Guide Paraguay : Population et langues
Selon le recensement général de 2012, le Paraguay a une population de 6,67 millions d'habitants, sur un territoire de 406 752 km² (plus grand que l'Allemagne et les Pays-Bas réunis). La densité est faible (16,4 hab/km²) et la répartition géographique très inégale (moins de 3 % de la population vit dans le Chaco qui représente 61 % de la surface du pays). 60 % des Paraguayens résident en ville et le phénomène s'est amplifié ces dix dernières années. Le Gran Asunción accueille 2,22 millions de personnes, 516 000 habitants pour la ville d'Asunción. C'est peu comparé aux mégapoles comme Buenos Aires ou São Paulo, mais l'aire métropolitaine absorbe tout de même près du tiers de la population nationale. Si le Paraguay accueille de nombreuses communautés étrangères, c'est aussi un pays d'émigration : entre 1 et 1,5 million de Paraguayens vivent à l'extérieur du territoire, de façon légale ou illégale, principalement en Argentine (1 million) et en Espagne (plus de 100 000). L'émigration est surtout économique (et non plus politique comme sous la dictature).
La population paraguayenne présente un métissage assez homogène, qui a longtemps constitué le ciment d'une nation insulaire au coeur de l'Amérique du Sud. Dès la première moitié du XVIe siècle, les habitants de la région d'Asunción se distinguent par les unions massives entre conquistadores espagnols et femmes guaranis. La région se peuple de métisses, les mancebos de la tierra (les " jeunes de la terre "), qui construiront les bases de la société paraguayenne, de son identité. Elevés par leurs mères, les jeunes baignent dans les traditions indigènes, pleines de mythes et de croyances racontées en guarani. Cette langue indienne devient dominante et sera le véhicule d'une culture guarani omniprésente de nos jours, dans un pays où, paradoxalement, il n'y a presque plus d'indiens guarani.
La population indigène représenterait environ 113 000 personnes (1,5 % de la population) réparties en 17 ethnies de 5 familles linguistiques : Tupí-Guaraní, Zamuco, Lengua-Maskoy, Mataco-Mataguayo et Guaicurú. Les indiens de la famille Tupí-Guaraní sont présents surtout dans la région orientale du Paraguay, tandis que les autres ethnies vivent dans le Chaco. La plupart habitent en zone rurale mais, faute de titres de propriété face à des investisseurs peu scrupuleux qui les chassent de leurs terres, des communautés entières sont obligées de migrer vers les villes. Elles perdent alors tous leurs repères. Pour les Indiens, la nature est source de vie, c'est la Terre-Mère, où habitent les divinités et les ancêtres. C'est aussi la terre nourricière qui offre du gibier, des fruits et des plantes pour se soigner... La constitution paraguayenne et le droit international reconnaissent le droit des populations indigènes à vivre sur leurs terres ancestrales, sans contrepartie financière. Depuis le début des années 1990, des organisations indigènes saisissent la justice pour faire valoir leurs droits. Ces actions rarement efficaces face aux juges locaux ont davantage de portée devant la Cour interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) qui a normalement force contraignante auprès des Etats. Mais les autorités ne déploient pas un grand zèle à faire appliquer les décisions.
Au-delà du métissage hispano-guarani et des différents peuples indigènes, d'autres populations enrichissent le paysage humain et linguistique du pays. Les communautés cohabitent plutôt bien mais se mélangent peu. La société paraguayenne se construit aujourd'hui davantage sur l'interculturalité, et cela fonctionne plutôt bien.
Les Français. C'est la première communauté étrangère à avoir tenté l'aventure au Paraguay ! En 1855, la création de la colonie Nueva Burdeos (Nouvelle Bordeaux), dans le Chaco, fait suite à la visite en France de Francisco Solano López en 1854. Ce dernier profite de son séjour pour passer un contrat avec un armateur de Bordeaux afin d'embarquer des Bordelais, des Basques et Béarnais, pour former une colonie d'agriculteurs au Paraguay. Les conditions de séjour et la fertilité de la terre annoncées ne correspondent pas du tout à ce que trouvent les 400 Français qui s'installent à la Nouvelle Bordeaux. Certains s'enfuient, d'autres se révoltent. Carlos Antonio López supporte mal cette rébellion étrangère et impose des règles draconiennes quant à la liberté d'aller et venir des Français. Cela dure quelques mois, puis López finit par laisser partir les immigrés qui le souhaitent après d'intenses discussions diplomatiques avec Paris. Seule une poignée est restée mais on trouve encore de nombreux descendants de Français de cette époque à Villa Hayes, le nom actuel de ce qui était Nueva Burdeos.
Après l'échec de la colonie française, vient la guerre de la Triple Alliance (1865-70) qui décima 80 % de la population paraguayenne. De nombreux Brésiliens et Argentins s'installent après le conflit dans ce pays où l'on ne comptait plus que 230 000 personnes, essentiellement des femmes. Puis, les Européens arrivèrent par vagues successives au cours des décennies suivantes. Beaucoup d'Italiens, d'Espagnols et d'Allemands débarquent à la fin du XIXe siècle, et même des Australiens, en 1893 et 1895 (Nueva Australia, rebaptisée Nueva Londres).
Les Allemands. En 1886, 14 familles allemandes viennent fonder Nueva Germania. Derrière cette colonie agricole, se cachait un projet politique. Les organisateurs de l'expédition, le Dr Bernard Förster et sa femme Elisabeth Nietzsche (soeur du philosophe qui ne partageait pas ses idées), souhaitaient créer ici une cité utopique fondée sur la " pureté de la race ". Le rêve aryen sera un échec et Förster se suicidera. La localité existe toujours et est marquée par une importante pauvreté ainsi que par de graves problèmes de consanguinité dans les familles qui ont refusé le métissage...
Sans rapport idéologique avec les fondateurs de Nueva Germania, de nombreux Allemands s'installent au Paraguay jusqu'aux années 1930. Ces familles ne doivent pas être confondues non plus avec les 300 nazis qui trouvèrent refuge dans le pays sous la dictature du général Stroessner (lui-même de descendance allemande), comme le Dr Josef Mengele par exemple. La grande majorité des Paraguayens de descendance allemande n'a rien à voir avec ces criminels de guerre, heureusement.
Dans les années 1920, des Russes fuyant la révolution bolchévique s'implantent dans le sud du Paraguay pour travailler dans l'agriculture. Puis des Japonais, peu avant la Seconde Guerre mondiale. L'immigration japonaise commence à La Colmena, entre 1936 et 1941. Les immigrants se dédient à la production agricole. L'immigration s'interrompt avec la Seconde Guerre mondiale puis reprend à partir de 1952 jusque dans les années 1970 quand le Japon devient une grande puissance économique. De nombreux Paraguayens d'origine japonaise demandent à émigrer au Japon et ce pays était le premier partenaire du Paraguay en termes de coopération.
Après la Seconde Guerre mondiale, des Ukrainiens, des Polonais et des Allemands viennent travailler dans la région d'Encarnación. Puis ce sont des milliers de Coréens à partir de 1965. Ces derniers tiennent de nombreux petits commerces et épiceries, ils sont réputés très travailleurs. A partir des années 1970, ce sont des Chinois de Taïwan et des Libanais qui viennent à Ciudad del Este, en plein développement économique avec le chantier d'Itaipú.
Los brasiguayos. Ce terme est la contraction de " Brasileños " et de " Paraguayos " qui donnerait en français " Brésiguayens ". Il désigne les agriculteurs brésiliens et leurs descendants, qui vivent dans la partie la plus orientale du Paraguay. Ils seraient près de 500 000, ce qui en fait la première minorité du Paraguay. Les pionniers sont arrivés dans les années 1960, attirés par une terre fertile et bon marché, et par les facilités accordées par Stroessner. Avec le boom du soja, depuis le début des années 1990, les Brésiliens ont continué d'investir en masse dans l'est du Paraguay. Ils y détiendraient plus de 80 % des champs de soja. Dans certaines bourgades, le portugais et le réal sont la langue et la monnaie d'usage. Depuis quelques années, les Brasiguayos investissent également le Chaco central, où les terres sont moins chères, pour y produire de la viande.
" Le Paraguay est un pays pluriculturel et bilingue. Les langues officielles sont le castillan et le guarani. La loi établira les modalités d'utilisation de chacune des deux langues. Les langues indigènes, ainsi que celles des autres minorités, font partie du patrimoine culturel de la nation ". Article 140 de la constitution de 1992.
Un pays bilingue. Le Paraguay a la particularité d'avoir deux langues officielles : l'espagnol (ou castillan) et le guarani. Le guarani est la première langue d'origine amérindienne à avoir été reconnue langue officielle dans les Amériques. Une grande majorité de la population est bilingue mais le guarani est la première langue parlée, loin devant l'espagnol. C'est une langue très imagée, très riche et poétique, le véritable vecteur de la culture paraguayenne. C'est la langue de la vie quotidienne et l'espagnol est souvent considéré à la campagne comme une langue presque étrangère qui ne sert que pour les démarches administratives. Le guarani est en effet avant tout une langue orale, même si la tendance actuelle est de demander à ce que les papiers officiels soient rédigés dans les deux langues.
Environ 90 % des Paraguayens parlent guarani à des degrés divers, contre 60 % qui parlent espagnol. 40 % sont monolingues guarani, alors que 7 % ne parlent que l'espagnol. La prédominance du guarani est absolue à la campagne, un peu moins forte dans les grandes villes, en particulier à Asunción. Dans la capitale, on s'adressera à vous en espagnol mais il est très courant d'entendre les gens parler le guarani. C'est surtout parmi les classes sociales les plus élevées que l'on communique en espagnol.
L'espagnol parlé au Paraguay est légèrement différent du castillan d'Espagne, avec un accent particulier (on roule beaucoup les " r ") et l'usage du " vos ", comme en Argentine. On parle aussi beaucoup le " jopará " (ou " guarañol "), un mélange des deux langues. L'espagnol peut être truffé de mots guaranis, ou inversement, certains mots de la vie moderne sortent facilement en espagnol au cours d'une conversation en guarani. Quant aux Indiens du groupe linguistique guarani (Aché, Mbyá...), ils parlent des langues qui ne sont pas forcément compréhensibles par les locuteurs du guarani courant.
Autres langues. Les descendants des migrants européens ou asiatiques arrivés depuis la fin du XIXe siècle continuent souvent de communiquer entre eux dans la langue d'origine de leurs aïeux : l'allemand, le japonais, le coréen, le chinois, le russe et bien sûr le portugais, langue à laquelle se sont mis de nombreux Paraguayens pour faciliter leurs échanges avec les Brésiliens. Ce n'est pas du pur portugais mais le plus souvent un mélange d'espagnol et de portugais, le " portuñol ". Enfin, dans le Chaco, on parle l'espagnol mais peu le guarani. On échange beaucoup plus en allemand, plattdeutsch (bas allemand mennonite), portugais, et dans les langues propres à chaque ethnie (lengua maskoy, mataco-mataguayo, zamuco et guaicurú).
Les langues indigènes parlées au Paraguay (par familles linguistiques et ethnies) :
Tupí-guarani : Aché, Mbyá, Avá guarani (chiripá), Pãi-Tavyterã, Guarayo-Chiriguano, Ñandeva (Tapiete).
Lengua-maskoy : Entlhet du Nord, Lengua-Enxet, Sanapaná, Toba-Maskoy, Angaité, Guaná.
Zamuco : Ayoreo, Ybytoso, Tomárahõ.
Mataco-mataguayo : Nivaclé (chulupí), Maká, Manjui (chorote).
Guaicurú : Toba-Qom.
" En 1870, à la fin d'une guerre de cinq ans, le Paraguay fut anéanti au nom de la liberté du commerce. D'entre les ruines du Paraguay, l'essentiel a survécu. D'entre les morts, la renaissance est venue.
La langue originelle, la langue guarani, a survécu, et avec elle la certitude que la parole est sacrée.
La plus ancienne des traditions raconte que, sur cette terre, la cigale rouge a chanté, la sauterelle verte a chanté et la perdrix a chanté, et qu'ainsi le cèdre a chanté : de l'âme du cèdre a résonné le chant qui en langue guarani désigne les premiers Paraguayens.
Ils n'existaient pas.
Ils sont nés de la parole qui les a nommés. "
Eduardo Galeano. Extrait de Espejos. Una historia casi universal. Siglo XXI de España, Madrid, 2008.
Dans son exil au Paraguay en 1921, le héros uruguayen de l'Indépendance, José Gervasio Artigas, était accompagné de 400 soldats, des noirs en majorité. Ces derniers se sont vus attribuer des terres, à Loma del Campamento, quartier aujourd'hui connu sous le nom de Kambá Kuá, à Fernando de la Mora. Les descendants de ces réfugiés sont pour la plupart métissés, mais ont conservé de vives traditions d'origine africaine. Le 6 janvier, pour la Saint Balthazar, a lieu un festival de danses traditionnelles, pour fêter le Saint Noir et le soleil, sur les rythmes survoltés des tambours.
Vous n'en avez peut-être jamais entendu parler avant de vous intéresser au Paraguay. Les mennonites sont environ 30 000 au Paraguay et leurs coopératives représentent une force économique de poids (plus de 80 % de la production laitière nationale par exemple). Même si on les assimile généralement à des Allemands, il ne s'agit pas d'un groupe ethnique. Ce sont les membres d'une congrégation évangélique, née au milieu du XVIe siècle au moment de la Réforme de l'Eglise. Réunis autour de Menno Simons (1496-1561), les mennonites ont établi des principes stricts tirés de la Bible. Le plus caractéristique concerne le baptême. Il doit être volontaire et fondé sur la profession de foi personnelle et consciente d'un individu. Il doit donc être réalisé à un âge où la personne est en mesure de comprendre l'engagement qu'elle prend, et non à la naissance. Le pacifisme, le refus du serment et la séparation de l'Eglise et de l'Etat sont les autres règles de base pour lesquelles les mennonites ont été persécutés pendant des siècles. Pour continuer de pratiquer leur foi, ils ont migré à travers le monde. Ils sont arrivés au Paraguay un peu par hasard ! En 1920, lors d'un voyage en bateau de New York à Asunción, le président paraguayen Manuel Gondra rencontre un homme d'affaires américain qui cherchait des terres pour un groupe mennonite canadien. Les Canadiens refusaient de se voir imposer un enseignement en anglais, au lieu de l'allemand et du plattdeutsch (bas-allemand, langue vernaculaire des mennonites). Le vaste Chaco aux frontières floues avec la Bolivie ne demandait qu'à être peuplé. Une loi de 1921 exempte les mennonites du service militaire, autorise l'usage de l'allemand dans les écoles et offre une grâce fiscale de dix ans dans la future colonie. Il faudra attendre 1927 pour que Colonia Menno soit fondé au milieu du Chaco (Loma Plata). Puis des mennonites d'autres origines s'implantent. La colonie Fernheim (à Filadelfa) est fondée en 1930 par des réfugiés russes. Puis Friesland en 1937, Neuland et Volendam en 1947. En 1948, d'autres Canadiens fondent les colonies de Sommerfield et Bergthal dans le département de Caaguazú. Entre 1967 et 1983, des Etats-uniens et des Mexicains fondent Luz y Esperanza, Agua Azul, Florida, La Montaña, Rio Verde, Santa Clara, Manitoba et Nueva Durango. Au total, on compte aujourd'hui 17 colonies mennonites au Paraguay, 3 dans le Chaco, 14 dans la région orientale. Un millier de mennonites vivraient également à Asunción.
A l'exception des groupes en provenance des Etats-Unis, les mennonites parlent tous l'allemand et le plattdeutsch. Il n'y a pas d'organisation verticale et l'on trouve plus d'une centaine d'églises, aux pratiques religieuses plus ou moins orthodoxes et traditionalistes. Certains (dans les colonies du Chaco surtout) vivent à l'ère d'Internet et du GPS, tandis que d'autres circulent toujours en calèche (ils refusent l'usage du moteur) et portent des habits d'une autre époque ! Les mennonites du Paraguay ne sont plus uniquement des descendants d'immigrants. De nombreux indigènes se sont convertis.
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