Guide Paraguay : Survol du Paraguay
Le Paraguay est situé en plein coeur de l'Amérique du Sud. Avec la Bolivie, c'est le seul pays du continent à ne pas avoir accès à l'océan. L'Atlantique se trouve à 611 km, le Pacifique à 819 km, de l'autre côté de la cordillère des Andes. Les fleuves Paraguay, Apá et Paraná, ainsi que les cordillères Amambay et Mbaracayú constituent une frontière naturelle avec le Brésil, du nord au sud-est. Les fleuves Paraná, Paraguay et Pilcomayo, le séparent de l'Argentine. La frontière avec la Bolivie se situe dans la région aride du Chaco. Le Paraguay paraît minuscule comparé au Brésil ou à l'Argentine, mais avec une superficie de 406 752 km², il est plus grand que l'Allemagne et représente près des trois quarts du territoire français.
Le fleuve Paraguay sépare le pays en deux régions aux caractéristiques géographiques, climatiques et démographiques bien marquées. Le Paraguay oriental (39 % du territoire) présente un relief varié de collines, cordillères, plateaux et plaines humides ou sèches, verdoyantes et fertiles. L'agriculture y est développée surtout dans l'est. Les températures et la pluviométrie sont moins extrêmes que dans la partie occidentale du pays, ce qui explique que 98 % des Paraguayens y résident. A l'ouest du Río Paraguay, c'est le Chaco, un espace sauvage qui se prolonge en Bolivie et en Argentine (61 % du territoire national). Une région peu peuplée, plate, où s'étendent de nombreuses estancias. La biodiversité y est très riche mais de plus en plus menacée. Le Chaco comprend trois zones bien distinctes : le Chaco humide (ou Bas Chaco), bordant le Río Paraguay, le Haut Chaco, semi-aride, plus à l'ouest en direction de la Bolivie, et enfin le Pantanal paraguayen au nord-est. Cette vaste zone inondée durant une bonne partie de l'année constitue un véritable sanctuaire écologique, l'un des plus riches au monde.
Les trois principaux fleuves du pays sont le Paraguay qui coupe le pays en deux (2 800 km, dont 1 023 km au Paraguay), le Paraná (4 700 km, 830 km au Paraguay) et le Pilcomayo (2 000 km, 835 km au Paraguay). Ces ríos présentent une importance économique vitale pour le pays : pêche, irrigation, énergie et transport fluvial. Les rivières ou arroyos et les lagunes ne sont jamais bien loin et les deux plus grands lacs, Ypoá et Ypacaraí, sont à proximité d'Asunción. Enfin, la partie orientale du pays repose sur un bassin hydrographique gigantesque, l'aquifère guaraní, considéré comme l'une des plus grandes réserves d'eau douce de la planète.
Les principales cordillères sont anciennes (40 millions d'années pour la cordillère de Mbaracayú) et sont le prolongement de reliefs plus élevés qui se trouvent au Brésil. Quatre sommets dépassent les 600 m, dont le Cerro Tres Kandú, point culminant du pays (842 m).
Le tropique du Capricorne traverse le pays au niveau de Belén, dans le département de Concepción, divisant le pays entre un climat tropical (au nord) et subtropical (au sud). Les saisons sont inversées par rapport à l'hémisphère nord, mais, au Paraguay le printemps et l'automne semblent beaucoup plus courts qu'en France. L'été paraguayen s'étend d'octobre à avril. Il fait très chaud, avec des températures autour de 35 °C en journée (et pouvant dépasser les 45 °C) et descendant rarement sous les 22-25 °C la nuit. L'hiver commence en juin et dure jusqu'à fin août-début septembre. Les températures en hiver sont agréables, généralement comprises entre 15 et 20 °C la journée, les nuits sont plus fraîches et il peut faire jusqu'à 5 °C à Asunción, et l'on compte 2 ou 3 gelées par an dans certaines régions. Les précipitations sont fréquentes toute l'année dans la région orientale et dans le Bas Chaco. Entre 1 300 et 2 000 mm de pluie par an, tandis que la partie occidentale du Chaco est beaucoup plus sèche, avec certaines années moins de 400 mm. Les périodes les plus humides s'étendent d'octobre à novembre et de mars à mai. Juin, juillet et août (l'hiver paraguayen) sont plus secs.
Intérêts économiques contre intérêts écologiques. Rien de nouveau sous le soleil paraguayen.
On parle beaucoup de la déforestation et des grands champs de soja transgénique au Brésil et en Argentine. Le Paraguay suit le même schéma et en est le quatrième exportateur mondial ! La production de soja est surtout destinée à nourrir le bétail européen et à produire des agrocarburants. Le soja, qui n'existait pas sur le sol paraguayen avant les années 1970, est devenu le premier produit agricole exporté. Rien d'étonnant puisque c'est de loin la culture légale la plus rentable en Amérique du Sud. Malheureusement cette monoculture a des conséquences irrémédiables sur le paysage et la biodiversité. Vous vous en rendrez compte en traversant les déserts verts du côté de Santa Rita par exemple, dans le département d'Itapúa. Par ailleurs, on peut craindre les effets de la dispersion de semences transgéniques (tout le soja n'est pas transgénique au Paraguay), ainsi que l'impact des pesticides au-dessus de l'aquifère guarani. Il y aurait même actuellement des tests pour implanter une variété de soja pouvant résister aux températures arides du Chaco, si cela fonctionne c'est l'arrêt de mort de cette région si vulnérable. Merci Monsanto.
C'est l'étude menée par l'Université du Maryland, publiée en 2013 dans la revue Science, qui le révèle. La liste des ennemis de la forêt est longue : exploitation forestière, industrie du charbon, incendies volontaires pour libérer des pâturages pour les bovins ou planter du soja... Depuis les années 1960, le Paraguay a perdu 90 % de sa couverture forestière originale. Selon des études de la FAO, la moyenne de déforestation entre 1984 et 1991 a été de 300 000 hectares par an dans la région.
C'est la forêt atlantique du Haut Paraná (BAAPA), l'une des zones les plus biodiverses au monde, qui a le plus souffert. Il reste environ 650 000 ha sur les 9 millions originels, répartis en bosquets fragmentés, ce qui empêche la circulation des espèces, rôle majeur de la forêt. On peut découvrir cet écosystème dans les réserves Mbaracayú et San Rafael.
La tendance s'est améliorée dans la région orientale, grâce à la " Loi déforestation zéro ". La déforestation n'atteint plus que 6 000 ha par an dans la région orientale (au lieu de 120 000 ha il y a quelques années). Par ailleurs, en 2009, une campagne citoyenne pour reboiser la forêt atlantique a été lancée : " A todo pulmón, Paraguay respira " (" A plein poumon, le Paraguay respire ") avec pour objectif de planter 50 millions d'arbres et reforester 1 million d'hectares. Le mouvement a pris de l'ampleur, il est aujourd'hui un acteur important de l'éducation environnementale dans les communautés rurales et propose des alternatives à la déforestation. C'est aujourd'hui le Chaco qui est le plus touché, car les contrôles y sont difficiles et la corruption omniprésente au ministère de l'Environnement qui accorde des autorisations de défrichement sans même regarder une carte de la région. Il a accordé récemment des licences d'exploitation dans la forêt des indiens Ayoreo (l'un des derniers peuples isolés au monde), alors même que cette forêt est située dans une réserve de biosphère de l'Unesco ! Le déboisement n'est pas nouveau dans le Chaco, l'exploitation du bois précieux comme le quebracho a commencé il y a plus d'un siècle, et les tronçonneuses continuent leur travail de nos jours, pour des bois moins nobles qui finissent en charbon " biologique ". Au rythme actuel, le Chaco pourrait subir le même sort que la partie orientale du pays. On estime que l'équivalent d'un terrain de football disparaît toutes les 90 secondes dans le vaste Chaco, partagé entre le Brésil, l'Argentine, la Bolivie et le Paraguay (le plus touché par la déforestation).
Avec la déforestation, le soleil chauffe davantage les sols sans ombre, ce qui fait remonter les eaux salines souterraines vers les eaux de surfaces plus douces, avec lesquelles elles se mélangent. La salinité de l'eau des lagunes augmente ainsi. Or, de nombreuses espèces animales et végétales ne supportent pas ce changement. Le phénomène devient inquiétant dans le Chaco.
Ces activités ne posent pas de problème environnemental lorsque la réglementation est respectée. C'est en l'absence de contrôle que cela devient dangereux. Jaguar, puma, cerf des marais, pécaris, tatous et autres espèces en voie de disparition continuent d'être chassés au Paraguay et le trafic d'espèces sauvages rapporte gros à certains.
Les grands barrages hydroélectriques ont inondé de vastes forêts, habitat de nombreuses espèces, et des milliers de personnes ont été obligées de se déplacer. La montée des eaux du Paraná dans la région d'Encarnación, pour renforcer la puissance de la centrale de Yacyretá, démontre encore que les intérêts économiques prévalent sur les écosystèmes, même si l'Entité Binationale de Yacyretá a réalisé quelques compensations écologiques et sociales.
Un aquifère est une couche de roche suffisamment poreuse et perméable pour contenir une nappe d'eau souterraine. L'aquifère " guarani " s'étend sous les territoires originels des peuples guaranis, sur environ 1,2 million de km². Les pays concernés sont le Brésil (70% de l'aquifère), l'Argentine (19%), le Paraguay (6%) et l'Uruguay (5%). C'est l'une des trois plus grandes réserves d'eau douce souterraine de la planète. Elle représenterait 50 000 milliards de tonnes d'eau pure et potable (deux siècles de consommation mondiale !). Cette eau se trouve entre 5 m et 1 800 m de profondeur.
L'aquifère est constitué de plusieurs formations géologiques, avec des zones de " recharge " où l'eau de surface peut s'infiltrer dans le sol jusqu'à la nappe souterraine. Les principales aires de recharge sont situées au Paraguay, dans les départements de Caazapá, Alto Paraná et Itapúa, où l'activité agricole est très forte, ce qui implique un risque de pollution des nappes par les engrais et pesticides. L'aquifère a jusqu'à présent été exploité à l'aide de puits et forages, sans vraiment de concertation entre les pays concernés. Un projet transfrontalier " pour la protection et le développement durable du système aquifère guarani " a été engagé il y a quelques années. Ce projet financé par la Banque mondiale a fait l'objet de vives polémiques, en raison de la présence de nombreuses compagnies étrangères et notamment nord-américaines, soupçonnées de venir faire main basse sur les ressources en eau de la région et de s'implanter dans la " Triple frontière ". Dans un monde où l'eau est une ressource de plus en plus précieuse, l'aquifère guarani est devenu un enjeu géopolitique majeur.
Pour faire face aux menaces environnementales, de nombreux espaces naturels ont été classés en parcs nationaux et réserves privées. La première Zone nationale de réserve du pays date de 1948, avec le classement du Cerro Lambaré. Le premier parc national, Tinfunqué, a été créé en 1966. Dans les années 1970 et 1980, d'autres parcs ont été établis. Mais le Paraguay a vraiment commencé à protéger ses ressources naturelles avec la loi 352 de 1994 qui définit les différentes catégories et statuts de parcs et réserves privées ou publiques. 15 % du territoire paraguayen est aujourd'hui dans une réserve protégée mais les moyens humains et techniques sont souvent dérisoires pour assurer une surveillance efficace. Les accès aux parcs nationaux et réserves privées sont parfois compliqués, voire impossibles sans un guide. Si vous souhaitez vous rendre dans un parc national par vos propres moyens, il est recommandé de contacter le Secrétariat à l'environnement (SEAM) qui vous indiquera les accès et vous mettra en relation avec un ranger (guardaparque). Les infrastructures d'accueil sont basiques mais gratuites et il est souvent possible de camper. Les réserves privées, de leur côté, ont l'avantage de proposer un hébergement-restauration plus confortable mais leur accès est payant, ce qui semble logique. Voici une liste non exhaustive de parcs et réserves qui méritent une visite.
Parque nacional Cerro Corá. Créé en 1976, ce parc national de plus de 12 000 ha se trouve dans le département d'Amambay, dans le nord-est du pays. A une quarantaine de kilomètres de Pedro Juan Caballero, il est facilement accessible depuis la Ruta 5. C'est dans cette région qu'eurent lieu les ultimes batailles de la guerre de la Triple Alliance, et une visite permet de se plonger dans l'histoire tout en profitant d'un environnement naturel de toute beauté, avec une végétation de type cerrado et de nombreuses collines. Cerro Corá signifie " entouré de collines " en guarani. On peut se baigner dans le fleuve Aquidabán, grimper au Cerro Muralla et observer des peintures rupestres. On prétend qu'elles sont d'origine celte ou viking...
Parque nacional Ybycuí. Il se situe dans le département de Paraguari, dans le centre du pays. Créé en 1973, il compte 5 000 ha de collines et forêts, et de jolies cascades, et protège une végétation de forêt atlantique du Haut Paraná (BAAP). L'ancienne fonderie La Rosada et son musée complètent une visite de ce parc facilement accessible.
Parque nacional Vapor Cué. Situé à 4 km de Caraguatay et à 98 km d'Asunción, Vapor Cué est un site historique surprenant, avec de vieux navires du XIXe siècle échoués en plein champ ! Un paysage surréaliste, véritable musée à ciel ouvert, pour se replonger dans la fin de la guerre de la Triple Alliance.
Reserva San Rafael. Dans le sud du pays, à cheval sur les départements de Itapua et Caazapá, 73 000 ha de forêt dense et humide. C'est l'un des 200 lieux biologiques les plus riches au monde et un endroit apprécié des birdwatchers, puisque la zone a été classée IBA (Important Bird Area) et que l'on y a recensé 424 espèces d'oiseaux. San Rafael et ses environs constituent également le territoire de communautés Mbyá Guarani. L'accès n'est pas évident et il convient de contacter les associations Guyra Paraguay ou Pro Cosora.
Reserva natural del Bosque Mbaracayú. Dans le département de Canindeyú, dans l'est du pays, la réserve protège plus de 64 000 ha de forêt atlantique du Haut Paraná, d'une grande richesse végétale et animale. Elle est administrée par la fondation Moisés Bertoni qui y a développé des projets de sensibilisation aux pratiques agricoles durables et d'écotourisme. On y a recensé 418 espèces d'oiseaux, 89 mammifères dont le jaguar et le puma. La réserve dispose d'infrastructures confortables pour y passer quelques jours. Un parc très apprécié des Européens pour ses activités de nature et la possibilité de rencontrer les communautés indiennes et paysannes de la zone.
Parque nacional Defensores del Chaco. Avec ses 720 000 ha, c'est le plus grand parc national du pays. Créé en 1975, il est constitué d'une vaste forêt sèche, avec notamment le quebracho blanc, le samu'u, le palo santo, mais surtout des épineux et des cactus. On peut y voir de grands félins (jaguar, puma, yaguarundi), des singes, tatous, taguás et tapirs. Le Cerro León (604 m) domine cette vaste plaine.
Parque nacional Río Negro. Plus de 123 000 ha dans le magnifique Pantanal. Vastes marais pleins de yacarés et de forêts de karanda'y. Le parc fut déclaré site Ramsar en 1995, en raison notamment de la grande richesse de la faune aviaire migratoire.
Parque nacional Teniente Agripino Enciso. Dans le département de Boquerón, Chaco. 40 000 ha de forêts d'épineux impénétrables où vivent pumas, jaguars, tapirs et le taguá, l'espèce symbolique du parc. Ce pachyderme ressemblant à un petit sanglier a été découvert dans le Chaco au milieu des années 1970, alors que les scientifiques pensaient l'espèce complètement disparue.
Parque nacional Tinfunqué. Le parc fut créé en 1966, il recouvre 280 000 ha dans les environs du Río Pilcomayo, dans le département de Presidente Hayes (Chaco). Un site Ramsar pour ses zones humides d'importance internationale. Il est inondé une bonne partie de l'année. On y voit de nombreux canards sauvages, cigognes, l'aguara guazú, le ñandú, des paresseux, yacarés et capybaras.
La biodiversité est impressionnante au Paraguay : 167 espèces de mammifères, 117 espèces de reptiles, 63 d'amphibiens, 716 d'oiseaux, 230 de poissons et 100 000 d'invertébrés. Au niveau de la flore, on compte plus de 13 000 espèces de plantes vasculaires, dont 8 000 donnant des fleurs, et 767 espèces d'arbres et arbustes. La faune et la flore constituent des écosystèmes que l'on retrouve dans différentes régions présentant des sols et conditions climatiques similaires, les " écorégions ". Le Paraguay est à la confluence de plusieurs écorégions d'Amérique du Sud. Voici brièvement les caractéristiques de chacune.
Bosque Atlántico del Alto Paraná. La forêt Atlantique couvre le sud du Brésil, le nord-est de l'Argentine et la région orientale du Paraguay. Les paysages vont des prairies humides aux forêts de cordillères hautes et denses, parmi la plus riches au monde. Ces dernières font partie des zones naturelles les plus détériorées. 93 % de la couverture végétale originale a disparu. La forêt Atlantique du Haut Paraná, plus connue sous son sigle BAAPA, ne représente plus que 400 000 hectares. Les réserves de San Rafael et Mbaracayú sont les territoires les mieux préservés, grâce au travail efficace de plusieurs ONG. Heureusement, malgré la déforestation massive, peu d'espèces animales ou végétales du BAAPA ont complètement disparu. L'écorégion compte plus de 50 mammifères (jaguar, puma, ocelot, tapir ou carpincho) et plus de 530 espèces d'oiseaux.
Cerrado. Le Cerrado est présent dans le nord de la région orientale. Cette écorégion à la végétation sèche est caractérisée par une importante masse végétale avec beaucoup de broméliacées. On trouve de nombreuses rivières aux eaux cristallines avec des plages de sable blanc et des roches calcaires.
Chaco Húmedo. L'écorégion située surtout le long du Río Paraguay (Bajo Chaco et Ñembucú) représente un tiers du territoire. Elle est caractérisée par la présence d'un grand nombre de lagunes et de marécages. Le paysage le plus répandu est la palmeraie de karanda'y. On aperçoit capibara, aguara guazú et de nombreux yacarés.
Chaco Seco. Le Chaco sec représente 42 % du territoire. Cette région est caractérisée par des paysages de savanes et de forêts d'épineux. Compte tenu de sa localisation centrale en Amérique du Sud, l'écorégion accueille de nombreux oiseaux migrateurs. Le quebracho, le samu'u et le palo santo sont les arbres emblématiques du Chaco Seco.
Pantanal. Le Pantanal est la zone inondable d'eau douce la plus vaste au monde (plus de 150 000 km²) et l'une des plus denses en diversité biologique. Il est situé dans sa plus grande partie au Brésil mais recouvre aussi le sud-est de la Bolivie et le nord-est du Chaco paraguayen. Après les pluies de l'été, le niveau de l'eau peut monter de 5 m et s'étendre sur 200 km autour du Rio Paraguay. La végétation est habituée à vivre à moitié submergée et résiste aux changements brusques de niveaux.
Pastizales de Mesopotamia. Cette écorégion couvre le sud-ouest de la région orientale. Elle est caractérisée par de vastes zones de marais. Les espèces les plus représentatives sont le palmier jata'i et le cerf de marais.
Paraguay Central. La topographie oscille entre prairies humides, lagunes, ondulations légères, forêts denses et collines rocheuses. C'est une zone de transition avec les autres écorégions qui l'entourent. On y retrouve les karanda'y typiques du Bajo Chaco et des arbustes secs du Cerrado. C'est la zone la plus urbanisée du pays.
Parmi les mammifères les plus exotiques (pour un Européen), citons jaguar, puma, pécari, capibara, tatou, tapir, fourmilier, agouti, coati, singes, etc. L'un des animaux les plus curieux est l'aguará guazú (loup à crinière). C'est le plus grand canidé d'Amérique du Sud. Il ressemble plus à un grand renard qu'à un loup. Perché sur de hautes pattes, il mesure autour d'1,30 m. Son pelage est roux, le bout de sa queue blanc, et le bas de ses pattes, son museau et sa fameuse crinière de couleur noire. Omnivore, il se nourrit de petits rongeurs comme agoutis, de lapins, tatous, oiseaux, reptiles, insectes et poissons, mais la moitié de son alimentation est constituée de fruits ! Il vit dans les prairies marécageuses du Paraguay. Certains Paraguayens le chassent car ils l'associent au lobizón (" loup-garou ")...
Parmi les reptiles, on trouve iguanes, caméléons, tortues, crapauds, grenouilles et une centaine d'espèces de serpents. L'anaconda est le plus spectaculaire. Parmi l'ensemble des serpents du Paraguay, seuls 11 sont venimeux et dangereux en cas de morsure avec injection de venin.
Le yacaré est un caïman de taille moyenne (entre 1,30 et 3 m), présent partout au Paraguay. Dans l'ensemble du Pantanal, il y en aurait plus de 10 millions, ce qui en ferait la plus grande colonie de crocodiles sur terre. Il s'alimente de petits vertébrés, insectes aquatiques, piranhas et en cas de grosse faim de capibara. Ses prédateurs sont le jaguar et l'anaconda mais surtout l'homme qui apprécie sa peau et sa viande.
Poissons. Les fleuves, rivières et lagunes du Paraguay sont très poissonneux. Le dorado et le surubí sont très appréciés pour la pêche sportive. Pagro, corvina, karimbata, mandi'i, manguruju, pacú, piranha, raies et tilapia peuplent également les eaux paraguayennes.
Oiseaux et papillons. Du ñandu guazú (sorte d'autruche), qui ne vole pas, au picaflor (colibri), qui bat des ailes 80 fois par seconde, de l'aigle majestueux au toucan au long bec coloré, du perroquet qui parle guarani à l'urracá qui siffle les filles et imite d'autres oiseaux, en passant par celui qui chante comme une cloche, il existe plus de 700 espèces d'oiseaux recensées au Paraguay. On en voit une bonne quantité en pleine ville, dans les jardins ou sur les places. La baie d'Asunción est même très réputée pour le birdwatching (l'observation des oiseaux). Les papillons sont également très nombreux, de toutes les formes et de toutes les couleurs. Laissez-les se poser sur vous, ça porte bonheur !
Les Paraguayens connaissent bien les vertus de nombreuses plantes qu'ils mettent dans l'eau glacée du thermos pour agrémenter leur tereré. La végétation est abondante dans tout le pays, sauf là où le soja est passé. Les arbres les plus caractéristiques sont : palmiers (karanda'y, cocotero, pindó), bougainvillier, ceibo, timbo, jacaranda, yvyrapytã, taruma, samu'u, flamboyant, cèdre, manguier...
Pájaro campana (guyra póng) : l'oiseau national. Si la femelle est complètement muette, le mâle, par son chant musical et raisonnant, similaire au son d'une cloche, a inspiré le harpiste Félix Pérez Cardozo, auteur de l'un des plus célèbres morceaux de la musique paraguayenne : Guyra campana. Ce chant consiste en une série de " clinc " métalliques puissants ressemblant aux coups d'un marteau portés sur une enclume. C'est sans doute le son le plus assourdissant émis par un oiseau ! L'espèce est en voie critique d'extinction. On peut l'apercevoir et l'entendre dans les réserves de San Rafael et Mbaracayú.
Le lapacho : l'arbre national. Cet arbre au tronc solide, d'une trentaine de mètres de hauteur, fait partie de la famille des bignoniacées. Au printemps, il se couvre d'un manteau de fleurs jaunes, roses ou pourpres. Son nom courant vient de " jajy ", " résistant " en guarani. Les Guarani utilisent son écorce en décoction depuis des lustres pour soigner divers maux : anémie, morsures de serpent, problèmes respiratoires, rhumatismes... L'intérieur de l'écorce contient en effet du fer, des antibiotiques, antiseptiques, antiviraux, oligo-éléments et de nombreux minéraux.
Flor de mburucuyá : la fleur nationale. Pour certains artistes, la fleur nationale est le jasmin du Paraguay mais la version officielle veut que ce soit la fleur de la passion, celle qui se trouve sur la couverture de ce guide. La passiflore ou mburucuyá est une plante grimpante découverte par les Espagnols à leur arrivée en Amérique. La plante prit le nom de " fleur de la passion ", car les missionnaires jésuites se servaient de sa fleur à la couronne colorée pour représenter la Passion du Christ auprès des indigènes. Les pistils correspondent aux clous de la Crucifixion, tandis que les pétales et sépales représentent les apôtres. La fleur en infusion offre des vertus relaxantes et le fruit est délicieux en jus, mousses ou glaces ! Cela n'a rien à voir avec les concepts théologiques, mais sachez aussi que le chanteur antillais Francky Vincent a fait un carton il y a quelques années au Paraguay avec son morceau Fruit de la passion (" Vas-y Francky, c'est bon ! ")...
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