Guide du Brésil Nordeste : Politique et économie
Le Brésil est une république présidentielle, ce qu'implique une forte séparation du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. La république est composée de 26 Etats, tous ayant une constitution propre (mais qui ne peut pas aller à l'encontre de la constitution nationale), et du district fédéral. Les Etats sont partagés en cinq régions géographiques : Nord, Nordeste, Centro-Oeste, Sudeste et Sud. Les régions ne possèdent pas de gouvernement propre, ni de conseils.
Chaque Etat dispose d'un gouvernement local, dont le gouverneur est élu au suffrage universel tous les quatre ans. Les Etats sont aussi représentés par deux sénateurs et par des députés fédéraux (le nombre varie en fonction de la taille du territoire).
La région Nordeste est composée de neuf Etats : Maranhão, Piauí, Ceará, Rio Grande do Norte, Paraíba, Pernambuco, Alagoas, Sergipe et Bahia.
La région Nord est composée de sept Etats : Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima, Acre, Tocantins et Amapá.
En 2018, 28 partis politiques étaient enregistrés au Tribunal Superior Eleitoral (TSE), institution responsable de garantir la légitimité et le bon déroulement des élections. Les principaux étant :
PT - Partido dos Trabalhadores. Courant socialiste. C'est le parti de l'ex-présidente Dilma Rousseff. Créé en 1980 par un groupe de syndicalistes menés par Lula, il est devenu officiel en 1982. Depuis 2017, c'est l'avocate Gleisi Helena Hoffmann qui en est la présidente.
PSDB - Partido da Social Democracia Brasileira. Courant social démocrate, créé en 1988. Depuis la sortie du gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, président de la république de 1994 à 2001, le PSDB est devenu le parti de l'opposition. En 2002 et 2006 lors de présidentielles, José Serra et Geraldo Alckmin, respectivement, ont essayé en vain de battre Lula. Serra a aussi été candidat lors des élections de 2010. En 2014, c'est Aécio Neves qui se présente à la présidence.
PMDB - Partido do Movimento Democratico Brasileiro (mouvement démocratique). Créé en 1968 en tant que MDB. Depuis l'ouverture politique le PMDB a été rallié au gouvernement national, soit avec le PSDB à l'époque du président Fernando Henrique, soit avec le PT au moment de la montée de Lula au pouvoir. L'actuel président par intérim, Michel Temer, est membre du parti.
PSB - Partido Socialista Brasileiro. Courant socialiste, créé initialement en 1947, puis refondé en 1985. Rallié au PT lors des élections de 2010, il présente son propre candidat en 2014. Eduardo Campos, fort concurrent de Dilma Rousseff meurt d'un accident d'avion tragique en pleine campagne. Sa colistière Marina Silva le remplace, bénéficie un temps d'un grande aura, avant d'échouer au pied du podium.
En 2011, Dilma Rousseff, dauphine de l'ancien syndicaliste et président, avait pour tâche de continuer les politiques engagées par son prédécesseur. Pour sa deuxième candidature, l'opposition a fait campagne en déclarant que sa réélection en 2014 laisserait le PT trop longtemps au pouvoir et qu'il était temps d'alterner. Aécio Neves, candidat du PSDB, a été son rival le mieux placé, mais n'a pas réussi à l'emporter. La course pour la présidence en 2014 fut marquée par l'accident tragique du candidat du PSB, Eduardo Campos. En août, à moins de deux mois des élections, Campos, troisième candidat le mieux placé et ancien gouverneur de l'État de Pernambuco, disparaît dans un accident d'avion, ce qui bouleverse le scrutin et propulse sa colistière Marina Silva sous les feux des projecteurs. Elle apparaît comme une candidate sérieuse à la succession de Dilma Rousseff mais échoue au premier tour.
Dilma débute son deuxième mandat sous un climat de crise économique, mais également politique. Le Planalto (siège de la présidence de la République) joue un bras de fer avec le Congrès, et les réformes avancées par la présidente ne seront pas acquises sans concessions et grands efforts de la part de l'exécutif. Début 2015, Dilma fait face également à une crise de popularité. Même dans le Nordeste, un fief électoral des plus importants, elle voit sa popularité décroître. L'année suivante en effet, le projet de sa destitution se répand sur fond de politique d'austérité et le 31 août 2016 c'est chose faite. Michel Temer, le Vice-président, est chargé d'assurer l'intérim. Alors que les élections présidentielles de 2018 approchent, Lula, lui aussi mouillé jusqu'au cou dans de multiples affaires de corruption, restait malgré tout le favori dans les sondages. En avril 2018 néanmoins il se constituait prisonnier, en guise de bonne foi, laissant les coudées franches à son parti, le PT, pour choisir un autre candidat. En juillet 2018, aucun candidat n'est annoncé pour représenter le PT aux élections d'octobre 2018.
Le Brésil est secoué par un scandale politico-économique sans précédent qui a placé la lutte anti-corruption au sommet de l'agenda du président actuel Michel Temer. Cette affaire concerne l'entreprise étatique pétrolière Petrobras et les géants du BTP qui collaborent avec elle sur des chantiers pharaoniques, notamment dans la création de plateformes pétrolières pour exploiter les réserves de pétrole découvertes au large du Brésil en eaux profondes.
Tout commence en 2014. Les entreprises du bâtiment auraient formé un cartel pour se partager le marché et surfacturer les devis, le tout avec la bienveillance des partis de la coalition centre-gauche au pouvoir depuis l'élection de Lula en 2003, moyennant des pots-de-vin faramineux en contrepartie. Des dessous de table qui ont notamment servi à financer des campagnes électorales, mais aussi participé à l'enrichissement personnel de dirigeants d'entreprises et hommes politiques. Dans ce scandale, c'est l'ampleur de la corruption qui donne des vertiges : toutes les entreprises du BTP sont concernées (OAS, Odebrecht, Camargo Corrêa, Mendes Junior, Galvão, Lesa, Engevix, UTC/Constran, etc.), ainsi que tous les partis politiques et leurs dirigeants, le PT de Lula et Dilma à gauche, comme le PMDB au centre et le PP à droite. En deux mots : " tous pourris " !
Dilma Roussef, la présidente du Brésil au moment des faits, n'est néanmoins pas citée par le procureur général de la République dans la liste des personnalités suspectées d'avoir touché des commissions. Si Dilma, avec son passé de guerillera qui a résisté à la torture, a une réputation d'incorruptible, elle a mis longtemps avant de demander la démission de Graça Foster, la présidente de Petrobras, impliquée dans le scandale. Dilma était au moment des faits... ministre de l'Énergie, le ministère de tutelle de Petrobras, puis chef de cabinet du président Lula. À ce titre, elle présidait le Conseil d'administration de Petrobras.
La vaine tentative de Dilma de protéger Lula de la justice en le faisant entrer au gouvernement en mars 2016 n'a pas contribué à clarifier les choses et les opposants au régime sont descendus en masse dans la rue pour demander la destitution de la présidente. Le 31 août de la même année, le Sénat destitue finalement Dilma qui voit Michel Temer, un membre du PMPD, lui succéder. En avril 2018, Lula est condamné à 12 ans de réclusion pour son implication dans l'affaire Petrobras (il est accusé d'avoir créé un système de pots-de-vin pour financer le Parti des Travailleurs). Lula estime qu'il est victime d'un complot " des élites ", dans la continuité du " coup d'État " de la destitution de Dilma. Il était auparavant en tête des intentions de vote pour les élections présidentielles de 2018...
Le préjudice s'élèverait à plus de 3 milliards de reais (700 millions d'euros). Une somme astronomique dans un contexte de crise économique et de coupes budgétaires. Le feuilleton judiciaire, qui semble enfin se terminer, a déstabilisé l'économie nationale déjà en récession : les entreprises du CAC 40 brésilien ont vu leur cours chuter, les investissements ont été suspendus dans un climat attentiste instable et la majorité parlementaire reste sous tension.
Avec 200 millions d'habitants et ses immenses ressources naturelles, le Brésil a depuis longtemps dépassé le stade de l'économie du sucre et du café et produit désormais des automobiles et des avions (Embraer est le deuxième constructeur d'avions légers au monde) et assemble des ordinateurs. Le produit intérieur brut par habitant s'est fortement amélioré mais reste très inférieur à celui de la France. Aujourd'hui, le géant d'Amérique du Sud s'est bel et bien réveillé, malgré les crises ponctuelles. C'est certainement un des rares pays, comme le souligne Hervé Théry, où " la notion de pays en voie de développement est autre chose qu'un euphémisme hypocrite et démodé ". Aujourd'hui, le Brésil est devenu une grande puissance économique, mais conserve les faiblesses d'un pays émergent. En brûlant les étapes - parfois douloureusement - il est venu se positionner aujourd'hui comme un pays à l'économie riche et diversifiée. Tigre de l'Amérique latine, il s'affiche comme l'un des acteurs majeurs de la scène internationale. Pourtant, il suffit de parcourir les grandes métropoles du pays ou les campagnes du Nordeste pour se rendre compte du principal problème auquel le pays doit faire face aujourd'hui. Le Brésil n'est plus un pays pauvre mais un pays de plus en plus inégalitaire et ses inégalités sont profondément ancrées dans la société brésilienne, géographiquement et socialement.
Des régions déclinantes et peu dynamiques s'opposent toujours à un coeur dynamique, puissant et moderne. Ces inégalités régionales sont responsables de puissants flux migratoires. Hervé Théry définit le Brésil comme l'un des rares pays à posséder ses colonies à l'intérieur même de ses frontières. Les inégalités sont également et surtout sociales. Le pays est en effet l'un des plus inégalitaires au monde. Le salaire minimum, perçu par une majorité de Brésiliens ne permet pas l'achat des seuls aliments de base d'une famille, si petite soit-elle. Même si les indicateurs économiques s'améliorent, les inégalités sociales et économiques sont encore très importantes.
En 2017 le Brésil est la huitième économie mondiale. Les principaux produits exportés sont :
L'industrie. Minerai, pétrole et dérivés, produits métallurgiques et chimiques.
Les produits agricoles. Soja, sucre.
Les principaux produits agricoles : la canne à sucre, le coton, les fruits, le cacao et le tabac. La production de sel est aussi très importante ; l'Etat du Rio Grande do Norte à lui seul est responsable d'environ 80 % de la production nationale.
L'industrie : les secteurs alimentaires, de chaussures et de vêtements sont les principaux.
L'Etat de Bahia est le plus industrialisé de la région et possède un important pôle chimique. Les secteurs alimentaire, de boisson, métallurgique, automobile et de carburant sont aussi considérables. Au Ceará ce sont les machines, les équipements électriques, les boissons, les chaussures, les aliments et l'alcool qui constituent l'économie. Enfin au Pernambuco, troisième État où se concentre l'industrie, la production se focalise dans l'alimentaire, la métallurgie, les produits chimiques et l'alcool. L'État possède aussi d'importantes raffineries.
C'est la deuxième région la moins peuplée du pays et elle ne contribue qu'à 5 % du PIB du Brésil.
Ressources naturelles. L'activité économique se concentre sur l'extraction de latex, d'açai (petite baie), du bois et des noix, mais aussi de minerai de fer. Dans lEtat de l'Amapá et sa Serra do Navio, la production de manganèse est très importante. Le Pará est aussi responsable d'une grande partie de l'exportation de fer, de manganèse et de bauxite.
La zone industrielle de Manaus. Dans le but de développer la région Nord, le gouvernement a créé en 1967 à Manaus une zone industrielle libre des impôts d'importation et d'exportation. Ce sont plus de 500 industries de différentes domaines (électronique, produits chimiques, informatique...) qui se sont installées. La majorité des téléviseurs et des motos brésiliennes sont aujourd'hui, par exemple, produits dans cette zone.
La Coupe du monde de football de 2014 a sans doute fait parler du Brésil sur l'ensemble de la planète et a contribué à l'augmentation du flux touristique du pays. Il est encore trop tôt pour savoir si les résultats seront durables, mais selon une enquête de l'Embratur (ministère du Tourisme), 95 % des étrangers présents dans le pays durant la compétition disent avoir envie d'y retourner. Durant les mois de juin et de juillet, l'occupation hôtelière était comprise entre 75 et 97 % dans les villes sièges - Rio étant la ville la plus visitée. Les vols en provenance de l'Amérique du Sud ont augmenté de 20 % et les étrangers ont dépensé 76 % de plus par rapport à la même période en 2013. Les craintes d'une grave insuffisance des infrastructures, tant aéroportuaires que des transports et du réseau hôtelier n'ont pas été confirmées et les touristes se sont dit globalement satisfaits de l'organisation du Mondial. Américains, Allemands, Anglais et Argentins apparaissent en tête de liste selon les données diffusées par la Fifa concernant les étrangers ayant acheté des billets pour aller voir les matchs, les Français apparaissant en huitième position. Plus de 6 millions de touristes étrangers ont foulé la terre brésilienne en 2014, une année sans doute inoubliable ! En 2017, le tourisme international a permis d'injecter 163 milliards de dollars américains dans l'économie du pays, et au premier trimestre 2018 - période-clé, en raison du carnaval -, le Brésil enregistrait deux millions de passagers de plus dans ses aéroports par rapport au premier trimestre 2017.
Au cours des dernières années, le Brésil s'est finalement plutôt bien sorti des périodes de crises auxquelles il a dû faire face. Aux diverses crises externes affectant l'environnement international se sont superposées de nombreuses difficultés internes, d'ampleur plus ou moins forte, dont les plus graves furent des crises politiques sans conséquence dramatique, la crise monétaire de janvier 1999 et la crise énergétique de 2001, celle du gaz bolivien et du soja en 2005-2006. Lors de la crise économique mondiale de 2009 le pays a été parmi les premiers à s'en sortir.
Le plus grand défi du Brésil reste toutefois d'affronter ses problèmes internes et la grave crise liée à la corruption enracinée dans toutes les instances politiques et économiques du pays. Une opération " Lava Jato " (Kärcher en français) est en cours actuellement et a mis au jour un énorme scandale de corruption au sein du géant pétrolier public Petrobras. Les arrestations de nombreux dirigeants mi-2015 se sont avérées n'être que le sommet de l'iceberg : plus le temps passe, plus on s'aperçoit de l'ampleur du phénomène. Dilma Rousseff, présidente réélue en 2014 en a d'ailleurs fait les frais, jusqu'à sa destitution fin août 2016, et l'ancien président Lula est en prison.
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