pierre tranche la question à Jérusalem en répondant que ce qui sauve désormais, c'est la grâce du Seigneur. (Ac 15, 6-21) Les apôtres quittent la Judée pour annoncer la Bonne Nouvelle aux peuples du bassin méditerranéen : Philippe, Thessalonique, Athènes, Corinthe, Ephèse, Macédoine, Rome.

Suivent, dans la Bible, les Epîtres, ou lettres écrites par les apôtres aux nouvelles communautés chrétiennes qui ont essaimé dans les villes évangélisées. Paul est le plus grand rédacteur, auteur de quatorze Lettres qu'il adresse aux Romains, Corinthiens, Colossiens, etc. Sept autres lettres ont été écrites par Pierre, Jacques, Jude et Jean. Ce sont les premiers textes doctrinaux chrétiens qui servent encore aujourd'hui de référence au dogme catholique.

Les disciples d’Emmaüs

" Et voici que, ce même jour, deux d'entre eux se rendaient à un village du nom d'Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem. Ils parlaient entre eux de tous ces événements. Or, comme ils parlaient et discutaient ensemble, Jésus lui-même les rejoignit et fit route avec eux ; mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître.

Il leur dit : " Quels sont ces propos que vous échangez en marchant ? " Alors ils s'arrêtèrent, l'air sombre. L'un deux, nommé Cléopas, lui répondit : " Tu es bien le seul à séjourner à Jérusalem qui n'ait pas appris ce qui s'y est passé ces jours-ci ! " - " Quoi donc ? " leur dit-il. Ils lui répondirent : " Ce qui concerne Jésus de Nazareth, qui fut un prophète puissant en action et en parole devant Dieu et devant tout le peuple. Comment nos grands prêtres et nos chefs l'ont livré pour être condamné à mort et l'ont crucifié ; et nous, nous espérions qu'il était celui qui allait délivrer Israël. Mais, en plus de tout cela, voici le troisième jour que ces faits se sont passés. Toutefois, quelques femmes qui sont des nôtres nous ont bouleversés. S'étant rendues de grand matin au tombeau et n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire qu'elles ont même eu la vision d'anges qui le déclarent vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau et ce qu'ils ont trouvé était conforme à ce que les femmes avaient dit ; mais lui, ils ne l'ont pas vu. "

Et lui, leur dit : " Esprits sans intelligence, coeurs lents à croire tout ce qu'ont déclaré les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela et qu'il entrât dans sa gloire ? " Et, commençant par Moïse et par tous les prophètes, il leur expliqua dans toutes les Ecritures ce qui le concernait.

Ils approchèrent du village où ils se rendaient et lui fit mine d'aller plus loin. Ils le pressèrent en disant : " Reste avec nous car le soir vient et la journée est déjà avancée. " Et il entra pour rester avec eux. Or, quand il se fut mis à table avec eux, il prit le pain, prononça la bénédiction, le rompit et le leur donna.

Alors leurs yeux furent ouverts et ils le reconnurent, puis il leur devint invisible. Et ils se dirent l'un à l'autre : " Notre coeur ne brûlait-il pas en nous tandis qu'il nous parlait en chemin et nous ouvrait les Ecritures ? "

A l'instant même, ils partirent et retournèrent à Jérusalem ; ils trouvèrent réunis les Onze et leurs compagnons qui leur dirent : " C'est bien vrai ! Le Seigneur est ressuscité et il est apparu à Simon. "

Et eux, racontèrent ce qui s'était passé sur la route et comment ils l'avaient reconnu à la fraction du pain. "

Evangile selon saint Luc, 24, 13-35.

D’Adam au Christ, du pécheur originel au Rédempteur

La mort et la résurrection du Christ sont les deux événements fondateurs de la théologie chrétienne et donc de l'originalité de cette religion. Le Christ est la clef de voûte du dessein divin, il donne sens au mystère de la Sainte-Trinité, au mystère de la chute d'Adam et du péché originel, aux annonces messianiques contenues dans l'Ancien Testament. Essayons brièvement et schématiquement de résumer la foi chrétienne.

1/ A la création de l'univers, Dieu modèle l'homme, qu'il " crée à son image ", c'est-à-dire possédant la connaissance et la liberté. Le premier homme, qui a été symboliquement appelé Adam dans la Genèse, au nom de cette liberté, choisit de ne pas suivre Dieu dans ses préceptes et brise le lien qui l'unit au Créateur. Cet orgueil est le péché originel qui prive le premier homme et toutes les générations de leur sainteté originelle. La faute personnelle d'Adam n'est pas la faute personnelle de ses descendants, mais ils sont plus enclins à la faute.

2/ Dieu, dans la vision chrétienne, est unique et trinitaire. Il ne s'agit pas d'un polythéisme mais bien d'un monothéisme affirmé, propre aux trois religions du Livre. Qui sont le Père, le Fils et l'Esprit Saint ? Ce sont trois " personnes " au sens de " relations ". Les personnes divines sont distinctes entre elles en même temps qu'elles sont indissociables. Au moment de la Création, c'est l'Esprit de Dieu qui plane au-dessus des eaux et le Père l'insuffle dans le premier homme. Jésus est engendré par l'Esprit Saint qui couvre Marie. Dieu le Fils s'incarne alors. Sur la croix, le Fils invoque le Père. Au moment de l'envoi en mission des apôtres, c'est l'Esprit Saint qui souffle sur eux. Mais il n'y a qu'un seul Dieu et qu'un seul dessein.

3/ Si Dieu le Fils doit s'incarner, c'est que le péché originel de l'homme doit être transcendé par un homme. En effet, si c'est librement que le péché a été choisi, c'est librement que l'homme doit y renoncer. Selon l'explication de saint Thomas d'Aquin, un homme ordinaire ne peut pas prendre sur ses épaules le poids du péché de l'homme tout entier. C'est donc au Fils fait homme que revient cette mission. Mort en tant qu'homme et pour les hommes, le Christ, qui est Dieu le Fils, transcende son sacrifice suprême. De même que les descendants de l'homme fautif avaient été privés de leur sainteté par le premier péché, de même le Christ les associe à son sacrifice, à la rédemption des péchés qui en découle. Le Christ est appelé en cela le Nouvel Adam.

4/ Pour ceci, il faut que la nature du Christ soit comme le concile oecuménique de Nicée, puis le concile oecuménique de Chalcédoine l'ont énoncée : " Un seul et même Christ, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase. " C'est le mystère de la personne du Christ, tel qu'il est professé par la foi chrétienne.

La théologie catholique actuelle

L'Eglise catholique n'a pas de théologie figée, en ce sens que, durant deux millénaires, les grands penseurs et docteurs de la foi, de saint Paul à saint Thomas d'Aquin en passant par saint Augustin, ont toujours fait évoluer les fondements du dogme.

L'Eglise s'est souvent réunie en conciles oecuméniques pour débattre des questions essentielles de la foi. Nicée, Constantinople, Chalcédoine, Trente, Vatican II et tant d'autres ont été des événements constitutifs de la compréhension catholique.

L'avancée majeure de l'interprétation biblique du début du XXe siècle, qui adopte la nouvelle exégèse et la lecture historico-critique des textes, a donné à l'Eglise l'occasion de se réconcilier avec la science et de ne plus placer la foi en contradiction avec elle.

En 1992, comme elle l'avait souvent fait dans son histoire, l'Eglise a publié un Catéchisme complet qui énonce sa foi en quatre chapitres : la profession de foi, la célébration du mystère chrétien, la vie dans le Christ, la prière chrétienne. C'est sur ce schéma que sont présentés ici les symboles de la foi catholique dont on trouve le texte complet sur le site Internet du Saint-Siège.

La profession de foi

Les catholiques sont fidèles à la profession de foi adoptée par le concile de Nicée-Constantinople, au IVe siècle, qu'ils récitent tous les dimanches, lors de la messe. C'est le résumé le plus complet et le plus élaboré de la foi chrétienne.

" Je crois " est un acte de foi communautaire qui place celui qui énonce ces deux mots au sein d'une Eglise dont il partage le dogme.

" en un seul Dieu " exprime le monothéisme chrétien, dont on décline ensuite la particularité qu'est la Trinité : Un Dieu unique constitué de trois personnes, ou trois relations, non confondues et non dissociables à la fois.

" Le Père tout-puissant " exprime la première personne de Dieu, le Père, celui qui crée, celui qui a un Fils et qui possède la capacité de tout, même de paraître paradoxalement impuissant.

" créateur du ciel et de la terre " rappelle que les hommes et l'univers qui les entoure sont des créatures et créations de Dieu. Il a créé par amour. L'homme, dans le dessein de Dieu, est co-créateur, dépositaire de la création.

" de l'univers visible et invisible " énonce que l'homme est au sommet de la création visible, qu'il a été conçu à l'image de Dieu, c'est-à-dire libre de choisir. Quand il a choisi la faute, il l'a fait librement. De même, dans l'univers invisible où se trouvent les anges, le plus grand d'entre eux, Satan, a choisi librement de s'éloigner de Dieu. Il ne peut pas vaincre Dieu dont il est aussi la créature.

" Je crois en un seul Seigneur " est une référence à la façon dont l'archange Gabriel annonce la venue du Fils, le Seigneur. C'est la transcription de " YHWH ", le Dieu de l'Ancien Testament.

" Jésus-Christ le Fils unique de Dieu " est un ensemble structuré. Jésus veut dire " Dieu sauve " et Christ veut dire " messie ". Le Fils de Dieu, deuxième personne de la Trinité, est celui que la tradition messianique contenue dans l'Ancien Testament annonçait comme le Sauveur.

" Né du Père avant tous les siècles " fait référence à la présence du Fils, aux côtés du Père, depuis le commencement. Le Fils n'existe pas qu'avec son incarnation.

" Il est Dieu, né de Dieu, Lumière, née de la Lumière, Vrai Dieu, né du vrai Dieu " explicite davantage le mystère de la Trinité et la place du Fils dans celle-ci.

" Engendré, non pas créé, de même nature que le Père " rappelle de nouveau que le Fils, une des trois personnes de Dieu, pareil à Dieu le Père dans sa nature, n'est pas créé dans le sein de Marie, mais engendré dans une autre nature, humaine.

" Et par lui tout a été fait " pose le Christ comme celui par qui les prophéties des Ecritures s'accomplissent. Les Ecritures sont d'ailleurs closes par l'incarnation, la mort et la résurrection du Rédempteur.

" Pour nous, les hommes, et pour notre salut " est un rappel du péché originel dont l'homme est marqué depuis la chute d'Adam et qui motive la venue du Christ, venu racheter le péché de l'homme.

" Il descendit du ciel " est un acte unique pour la théologie du Livre. Dieu n'envoie plus seulement les anges comme messagers, mais il vient lui-même. Au nom de sa toute-puissance, Dieu s'abaisse.

" Par l'Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie, et s'est fait homme " marque la spécificité de la foi chrétienne. Dieu n'est plus la divinité lointaine et vengeresse de l'Ancien Testament, mais une de ses personnes se fait humaine. Toutefois, comme le concile de Chalcédoine le précise quelques années après l'adoption de ce Credo, Jésus est 100 % Dieu, 100 % homme, sans que ces deux natures ne se distinguent ou se confondent à la fois. Par ailleurs, si Marie donne vie à Jésus, elle demeure vierge.

" Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau " est encore une marque unique de la foi chrétienne : le Christ, le Messie qui était attendu comme un roi puissant, se laisse prendre et mettre à mort. C'est dans la force de son sacrifice que le Fils manifeste sa grandeur et sa divinité. La mention de Ponce Pilate permet de dater historiquement les événements.

" Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures, et il monta au ciel " est la dernière image du triptyque chrétien. L'incarnation et la mort du Christ prennent sens par sa résurrection. Il accomplit les Ecritures en tant que Sauveur, et clôt définitivement la période de doute induite par le péché du premier homme. Le Christ, nouvel Adam, donne l'espérance aux hommes.

" Il est assis à la droite du Père " maintient que le cycle est achevé. Le Fils retrouve sa place à côté du Père.

" Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ; et son règne n'aura pas de fin " comporte une double affirmation. D'une part, que le salut qu'il propose est désormais d'actualité mais que les hommes sont toujours libres de le rejeter, raison pour laquelle aura lieu le jugement dernier. Ce jugement ultime sera la dernière possibilité offerte aux hommes de suivre Dieu ou de le rejeter à jamais. Un enfer existe, mais Dieu n'y met personne ; l'homme, par son refus de Dieu, s'y enferme librement. D'autre part, que l'Eglise a une mission d'évangélisation, de transmission de cette nouvelle du salut qui est offert aux hommes.

" Je crois en l'Esprit saint, qui est Seigneur et qui donne la vie " mentionne la troisième personne qui forme l'unicité de Dieu. C'est lui qui souffle au-dessus des eaux au commencement de toute chose et qui donne âme au premier homme, puis qui s'étend sur Marie.

" il procède du Père et du Fils " place l'Esprit Saint dans le mystère de la rédemption. Le Père a envoyé le Fils dans un dessein de salut. Le Christ, par sa mort et sa résurrection, accomplit sa mission. L'Esprit Saint peut alors envoyer son souffle sur les hommes.

" Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire " rappelle pour la troisième fois dans ce symbole de foi que la Trinité est une relation parfaite entre trois personnes égales, possédant des tâches complémentaires.

" il a parlé par les prophètes " affirme que l'Esprit Saint a toujours parlé aux hommes dans leur histoire. L'onction du roi David, le feu du buisson ardent de Moïse, la nuée qui montre le chemin au peuple d'Israël en exode, la lumière qui aveugle les apôtres le jour de l'Ascension sont autant de ses manifestations.

" Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique " rappelle que le Christ a confié à Pierre la charge de pasteur de ceux qui suivront et croiront au message du Fils. L'Eglise est une " assemblée ", qui se veut une, malgré les dissensions qui peuvent la déchirer. Elle est sainte parce que bénie par Dieu. Elle est catholique parce que sa vocation est universelle. Elle est apostolique parce qu'elle se fonde sur les apôtres, disciples du Christ, qui créèrent les premières communautés chrétiennes, dont celle de Rome, pour laquelle Pierre, prince des apôtres, dépositaire des clefs, mourut.

" Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés " affirme que le baptême, reçu au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint, est le moyen de rejoindre l'Eglise, le peuple de Dieu, la communauté des hommes rachetés au péché. Néanmoins, parce que le jugement dernier vient, c'est à cet ultime moment que les hommes seront définitivement sauvés, qu'ils aient été baptisés ou non.

" J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir " annonce que les hommes seront associés à la résurrection du Christ. Après le jugement dernier, après avoir été purifiés au Purgatoire, les hommes sauvés rejoindront les cieux nouveaux.

" Amen " C'est par ce mot emprunté aux langues sémitiques, commun aux trois religions du Livre et dont la racine signifie " croire ", que le symbole de la foi chrétienne est ponctué. Du " Je crois " inaugural à cet " Amen " final, la foi chrétienne a été proclamée.

La célébration du mystère chrétien

La liturgie est l'une des expressions de la foi chrétienne. A côté des actes quotidiens de la vie habituelle, ou d'actions rares et extraordinaires comme les martyrs ont pu les subir, la liturgie telle qu'elle est célébrée est la manifestation de la théologie dans la prière.

La célébration de la liturgie a évolué au cours des siècles. Pourtant, des célébrations primitives des premiers chrétiens aux recommandations de la Constitution sur la sainte liturgie Sacrosanctum Concilium, du concile Vatican II, une certitude demeure : le Christ s'y manifeste.

L'Eglise catholique, sur la base des Evangiles, des Actes des Apôtres et des Epîtres, a formulé, lors de ses conciles oecuméniques successifs, et avec le concours des Pères de l'Eglise, que sept sacrements ont été institués par le Christ.

Ils agissent ex opere operato, " par le fait même qu'ils sont accomplis ", et confèrent à ceux qui les reçoivent une grâce efficace, c'est-à-dire qui agit. Les sacrements sont des actes d'Eglise, donnés au nom du Père, du Fils et de l'Esprit Saint.

Le baptême. C'est le premier des sacrements, puisque c'est par lui que l'on entre dans l'Eglise et que l'on peut alors recevoir les autres. Jésus fut baptisé par son cousin, Jean le Précurseur, dans les eaux du Jourdain. Il envoie lui-même ses disciples : " Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. " (Mt 28, 19-20.) Il est nécessaire au salut pour ceux qui ont entendu le message de l'Evangile. C'est un sacrement indélébile, c'est-à-dire que la mort n'efface pas. Aujourd'hui, il est donné dès le plus jeune âge ; les premiers chrétiens ne l'accordaient qu'aux adultes, après une période d'au moins trois années de préparation, le catéchuménat. Il est célébré par un prêtre ou un diacre, en présence des parents et des parrain et marraine du baptisé. Celui-ci est marqué deux fois du signe de la croix, par l'eau et par le Saint Chrême, une huile parfumée. Il est ensuite revêtu d'un vêtement blanc, qui symbolise sa pureté retrouvée, et on lui remet un cierge allumé, pour lui rappeler qu'il est passé des ténèbres à la promesse du salut.

La confirmation. C'est le pendant du sacrement du baptême, sans lequel celui-ci est imparfait. C'est la manifestation de l'Esprit Saint, la même que les apôtres ont ressentie le jour de la Pentecôte. Il signifie la maturité du chrétien et sa disposition à aller annoncer la Bonne Nouvelle. Il est souvent donné après l'adolescence. C'est aussi un sacrement indélébile. Il est célébré par un évêque, en tant que successeur des apôtres qui ont reçu ce sacrement. L'évêque impose les mains sur le confirmand, pour lui conférer sa mission, et le marque de la croix avec le Saint Chrême, la même huile utilisée pour le baptême. C'est une onction de l'Esprit Saint.

L'eucharistie. C'est le sacrement qui est à la fois la source et le sommet de la vie de l'Eglise, comme l'a rappelé le deuxième concile du Vatican. C'est le mémorial de la pâque du Christ, de son sacrifice, de sa mort, de sa résurrection. Les gestes sont ceux qui sont institués par le Christ lui-même, au moment de la Cène. Il est célébré par un prêtre, au moment de la messe, après avoir entendu les Ecritures, après avoir professé le symbole de la foi. La liturgie de l'Eucharistie est le moment le plus important de la messe.

Par la prière consécratoire dite par le prêtre, s'opère la transsubstantiation, ou le changement du vin en sang et du pain en corps. Ce changement de substance n'est pas chimique mais bien spirituel. L'eucharistie, ou " action de grâce ", se poursuit par la communion de fidèles qui participent à ce banquet.

La pénitence et la réconciliation. C'est un très beau sacrement, dont la démarche onéreuse apporte aussi beaucoup de paix intérieure. On l'appelle traditionnellement la confession, ce qui signifie littéralement que la démarche est faite avec foi et pour se réconcilier avec l'Eglise. Il est institué par le Christ, qui appelle à la conversion de chacun, " Repentez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle. " (Mc 1, 15.) C'est le prêtre qui écoute le pénitent venu demander le pardon de Dieu. Le prêtre n'est que le ministre de Dieu, ce n'est donc pas lui qui absout les péchés, mais Dieu.

L'onction des malades. Ce sacrement très particulier est institué par le Christ alors qu'il va au-devant des malades et qu'il les guérit, en leur demandant au préalable de croire. C'est la foi qui sauve, mais c'est aussi la foi qui peut guérir des peines et des souffrances. " Par mon nom, ils imposeront les mains aux malades et ceux-ci seront guéris. " (Mc 16, 17-18.) Ce sacrement n'est pas à réduire à ce que l'on appelle traditionnellement l'extrême-onction. Tout malade, à n'importe quel moment de sa vie, peut souhaiter recevoir l'onction des malades. Un prêtre se rend alors auprès de lui et lui impose les mains, souvent après avoir aussi célébré les sacrements de pénitence et de la réconciliation, et de l'Eucharistie. Un viatique est aussi offert à ceux dont la mort est proche. L'eucharistie est alors reçue comme moyen du passage de la vie à la mort. C'est le moment fort de la foi, alors que l'inconnu de la mort est devant soi.

L'ordre. Ce sacrement remonte à l'Ancien Testament, où les prêtres sont déjà les serviteurs désignés de Dieu qu'une onction a placés dans leurs fonctions. Le Christ, qui accomplit les Ecritures, est à la fois " prêtre, prophète et roi " (Ac 1, 6). C'est le troisième et dernier des sacrements indélébiles. Il possède trois degrés. Le premier est célébré lors de l'ordination des diacres, c'est-à-dire de ceux qui se mettent au service. L'état diaconal peut être permanent, et il est alors souvent donné à des hommes mariés ; ou temporaire, et il est alors porté par ceux qui se préparent à devenir prêtre. Le deuxième est célébré lors de l'ordination presbytérale et confère le sacerdoce à ceux qui le reçoivent ; ils deviennent alors prêtres. Le troisième est célébré lors de l'ordination épiscopale ; les prêtres ordonnés deviennent alors évêques. Le diacre et le prêtre sont ordonnés par un évêque ; un évêque est ordonné par au moins trois évêques.

Le mariage. Ce sacrement remonte au premier des livres de la Bible, la Genèse, où il est dit que " il n'est pas bon que l'homme soit seul " (Gn 2, 18-25). Dieu ayant créé une femme d'une de ses côtes, il la lui donne. Pourtant, le mariage, qui, selon la Genèse, est inscrit dans l'ordre de la création, est vite marqué du péché en raison de la faute originelle. On passe de l'ordre au désordre, ce qui n'est pas de bon augure. Le Christ, pour sa première apparition publique, se manifeste aux noces de Cana, ce que l'Eglise a voulu voir comme un fondement du sacrement du mariage. Le mariage est célébré entre les deux époux qui se donnent mutuellement le sacrement, en présence d'un prêtre et d'au moins un témoin. Le sacrement n'est pas indélébile et la mort rompt les liens qui unissent les époux.

L'Eglise instruit également des procès en déclaration de nullité de mariage (on reconnaît que le mariage n'a pas existé, mais on n'annule jamais un mariage authentique) et permet la séparation des époux.

La vie dans le Christ

Outre les moments forts de la vie du chrétien qui sont ponctués par les sacrements, la vie quotidienne de l'homme est confrontée aux réalités du monde. Pour ce quotidien, des chemins de vie sont proposés par la doctrine catholique, laquelle se fonde sur les préceptes évangéliques et leur évolution au cours ses premiers siècles.

La liberté de l'homme. Si l'homme est créé à l'image de Dieu, c'est en tant qu'être libre. Cette capacité a visiblement été mal employée dès l'histoire de l'humanité, avec la chute originelle, que la Genèse a symboliquement attribuée à un premier homme et une première femme. Néanmoins, Dieu ne retire pas cette liberté à l'homme au prétexte qu'il l'ait mal utilisée. La liberté ne peut pas être dissociée de la responsabilité, et c'est autour de ce principe que tourne la dignité de l'homme. Le bonheur de l'homme, qui est intrinsèquement lié à sa nature, est rappelé dans les béatitudes rapportées dans l'Evangile selon saint Matthieu (5, 3-12). Toutefois, l'homme commet souvent des erreurs, voire des fautes, lorsqu'il cherche un bonheur factice. La liberté de ses choix le rattrape alors et, en tant qu'être responsable, il rend compte de ses actes.

La moralité, les vertus et les péchés. Les vertus sont au nombre de sept, déclinées en quatre vertus cardinales, comme la prudence, la justice, la force et la tempérance ; et en trois vertus théologales, comme la foi, l'espérance et la charité. Leur sont opposés sept péchés capitaux, qui sont aujourd'hui anecdotiques, tant ils sont historiquement marqués et finalement limités. Doué de liberté et ouvert par le baptême à une compréhension éclairée du monde, l'homme a pleine capacité à user de son sens moral pour " pressentir le bien et soupçonner le mal " (Catéchisme de l'Eglise catholique, § 1771). La différence faite entre les péchés véniels et mortels, qui semble désuète de prime abord, n'en reflète pas moins une attitude contrastée. Les péchés véniels, bien que fautes, ne séparent pas de la charité, c'est-à-dire de l'amour. On parle de l'amour de Dieu pour les hommes, de l'amour de l'homme pour Dieu, et de l'amour entre les hommes. Les péchés mortels sont appelés ainsi parce qu'ils mettent en danger ce rapport d'amour, et donc l'âme humaine qui en serait privée. Un point important est de constater que l'amour est un ; on ne peut adorer Dieu et être misanthrope à la fois, mépriser l'humanité et protéger les espèces animales en même temps.

La participation à la vie sociale. L'homme n'a pas été créé par Dieu pour mépriser son humanité. Bien que la tentation platonicienne de privilégier l'esprit sur le corps ait prévalu chez certains théologiens de l'Antiquité, l'incarnation du Fils en un être humain est un message clair : l'humanité et l'incarnation ne sont pas abominables à Dieu. Par ailleurs, le Christ est à l'origine d'une institution bien humaine, l'Eglise, que Jésus a voulue comme telle. Omniscient et incarné par ailleurs, le Christ savait qu'une telle société pouvait être imparfaite, mais il a accepté l'humanité telle qu'elle est : hésitante mais perfectible. L'Eglise demande à ses fidèles de participer activement à toutes les activités humaines, pour contribuer " au respect et à la promotion des droits fondamentaux de la personne ; à la prospérité ou au développement des biens spirituels et temporels de la société ; à la paix et à la sécurité du groupe et de ses membres " (Catéchisme de l'Eglise catholique, § 1925).

La justice sociale. L'Eglise est particulièrement attentive à cette notion, qui couvre trois concepts. Le premier est le respect de la personne humaine. Il y a un droit naturel qui confère à tout être humain une vocation à être respecté dignement. Le deuxième est l'égalité entre les hommes. Le Christ, par son sacrifice rédempteur, n'as pas créé de différences entre les hommes et entre les genres. Les différences sont une richesse de la création et sont inscrites dans le dessein de Dieu : il n'y a pas lieu de s'en prévaloir ou de s'en moquer. Le troisième est la solidarité humaine. Cette solidarité humaine est notamment le fondement de la doctrine sociale de l'Eglise. Les biens devraient être suffisamment partagés pour qu'ils puissent permettre à chacun de vivre dignement et d'avoir un travail rémunéré. De Rerum Novarum à la déclaration de Paul VI devant les Nations unies, jusqu'à Centisimus Annus et Caritas in Veritate, l'Eglise a un avis inchangé : la paix sociale est le fondement de la paix universelle.

Les dix commandements. Ils sont remis à Moïse sous forme de tablettes (Dt 5, 6-21). Le Christ dépasse leur portée par son message simple et universel : " Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit ; voilà le plus grand et le premier des commandements Le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. A ces commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les prophètes. " (Mt 22, 37-40) L'Eglise maintient ainsi ses références au décalogue dans le sens où le texte remis à Moïse décline toujours des obligations et des interdictions qui relèvent du droit naturel le plus simple et le plus incontestable. Outre les trois premiers commandements qui concernent particulièrement Dieu, son Nom et le culte qui doit lui être rendu, les sept principes suivants peuvent servir de fondement à une conception chrétienne d'autrui. Respecter l'intégrité de sa famille, ce que tous les codes civils du monde promeuvent ; ne pas tuer, même dans le cadre légal de la peine de mort ou de l'euthanasie, et s'interdire de commencer une guerre ; ne pas voler ; ne pas dissimuler la vérité, au risque par ailleurs d'impliquer autrui ; respecter le bonheur d'autrui en ne détruisant pas l'union amoureuse des autres ; ne pas convoiter le bien des autres. Le sixième commandement est le plus controversé. Même si l'on ne parle plus d'adultère dans le monde moderne, l'Eglise se fonde sur cet article pour notamment proscrire les relations sexuelles hors mariage, l'homosexualité active, et encourage les fidèles à la chasteté.

La prière chrétienne

Que ma prière, devant toi s'élève comme un encens, et mes mains, comme l'offrande du soir. " (Ps 140, 2) C'est le début du premier psaume de l'office chanté du samedi soir, selon le calendrier hebdomadaire du bréviaire.

La prière est la respiration essentielle du croyant, sans laquelle il s'essouffle. La méditation des textes des Ecritures est la source de l'inspiration chrétienne, sans laquelle le croyant risque de se méprendre sur la manière dont il doit diriger sa vie.

La messe. Elle est célébrée tous les jours par les prêtres qui y sont astreints. Les laïcs n'ont pas cette obligation, sinon de participer chaque dimanche à la célébration de l'Eucharistie. Les fidèles qui se trouvent éloignés d'une église, doivent recevoir le sacrement de l'Eucharistie, au moins une fois par an. La messe se décompose en trois parties. L'ouverture d'abord, avec la préparation pénitentielle et le chant du Gloria. Ensuite la liturgie de la Parole, au cours de laquelle sont lus un texte de l'Ancien Testament, un psaume, un texte du Nouveau Testament, le tout étant suivi de la proclamation d'un texte de l'Evangile et de l'homélie du prêtre, qui est une explication des textes. On conclut cette partie avec la profession de foi, le Credo. Vient ensuite la célébration de la liturgie de l'Eucharistie, mémorial du mystère de la mort et de la résurrection du Christ, auquel les fidèles participent avec la communion. La messe se termine par un envoi en mission.

Le calendrier liturgique. C'est selon ce calendrier qu'est divisée l'année. Les grands temps se déclinent selon le modèle suivant :

Temps de l'Avent. Quatre dimanches avant Noël sont consacrés à la préparation de la célébration de la Nativité. Le 8 décembre, on célèbre l'Immaculée Conception (la Vierge Marie a été conçue sans péché).

Temps de Noël. Après la célébration de la naissance du Christ, le 25 décembre, suivent les dimanches de la sainte Famille (fuite en Egypte), de l'Epiphanie (visite des Mages), du baptême du Seigneur.

Temps ordinaire. En fonction de la date de Pâques, la durée de ce temps intercalaire varie, mais durant l'année, ce sont trente dimanches qui le composent.

Temps du Carême. Débute le mercredi des Cendres et dure quarante jours, comme la retraite de Jésus dans le désert. Ce sont cinq dimanches qui le composent, suivis du dimanche des Rameaux (célébration de l'entrée du Christ à Jérusalem).

Triduum pascal. C'est ainsi que l'on nomme le Jeudi saint (mémorial de la Cène), le Vendredi saint (commémoration de la mort du Christ ; on ne célèbre pas de messe ce jour-là), Samedi saint (messe dans la nuit du samedi au dimanche, pour célébrer la résurrection du Christ).

Temps pascal. Il commence avec le dimanche de Pâques et la semaine pascale. Sept dimanches le composent ; au bout de quarante jours est célébrée l'Ascension (montée du Christ au ciel) ; il se termine par la célébration de la Pentecôte, au bout de cinquante jours (descente de l'Esprit Saint sur les apôtres).

Temps ordinaire. Il reprend pour au moins une vingtaine de dimanches. Le 29 juin sont célébrés les apôtres Pierre et Paul. Le 15 août est célébrée l'Assomption de la Vierge Marie (montée au ciel avec son corps). Le 1er novembre est célébrée la Toussaint (fête de tous les saints), et le 2 novembre, on commémore les défunts.

Certaines périodes de ce calendrier liturgique correspondent à des périodes de jeûne et d'abstinence, très réduites néanmoins : pendant l'Avent, le Carême et tous les vendredis si on le désire. Même en ces temps plus rudes, il n'est pas permis de jeûner le dimanche, jour de célébration joyeuse de la résurrection du Christ.

Le bréviaire. C'est la prière quotidienne proposée par l'Eglise. Chaque jour, cinq offices peuvent être célébrés par tout chrétien, au rythme des laudes, le matin ; de l'office des lectures, à n'importe quel moment de la journée ; de l'office du milieu du jour, avant le déjeuner ; des vêpres, en fin d'après-midi ; des complies, au début de la nuit. Les cent cinquante psaumes sont chantés intégralement chaque semaine. Ces psaumes, rédigés essentiellement par David et Salomon, ont été priés par le Christ lui-même. Des textes des Ecritures ponctuent le calendrier hebdomadaire. Les catholiques sont aussi invités à privilégier la méditation personnelle des textes, selon un exercice ancien de Lectio Divina. Enfin, des prières spontanées et personnelles sont aussi encouragées.

Le Pater Noster. C'est la prière reçue directement du Christ et transmise à ses disciples, alors qu'ils lui demandent de leur apprendre à prier (Lc 11,1).

Notre Père qui est aux cieux,

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel.

Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses,

comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.

Et ne nous soumets pas à la tentation,

mais délivre nous du Mal.

Amen.

L'Ave Maria. Constituée de deux textes bibliques tirés de l'Evangile de Luc (1, 28 et 42), la formation de ce texte est incertaine mais son usage se développe en même temps que s'affirme la dévotion à la Vierge Marie.

Je vous salue, Marie pleine de grâces ;

le Seigneur est avec vous.

Vous êtes bénie entre toutes les femmes et Jésus,

le fruit de vos entrailles, est béni.

Sainte Marie, Mère de Dieu,

priez pour nous pauvres pécheurs,

maintenant et à l'heure de notre mort.

Amen.

Le rosaire et le chapelet. La prière chrétienne consiste aussi en des formulations simples telles que le rosaire, qui existe depuis le XIIe siècle. En répétant avec simplicité le Pater Noster et l'Ave Maria, au gré de vingt mystères médités (cinq mystères joyeux, cinq mystères lumineux, cinq mystères douloureux et cinq mystères glorieux), l'âme s'adoucit. C'est une prière particulièrement appréciée des fidèles, et qui a parfois été tournée en ridicule par certains théologiens qui lui préféraient des formulations plus intellectuelles. Jean-Paul II priait le rosaire chaque jour et a ajouté, en 2002, cinq nouveaux mystères aux quinze qui étaient déjà médités. Les théologiens se sont remis à égrener leur chapelet.

Le Gloria. C'est une prière plus ancienne (IIe siècle), introduite peu à peu dans la célébration de la messe. Elle n'est pas chantée pendant la période de l'Avent, pour être réservée à la nuit de Noël, où les voix des fidèles se mêlent à celles des anges venus adorer l'Enfant nouveau-né.

Gloire à Dieu, au plus haut des cieux,

Et paix sur la terre aux hommes qu'il aime.

Nous te louons, nous te bénissons,

nous t'adorons,

Nous te glorifions, nous te rendons grâce,

pour ton immense gloire,

Seigneur Dieu, Roi du ciel,

Dieu le Père tout-puissant.

Seigneur, Fils unique, Jésus-Christ,

Seigneur Dieu, Agneau de Dieu,

le Fils du Père.

Toi qui enlèves le péché du monde,

prends pitié de nous.

Toi qui enlèves le péché du monde,

reçois notre prière.

Toi qui es assis à la droite du Père,

prends pitié de nous.

Car toi seul es saint,

Toi seul es Seigneur,

Toi seul es le Très-Haut,

Jésus-Christ, avec le Saint-Esprit

Dans la gloire de Dieu le Père.

Amen.

L’amour fraternel

" Quand je parlerais en langues, celle des hommes et celles des anges,

S'il me manque l'amour,

Je suis un métal qui résonne, une cymbale retentissante.

Quand j'aurais le don de prophétie, la connaissance de tous les mystères et de toute la science,

Quand j'aurais la foi la plus totale, celle qui transporte les montagnes,

S'il me manque l'amour,

Je ne suis rien.

Quand je distribuerais tous mes biens aux affamés,

Quand je livrerais mon corps aux flammes,

S'il me manque l'amour,

Je n'y gagne rien.

L'amour prend patience, l'amour rend service,

Il ne jalouse pas, il ne plastronne pas, il ne s'enfle pas d'orgueil,

Il ne fait rien de laid, il ne cherche pas son intérêt,

Il ne s'irrite pas, il n'entretient pas de rancune,

Il ne se réjouit pas de l'injustice,

Mais il trouve sa joie dans la vérité,

Il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout.

L'amour ne disparaît jamais. "

Première Lettre de saint Paul Apôtre

aux Corinthiens, 13, 1-8.

Profession de foi catholique : Credo

Je crois en un seul Dieu,

Le Père tout-puissant, créateur du ciel et de la terre,

de l'univers visible et invisible.

Je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ le Fils unique de Dieu,

né du Père avant tous les siècles :

Il est Dieu, né de Dieu,

Lumière, née de la Lumière,

Vrai Dieu, né du vrai Dieu,

Engendré, non pas créé, de même nature que le Père ;

Et par lui tout a été fait.

Pour nous les hommes, et pour notre salut,

il descendit du ciel ;

Par l'Esprit saint, il a pris chair de la Vierge Marie,

et s'est fait homme.

Crucifié pour nous sous Ponce Pilate,

il souffrit sa passion et fut mis au tombeau.

Il ressuscita le troisième jour, conformément aux Ecritures, et il monta au ciel ;

il est assis à la droite du Père.

Il reviendra dans la gloire, pour juger les vivants et les morts ;

et son règne n'aura pas de fin.

Je crois en l'Esprit saint, qui est Seigneur et qui donne la vie ;

il procède du Père et du Fils ;

Avec le Père et le Fils, il reçoit même adoration et même gloire ;

il a parlé par les prophètes.

Je crois en l'Eglise, une, sainte, catholique et apostolique.

Je reconnais un seul baptême pour le pardon des péchés.

J'attends la résurrection des morts, et la vie du monde à venir.

Amen.

Présence du Christ dans la liturgie

" Pour l'accomplissement d'une si grande oeuvre, le Christ est toujours là auprès de son Eglise, surtout dans les actions liturgiques. Il est là présent dans le sacrifice de la messe et dans la personne du ministre, " le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s'offrît alors lui-même sur la croix ", et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques.

Il est là présent par sa vertu dans les sacrements au point que lorsque quelqu'un baptise, c'est le Christ lui-même qui baptise. Il est là présent dans sa parole, car c'est lui qui parle tandis qu'on lit dans l'Eglise les Saintes Ecritures. Enfin, il est là présent lorsque l'Eglise prie et chante les psaumes, lui qui a promis : " Là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis là au milieu d'eux. " (Mt 18, 20) "

(Sacrosanctum Concilium, 7, 19-21.)

La prière consécratoire, mémorial de la Cène

" Au moment d'être livré, et d'entrer librement dans sa passion,

Il prit le pain, il rendit grâce, il le rompit,

Et le donna à ses disciples, en disant :

Prenez, et mangez-en tous,

Ceci est mon corps, livré pour vous.

De même, à la fin du repas,

Il prit la coupe ; de nouveau il rendit grâce,

Et la donna à ses disciples, en disant :

Prenez, et buvez-en tous,

Car ceci est la coupe de mon sang,

Le sang de l'alliance nouvelle et éternelle,

Qui sera versé pour vous et pour la multitude,

En rémission des péchés.

Vous ferez cela, en mémoire de moi. "

Les enjeux théologiques de demain

Un peu plus de quarante cinq ans ont passé depuis la clôture des débats du concile Vatican II, le 8 décembre 1965. La modernité des textes qui y ont été promulgués rend l'ouvrage monumental encore propre à répondre, en grande partie, aux enjeux théologiques de demain.

Dans l'esprit des textes du concile, les trois papes qui se sont succédés à la tête de l'Eglise catholique depuis 1965, Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI, ont publié 22 encycliques et un catéchisme, dans lesquels ils ont actualisé les conclusions conciliaires.

Avec l'appui des Conseils pontificaux qui sont composés de religieux et de laïcs, de chrétiens et de non chrétiens, de croyants et d'athées, des réflexions majeures sont menées sans relâche sur des sujets qui " incarnent la théologie " : la foi ne se vit pas seulement dans les lieux sacrés, la théologie propose une vision du monde.

Depuis 2008, les ondes de choc des crises économiques ont ébranlé la certitude des peuples d'un avenir toujours meilleur. Les positions des religions sont, dans un monde globalement libéral, encore audibles, bien que l'on tente sciemment de les discréditer. L'attente du peuple catholique, de plus en plus grande, de sociétés alternatives plus justes, se tourne vers son Eglise et son pape, et attend son positionnement sur des sujets cruciaux.

La recherche de la vérité

L'Eglise a déjà rappelé, dans les encycliques Veritatis Splendor du 6 août 1993, Evangelium Vitae du 25 mars 1995 et Fides et Ratio du 14 septembre 1998, que le monde se laissait aller à de nouvelles tentations. " Une nouvelle situation est apparue dans la communauté chrétienne elle-même, qui a connu la diffusion de nombreux doutes et de nombreuses objections, d'ordre humain et psychologique, social et culturel, religieux et même proprement théologique, au sujet des enseignements moraux de l'Eglise. Il ne s'agit plus d'oppositions limitées et occasionnelles, mais d'une mise en discussion globale et systématique du patrimoine moral, fondée sur des conceptions anthropologiques et éthiques déterminées. Au point de départ de ces conceptions, on note l'influence plus ou moins masquée de courants de pensée qui en viennent à séparer la liberté humaine de sa relation nécessaire et constitutive à la vérité. " (Veritatis Splendor, 4.)

C'est le premier des enjeux pour l'Eglise catholique : démontrer que son chemin de vérité est authentique et ne mène pas à l'aliénation de l'homme. La tâche est d'importance car d'autres voix, plus faciles à suivre, se font entendre, dans cette tendance que René Rémond appelle " le nouvel antichristianisme " (dans l'ouvrage du même titre paru en 2005), où l'académicien rappelle que l'Eglise, " quand elle légifère et définit le bien et le mal, ne pense pas le faire seulement par référence à ses dogmes religieux, mais au nom d'une conception anthropologique à dimension universelle. Elle prétend parler pour le bien de l'humanité. (...) Paul VI définit le rôle de l'Eglise comme " experte en humanité ", il estime que celle-ci dispose d'un savoir qu'elle tient à la fois de sa mission propre et de son expérience, celle de deux mille ans de compagnonnage avec les hommes. "

L'Eglise s'en prend à des courants philosophiques, et cherche à faire entendre son message en matière de vie et de moeurs, en ne se limitant pas aux seules dimensions sexuelles. Pour reprendre René Rémond, " le catholicisme ne rend pas la vie impossible ".

L'Eglise veut démontrer que sa doctrine ne complique pas la vie, mais qu'elle appréhende les réalités auxquelles l'homme ne peut pas toujours répondre par la solution la plus arrangeante pour lui, parce qu'il y a un risque majeur pour lui de s'aliéner.

L'Eglise, malmenée lorsqu'elle s'oppose à l'avortement ou à l'euthanasie, a droit à un curieux silence lorsqu'elle rappelle sa condamnation de la peine de mort ou de la guerre qui tue et massacre, ou du libéralisme qui abandonne le pauvre à sa misère. Même si sa morale sexuelle est contraignante, elle n'en a pas moins une attitude pastorale pragmatique, et son droit canonique ne sanctionne aucune pratique qui serait contraire à sa doctrine en cette matière.

Le chemin de vérité qu'elle propose mériterait sans doute une meilleure présentation, car aussi rigides que puissent paraître ses commandements, il faut rappeler que le Code de droit canonique se termine par cet article qui apporte une nuance extraordinaire : " le salut des âmes est la loi suprême " (Can 1752 CIC 83).

Le rapprochement des Eglises chrétiennes

Le pape Paul VI, qui s'est largement rapproché des Eglises chrétiennes d'Orient, est magnifiquement suivi dans sa vision oecuménique par le pape Jean-Paul II. Prôneur de la paix, le pape est convaincu que la paix entre chrétiens est essentielle. La connaissance et le recul de l'histoire permettent de s'accorder sur bon nombre d'anciennes divergences théologiques, instrumentalisées à leur époque à des fins politiques. L'espérance de Jean-Paul II est très largement fondée sur le rapprochement avec les Eglises soeurs. Néanmoins, il aborde avec réalisme un point crucial qu'il faudra résoudre : la hiérarchie de la future Eglise unifiée et la redéfinition des autorités actuelles. Dans l'encyclique Ut Unum Sint du 25 mai 1995, il amorce un élément de réflexion.

" Ce qui concerne l'unité de toutes les communautés chrétiennes entre évidemment dans le cadre des charges qui relèvent de la primauté. Il sait bien, en tant qu'évêque de Rome, et il l'a réaffirmé dans la présente Encyclique, que le désir ardent du Christ est la communion pleine et visible de toutes les communautés dans lesquelles habite son Esprit en vertu de la fidélité de Dieu. Je suis convaincu d'avoir à cet égard une responsabilité particulière, surtout lorsque je vois l'aspiration oecuménique de la majeure partie des communautés chrétiennes et que j'écoute la requête qui m'est adressée de trouver une forme d'exercice de la primauté ouverte à une situation nouvelle, mais sans renoncement aucun à l'essentiel de sa mission. Pendant un millénaire, les chrétiens " étaient unis par la communion fraternelle dans la foi et la vie sacramentelle, le Siège romain intervenant d'un commun accord si des différends au sujet de la foi ou de la discipline s'élevaient entre elles. " (Ut Unum Sint, 95.)

Benoît XVI veut d'abord que les catholiques les plus récemment séparés de l'unité de l'Eglise reviennent en son sein, avant que les siècles n'aient eu le temps de figer les positions et les traditions de chacun et des dissidents en particulier, rendant leur retour plus improbable. C'est par un acte juridique, le Motu Proprio du 7 juillet 2007, que le pape lève ainsi l'excommunication des évêques ordonnés sans autorisation par Monseigneur Lefebvre en 1988, permettant ainsi à des dizaines de milliers de catholiques de retrouver leur famille dont ils étaient séparés.

A cette occasion, on intente un mauvais procès au pape, lui reprochant de faire revenir les traditionnalistes dans le giron de l'Eglise. Les déclarations négationnistes de la shoah d'un de ces évêques - évidemment condamnées par l'Eglise entière -, profitent à l'entretien de la confusion autour de l'action de réconciliation du pape.

Une deuxième réintégration confirme les motivations de rapprochement entre chrétiens du pape et fait tomber les masques des détracteurs de Benoît XVI. En 2009, le Vatican rend publique la volonté d'une partie de l'Eglise anglicane de rejoindre l'Eglise catholique qu'elle avait quittée en 1530. En effet, beaucoup de fidèles anglicans ne se retrouvent plus dans les nouvelles inflexions de leur Eglise. S'étant nommée depuis des siècles " catholiques et réformés ", ils approchent naturellement le Saint-Siège en 2007, dans la discrétion. L'Eglise catholique, après deux années de réflexion, ouvre les bras à ses frères séparés depuis 479 ans, le 4 novembre 2009, par la promulgation de la Constitution apostolique Anglicanorum Coetibus.

Sans surprise, cette réunification est à nouveau l'objet de critiques adressées au pape. Les catholiques, de moins en moins dupes, s'étonnent que la réconciliation de chrétiens, après cinq siècles d'opposition soit décriée par certains groupes qui semblent regretter les affrontements - sanglants à certaines périodes de l'histoire, rappelons-le - dès lors pardonnés, dépassés, oubliés. L'oecuménisme chrétien n'a-t-il pas pour but la réunification des familles chrétiennes ? Ne faut-il pas, quand l'heure vient, quand les opportunités se font jour, la réaliser ? Quel intérêt peut-on trouver au maintien de la division ?

Le dialogue interreligieux

Derrière ce titre impressionnant, il faut surtout entendre la recherche d'un respect mutuel, plus qu'un rapprochement des théologies qui conduirait à une religion unique. Personne ne semble croire à cette utopie, sinon le Groupe Bilderberg.

Le dialogue interreligieux du nouveau pontificat débute mal, pourtant, avec " l'affaire de Ratisbonne ", le 12 septembre 2006. On reproche alors au pape d'avoir cité un avis d'un penseur musulman au XIVe siècle que le Souverain Pontife met en perspective dans une réflexion qui concerne la raison en général. La polémique enfle, est entretenue jusqu'à ce qu'elle meure d'elle-même, quelques mois plus tard, lors de la visite du pape en Turquie.

Par la suite, Benoît XVI, dans une lettre envoyée au prince Ghazin Ben Mohammed Ben Talal, le 19 décembre 2007, désire " fonder le dialogue sur un respect effectif de la dignité de chaque personne humaine, sur la connaissance objective de la religion de l'autre, sur le partage de l'expérience religieuse et, enfin, sur l'engagement commun à promouvoir le respect et l'acceptation réciproques chez les nouvelles générations. "

Quelques semaines plus tard, il a l'occasion de rappeler que le respect entre religions différentes, est une attitude mutuelle, et qu'elle implique notamment la liberté de conscience et de culte, pour chacun, où qu'il se trouve. Il s'exprime ainsi aux membres de la conférence des évêques latins dans les régions arabes, le 18 janvier 2008 : " La rencontre des membres des autres religions, Juifs et Musulmans, est pour vous une réalité quotidienne. Dans vos pays, la qualité des relations entre les croyants prend une signification toute particulière, en étant à la fois témoignage rendu au Dieu unique et contribution à l'établissement de relations plus fraternelles entre les personnes et entre les différentes composantes de vos sociétés. Aussi, une meilleure connaissance réciproque est-elle nécessaire pour favoriser un respect toujours plus grand de la dignité humaine, l'égalité des droits et des devoirs des personnes et une attention renouvelée aux besoins de chacun, particulièrement des plus pauvres. Par ailleurs, je souhaite vivement qu'une authentique liberté religieuse soit partout effective et que les droits de chacun à pratiquer librement sa religion, ou à en changer, ne soient pas entravés. Il s'agit d'un droit primordial de tout être humain. "

Le Qatar a abondé en ce sens, avec la consécration en mars 2008, de Notre-Dame-du-Rosaire, la première de cinq églises catholiques qui seront construites dans le pays. Dans cet émirat musulman et non laïc, l'ancien président de la faculté de droit islamique de l'université du Qatar déclare alors que " la possession d'un lieu de culte est un droit fondamental pour l'Islam. "

Les vocations sacerdotales et religieuses

Les vocations au sein de l'Eglise sont à l'image du jeune homme riche de l'Evangile selon saint Matthieu (Mt, 19, 16-22). Alors qu'il demande à Jésus ce qu'il doit faire pour avoir la vie éternelle, le Christ lui répond qu'il doit " appliquer les commandements, (...) aimer son prochain comme soi-même, (...) vendre tout ce qu'il possède, le donner aux pauvres. " Jésus conclut par un appel personnel : " Viens, suis-moi ! " Mais " le jeune homme s'en va, tout triste, car il a de grands biens. "

La vocation sacerdotale ou religieuse est proposée par le Saint Esprit qui " souffle où il veut " (Jn, 3, 9), mais la réponse à cet appel singulier ne se fait pas sans renoncements. Les voeux de chasteté, de pauvreté et d'obéissance ne sont pas faciles à prononcer dans l'environnement mondial moderne, qui pousse au " toujours plus ", au " tout est possible ". Le prêtre est devenu, dans certains pays, un personnage marginal, parfois suspect, et il a perdu de sa respectabilité sociale. Il n'est donc pas simple, pour un jeune qui éprouve une vocation sacerdotale ou religieuse, d'oser affirmer son choix dans un environnement hostile.

L'Annuaire pontifical 2011 donne la répartition mondiale des quelque 117 978 séminaristes qui se préparaient à la prêtrise en 2009 : 32% d'Américains, 26% d'Asiatiques, 21% d'Africains, 20% d'Européens, et 1% d'Océaniens. La France, à titre d'information, représente 0,74 point de ces 20% d'Européens. Ces chiffres montrent que les vocations sont plus fortes là où les situations économiques sont les plus dures, là où le relativisme est moins fort, là où on à moins de confort pour peser le pour et le contre de l'engagement : Amérique du Sud, Asie, Afrique. La répartition en Europe n'est pas égale, et les pays de l'ancien bloc de l'Est ont plus de vocations que les pays économiquement plus forts, à l'exception peut-être de l'Italie où la société aime ses prêtres.

Benoît XVI l'a rappelé : " Les vocations au sacerdoce et aux autres ministères et services fleurissent à l'intérieur du peuple de Dieu là où il y a des hommes dans lesquels le Christ transparaît par sa Parole, dans les sacrements, spécialement dans l'Eucharistie. " (Deus Caritas Est, 17)

Pour encourager les vocations sacerdotales, les prêtres (410 593 prêtres diocésains ou religieux en 2009) doivent témoigner du bonheur qu'ils vivent dans leur engagement. Les prêtres européens de la deuxième moitié du XXe siècle, ont très souvent donné d'eux-mêmes un visage aigri qui a fait fuir les postulants. Le défi de l'Eglise, pour les prêtres en Europe, est bien là. L'ordination d'hommes mariés, comme ceci se pratique dans les Eglises catholiques orientales, peut devenir d'actualité puisqu'il s'agit d'une norme disciplinaire. Néanmoins, ce n'est pas cette question qui freine principalement les vocations, mais l'image du prêtre dans la société.

Le nouvel ordre mondial

Depuis l'encyclique Rerum Novarum publiée en 1891 par le pape Léon XIII, l'Eglise a retrouvé sa place légitime dans les discussions sur la place de l'homme dans la société. Quand un Etat méprise les droits naturels de l'être humain, l'Eglise proteste. Quand une conception économique sauvage et libérale met à mal l'existence de l'être humain, l'Eglise parle. Quand un Etat décide de lancer une action belligérante unilatérale au mépris du droit international, l'Eglise conteste. Quand " l'opinion publique tend à accepter presque comme normal le fait que des millions d'êtres humains soient ainsi déracinés et condamnés à des conditions de vie misérables et douloureuses ", (Discours du représentant du Saint-Siège à l'ONU, 8 octobre 2007), l'Eglise s'élève. Enfin, " l'engagement personnel et les nombreux appels publics du pape Benoît XVI ont suscité un réveil des consciences concernant le respect et la nécessité de sauvegarder la création de Dieu " est rappelé par le nonce apostolique auprès de l'ONU le 18 février 2008.

Benoît XVI, a rédigé, en 2009 une encyclique sociale, Caritas in Veritate, qui a abordé la globalisation, le libéralisme, l'environnement, le développement, la justice dans la répartition des richesses entre les hommes.

Déjà, avec Centisimus Annus, Jean-Paul II avait déclaré : " Rerum novarum s'oppose - comme on l'a dit - à l'étatisation des instruments de production, qui réduirait chaque citoyen à n'être qu'une pièce dans la machine de l'Etat. Elle critique aussi résolument la conception de l'Etat qui laisse le domaine de l'économie totalement en dehors de son champ d'intérêt et d'action. Certes, il existe une sphère légitime d'autonomie pour les activités économiques, dans laquelle l'Etat ne doit pas entrer. Cependant, il a le devoir de déterminer le cadre juridique à l'intérieur duquel se déploient les rapports économiques et de sauvegarder ainsi les conditions premières d'une économie libre, qui présuppose une certaine égalité entre les parties, d'une manière telle que l'une d'elles ne soit pas par rapport à l'autre puissante au point de la réduire pratiquement en esclavage. " (Centisimus Annus, 15)

Caritas in Veritate est allée au-delà, et a déclenché une série de réactions des plus libéraux des économistes comme les " theocon " américains, c'est-à-dire les théologiens néoconservateurs. Les médias ont curieusement peu relayé cette encyclique sociale alors que le monde, en 2009, vivait déjà une crise. Cela n'est pas étonnant car le pape déclare que " les dynamiques économiques internationales actuelles, caractérisées par de graves déviances et des dysfonctionnements, appellent également de profonds changements dans la façon de concevoir l'entreprise ", ou bien encore que " la fameuse délocalisation de l'activité productive peut atténuer chez l'entrepreneur le sens de ses responsabilités vis-à-vis des porteurs d'intérêts, tels que les travailleurs, les fournisseurs, les consommateurs, l'environnement naturel et, plus largement, la société environnante, au profit des actionnaires, qui ne sont pas liés à un lieu spécifique et qui jouissent donc d'une extraordinaire mobilité. "

Il y a, avec de telles positions du pape, matière à profondément s'interroger sur la façon dont les catholiques, en fonction de leur origine géographique, de leur richesse personnelle, se placent différemment sur l'échiquier politique et soutiennent plutôt un parti qu'un autre, une idéologie ou son contraire. Il y a, avec ce rappel à la justice contenu dans Caritas in Veritate, une certaine ironie à montrer que Benoît XVI, souvent taxé de conservatisme, est celui qui réaffirme les positions révolutionnaires du Christ...

Le rapport au monde dans l'encyclique Spe Salvi

" Cette vision de la " vie bienheureuse " orientée vers la communauté vise en fait quelque chose au delà du monde présent, mais c'est précisément ainsi qu'elle a aussi à voir avec l'édification du monde - en des formes très diverses, selon le contexte historique et les possibilités offertes ou exclues par lui. Au temps d'Augustin, lorsque l'irruption de nouveaux peuples menaçait la cohésion du monde, où était donnée une certaine garantie de droit et de vie dans une communauté juridique, il s'agissait de fortifier le fondement véritablement porteur de cette communauté de vie et de paix, afin de pouvoir survivre au milieu des mutations du monde. Jetons plutôt au hasard un regard sur un moment du Moyen Age selon certains aspects emblématiques. Dans la conscience commune, les monastères apparaissaient comme des lieux de fuite hors du monde (contemptus mundi) et de dérobade aux propres responsabilités dans le monde, pour la recherche du salut personnel. Bernard de Clairvaux, qui, avec son Ordre réformé, fit rentrer une multitude de jeunes dans les monastères, avait sur cette question une vision bien différente. Selon lui, les moines ont une tâche pour toute l'Église et par conséquent aussi pour le monde. Par de nombreuses images, il illustre la responsabilité des moines pour tout l'organisme de l'Église, plus encore, pour l'humanité ; il leur applique la parole du Pseudo-Ruffin : " Le genre humain vit grâce à peu de gens ; s'ils n'existaient pas, le monde périrait ". Les contemplatifs - contemplantes - doivent devenir des travailleurs agricoles - laborantes -, nous dit-il. La noblesse du travail, que le christianisme a héritée du judaïsme, était apparue déjà dans les règles monastiques d'Augustin et de Benoît. Bernard reprend à nouveau ce concept. Les jeunes nobles qui affluaient dans ses monastères devaient se plier au travail manuel. En vérité, Bernard dit explicitement que pas même le monastère ne peut rétablir le Paradis ; il soutient cependant qu'il doit, étant comme lieu de défrichage pratique et spirituel, préparer le nouveau Paradis. Un terrain sauvage est rendu fertile - précisément tandis que sont en même temps abattus les arbres de l'orgueil, qu'est enlevé ce qui pousse de sauvage dans les âmes et qu'est préparé ainsi le terrain sur lequel peut prospérer le pain pour le corps et pour l'âme. Ne nous est-il pas donné de constater de nouveau, justement face à l'histoire actuelle, qu'aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l'état sauvage. "

Encyclique Spe Salvi, 2007, paragraphe 15

La mondialisation et la gestion des entreprises dans l'encyclique Caritas in Veritate

" A l'époque de la mondialisation, l'économie pâtit de modèles de compétition liés à des cultures très différentes les unes des autres. Les comportements économiques et industriels qui en découlent trouvent généralement un point de rencontre dans le respect de la justice commutative. La vie économique a sans aucun doute besoin du contrat pour réglementer les relations d'échange entre valeurs équivalentes. Mais elle a tout autant besoin de lois justes et de formes de redistribution guidées par la politique, ainsi que d'oeuvres qui soient marquées par l'esprit du don. L'économie mondialisée semble privilégier la première logique, celle de l'échange contractuel mais, directement ou indirectement, elle montre qu'elle a aussi besoin des deux autres, de la logique politique et de la logique du don sans contrepartie. (...)

Les dynamiques économiques internationales actuelles, caractérisées par de graves déviances et des dysfonctionnements, appellent également de profonds changements dans la façon de concevoir l'entreprise. D'anciennes formes de la vie des entreprises disparaissent, tandis que d'autres, prometteuses, se dessinent à l'horizon. Un des risques les plus grands est sans aucun doute que l'entreprise soit presque exclusivement soumise à celui qui investit en elle et que sa valeur sociale finisse ainsi par être amoindrie. En raison de la croissance de leurs dimensions et du besoin de capitaux toujours plus importants, les entreprises ont de moins en moins à leur tête un entrepreneur stable qui soit responsable à long terme de la vie et des résultats de l'entreprise et pas seulement à court terme, et elles sont aussi toujours moins liées à un territoire unique. En outre, la fameuse délocalisation de l'activité productive peut atténuer chez l'entrepreneur le sens de ses responsabilités vis-à-vis des porteurs d'intérêts, tels que les travailleurs, les fournisseurs, les consommateurs, l'environnement naturel et, plus largement, la société environnante, au profit des actionnaires, qui ne sont pas liés à un lieu spécifique et qui jouissent donc d'une extraordinaire mobilité. En effet, le marché international des capitaux offre aujourd'hui une grande liberté d'action. Il est vrai cependant que l'on prend toujours davantage conscience de la nécessité d'une plus ample " responsabilité sociale " de l'entreprise. Même si les positions éthiques qui guident aujourd'hui le débat sur la responsabilité sociale de l'entreprise ne sont pas toutes acceptables selon la perspective de la doctrine sociale de l'Eglise, c'est un fait que se répand toujours plus la conviction selon laquelle la gestion de l'entreprise ne peut pas tenir compte des intérêts de ses seuls propriétaires, mais aussi de ceux de toutes les autres catégories de sujets qui contribuent à la vie de l'entreprise : les travailleurs, les clients, les fournisseurs des divers éléments de la production, les communautés humaines qui en dépendent. Ces dernières années, on a vu la croissance d'une classe cosmopolite de managers qui, souvent, ne répondent qu'aux indications des actionnaires de référence, constitués en général par des fonds anonymes qui fixent de fait leurs rémunérations. Cela n'empêche pas qu'aujourd'hui il y ait de nombreux managers qui, grâce à des analyses clairvoyantes, se rendent compte toujours davantage des liens profonds de leur entreprise avec le territoire ou avec les territoires où elle opère. Paul VI invitait à évaluer sérieusement le préjudice que le transfert de capitaux à l'étranger exclusivement en vue d'un profit personnel, peut causer à la nation elle-même. Jean-Paul II observait qu'investir, outre sa signification économique, revêt toujours une signification morale. Tout ceci - il faut le redire - est valable aujourd'hui encore, bien que le marché des capitaux ait été fortement libéralisé et que les mentalités technologiques modernes puissent conduire à penser qu'investir soit seulement un fait technique et non pas aussi humain et éthique. Il n'y a pas de raison de nier qu'un certain capital, s'il est investi à l'étranger plutôt que dans sa patrie, puisse faire du bien. Cependant les requêtes de la justice doivent être sauvegardées, en tenant compte aussi de la façon dont ce capital a été constitué et des préjudices causés aux personnes par leur non emploi dans les lieux où ce capital a été produit. Il faut éviter que le motif de l'emploi des ressources financières soit spéculatif et cède à la tentation de rechercher seulement un profit à court terme, sans rechercher aussi la continuité de l'entreprise à long terme, son service précis à l'économie réelle et son attention à la promotion, de façon juste et convenable, d'initiatives économiques y compris dans les pays qui ont besoin de développement. Il ne faut pas nier que lorsque la délocalisation comporte des investissements et offre de la formation, elle peut être bénéfique aux populations des pays d'accueil. Le travail et la connaissance technique sont un besoin universel. Cependant il n'est pas licite de délocaliser seulement pour jouir de faveurs particulières ou, pire, pour exploiter la société locale sans lui apporter une véritable contribution à la mise en place d'un système productif et social solide, facteur incontournable d'un développement stable. "

Encyclique Caritas in Veritate, 2009, paragraphes 37 & 40

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