Guide Niger : Survol du Niger
Le Niger a une superficie de 1 267 000 km2 (2 fois la France) et est enclavé au coeur du Sahel et du Sahara. Il a des frontières communes avec le Bénin et le Nigeria au sud, le Tchad à l'est, la Libye et l'Algérie au nord, et le Mali et le Burkina Faso à l'ouest. C'est un pays peu accidenté se résumant à une immense pénéplaine de plateaux sahéliens, excepté l'Aïr qui culmine à 2 000 m d'altitude. La route de l'Unité traverse des paysages plats et sableux sur 1 600 km d'ouest en est entre Niamey et N'Guigmi, au bord du lac Tchad. Les écarts d'altitude le long de la frontière du Nigeria ne dépassent pas 200 m.
Les collines dunaires sont parcourues de vallées sèches et fossiles, zones d'épandage des eaux d'hivernage (la saison des pluies) qui, selon les régions et les régimes climatiques, portent différents noms :
Dallol vers Dosso.
Goruol sur la rive droite du Niger.
Kori en rive gauche du Niger.
Gulbii au centre (Maradi).
Erazher dans l'Aïr.
Enneri dans les plateaux du nord-est.
Dillia à l'ouest de N'Guigmi.
Majyaa dans l'Ader (Tahoua).
Les cours d'eau permanents sont rares : le fleuve Niger, troisième fleuve africain, coule sur 4 180 km et traverse l'ouest du pays sur 500 km.
Il ne s'assèche pas grâce à son origine guinéenne et à la rétention d'eau pendant plusieurs mois au Macina, mais a un débit très irrégulier : 2 000 m3/seconde en période de crue, et moins de 200 m3/seconde à l'étiage (le fleuve Niger s'est asséché en 1984-1985 à Niamey, au pic de la sécheresse des années 1980).
A la saison des pluies, des mares se forment un peu partout, et les oueds s'écoulent parfois avec violence (particulièrement dans l'Aïr). A l'est, dans le département de Diffa, la rivière Komadougou-Yobé ne parvient pas à apporter de l'eau toute l'année au lac Tchad. Ce dernier, dans sa partie nigérienne, fut sec pendant plusieurs décennies, les eaux sont cependant revenues aux portes de la ville de N'Guigmi à la fin des années 1990, mais dès qu'une année sans pluviométrie s'annonce, les eaux menacent de se retirer au Tchad pour laisser place à des taillis de prosopis épineux quasi impénétrables, refuges des singes et de bandits.
Le Sahara couvre les deux-tiers septentrionaux du pays et comprend deux vastes ensembles montagneux : les plateaux tabulaires du nord-est (Djado, Manguéni, Tchigaï aux confins du Tchad et de la Libye) et l'Aïr au nord, massif volcanique et cristallin émergeant des sables du Ténéré, qui déploie ses montagnes avoisinant les 2 000 m d'altitude sur 400 km de longueur du nord au sud et 200 km de largeur. Quelques reliefs, témoins de l'alternance de périodes pluviales et de périodes arides lors des derniers millions d'années, se manifestent un peu partout sur le territoire :
La dune, qui est la forme de relief la plus fréquente au Niger, le plus souvent morte, fossile ou fixée au sud du 16e parallèle, mais aussi vive en grands cordons dans les ergs du Ténéré, de Bilma ou du Tal à l'est.
La falaise, rive morte d'un fleuve asséché (Dallol Bosso) ou cuesta barrant un horizon (falaise de Tiguidit au sud de l'Aïr).
La butte, témoin abandonné lors du recul de la falaise (rocher de Dogondoutchi).
Le chaos granitique où le socle émerge en boules à Zinder et dans tout le Damagaram.
Le Niger est donc composé de trois grands affleurements du socle et de deux grands bassins sédimentaires.
Le socle apparaît dans le massif de l'Aïr au nord, dans le Liptako sur la rive droite du fleuve à l'extrême ouest du pays, et dans le Damagaram-Mounio à l'est de Zinder et au sud de Gouré. Le premier bassin sédimentaire entre l'Aïr et le Liptako est dû aux transgressions marines au secondaire (crétacé) et au début du tertiaire.
Le second est centré sur le lac Tchad qui, à plusieurs reprises, s'étendit plus largement qu'actuellement (méga-lac Tchad) et laissa des dépôts salins en se retirant. Les sables sous toutes les formes sont presque toujours mêlés à des argiles. La majeure partie des roches nigériennes est constituée de grès, granites, schistes et de quelques roches volcaniques.
L'eau sous forme de pluie est présente sur une saison de plus en plus courte et en quantité de moins en moins abondante du sud au nord. Le régime des pluies découpe donc le pays en bandes parallèles qui correspondent à des zones climatiques précises.
Le climat du Niger présente des saisons bien tranchées, s'étalant comme suit : de juin à septembre, la saison des pluies, ou hivernage, est caractérisée par des pluies d'orage plus ou moins espacées, qui font baisser la température de plusieurs degrés (température moyenne : 33 °C).
C'est probablement l'époque où le ciel est le plus bleu, après les pluies, car débarrassé des brumes de poussière en altitude, propres à la saison sèche. Le FIT (Front intertropical), front nuageux de convergence de masses d'air responsable de la montée des pluies de l'équateur vers le nord, n'atteint pas toujours les parties septentrionales, d'où la rareté des pluies au Djado qui, en revanche, peut bénéficier de pluies froides venant du nord en décembre.
En juin, les tornades sont spectaculaires : elles forment un front de poussière rouge de plusieurs kilomètres de haut, qui avance très vite et emprisonne soudain l'atmosphère : il peut faire nuit en plein jour. Chacun l'espère suivie de pluie, mais la tornade peut être sèche.
Les constellations prennent des noms différents selon l'origine ethnique des observateurs. Il ne faut pas cependant se faire une idée fausse des rigueurs du climat du Niger. Certes, ce climat est chaud, voire très chaud, mais parce qu'il est sec, il est souvent supportable. Relief et climat ne manquent pas de susciter des proverbes, notamment en haoussa, langue très riche en images :
Layfii tuduu nee : la faute est une dune, vous marchez sur la vôtre et vous voyez celle des autres (on voit les défauts des autres mais pas les siens).
Halii Zaanen duutsee baa may shaafewaa : le tempérament est une ligne gravée sur un rocher, nul ne peut le gommer.
Katangar gishirii koowaa ya tabee ki say yaa laashee : mur de sel, qui le touchera, se léchera les mains (qui sème le vent, récolte la tempête).
An dade anaa ruuwa, kafoo yanaa tsaye : il y a longtemps qu'il pleut, mais la maison de banco est restée debout (inutile de médire d'une personne dont tout le monde reconnaît l'intégrité).
Daka zufaa, wuri sabroo : dans la maison, il fait chaud ; dehors, il y a des moustiques (obligation courante de choisir entre deux maux).
Les conditions climatiques difficiles, la rareté de l'eau et la désertification avancée favorisent la concentration de la population dans la zone dite du " Niger utile ", propice à l'agriculture et à l'élevage et qui occupe plus de 80 % de la main-d'oeuvre totale.
Le système de production agropastoral ancestral ne peut satisfaire les besoins de la population, qui à cause de la pression des terres, augmente le processus de déforestation pour cultiver de façon extensive, appauvrissant ainsi les sols. La régénération naturelle des forêts ne se fait plus suffisamment face à la demande en bois de chauffe, principal combustible des ménages nigériens.
Pratiquement toutes les régions du Niger sont déficitaires en bois de chauffe, et aucun substitut n'a été envisagé ni n'est même disponible à des prix abordables : cuisiner au bois est 2,5 fois moins cher qu'au gaz et 1,8 moins qu'au pétrole (le gaz est hors de portée de la majeure partie des foyers, jusqu'à 10 000 FCFA la bouteille, utilisé par moins de 2 % des citadins, l'électricité n'étant utilisée que par 6 % des ménages). Aussi, le Niger a choisi de travailler avec les exploitants forestiers et les communautés rurales pour aménager, gérer et exploiter rationnellement la forêt.
Aujourd'hui existent 120 marchés ruraux de bois, 280 000 hectares aménagés, à peu près un quart de l'approvisionnement en bois des villes du Niger est produit dans un cadre rationnel d'exploitation et d'amélioration du capital forestier. Le chiffre d'affaires du bois énergie est de plus de 11 milliards de FCFA, presque une fois et demi les exportations de produits agricoles. Ce secteur apporte des revenus directs à plus de 20 000 familles, et à travers la taxation du bois, environ 30 millions de FCFA par an aux ruraux.
L'expérience a prouvé au fil des années qu'une forêt aménagée pour être exploitée se dégrade moins : la productivité des forêts aménagées est de 30 % à 50 % supérieure aux formations laissées à elles-mêmes et la forêt progresse dans les zones aménagées. Dans le cadre de sa " Stratégie énergie domestique ", le Niger a donc les priorités suivantes pour l'avenir : poursuivre et accélérer les actions d'aménagements des forêts naturelles, au-delà des 40 000 hectares par an qui sont néces-saires pour maintenir à son niveau actuel l'exploitation incontrôlée, inscrire la démarche dans le processus de décen-tralisation administrative et consolider la modernisation et la profes-sionnalisation des exploitants et des commerçants.
Les paysages africains sont souvent défigurés par des champs de sacs en plastique, notamment aux abords des agglomérations.
Ces sachets ne sont pas seulement la première nuisance visuelle mais participent à la propagation des maladies liées aux eaux stagnantes, bouchent les systèmes d'évacuation des eaux et causent la mort de nombreux animaux domestiques.
Leur utilisation est généralisée par leur diffusion, leur bas coût et l'habitude de vouloir rester discret sur ce que l'on achète. Pensez lors de vos achats à n'en utiliser que le strict nécessaire.
Deux initiatives sont en cours pour lutter contre ce fléau. A Niamey (1) et Zinder (2), on travaille sur la valorisation de ces déchets. Les produits phares sont des pavés en plastique qui remplacent ceux qui sont en béton et des poulies en plastique pour remplacer celles qui sont en bois et utilisées sur les puits. Nous rappelons que le Niger est un pays enclavé qui ne possède pas une industrie suffisante pour fabriquer la totalité du plastique ou du ciment qu'il consomme.
Ces industries sont consommatrices directes ou indirectes de dérivés du pétrole. Il s'agit d'un pays aride, et la déforestation a pour conséquence l'avancée du désert.
(1) Paolo Giglio
www.reseda-niger.net
(2) Roland Tapia
La faune du parc national du W est caractéristique de la faune sauvage d'une zone soudanaise. Le parc est aménagé avec des points d'eau et la faune protégée autant que possible du braconnage. Le parc national du W est la plus grande réserve en Afrique sahélienne avec près de 1 100 000 hectares dont 220 000 hectares de savane boisée soudanienne et de forêts-galeries le long des cours d'eau au Niger.
La pluviométrie annuelle moyenne est comprise entre 700 mm et 800 mm et la saison des pluies dure de mai à septembre. Au plan de la biodiversité, de nombreuses espèces ont été répertoriées : 70 espèces de mammifères (éléphant d'Afrique, buffle, lion, léopard, guépard, hippotrague, damalisque, bubal, cob Defassa, cob de Buffon, cob de roseaux, ouribi, gazelle à front roux, céphalophes, guib harnaché, babouin, patas, vervet, chacal, hyène...), 315 espèces d'oiseaux (aigle pêcheur, aigle bateleur, héron cendré, grande outarde, grand calao d'Abyssinie, marabout, canard casqué, rollier d'Abyssinie, guêpier nain, perroquet, vautour, huppe, jacana...), 484 espèces végétales, 112 espèces de poissons et des reptiles (crocodile du Nil, python de Sebkha, vipère heurtante, varan du Nil, tortues). La gestion du parc reste difficile du fait des populations riveraines en quête de pâturages pour leurs troupeaux et de terres cultivables et qui n'hésitent pas à braconner un gibier qui a de tout temps amélioré leur ordinaire.
Pour toute information à caractère professionnel, voici l'adresse du parc à Niamey :
Créée en 1988, elle a pour but la protection du massif le plus méridional du Sahara, constituant une enclave de climat tropical sahélien au centre d'une zone saharienne. En son sein, la réserve intégrale borde le massif de l'Aïr et était destinée à protéger une faune en voie de disparition comprenant la gazelle leptocère, la gazelle dama et l'antilope addax, ainsi que l'autruche mais celle-ci a été exterminée au cours des années 1990 (il en reste une en liberté et un couple en captivité qui s'est reproduit, ayant donné naissance à 3 jeunes). Les espèces animales recensées dans la réserve au début des années 1990 (avant les événements causés par la rébellion touareg) étaient au nombre de 5 amphibiens, 27 reptiles, 160 oiseaux, 35 mammifères, tous habitants des plaines désertiques, des massifs montagneux ou des lits de kori. Le patrimoine culturel est aussi ancien, et date surtout des derniers 10 000 ans (holocène) : quelques vestiges paléolithiques, des gravures rupestres du néolithique, monuments funéraires, etc. Cette réserve est habitée par des Touareg, population originale du fait de son mode de vie : le nomadisme lié à l'élevage transhumant et l'habitat en zone de culture d'oasis. Bien qu'établis sur plusieurs pays (Niger, Mali, Algérie, Libye et Burkina Faso), les Touareg ont une unité culturelle par la langue, l'écriture et les coutumes. Cette identité forte dans un milieu naturel saharien spectaculaire attire les scientifiques et les touristes.
La réserve se veut être un atout supplémentaire pour développer cette zone, mais pour différentes raisons inhérentes à sa conception par des Européens, aux institutions locales, à l'organisation d'une telle entité, à la prise en compte des désirs réels des populations et à l'insécurité durant la rébellion touareg, elle a joué un rôle minime après plus d'une décennie d'existence.
La faune du Niger ne se trouve plus que dans quelques poches protégées comme le parc du W ou éloignées des hommes comme le Ténéré, bien que là aussi elle ait subi une chasse sauvage motorisée par les militaires au pouvoir et ensuite pendant le conflit armé entre les rebelles touareg et les militaires nigériens. Dans la zone sahélienne, la faune sauvage est pauvre et en petit nombre : lapins, porcs-épics, varans terrestres, phacochères, gazelles, outardes. Le seul troupeau de girafes de l'Afrique de l'Ouest (une centaine de têtes) se trouve au Niger, à Kouré, à 45 km à l'est de la capitale. Il est enfin protégé car perçu comme une source de revenus touristiques pour les populations des villages de sa zone d'habitat.
La faune du Ténéré est spécifique du Sahara, 70 espèces de mammifères, d'oiseaux et de reptiles rivalisent d'ingéniosité pour survivre dans un milieu hostile à la vie et dénicher le trésor de toutes les convoitises : l'eau. Un des animaux les plus adaptés, mais aussi le plus prisé des chasseurs, est sans aucun doute l'addax (Addax nasomaculatus). Cette grande antilope qui offre jusqu'à 100 kg de chair fraîche, de la graisse aux vertus inestimables, a pratiquement disparu. Elle ne boit jamais, se contentant des traces d'humidité contenues dans les plantes. Pour essayer de remédier à sa quasi-extinction, " le sanctuaire des addax " a été créé comme réserve intégrale dans la réserve naturelle de l'Aïr et du Ténéré. Malheureusement, cela n'a eu aucun effet sur leur préservation. En effet, le territoire de l'addax ne connaît pas de frontière dans ce vaste Ténéré et cette belle antilope a pu être pourchassée bien au-delà du territoire où elle était censée vivre à l'abri du danger.
La gazelle dorcas est courante dans l'Aïr et sur sa bordure. Par petits groupes, adultes et petits mélangés, il n'est pas rare d'avoir le plaisir de la voir bondir dès qu'elle entend un véhicule, mais sa robe se confond vite avec l'environnement des sables, et sa vitesse (en pointe, 75 km/h) nous la dérobe vite au regard. La course équivaut à la condamner : elle meurt d'éclatement des poumons ou le coeur déchiré après avoir pleuré ! La femelle porte un ou deux petits pendant six mois, puis les quinze premiers jours, elle abandonne sa progéniture la journée pour la protéger, les contacts se limitant à la toilette et à l'allaitement, l'odeur risquant d'attirer les prédateurs qui sévissent dans les parages.
La gazelle est la proie des humains, mais aussi celle des guépards (Acinonyx jubatus), avides de chair fraîche et de sang chaud, pour remplacer l'eau absente. Il est presque impossible de surprendre un guépard tellement il est farouche, seules ses traces nous laissent deviner sa présence. C'est un animal de petite taille, à la peau délavée à peine mouchetée, à la queue blanche avec des anneaux noirs. Il est certainement le plus rapide des fauves (110 km/h) et se rencontre dans les paysages dégagés, mais il peut aussi se réfugier dans la montagne jusqu'à 2 000 m d'altitude. Carnivore, il se nourrit outre des gazelles, de proies variées : lièvres, chacals, porcs-épics, outardes et parfois de jeunes chamelons égarés. Diurne, il chasse à vue, surtout le matin et en fin d'après-midi. Il est tout aussi bien solitaire, qu'en couple ou en groupe.
Un autre mammifère suscite la convoitise des chasseurs touareg de l'Aïr, le mouflon à manchettes (Ammotragus lervia), à la robe fauve, reconnaissable à ses longs poils sous le cou et à ses cornes recourbées vers l'arrière. Très méfiant, il vit uniquement dans les montagnes, en s'abritant dans les escarpements rocheux le jour, et descend dans les vallées pour y paître très tôt le matin avant les fortes chaleurs.
Un petit animal gris de la taille d'un lapin se confond avec le granit des rochers où il vit : le daman des rochers (Procavia capensis ruficeps). Lorsqu'on se promène à pied sur les monts Bagzan, il n'est pas rare de les trouver en groupe comme vous surveillant du haut d'un belvédère dans les éboulis granitiques. Il possède à la fois les caractéristiques des rongeurs et ceux des pachydermes (éléphants). Ses doigts sont terminés par des ongles épais ayant l'apparence de petits sabots. Dans ces mêmes montagnes, on est surpris par l'aboiement du singe noir cynocéphale (Papio doguera), qui vit en bande et se réfugie dans les arbres au-dessus de la source d'Ighalabelaben lorsque les femmes viennent y faire leur lessive. Il n'est guère farouche, mais il faut s'en méfier.
Un autre singe au pelage roux est courant dans l'Aïr : le patas (Erythrocebus patas, sous-espèce villiersi).
Il est attendrissant de voir le petit agrippé sous le ventre de sa mère qui part se cacher à l'approche du randonneur pour l'observer de derrière un rocher. Il n'hésite pas à venir près des tentes touareg pour les piller lorsque les occupants sont partis vaquer à leurs occupations ou à chaparder les produits des jardins. Ce singe se laisse facilement approcher, et même apprivoiser, il est alors surnommé " boubou ". Le mammifère redouté des nomades est à l'instar de notre renard le goupil, le chacal (Canis aureus, aussi surnommé dans les contes touareg Mohamed n'tekerbeit, Mohamed au pantalon) : c'est un animal rusé, grand amateur de chèvres. Il saisit la bête à la gorge, tranche la carotide avec ses crocs aigus, et vide son sang avant qu'elle n'ait eu le temps de pousser un cri. Son " cousin " le fennec (Fennecus zerda) est réellement l'animal des sables, certainement l'un des mieux adaptés au désert : ses larges oreilles lui permettent de détecter rapidement les petites proies dont il se nourrit la nuit car il passe les moments les plus chauds de la journée au fond de son terrier. Tous ces animaux sont merveilleusement bien adaptés au désert, comme le ganga, le seul oiseau capable de rester toute une journée posé sur le sol surchauffé où la température dépasse les 70 °C. Il se gave d'eau et peut ainsi se tempérer par évaporation. Les gangas, au chant très caractéristique lorsqu'ils volent en formation, ont une grande capacité d'orientation pour retrouver leur famille après avoir parcouru des centaines de kilomètres à la recherche d'eau. Les mâles imbibent d'eau leur duvet et de retour au bercail, les petits s'abreuvent en lissant de leur bec les plumes mouillées de la poitrine paternelle. Le plus grand oiseau du monde, l'autruche, coursait encore ses belles voici 10 ans dans les vallées de l'Aïr. Malheureusement, les autruches ont toutes été tuées lors de la rébellion touareg. Leur réintroduction est à l'étude grâce à la présence d'un couple en captivité à Iférouane. Parallèlement, une ferme d'élevage d'autruches vient d'être créée dans la région de Zinder, avec des autruches d'origine étrangère. L'outarde, grand oiseau couleur de sable, avec son vol lourd et lent fait partie du paysage des zones nomades, malheureusement il est aussi très prisé des chasseurs et devient rarissime. Le percnoptère d'Egypte (Neophron percnopterus) au bec jaune est le vautour des sables : la blancheur de ses ailes terminées par un liseré noir se distingue dans l'éblouissante luminosité, il plane et guette rongeurs et lézards, ses mets de prédilection. Parmi les oiseaux, beaucoup ne sont que de passage lors de leur migration vers l'Europe, mais l'Aïr, du fait de ses points d'eau et de la végétation arborée dans ses vallées, abrite une avifaune sédentaire variée. Un oiseau bien connu est le traquet à tête blanche (Oenanthe leucopyga), petit oiseau noir à tête blanche, au vol léger et au chant bref en sourdine, qui s'approche près des campements ou des bivouacs dans le désert. On trouve des perruches vertes, des colibris à l'approche de la saison des pluies, des rolliers d'Abyssinie au plumage bleu outremer, des merles, etc. Les reptiles sont bien représentés avec les sauriens et les serpents aux abords des palmeraies, des points d'eau naturels comme les gueltas, et dans les pierriers des montagnes. Les ergs et les regs en sont plus pauvres faute de proie mais, de façon générale, ces reptiles se cachent au plus chaud de la journée et préfèrent la fraîcheur de la nuit. Ils suspendent pratiquement leur activité en hiver, cette hibernation est cependant plus brève que chez les espèces européennes et plus marquée dans les regs battus par le vent froid que dans les montagnes où les microclimats demeurent plus chauds en hiver. Ils sont donc plus présents en saison des pluies et les jours de vent du sud ou d'ouest, porteurs d'humidité. Le serpent le plus redouté est la vipère à cornes, (Cerastes linné), bien reconnaissable à la longue écaille pointue, insérée au-dessus de chaque oeil. Elle peut parcourir plusieurs kilomètres en une nuit et chasse en maraude en visitant les terriers. De jour, elle pratique l'affût et s'enfouit dans le sable ne laissant dépasser que sa tête en attendant le passage d'une proie. Le grand scorpion jaune (Androctonus amoreuxi) est redoutable et très commun. Il vit dans le sable et on le trouve partout aux abords des kori, des jardins et des campements, il faut s'en méfier la nuit et ne pas dormir à même le sol en certaines saisons.
L'animal le plus adapté aux grandes traversées sahariennes n'est pas le chameau mais le dromadaire (il n'a qu'une bosse) qui vit en Afrique et en Arabie. Il serait originaire d'Amérique et aurait atteint l'Afrique via l'Asie, où il aurait été domestiqué au deuxième millénaire avant J.-C. D'après les gravures rupestres (Mammanet dans l'Aïr), il serait apparu au Sahara vers l'an mille de notre ère. Le vrai chameau à deux bosses vit dans les grandes plaines d'Asie, mais il n'empêche qu'en Afrique le dromadaire est communément appelé " chameau " !
C'est un animal très résistant à la soif, s'il a pu faire une provision de fourrage vert auparavant. La régulation thermique de son corps et une importante rétention d'eau (due notamment à sa faible transpiration) sous un pelage épais protecteur lui permettent de résister plus d'une semaine à la soif. La nuit, sa température baisse à 34 °C, et son mécanisme de thermorégulation ne se déclenche qu'à 41 °C au plus chaud de la journée en saison froide. Il peut supporter jusqu'à 25 % de déshydratation sans dommage alors que l'être humain meurt à 12 %. Les chameaux de bât (bicolores et souvent au regard vairon, voire aveugles appelés azelghaf) qui partent en caravane pour Bilma doivent avoir une belle bosse : elle renferme de la graisse pour subsister en cas de disette.
La plante des pieds est plate et facilite la progression dans le sable où la bête ne s'enfonce pas. Lorsque le chameau baraque dans le sable chaud, les cales de ses pieds et de son ventre le protègent ; si le vent de sable se lève, il ferme alors ses narines et ses yeux protégés par de longs cils. Les chameaux de bât ne sont pas trop chargés (au maximum 150 kg) afin de pouvoir tenir durant cette épreuve qu'est la caravane de sel, l'aller et retour entre l'Aïr et le Kawar durant 40 jours.
Monter à chameau n'est pas difficile, il faut éviter de se tenir au pommeau de la selle de bois assez fragile. Mieux vaut se positionner davantage sur l'arrière en agrippant la touffe de poils de la bosse que sur le cou où reposent les pieds croisés qui, par de petites pressions, guident l'animal. On frotte le cou : l'animal va au pas, sinon il faut l'inciter davantage en frappant sur son dos le bout de la rêne unique. Si on tire la rêne vers le haut, il s'arrête ; vers la droite, il va à gauche, et inversement.
En pente, le chameau, emporté par son poids, peut vouloir soudain galoper et, à l'arrêt, baraquer sans crier gare ! A part ça, c'est un animal plutôt docile qui n'a guère de saute d'humeur comme le cheval. Un beau chameau de course est blanc, élancé, avec un long cou et peut valoir très cher, jusqu'à 800 €.
80 % du territoire est en zone désertique et 20 % en savane. En savane, la flore est commune à celle des pays du Sahel, avec des formations végétales ouvertes, à arbres et arbustes fourragers propices au pastoralisme. Nombreuses sont les espèces tropicales d'acacias, appréciées pour leur feuillage, leurs gousses, et même leurs fleurs savoureuses que les chameaux recherchent délicatement entre les épines. Dès les premières pluies, le sol nu se recouvre alors d'un duvet herbeux de graminées (Panicum turgidum), notamment sur les terres salées de l'Irazher, vaste zone d'épandage à l'ouest de l'Aïr où convergent les troupeaux des Peuls et des Touareg pour la cure salée en septembre.
Le cram-cram (Cenchrus biflorus) est également bien connu car il s'accroche aux vêtements et pique désagréablement. Les nomades retroussent leurs pantalons jusqu'aux genoux pour éviter ce désagrément. Les arbres et les arbustes jouent un rôle important dans la vie quotidienne et dans la conservation ou la reconstitution de l'équilibre écologique face à l'extension du désert. Ils fournissent du bois d'oeuvre, de l'énergie, des aliments, des médicaments et divers autres produits.
La frange sud abrite encore de beaux arbres (acacias, palmiers doum, rôniers, karités, nérés, jujubiers, balanites ou dattiers sauvages), malheureusement ils sont très convoités par les artisans pour la vannerie et la fabrication de mortiers et de pilons ainsi que par les bûcherons tant la demande en combustible est grande. Le gaz, très onéreux au Niger, n'est pas à la portée des ménages.
Dans les zones plus désertiques, proches du Sahara, la végétation est plus clairsemée encore, comme morte parfois après plusieurs années de sécheresse pour renaître soudain à la première pluie.
La végétation saharienne subit la sécheresse du désert qui est due à une insuffisance des précipitations, en outre irrégulières, aggravée par des vents continuels et par une évaporation intense à cause des fortes températures, situation tropicale.
Seule l'altitude, comme dans l'Aïr (entre 1 000 m et 2 000 m), provoque une atténuation notable de la sécheresse par une baisse de l'évaporation et permet l'apparition de microclimats avec une flore parfois proche de la flore méditerranéenne : Lavandula antineae dans le kori de Temet, Olea laperrini sur le mont Gréboun, fougères Adiantum capillus veneris sur les monts Bagzan, espèces toutefois endémiques et très sporadiques dans les rocailles et au voisinage de point d'eau, source ou terre humide des kori (cours d'eau intermittents).
Le palmier doum - dont la limite septentrionale est au Djado - est facile à reconnaître : son tronc est divisé en deux, voire en trois, et il pousse dans les lits des kori, indiquant ainsi la proximité de la nappe phréatique. Sa feuille ressemble à une main ouverte vers le ciel. Un palmier adulte, outre la production de fibres pour les objets de vannerie, n'a qu'une production annuelle de fruits très appréciés pour leur chair que l'on grignote autour d'un gros noyau, qui se transforme ensuite en combustible. En cas de disette, cette chair est réduite en farine et consommée avec de l'eau, et les enfants sucent la graine blanche très dure. Le bois, très résistant, est encore beaucoup utilisé comme matériau de charpente, mais les doumeraies sont menacées par une surexploitation aggravée par les sécheresses successives.
Michel Arbonnier, Arbres, arbustes et lianes des zones sèches d'Afrique de l'Ouest, 2002, Montpellier : Cirad-MNHN. Ce guide de terrain est la synthèse de plus de quinze années de pratique en aménagement forestier dans le cadre des actions entreprises par le Cirad. Cette expérience a été mise à profit pour combler un manque de documentation sur la flore des zones sèches d'Afrique de l'Ouest. Les 1 300 photographies en couleur des fleurs, des fruits, des feuilles et de l'écorce facilitent l'identification de chacune des 360 espèces ligneuses présentées. Parce que l'arbre participe à l'équilibre des paysages et remplit nombre de fonctions et de services, un inventaire actualisé des usages traditionnels des différentes parties de la plante, en pharmacopée, en nutrition humaine ou animale et dans la vie quotidienne, est aussi proposé. Les clés de reconnaissance, comme les fiches descriptives, sont accessibles aux non-spécialistes de la botanique, qu'ils soient techniciens de la forêt, de l'agriculture ou de l'élevage, enseignants ou étudiants. Ce guide constitue un ouvrage de référence pour toute personne appelée à connaître la flore arbustive et forestière de la région ouest-africaine.
Yves et Mauricette Vial, Sahara milieu vivant, Editions Hatier, 1974.
Jean-Philippe Chippaux, Les serpents d'Afrique occidentale et centrale, Editions de l'IRD (ex-ORSTOM), 1999 [email protected] - L'ouvrage concerne les serpents rencontrés de la Mauritanie jusqu'au Tchad et au Congo, et permet l'identification d'un serpent même par un non-spécialiste, avec des photos en couleur.
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