Guide Burundi : Le Burundi en 30 mots-clés
Amafaranga, c'est le nom kirundi pour l'argent (la monnaie, les billets), dérivé du mot " franc ". Le franc du Ruanda-Urundi a été introduit par les colonisateurs belges et sa valeur est restée adossée au franc congolais jusqu'à l'indépendance du Congo, en juin 1960. Le franc burundais a été mis en circulation peu de temps après.
Un autre mot est aussi utilisé pour désigner l'argent : amahera. Il vient de " heller ", le nom d'une ancienne pièce de monnaie en cuivre qui circulait dans l'Est africain allemand au début du XXe siècle (100 hellers valaient une roupie).
Le kirundi favorise les jeux de mots et ici on peut établir un rapprochement avec le verbe guhera, qui signifie " s'achever ", " se finir ". En d'autres termes, amahera (l'argent), c'est aussi " ce qui se dépense ", " ce qui se termine " (trop vite !).
" La paix ". Le mot est employé seul pour dire bonjour, ou dans des formules de salutations plus développées, comme " N'amaki ? " (" Quelles nouvelles ? "), à quoi on répond " N'amahoro " (" Tout va bien ", " en paix "). On entend aussi " Tugire amahoro " (" Que la paix soit avec nous ") en début et fin de discours lors des innombrables cérémonies telles que les dots, les mariages et autres remises de diplômes.
C'est certainement l'un des mots les plus usités pour saluer un ami ou une connaissance, et celui dont la concrétisation est la plus espérée par les Burundais, dans un pays meurtri par l'histoire depuis plusieurs décennies.
La banane est centrale dans le système alimentaire des Burundais, consommée sous la forme de légumes (plantains) et de fruits. Elle est également au coeur des relations sociales, puisque la consommation de la bière de banane (urwarwa, prononcer " ourgwagwa "), en famille ou entre voisins, est l'une des pratiques les plus répandues dans le pays, surtout en milieu rural.
Seule la région du Mugamba ne présente pas de pentes couvertes de bananiers, plantés partout ailleurs autour de chaque rugo. Il existe un nombre considérable de termes pour désigner les différentes espèces de bananes, dont le nom générique est ibitoke (au singulier : igitoke), depuis la banane douce (igisahira) jusqu'à la banane amère (igikashi), produite pour fabriquer la bière, en passant par les muzuzu (bananes longues) dont on se régale en accompagnement des brochettes de viande.
La bière est la boisson nationale du Burundi, un breuvage " liant " par excellence, présent dans la plupart des manifestations et des relations sociales. Un terme générique est utilisé pour la nommer, inzoga, qui renvoie à l'ensemble des boissons fermentées. Ce mot désigne à la fois les bières industrielles brassées sur place (Primus, Amstel) ou importées (Heineken, Skol, Mützig), et les bières de production locale et familiale, bières de banane et de sorgho notamment, qui constituent un apport nutritif considérable dans le régime alimentaire des ruraux.
Les bières locales prennent des noms différents selon leur stade de fermentation (un peu comme les vins jeunes ou vieux) ou leur destination sociale (mariages, deuils...). Elles sont aussi couramment appelées pombe, un mot du kiswahili qui désigne toutes les boissons alcoolisées obtenues par fermentation de grains ou de fruits (bières ou vins de banane - urwarwa, insongo, rugombo -, de sorgho, d'éleusine).
Les brochettes sont omniprésentes au Burundi, tantôt repas d'une journée bien remplie, tantôt amuse-gueule des réunions d'amis avant le dîner familial. Pas une seule halte, pas un seul centre rural, pas un cabaret qui ne dispose de son mbabula (réchaud à charbon) pour cuire la viande, de boeuf (inka) ou de chèvre (impene).
Toutes les parties de l'animal sont déclinées sur les tiges de métal ou de bambou, la langue (ururimi), chère et recherchée, mais aussi le coeur (umutima), l'estomac (umushishito), le foie (igitigu). Les Européens préfèrent souvent le filet (umusoso), sans gras, et ils peuvent demander une " spéciale ", d'ordinaire réservée aux enfants, où les morceaux sont coupés fin. La brochette " je m'en fous ", dont le nom provient du jargon militaire, est au contraire constituée d'une double tige et les morceaux sont plus gros.
Dans la plupart des cabarets-bars, les tâches sont réparties entre celui qui sert les boissons et celui qui prépare les commandes de brochettes, qu'on appelle le " vétérinaire ". Il est de bonne stratégie de se faire connaître de ce dernier rapidement si l'on est affamé.
Robusta (Coffea canephora P. var. robusta) dans la plaine de l'Imbo ou Arabica (Coffea arabica) dans les zones d'altitude intermédiaire (plateaux du nord et monts Mirwa), le café est la plus importante culture commerciale du Burundi. Introduite au début du XXe siècle par les Pères blancs et imposée aux chefs puis aux paysans burundais par les colonisateurs belges, cette culture est presque exclusivement réservée à l'exportation et fournit un apport monétaire crucial pour ses producteurs. De manière paradoxale pourtant, la consommation de café reste peu développée chez les Burundais et ce n'est que récemment que des établissements proposant sa consommation sous forme d'expressos ont été ouverts à Bujumbura.
La qualité de l'Arabica burundais est indéniablement exceptionnelle. De nombreux prix internationaux de dégustation lui ont d'ailleurs été attribués à Nairobi, Boston ou Paris et depuis peu, une marque de café en dosette en a fait un de ses " crus d'exception ".
Loin d'être seulement une " élévation de terrain de forme arrondie ", comme le français la définit, la " colline " (umusozi) est une entité tout à la fois territoriale, humaine, économique et administrative qui constitue un élément-clé de l'espace social et politique du Burundi.
Son acception physique est liée aux réalités du relief national, puisque cette forme est présente presque partout dans le pays, justement dit " des mille collines ". Mais même cette signification est comprise différemment par les Burundais, qui désignent ainsi tantôt un ensemble de reliefs, tantôt un simple coteau.
Il s'agit aussi d'une entité humaine constitutive de l'identité individuelle et collective, puisque la colline regroupe une communauté de personnes unies par des liens familiaux, matrimoniaux et économiques, et qui se définissent avant tout par le nom de leur colline d'origine ou de résidence.
Il s'agit enfin du plus petit échelon de l'organisation administrative du Burundi, qui en compte près de 3 000. Les 15 000 conseillers collinaires ont été élus en septembre 2010, les prochaines élections étant prévues en août 2015.
Il en faut de l'équilibre (et du courage !) pour transporter ces charges de poteries, ces dizaines de régimes de bananes entassés à l'arrière du vélo, ces bidons d'huile ou de noix de palme arrimés au garde-boue de bicyclettes de collection ou ces immenses sacs de makala (charbon de bois) qu'on retrouvera plus tard alignés pour la vente en bord de route...
Activité généralisée, le portage au Burundi, sur la tête ou à vélo, est question d'aplomb et laisse admiratif : comment est-il possible de déplacer avec autant d'adresse et de dignité de si pesantes ou inconfortables cargaisons ? En montée, l'énergie dépensée pour déplacer les marchandises se devine dans les traits tirés des visages transpirants, qui trahissent l'effort physique. Mais à vélo, quel vertige contagieux offrent ces cyclistes sans peur ni hésitation, les " kamikazes ", lorsqu'ils s'élancent à toute allure et sans frein dans d'étourdissantes descentes, transportant derrière eux jusqu'à 200 kg de bananes ! Un spectacle à ne pas manquer entre Bugarama et Bujumbura, ahurissant !
C'est un problème majeur du pays. L'érosion occasionne des dégâts sur les milieux naturels comme sur les infrastructures routières et industrielles. Sa cause essentielle, mais pas unique, est l'action de l'homme, notamment le déboisement et la déforestation. Dans un contexte de forte pression foncière, la végétation brûlée pour cultiver, le couvert herbacé détruit par le surpâturage ou les arbres coupés pour le bois de chauffe n'assurent plus leur rôle habituel pour protéger et stabiliser les sols, qui s'appauvrissent inéluctablement.
Par ailleurs, le ruissellement des eaux sur les pentes et des écoulements plus diffus provoquent aussi leur lot de glissements de terrain et de ravinements. Durant les saisons pluvieuses, rigoles et ravins se creusent un peu partout et, parfois, des pans entiers de collines s'écroulent. Au bord du lac et dans les zones menacées du pays, ces effondrements ont des conséquences sérieuses sur les milieux biologiques fragiles. Seule (maigre) consolation : à l'occasion, la boue dévalée, une fois séchée, est utile pour des constructions en torchis.
La journée continue de travail, dite à " gong unique ", est pratiquée dans de nombreux pays africains, en particulier les importateurs de pétrole. Ce régime d'horaires aménagés vise à modérer la consommation de carburant quand la pénurie de pétrole se conjugue à la hausse des prix : l'Etat qui incite ses agents à emprunter les transports en commun et les fonctionnaires qui vont au travail en voiture sont censés réaliser des économies puisqu'un seul aller-retour quotidien est nécessaire entre le domicile et le lieu de travail. Les bureaux sont ouverts de 7h à 15h en continu, avec une courte pause de 30 minutes en milieu de journée, au lieu d'être ouverts de 7h30 à midi et de 14h à 17h30, avec un retour au domicile pour le déjeuner.
Le gong unique, qui suscite des controverses aussi insolubles que celles liées aux horaires d'été et d'hiver en France, est en théorie toujours en vigueur dans la fonction publique. En réalité, il est très inégalement respecté selon les services, certains ayant maintenu la journée à " double gong ". Dans ces conditions, mieux vaut toujours vérifier les horaires réels des administrations avant de s'y rendre.
Les haricots (Phaseolus vulgaris), d'origine américaine, constituent l'aliment de base des Burundais ruraux. La légumineuse, connue en kirundi sous le nom générique d'ibiharage (sing. igiharage), qui renvoie à des dizaines de variétés différentes de haricots et de fèves, est une culture fondamentale du Burundi. Cultivée dans tout le pays, avec une prépondérance sur les plateaux centraux et dans les fonds de vallées, elle fournit aux populations paysannes les protéines palliant la déficience animale du régime alimentaire des collines.
Le grand avantage des haricots est de connaître un cycle végétatif rapide qui permet plusieurs récoltes par an, et il existe même des variétés sauvages, volontairement encouragées ou préservées, qui poussent en dehors des cycles de culture habituels et constituent un appoint appréciable en période de soudure ou en cas de disette (igiharo).
A côté des petits pois et des arachides, les corbeilles de haricots verts, rouges, blancs, jaunes, à pois ou à stries, colorent vivement les étalages de tous les marchés du pays.
" Eh, toi ! " (prononcer " héoué "). L'interjection est courante et plutôt neutre, même si parfois le ton du locuteur peut indiquer une certaine condescendance vis-à-vis de la personne interpellée de la sorte. Si, comme il est d'usage, on répugne à siffler un taximan sur la route ou un serveur dans un cabaret pour les faire venir, on peut utiliser un sonnant " Hewe ! ".
Le Burundi baigne dans une culture orale que sert une langue précise et complexe où chaque mot est choisi, pesé, employé avec circonspection et souvent délectation par les locuteurs. Un terme kirundi, ijambo, illustre bien cette valorisation de l'oralité.
Ijambo, c'est la parole au centre des relations humaines, celle que l'on aime finement maniée ou que l'on ravale pour ne pas la gaspiller, celle aussi que l'on dénonce pour ses méfaits.
Ijambo, c'est encore le discours, celui qui ponctue, souvent longuement et solennellement, les grandes étapes de la vie et les manifestations sociales importantes. Des discours de circonstances (kuvuga ijambo), prononcés par les hommes surtout, marquent cérémonies de mariage et de deuil, fêtes de diplômes ou de naissance, visites familiales ou de voisinage. Avec une marge d'improvisation canalisée dans des figures de style et des procédés rhétoriques ingénieux, on rivalise d'originalité pour faire passer ses idées.
Transposés en une autre langue, ces discours peuvent paraître longs et alambiqués car on en perd la subtilité. Mais leur mélodie est une forme de langage universel que même les non-locuteurs peuvent comprendre.
Le kirundi regorge de faux homonymes qui peuvent faire naître des confusions désopilantes pour les Burundais quand des étrangers entreprennent de parler leur langue. Il s'agit de mots dont la signification varie en fonction d'accents toniques parfois difficilement perceptibles.
Ainsi le mot intore peut signifier une aubergine (" o " comme dans " corps ") ou une bouchée de pâte de manioc (" o " sourd), mais aussi peut faire référence aux danseurs-guerriers Intore, dont la tradition remonte à l'époque monarchique (" o " appuyé) ou encore à la marque de cigarettes Intore (" o " comme dans " côte ") !
Le même genre de confusion existe avec un grand nombre de mots. Une anecdote court ainsi à propos d'un professeur français en visite à l'université du Burundi, qui, sur un marché, s'était vu diriger vers l'enclos des poules (inkoko, " o " de " côte "), alors qu'il s'était enquis de belles vanneries plates (inkoko, " o " sourd) qu'il désirait acheter en souvenir... Le mot " marché ", d'ailleurs, isoko, s'il n'est pas bien prononcé, peut être compris comme " fontaine " ou " bas-côté d'une maison "...
Rhumes et petites atteintes allergiques ou respiratoires sont fréquents ici et les Burundais les appellent sans plus de distinction " grippes ". Les courants d'air balaient les abords du lac ou les hautes collines, et une grande variété de pollens chatouille les nez un peu sensibles... Les éternuements qui s'ensuivent peuvent être ponctués d'une courte interjection, Kira ! (" Sois sauf ! "), qui équivaut à la formule française " A tes souhaits ! ". On y répond indifféremment par Twese ! (" Nous ensemble ") ou Dukirane ! (" Pour nous deux ! "). La formule vaut aussi voeu de bien-être général.
Les logiques géographiques et politiques du Burundi précolonial expliquent la distinction établie entre d'une part, Bujumbura (surnommée " Buja ") et la plaine de l'Imbo, et d'autre part, le reste du pays qu'on appelle " l'intérieur ".
Il faut savoir que l'on " monte " toujours à l'intérieur, vers les collines, et que l'on " descend " à Buja. Cette séparation correspond au relief, puisque la capitale comme l'Imbo sont en plaine, à une altitude moindre que le reste du pays. Mais également le royaume burundais s'est constitué puis consolidé au cours des siècles " là-haut ", sur les plateaux centraux. Par opposition à l'Imbo et à la capitale (construite par les Allemands), " l'intérieur " du pays c'est donc aussi son " coeur " politique historique, le berceau de la monarchie " traditionnelle " centrée sur les collines autour de Muramvya. Aujourd'hui toutefois, parler de " l'intérieur " n'est pas toujours valorisé : les habitants de Buja y voient une brousse reculée ou une campagne arriérée habitée par des paysans souvent considérés comme des " bouseux "...
Au-delà de la référence biblique que les Burundais, majoritairement chrétiens, n'hésitent pas à employer pour décrire leur pays, le Burundi est bien " un pays ruisselant de lait et de miel ", comme l'était la terre promise pour les Hébreux quand Dieu parlait à Moïse du pays de Canaan...
Terre d'élevage où la vache est une richesse sociale, politique et économique, c'est un pays où l'on aime le lait (amata), que l'on boit sous forme liquide ou légèrement fermenté comme un yaourt. Les fromages ont fait leur apparition plus récemment, des fabriques s'étant développées à partir de la colonisation.
C'est aussi un pays où les apiculteurs élèvent des abeilles butineuses et ouvrières dans de grandes ruches végétales de forme oblongue, suspendues sur les plus hautes branches des arbres. Ce miel parfumé des collines (ubuki), délicieux, entre aussi dans la fabrication d'un hydromel local peu alcoolisé (qu'on trouve difficilement), ou ajoute une suavité particulière par exemple à la bière de sorgho.
Dans ce pays où les liaisons routières ne sont pas simples et les transports coûteux, la pratique de l'auto-stop est répandue, en ville comme sur les collines. Ici on demande un " lift " (un déplacement motorisé) non pas en tendant le pouce vers le haut comme en France, mais en tendant le bras et en présentant la main en avant, paume ouverte vers le ciel.
A Bujumbura, certains lieux sont des postes privilégiés pour ce sport, comme ce coin traditionnel du lift en haut du boulevard de l'Uprona, où les étudiants qui sortent de l'université s'attroupent en attendant qu'un bon samaritain les rapproche du centre-ville. Sur les collines, à l'intérieur du pays, on peut envisager aussi de demander un lift ou d'en donner un si l'on est véhiculé.
Bref, ce mode de transport est habituel, et les touristes peuvent aussi s'y adonner. La seule limite est que souvent les véhicules que l'on croise sont pleins, surtout dans l'intérieur du pays.
On marche beaucoup au Burundi, des kilomètres tous les jours, pour se rendre aux champs, pour faire paître les vaches, pour chercher de l'eau ou aller à l'école, à l'église, au marché ou au centre administratif local.
Les Burundais de l'intérieur sont des randonneurs de fond, des montagnards aguerris qui parcourent de grandes distances dès les premiers âges de l'enfance. Là où un citadin non entraîné mettra 1 heure, le Burundais rural prendra moitié moins de temps, habitué qu'il est aux sentiers escarpés des bananeraies et des hautes collines !
Mais à Bujumbura aussi cette habitude de la marche s'est conservée. Ainsi, en dehors des fameux " Amis de la montagne " ou des " Infatigables ", des associations connues pour leurs escapades dans les collines environnantes, on peut voir dans les rues de la ville, surtout le week-end, des dizaines de citadins en tenue de sport marchant fébrilement sous le soleil... Une pratique saine dont les effets sont parfois annulés au retour quand les sportifs se rafraîchissent d'une ou plusieurs bières...
Outre les lieux de culte, où la ferveur religieuse est intense, et les cabarets, où la vie sociale bat son plein, les marchés (amasoko, sing. isoko, du mot arabe souk) sont des lieux de rencontre importants pour la population.
Il ne faut absolument pas manquer de visiter l'un de ces soko à l'intérieur du pays, quand l'arc-en-ciel des couleurs des fruits et légumes fait écho à l'éventail des tenues bariolées des femmes et des ombrelles multicolores. Si certains centres locaux, spécialisés dans le négoce, sont ouverts toute la semaine, les marchés de campagne sont à visiter les jours de " pointe ", soit les mercredis, vendredis ou dimanches, en matinée.
Le mushingantahe (littéralement : " celui qui tient la baguette de justice "), c'est au Burundi le sage doté des vertus pacificatrices et des qualités morales les plus valorisées par la société. Il est difficile de traduire avec exactitude ce terme en français : le mushingantahe, c'est en même temps un homme bon, un sage ou un notable, un conseiller, un juge ou un arbitre...
Cet homme par excellence (on dit aussi mugabo pour un homme d'exception) était à la base de l'institution judiciaire informelle du bushingantahe qui, pendant des siècles, a contribué à assurer la cohésion sociale et a joué un rôle de médiateur dans les conflits locaux. Cette institution masculine a connu un regain d'intérêt depuis une vingtaine d'années, dans le cadre des processus de règlement du conflit dans le pays.
Il est très respectueux de s'adresser à un " vieux " en l'appelant mushingantahe (à plusieurs, ils seront des bashingantahe). Mais il faut veiller à ne pas employer ce terme à propos de tous les hommes d'âge mûr, car il ne suffit pas d'être bien installé, marié et père de famille pour être un " sage ".
Scandé au bord des routes par les enfants qui voient passer des étrangers et utilisé de manière courante par l'ensemble des Burundais, le terme muzungu (pluriel : bazungu) désigne de manière générique l'ensemble des Blancs, les étrangers d'origine européenne ou plus largement occidentale. Si le touriste, souvent interpellé de cette manière dans la rue, peut à la longue en concevoir un certain agacement, le mot en lui-même n'a pas de connotation péjorative. Pour une femme blanche et/ou européenne, on dira umuzungu kazi.
Le Burundi a été pendant des siècles un royaume bien établi dans les Grands lacs, dirigé par un mwami (pluriel bami), qu'on traduirait en français par " roi ". Avant que la République ne soit proclamée, en 1966, le mwami était un personnage vénéré par la population, à la fois source et dispensateur du pouvoir, intermédiaire quasi-sacré entre les hommes et Imana (la puissance divine), entouré de conseillers, de chefs et de serviteurs dévoués.
Pendant plusieurs décennies après le renversement de la royauté, il n'a plus été question de parler des derniers monarques. Mais avec les célébrations du cinquantenaire de l'Indépendance en 2012, un regain d'intérêt pour cette histoire ancienne et puissante s'est fait ressentir. Des tentatives ont été faites pour retrouver les restes du dernier roi du Burundi, Charles Ndizeye, tué en 1972 et dont les restent gisent quelque part dans une fosse commune à Gitega. Elles sont restées infructueuses pour le moment, tout comme la tentative de rapatriement du corps du mwami Mwambutsa, le père de Ndizeye, enterré en Suisse où il est mort en exil en 1977. Les membres de la famille royale se sont déchirés autour de cette question en 2011-2012, qui a créé une polémique dont l'ampleur montre bien l'importance sociopolitique actuelle de l'histoire monarchique du pays.
Les ndagalas (mot invariable dans le langage courant) sont de petites sardines endémiques du lac Tanganyika dont on raffole tout le long des côtes de cette grande mer intérieure. Il s'agit d'un tout petit poisson argenté dont la pêche a connu ces dernières années un certain recul, mais qui reste très prisé. On le mange en friture - délicieux avec un zest de citron - ou en sauce, en accompagnement de la pâte de manioc. On peut aussi les acheter séchés en guise d'amuse-gueule souvenir à remporter de vacances.
Le long de la route allant de Bujumbura à Nyanza-Lac, les reflets argentés des ndagalas séchant au soleil sur de grandes claies offrent de belles perspectives visuelles.
Conduite, circulation et autres questions relatives à l'usage et aux règlements de la route sont réunies sous le vocable de " roulage " : comme en Belgique, on parle ici de police de roulage, d'accident de roulage, etc.
Dire que le roulage est difficile et dangereux au Burundi est un euphémisme. Difficile à Bujumbura, parce qu'à certains moments de la journée, aux heures d'entrée et de sortie des bureaux, les rues du centre-ville sont congestionnées. Les passants asphyxiés par les gaz d'échappement, menacés par des chauffeurs pressés qui empruntent trottoirs et caniveaux, tentent de poursuivre leur chemin dans une ambiance sonore saturée par les Klaxons nasillards. La conduite est stricto sensu anarchique.
Dangereux partout ailleurs, parce que bien des conducteurs semblent avoir reçu leur permis dans une pochette surprise (en 2010, un faux permis se négociait à moins de 100 €). Imprudence (doublement sans visibilité, conduite sur la voie contraire, arrêts intempestifs sans considération du danger...), sans-gêne et vitesse excessive sur des routes tortueuses sont une réalité du roulage au Burundi, et les accidents sont anormalement fréquents. La plus grande prudence s'impose donc sur les routes.
Le terme de rugo désigne à la fois la maison d'habitation rurale (inzu) et l'enclos (urugo) construit en matériaux naturels qui souvent (mais pas toujours) entoure la maison et ses dépendances, et à l'intérieur duquel le bétail est confiné pour la nuit. L'acception de ce mot est donc plus large que son sens strict (celui d'une parcelle clôturée), et on parle d'un rugo pour désigner globalement l'entité familiale.
La petite parcelle qui entoure en général le rugo, avec des cultures vivrières, s'appelle l'itongo. Autrefois acquis par héritage - et source de bien des conflits dans les familles et d'un morcellement extrême des exploitations - l'itongo peut maintenant être acquis par achat ou loué à des paysans. On n'est alors plus vraiment dans la configuration traditionnelle de la parcelle cultivée attachée à un rugo.
Associé au Rwanda pendant les périodes coloniales allemande et belge sous le nom de " Territoire du Ruanda-Urundi ", le Burundi souffre depuis des décennies d'amalgames faciles et de comparaisons schématiques avec son voisin du Nord, qui aboutissent souvent à la négation de son identité et de son histoire propres.
Parce que leur taille, leur relief, leur poids démographique, leur composition ethnique, leur langue et leur culture rurale sont comparables sinon très proches, on considère souvent le Rwanda et le Burundi comme des pays jumeaux dont les situations économiques, sociales et politiques seraient similaires et les analyses portées sur eux, interchangeables. En réalité, il s'agit de faux jumeaux et les occasions de le découvrir, dans les discours, l'évolution politique, les paysages ou les pratiques sociales sont nombreuses.
Célèbres depuis leurs tournées internationales, les tambours du Burundi et leurs batteurs ont médusé les spectateurs occidentaux par leurs époustouflantes performances musicales.
Ces tambours ont peu de ressemblance avec les percussions d'Afrique de l'Ouest. Fabriqués dans le tronc évidé d'un bois spécial (le Cordia africana), ils ont la forme d'un mortier et sont recouverts d'une peau de vache tendue, fixée par plusieurs chevilles en bois. On les bat avec des baguettes et non avec les mains, et chacune de leurs parties porte un nom qui renvoie au corps de la femme.
Surtout, ils sont intimement liés à la construction politique du Burundi monarchique, puisqu'ils symbolisent par excellence le pouvoir royal (le mot ingoma désigne d'ailleurs à la fois le tambour et le pouvoir royal).
Autrefois battus seulement pour le mwami, dans des circonstances spéciales (notamment lors de la fête annuelle du muganuro), leur usage s'est banalisé et les troupes de tambourinaires sont aujourd'hui nombreuses qui s'entraînent un peu partout dans le pays. Gishora, non loin de Gitega, reste toutefois le lieu privilégié des démonstrations " traditionnelles ".
Utilisée dans la plupart des constructions, la tôle est omniprésente au Burundi. En saison des pluies, quand de grosses gouttes viennent cogner le métal, une atmosphère vraiment particulière se dégage, on doit hausser la voix pour poursuivre les conversations, tout en ayant envie de se laisser bercer par ce déluge de crépitements.
La tôle est aussi d'une importance économique non négligeable. En milieu rural, de jeunes gens ne peuvent se marier tant qu'ils n'ont pas suffisamment d'argent pour en acheter, c'est-à-dire pour construire une maison.
Enfin, pour indiquer l'état de certaines routes en latérite de l'intérieur du pays, déformées par les intempéries et la circulation, on dit qu'elles sont de tôle, car on y a l'impression de rouler sur des plaques de tôle ondulée.
La vache au Burundi est un symbole de richesse, de puissance et de prospérité. Pendant des siècles, les relations sociales et de pouvoir se sont construites autour des échanges de vaches et des pratiques de sélection et d'accroissement des troupeaux. Bien que ces rapports sociaux et politiques aient changé au cours de la colonisation et depuis l'indépendance, l'importance de la vache reste aujourd'hui encore considérable : élément central de la culture burundaise, elle est présente sur les collines bien sûr, mais aussi évoquée dans les usages de la langue kirundi.
Les vaches burundaises sont des ankolé, appartenant à la variété sanga que l'on trouve un peu partout sur la façade orientale du continent africain. Il existe en kirundi des dizaines, voire des centaines de noms pour les qualifier, selon leur âge, la forme et la taille de leurs cornes, la couleur de leur robe, leur sevrage ou leur stade de reproduction...
Le terme générique pour désigner les vaches communes est inka (invariable), mais les plus belles sont les vaches dites inyambo, avec leurs longues cornes en forme de lyre, qui sont typiquement celles que l'on trouvait dans les troupeaux royaux.
A l'image de ce que peut être la langue kirundi, facétieuse dans ses figures de style, le français parlé au Burundi est ingénieux. Parmi les néologismes qui décrivent la délicate situation politique dans laquelle se débattent depuis des décennies les Burundais, on citera le mot " ventriotes ", qui désigne tous ceux dont la corruption et l'intérêt personnel " mangent " le pays. Un terme kirundi, plus poétique, existe aussi pour désigner ce type de gens : nsumirinda est le surnom donné à l'égoïste dans des contes anciens. Il signifie littéralement " Je cherche de quoi approvisionner mon ventre ".
Pratiques touristiques
Les prises de vue des bâtiments, infrastructures et personnels militaires sont interdites. Bien qu'il n'y ait pas de législation claire à ce sujet, l'interdiction est aussi élargie tacitement aux bâtiments politiques (palais présidentiel, parlement). Parfois, en fonction des agents sur les lieux (et de leur humeur), il peut être défendu de photographier des monuments, mais alors avec diplomatie et patience, on peut avancer l'argument du caractère inoffensif du cliché qui l'emporte en général.
Photographier les gens est plus problématique. Il paraît juste de demander la permission à la personne concernée. De nombreux Burundais, notamment sur les collines, sont en effet gênés par cette pratique et signalent clairement leur refus par un geste de la main. Il vaut mieux ne pas insister ou tenter de " voler " l'image refusée. D'autres peuvent voir dans une photo l'occasion de gagner un peu d'argent et le feront savoir. C'est au chasseur d'images de décider si son trophée vaut le prix qu'on lui réclame...
Partir au Burundi c'est aller à la rencontre des Burundais et de leur culture. La peur et la paranoïa ne doivent pas y faire obstacle, ni non plus un sentiment de supériorité, totalement injustifié. A Bujumbura et surtout à l'intérieur du pays, nombre d'individus, enfants et adultes, interpellent les étrangers par de courtes formules comme Yambu ! (" salut ! "), Umuzungu ! (" le Blanc ! "), Amahoro ! (" la paix ! ") ou encore Hewe ! (" toi ! "). Il n'y a pas de malveillance dans ces interjections, même criées, ou dans des rires étouffés. Les formules de réponse appropriées (Yambu ! ou Amahoro !) feront plaisir à tout le monde.
Bonne conduite et savoir-vivre
Pour engager une discussion au Burundi, quelques principes de civilité doivent être respectés, qui peuvent sembler fastidieux mais sont le gage d'une saine relation ultérieure. Ainsi, pour entamer une conversation, on ne se contente pas de demander seulement à son interlocuteur s'il va bien. Il faut consentir à un rituel de politesses, en le questionnant aussi sur la famille, les proches et les amis... Même après ces préambules, on n'aborde les questions personnelles ou intimes qu'avec tact et circonspection. Les relations de confiance qui permettent les échanges véritables se construisent en douceur et dans la durée.
La bise n'est pas de tradition burundaise, à moins d'être avec de proches amis, rencontrés en Occident... On se sert plutôt la main pour se saluer, ou bien on s'étreint, en gardant une certaine distance entre les corps.
Les Burundais sont d'une grande tolérance à l'égard des comportements des étrangers, dans la limite, bien sûr, de la bienséance. On acceptera de voir un étranger saoul sans lui en faire reproche, dans la mesure où son état n'implique ni agressivité ni violence. Les campagnes anti-tabac commencent à avoir un écho dans le pays, et les interdictions de fumer se multiplient dans divers bars et restaurants.
Manger dans la rue ne se fait pas. Les regards se détournent devant celui qui mange un sandwich ou un gâteau en public.
Il est admis qu'un homme puisse siffler tout haut (c'est toutefois rare), mais une femme qui ferait la même chose serait considérée comme " naturellement folle ", tel que le dirait un bon ami du Petit Futé.
Enfin les Burundais, surtout les week-ends, se plaisent à porter des tenues apprêtées. Une tenue correcte sera du meilleur effet. Short et mini-jupes sont à proscrire si l'on doit visiter une famille ou participer à une cérémonie sociale quelconque.
Mendicité et cadeaux
La mendicité s'est développée avec l'augmentation de la paupérisation due à la guerre. A Bujumbura surtout, des enfants des rues (les mayibobo) et des personnes âgées ou handicapées sont nombreux à quémander un peu d'argent pour survivre.
Ils sont postés devant les boutiques, près des parkings et des hôtels, à la sortie des bureaux de change ou des églises. Les étrangers sont, bien sûr, sollicités en premier lieu et leur attitude à cet égard n'est pas sans effet sur l'évolution des pratiques de mendicité.
Il est impossible de définir une règle à suivre, chacun ayant ses propres critères de générosité et d'altruisme, ses réticences ou ses élans de bonté. Certes, il vaut mieux donner avec le coeur plutôt que pour se déculpabiliser, mais l'effet dans les deux cas sera le même. Par ailleurs, la charité n'est pas un acte philanthropique dénué d'effet économique concret. Donnons donc, mais ni trop ni pas assez. On peut aussi donner un peu plus à l'occasion de services rendus (la garde d'une voiture, une course pour un achat)...
Comme un petit cadeau fait toujours plaisir, penser à en emporter pour les personnes proches est une bonne idée. Parmi les produits venant d'Europe, les parfums, les bijoux, les vêtements et les appareils électroniques sont appréciés. Pour d'autres, des médicaments chers ou introuvables dans le pays (cachets contre la malaria, aspirine) peuvent aussi être des dons utiles.
Prudence
Après plusieurs années de guerre, la paix est globalement revenue dans le pays. Malgré tout, comme en contrepoint à l'amélioration de la situation sur le terrain militaire, la délinquance et le banditisme ont beaucoup augmenté depuis quelques années. Il y a bien sûr une part d'aléatoire dans les agressions et les attaques dont on peut être victime, mais le respect de quelques mesures de prudence élémentaires limite les risques.
Ainsi, mieux vaut ne pas débaler des signes de richesse extérieurs tels que les bijoux, appareils photos ou autres objets de valeur. Il faut aussi éviter d'emporter de grosses sommes d'argent sur soi, notamment au marché (à Bujumbura). Pendant la nuit, en circulant en voiture, on veillera à verrouiller portes et vitres, et on évitera les quartiers périphériques non éclairés.
Parmi les pratiques " touristiques " dont il faut encore se méfier, la fréquentation des prostituées ou de jeunes filles qui offrent leurs services aux Bazungu, ainsi que l'usage du cannabis. Les risques encourus sont une contagion par le VIH-Sida dans le premier cas (et la détention si la personne est mineure), la prison dans le second. Terminer un séjour en cauchemar n'est souhaité pour personne, alors autant s'en abstenir...
Une dernière recommandation s'adresse enfin à ceux qui fréquenteront les plages du Tanganyika ou les berges d'une rivière comme la Ruvubu (parc national) : les risques d'une rencontre avec un hippopotame ou un crocodile ne sont pas à minimiser.
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