Guide du Brésil Nordeste : Mode de vie
L'éducation est un domaine dans lequel ont beaucoup travaillé les gouvernements Lula. Les statistiques montrent que la pauvreté est souvent corrélée à un enseignement primaire écourté. La législation brésilienne est en théorie très contraignante. La scolarisation est obligatoire jusqu'à 14 ans et les parents peuvent être sanctionnés par des amendes, voire de la prison. Dans les faits, la " bolsa familia " a encouragé la scolarisation et la situation est aujourd'hui bien meilleure qu'il y a une quinzaine d'années. L'analphabétisme est passé de 33 % en 1969 à 10 % aujourd'hui. Pourtant, les inégalités sont encore nombreuses et les Brésiliens aisés et des classes moyennes envoient leurs enfants dans les écoles privées, souvent fort onéreuses. Le pays dispose de grandes universités et écoles de renommée mondiale, même s'il n'y a pas encore eu de prix Nobel brésilien. Néanmoins, l'école publique, surtout dans les quartiers pauvres, est souvent synonyme d'échec et d'absence d'équipements. L'absentéisme est important et l'école ne peut y remplir sa fonction d'ascenseur social. C'est un des grands chantiers d'un Brésil sur le chemin du développement. L'enseignement public, créé pour accueillir gratuitement tous les étudiants n'est plus depuis plusieurs décennies le modèle qu'il était. Aujourd'hui, ceux qui peuvent, mettent leurs enfants dans les écoles privées pour être rassurés par la qualité de l'enseignement, quitte à payer très cher. Seules les universités publiques et gratuites, inspirées du modèle français, restent un symbole de l'enseignement public de qualité. Néanmoins, les demandes d'inscription sont plus nombreuses que le nombre de places disponibles, d'où la nécessité de passer un concours, le Vestibular. Chaque université organise son propre Vestibular une ou deux fois par an. Ce manque de moyens de l'enseignement supérieur aide à creuser encore plus les inégalités dans la société, car les étudiants venus des lycées privés finissent par avoir plus de chances à réussir le concours qui ceux qui ont étudié dans le système public.
Les Brésiliens sont globalement très attachés à leur famille et les jeunes en règle générale ne quittent le foyer des parents que lors du mariage.
Le Brésil est l'un des pays les plus inégalitaires au monde. Les transferts sociaux ont certes permis une réelle amélioration des conditions de vie des plus pauvres mais les inégalités n'ont jamais été aussi importantes, en partie parce que les classes supérieures ne tirent pas leurs revenus du travail mais de la rente foncière ou des placements bancaires. Les inégalités sociales brésiliennes se traduisent par une insécurité permanente qui fait de la violence un mal endémique au Brésil. À Rio, des unités de pacification ont été mises en place dans les favelas pour permettre une vie sociale normale aux riverains. La violence s'est déplacée vers les grandes villes du Nordeste.
Les hôpitaux publics existent, mais ils manquent fortement de personnel, d'équipements et de médicaments et sont ainsi destinés aux plus démunis, sauf rares exceptions. Les Brésiliens dès qu'ils peuvent, même n'étant pas riches, souscrivent à un plano de saude, un service privé mensualisé (assez cher) qui donne un accès régulier aux soins privés, car dans les hôpitaux et cliniques n'appartenant pas au gouvernement les prestations sont souvent hors de prix.
L'homosexualité est un phénomène relativement accepté dans les grandes villes comme Rio et São Paulo, où les gays ont de nombreux lieux de rencontre (boîtes de nuit, restaurants, bars, plages...). Aujourd'hui et depuis le 14 mai 2013, le Brésil est un des rares pays où les homosexuels peuvent se marier. Pourtant, dans certaines zones " traditionnelles " comme le Nordeste ou les quartiers populaires des grandes villes, par exemple, les violences envers les homosexuels sont nombreuses. Des assassinats sont perpétrés assez régulièrement contre des personnes dont le seul tort est d'aimer des personnes du même sexe. Il semblerait que certains mouvements protestants radicaux oeuvrent contre l'homosexualité et les homosexuels.
Même si le pays dispose d'un cadre législatif qui protège les injustices sociales et l'exploitation au travail, la réalité est assez dure pour de nombreux Brésiliens. Dans les centres urbains les enfants mendiants sont toujours présents et la pauvreté est palpable. Le chômage s'élève à 12 % et le SMIG, de l'ordre de 954 R$ en 2018, est encore largement insuffisant pour vivre dans de bonnes conditions ce qui force une grande partie de la population à vivre dans les bidonvilles (plus de 4 % de la population vit officiellement dans une situation d'extrême-pauvreté), tandis que les plus riches s'enferment dans les résidences protégées et sous vidéosurveillance.
D'autre part, dans les contrées les plus reculées, on dénonce encore des pratiques d'esclavage.
Être une femme au Brésil n'est pas toujours aisé malgré l'élection d'une femme à la tête du pouvoir en 2010 et 2014. Pays de paradoxes, les femmes sont peu nombreuses dans les plus hautes fonctions politiques et économiques et les disparités salariales sont encore très importantes. Le catholicisme a souvent ralenti l'émancipation des femmes. Aujourd'hui encore, l'avortement est interdit et reste un sujet tabou. Les femmes ont pourtant été à la pointe des combats égalitaires, en particulier lors des gouvernements militaires. Le féminisme y est un des plus avant-gardistes de toute l'Amérique latine. Elles ont obtenu le droit de vote 12 ans avant les Françaises. De puissantes associations féministes interviennent auprès des femmes pour les informer de leurs droits, pour les aider à se défendre ou à se former. Des unités de police féminine, dans les grandes villes, interviennent dans les cas de violences physiques ou sexuelles et ont ainsi grandement contribué à apporter un regard nouveau sur les violences faites aux femmes. Ici encore, la promotion des femmes est un chantier majeur pour le développement brésilien. La lutte contre la pauvreté passe également par la formation scolaire et professionnelle des femmes et l'aide aux mères isolées, souvent victimes de violences et de discrimination.
Le Brésil se dit volontiers le plus grand pays catholique au monde. Mais il est aussi le pays de toutes les religions. Il n'est pas rare qu'un catholique fréquente aussi les terreiros (maisons) de candomblé ou d'Umbanda, religions afro-brésiliennes nées à Bahia. Les églises protestantes ont aussi gagné beaucoup de terrain ces vingt dernières années.
La Igreja Universal do Reino de Deus, évangéliste, existe depuis 1977 et a connu un fort développement dans le pays et à l'étranger. Selon leur propre église ils seraient déjà présents dans plus de 170 pays. L'Universal do Reino de Deus est aussi une grande machine à argent, qui n'hésite pas à faire appel aux dons de ses fidèles, souvent de gens déjà très pauvres, dans la promesse d'une récompense divine. Ils sont aussi les propriétaires de Rede Record, une des principales chaînes télévisées du pays. Si la programmation garde une certaine indépendance pour les émissions journalistiques ou de divertissement, il n'est pas moins une règle. Des émissions populaires sur les prétendus miracles opérés par les pasteurs de l'église sont souvent diffusées. Le fondateur du culte, l'évêque Edir Macedo est aussi l'auteur de best-sellers religieux et défend l'engagement politique de ses pasteurs. Macedo a aussi fait beaucoup parler de lui quand une vidéo de 1995 où il enseignait de façon très décontractée à d'autres pasteurs comment prendre l'argent des fidèles a fait le buzz sur le net. En août 2009, le Ministère public assigne en justice Macedo et neuf de ses collègues pour formation de bande organisée, détournement de fonds et blanchiment d'argent.
Les juifs, les bouddhistes, les mormons et les fidèles des églises orientales ont aussi leurs lieux de culte.
Le candomblé et l'umbanda sont aussi largement pratiqués au Brésil, ainsi que le spiritisme, religion chrétienne fondée par Allan Kardec (un Français) dans le XIXe siècle.
Quelle que soit la croyance, la religion irrigue en profondeur la société brésilienne. Ne pas croire en un Dieu semble être une aberration aux yeux d'une écrasante majorité des Brésiliens. Les conversations au quotidien sont d'ailleurs truffées d'expressions renvoyant à la religion : Se Deus quiser (" si Dieu le veut "), Vai com Deus (" que Dieu t'accompagne "), Nossa (" Bon Dieu "), une interjection très répandue. Cette religiosité marquée influence aussi fortement les moeurs, qui restent sous certains aspects très (trop) traditionnels : l'avortement est interdit et pénalement répréhensible, l'homosexualité est encore difficile à assumer... et ce même si la société brésilienne évolue (mais doucement) vers une plus grande tolérance des moeurs " non majoritaires ".
Largement pratiqué au Brésil (dans l'état de Bahia en particulier), mais aussi en Argentine, Uruguay, Paraguay et Venezuela, le Candomblé est une religion afro-brésilienne, un mixte des cultures yoruba, fon et bantu importées par les esclaves noirs, mais aussi de rites indigènes originaires du Nouveau Monde, qui a incorporé au long des années quelques aspects du catholicisme. Dans le candomblé, le dieu tout puissant est aidé de plusieurs divinités, les orixás (prononcé orichas), qui possèdent des caractéristiques spécifiques associées à des éléments et phénomènes naturels tels que l'eau, le feu, le ciel, le fer, mais aussi liés à des valeurs et sentiments comme l'amour ou la justice. Souvent décrit comme un syncrétisme, en ce sens que les orixás trouvent des équivalents parmi les saints catholiques (à l'origine, cette équivalence s'est développée au coeur des groupes d'esclaves pour leur permettre de continuer à pratiquer de manière camouflée leur culte venu d'Afrique, chose qu'il leur était défendu de faire au grand jour) et chaque fidèle est " accompagné " de son orixá. La danse et la musique sont aussi très importantes et permettent l'approche des divinités lors de cérémonies. On retrouve de nombreux points communs dans la pratique du vaudou en Haïti, et plus encore dans la Santeria de Cuba, culte qui rend également hommage aux orixás.
Le rite est complexe et souvent mystérieux pour les non-initiés, mais le terreiros - lieux de cultes consacrés - sont ouverts à tous les intéressés. Il n'y a pas de livre sacré, le culte est basé sur la tradition orale.
Une belle manifestation se déroule au nouvel an, surtout à Bahia, quand des milliers d'adeptes vont jusqu'au bord de mer pour livrer à Iemanja, la reine de la mer, plusieurs cadeaux dans des petits bateaux en bois qui flotteront jusqu'à leur disparition.
Citons ici les principaux orixás, nettement moins nombreux que ceux auxquels un culte est rendu dans la mythologie yoruba originale.
Exu, aussi nommé Eshu ou Exu-Elegbara, est l'orixá pivot, ses couleurs sont le noir et brun, et correspond au Legba haïtien. C'est à lui que l'on fait appel en premier lors d'une cérémonie de candomblé. Il est le dieu qui ouvre les barrières, autorise ou non les passages, surveille la croisée des chemins. De tempérament plutôt irascible, il est capable de créer du désordre si on le néglige mais se montre bienveillant si offrandes et sacrifices lui sont accordés.
Iemanja, Yemoja ou Ymoja, est la déesse-mère créatrice de tous les êtres vivants et est associée aux eaux de mer et à la pêche. Iemanja protège les femmes et tout particulièrement les femmes enceintes, est associée aux couleurs blanc, bleu et rose clair, et est souvent représentée sous les traits d'une sirène.
Xangô, Changó ou encore Jakuta, est l'orixá du feu, de la foudre mais aussi de la justice. Muni d'une hache à deux lames et associé au rouge et au blanc, il est friand des légumes produits par un hibiscus brésilien, le gombo, mais aussi de tortues et de moutons.
Oxum, Oshun ou Ochun, déesse des eaux douces et des rivières, mais aussi de la beauté - elle a pour attribut un miroir - est une des trois femmes de Xangô et est particulièrement liée à la sphère spirituelle. Le jaune la représente.
Ogum, Ogun ou Ogou, frère de Xangô, a perdu son rôle yoruba de dieu du fer et des métaux - patron des forgerons - en quittant les terres africaines pour devenir dans la candomblé l'orixá de la guerre. Il est réputé puissant et destructeur, portant à la ceinture un court sabre et arborant la couleur bleu marine, se repaissant de maïs, de racines et de chiens.
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