Guide Niger : Histoire
Depuis des millénaires, le Niger a été le lieu d'invasions et d'établissements de royaumes. Les premiers habitants du Niger se sont installés dans le nord, dans le désert du Ténéré et les montagnes de l'Aïr qui, contrairement à maintenant, avaient des réserves d'eau suffisantes.
Il y a 100 millions d'années grouillaient dans des mers, des lacs, des marécages et des forêts immenses, des poissons, des tortues, des crocodiles géants et des dinosaures dont il reste de nombreuses traces fossiles dans le nord du Niger. La présence de l'homme est attestée il y a plus de 100 000 ans, par les outils paléolithiques et néolithiques trouvés dans le Ténéré (outils en pierre taillée, bifaces, flèches, harpons, gravures et peintures rupestres). On peut facilement imaginer le désert, il y a 9 000 ans, recouvert d'une mosaïque de savane arborée et herbacée, assemblage de la variété des paysages du Sahel actuel.
Placé au point de rencontre des mondes nomade et sédentaire, le Niger fut un important carrefour commercial pour les caravanes qui transportaient esclaves, sel, or, ivoire, noix de cola, tissus, cauris et peaux de bête. Les puissants empires du Mali, du Kanem puis du Bornou se disputaient le contrôle des routes commerciales sahariennes, ainsi le Niger fut-il longtemps le théâtre de nombreuses batailles restées célèbres dans l'histoire des royaumes africains.
Sous le règne de Kankan Moussa (1312-1337), l'empire du Mali connut paix et prospérité. Il s'étendit alors jusqu'aux portes du Niger actuel, le long de la boucle du fleuve, en pays songhaï. Après la mort de Kankan Moussa, ses successeurs se montrèrent incapables ou indignes, et les gouverneurs de province en profitèrent soit pour accabler d'impôts les populations qui se révoltèrent, soit pour se proclamer rois. Bientôt, le vaste empire du Mali fut attaqué de tous côtés : au sud, dès 1400 par les Mossi du Yatenga, puis au nord par les Touareg, et enfin à l'est par les rois songhaï, qui vengèrent leur ancien asservissement en soumettant à leur tour le Mali à l'empire de Gao. Au XVe siècle, Sonni Ali Ber (Soni Ali le Grand) fonda par ses victoires l'empire de Gao. Vainqueur du Mali, il conquit la vallée du Niger. Il attaqua d'abord Tombouctou que les Touareg avaient enlevée au Mali : cette ville était parmi les plus riches du Soudan car elle avait un grand marché et un centre d'études musulmanes. Sans pitié, il la saccagea, dispersa ou massacra ses savants. Il mena des expéditions contre les Mossi du Yatenga, fit la conquête du Macina et lutta contre les Peuls du Gourma. En dix ans de campagne, Soni Ali Ber se rendit maître de la moyenne vallée du Niger, importante voie commerciale, grand danger pour l'empire du Mali affaibli. Le roi guerrier, qui terrorisa les pieux musulmans, mourut noyé dans un fleuve. Son impiété et sa cruauté amenèrent ses sujets à proclamer roi non son fils, mais un de ses lieutenants, le Sarakolé Mamadou Touré qui fonda la dynastie des Askia. On raconte que le terme Askia vient de assikia, qui veut dire " il ne le sera pas, il ne le sera pas (roi) ". Ainsi se moquaient les femmes de son ascendance non royale. Par dérision, il leur emprunta leur moquerie comme titre dynastique. Valeureux guerrier, bon administrateur, pieux musulman, l'Askia Mohammed (1493-1528) porta l'empire à son apogée et l'enrichit par le commerce : il laissa subsister des royaumes anciens, comme celui du Mali, mais leurs princes devaient lui payer tribut. Il accapara leurs sources de richesse : le produit des mines d'or, le commerce des esclaves et le monopole du sel. Au XVIe siècle l'empereur de Gao était le souverain le plus puissant et le plus riche d'Afrique. Une ère de prospérité économique naissait, pour se poursuivre jusqu'en 1590, date à laquelle le royaume passa sous la domination marocaine en quête d'autres sources de revenus après la reconquête de l'Espagne par les Rois catholiques. La conquête marocaine ne dura pas longtemps, mais en détruisant l'empire des Askia, elle ruina les cités florissantes où s'échangeaient les produits du monde méditerranéen et du monde noir. Elle mit fin à la période de sécurité assurée par les puissants empires soudanais. Désormais, les régions du Sahel étaient mises à sac et dépeuplées par les pillages des nomades. La grande bataille qui marqua le déclin de l'empire fut celle de Tondibi au nord de Gao en 1591.
A l'origine, le Kanem et le Bornou étaient deux pays situés l'un à l'est et l'autre à l'ouest du Tchad. La dynastie des Sefuwa régna sur le Kanem à partir de l'an 800. Dès le XIIIe siècle, l'empire du Kanem s'étendait de Bilma jusqu'au Tibesti au nord, et avait conquis le Fezzan, permettant le développement des oasis du Kawar et du Djado. Après l'abandon du Kanem, continuellement envahi et pillé par les tribus nomades, les Séfuwa reconstituèrent un empire plus stable : le Bornou. Le véritable fondateur de cet empire fut Maï (roi) Ali Dounam à la fin du XVe siècle. Le XVIIIe siècle marque la montée progressive du Bornou vers son apogée sous l'empereur Idrissa Alaoma. Il englobait le Damagaram, le Koutous, l'Alakhos, le N'Gourou, tout le sud du lac Tchad et une grande partie du cours inférieur du fleuve Chari. C'était un empire très bien organisé militairement et administrativement, et sa hiérarchie était compliquée : on retrouve les titres de hauts fonctionnaires dans les noms de famille actuels du Manga : les Chétima, Maï Konta, Marouna, Laouane, Boulama... Plusieurs personnages de la cour se partageaient le commandement de différents fiefs selon le bon plaisir du sultan.
Peuple né vers le Xe siècle de diverses migrations venues de l'Aïr et du Bornou, les Haoussa résultent d'un métissage de ces migrants avec les populations autochtones. Coincés entre l'empire songhaï et celui du Bornou, les Haoussa eurent à lutter avant de se libérer et de donner l'ampleur commerciale et économique que l'on connaît aux sept Etats haoussa dès le XVIIe siècle. Ils ne fondèrent pas un empire mais de nombreuses cités qui furent des foyers brillants de civilisation africaine. La vie des cités est peu connue avant le XIIIe siècle, mais déjà, les commerçants mandingues, les Wangara, s'étaient infiltrés parmi elles et avaient fondé un petit Etat : le Gamgaran. Les Wangara musulmans furent à la base de la conversion des Haoussa à l'islam. Le roi de Katsina se convertit en 1320 et celui de Kano vers 1370.
Le XIXe siècle est marqué par un événement qui dépasse largement le cadre de l'actuel Niger de 1800 à 1850, Ousman Dan Fodio lança un jihad sur les Etats haoussa du sud de Niger et fonda l'empire peul de Sokoto. Ousman, fils de Fodio, naquit le 15 décembre 1754 à Maratta près de Galmi au Niger, d'une famille de lettrés musulmans originaires du Tekrour, le Fouta Toro du Sénégal, pays des Toucouleur, venue en pays haoussa vers l'an 500. Trouvant trop tiède l'islam pratiqué par les souverains haoussa, il conduisit contre leur territoire un jihad et réussit à soumettre plusieurs d'entre eux. L'Aïr, le Kawar et le Damergou ne furent pas touchés, tandis que le Damagaram et le Bornou opposèrent une résistance farouche aux conquérants peuls.
Mungo Park (un Anglais) fut le premier Européen à prendre contact avec les riverains du fleuve Niger dans l'actuel Mali, en 1795. Heinrich Barth (un savant allemand) prit part à l'exploration organisée depuis Tripoli, le 5 avril 1850, par Richardson et Overweg, au service du gouvernement britannique. Entre 1851 et 1855, il visita les villes d'Agadez, Tessaoua, Gazaoua, Gouré, Mirria, Zinder, Say, N'Guigmi et les oasis du Kawar. L'explorateur Nachtigal partit pour le Bornou en avril 1870 en passant par le Kawar, Agadem et N'Guigmi, avant d'aborder le lac Tchad dont il fit une description très précise. Le 5 août 1890, une convention entre l'Angleterre et la France délimitait les zones d'influence respectives, délimitées par une ligne allant de Say sur le fleuve Niger à Barraoua sur le Tchad. Le sud de cette ligne étant sous influence anglaise. Le tracé de cette ligne fut déterminé par la mission du lieutenant-colonel Monteil qui signa des traités d'alliance avec les autorités locales, notamment avec le chef Gueladjo et le sultan de Say, entre 1890 et 1892. Un monument fut élevé en l'honneur de Monteil (dont la mission se fit sans tirer un coup de fusil !), le 24 décembre 1928 par le gouverneur Brévié : ce monument se trouve dans le square qui porte son nom, face au bâtiment qui héberge l'organisme des volontaires allemands (DED).
Après cette mission, la France attendit cinq ans avant d'envoyer une autre expédition, connue sous le nom de " mission du Haut-Soudan " et qui fut confiée au capitaine Marius-Gabriel Cazemajou. Après avoir visité les pays mossi dans l'actuel Burkina Faso et les régions de Say, Gaya, Konni, Sokoto, Tibiri et Maradi, la mission arriva à Zinder, le 14 avril 1898.
Malgré un accueil chaleureux, Cazemajou fut mis à mort, ainsi que son interprète Olive, trois semaines après leur entrée dans la ville, le 5 mai 1898. En effet, le sultan Amadou, influencé par les marabouts soucieux de préserver l'islam du Damagaram, craignit la souillure de cette présence chrétienne et la supprima.
La riposte française ne se fit guère attendre en la mission plus importante des capitaines Voulet et Chanoine, qui se rendit tristement célèbre par les exactions commises sur son passage. Partie de Tombouctou, la mission descendit le fleuve jusqu'au village de Sansane Haoussa où les militaires français recrutèrent de force plus de mille personnes. Le village fut mis à contribution pour fournir bétail et nourriture destinés à nourrir la colonne forte de 600 tirailleurs. Tout le long, ce ne fut que pillages et tueries. Le gouvernement français, mis au courant de ces monstruosités, envoya le lieutenant-colonel Klobb pour enquêter sur les atrocités. Les deux missions se rencontrèrent près de Tessaoua où le capitaine Voulet fit tirer sur Klobb qui mourut ; son adjoint, le lieutenant Meynier fut blessé.
Les soldats africains appartenant à la colonne Voulet-Chanoine, excédés par le comportement de leurs chefs, finirent par les assassiner à leur tour le 14 juillet 1899 à Dankori, près de Tessaoua. Ensuite, trois missions françaises se rejoignirent au lac Tchad : la mission Foureau-Lamy venue du Sahara, la mission Joalland poursuivant sa conquête à l'est de Zinder après le " drame de Dankori " et la mission Gentil venue du sud depuis l'Oubangui. Sous les ordres du commandant Lamy, elles livrèrent bataille au sultan du Bornou, Rabah. Le 21 avril 1900, Rabah et Lamy furent tués au cours de cette bataille à Kousseri (Cameroun), étape ultime de la conquête militaire française.
Les Français commencèrent réellement à gouverner le Niger en tant que territoire en 1901, quand le district militaire du Niger fut créé en tant que partie du Haut-Sénégal et Niger. En dépit de l'établissement officiel du troisième territoire militaire depuis le fleuve Niger jusqu'au lac Tchad, quelques groupes continuèrent à opposer une forte résistance aux Français (voir " Kaocen " à Agadez et " Firhoun " à Téra).
Zinder était le chef-lieu du territoire militaire qui fut transformé en territoire du Niger, Niamey devenant le siège du gouvernement jusqu'en 1911, avant de se fixer à nouveau à Zinder. Ce territoire devint colonie du Niger en 1922, placée sous le gouvernement de Dakar et la capitale devint définitivement Niamey. Le milieu zerma apparaissait plus malléable au colonisateur que le milieu haoussa résistant car fort de ses traditions étatiques et de ses relations avec les sultanats hors du territoire. Cette préférence va conduire à la formation d'une élite zerma administrative et militaire qui va occuper le devant de la scène politique jusqu'en 1991. La colonie du Niger, comme toutes les colonies, avait à sa tête un gouverneur français qui résidait à la capitale. Le pays était divisé en un certain nombre de circonscriptions appelées " cercles ", qui comprenaient chacun plusieurs subdivisions. Les cercles et les subdivisions étaient placés sous le commandement d'administrateurs français qui étaient couramment appelés " commandants " (les populations nigériennes continuent d'appeler ainsi leurs sous-préfets et chefs de poste administratifs). Pour administrer les populations, les Français eurent recours au service des chefs traditionnels ou chefs coutumiers qui percevaient l'impôt et devaient fournir la main-d'oeuvre gratuite pour les " travaux forcés " destinés aux constructions de routes, bâtiments administratifs, dispensaires, écoles, etc.
La France mit en place une économie fondée sur l'exportation de l'arachide qui ne prit toute son ampleur qu'après la Seconde Guerre mondiale. En effet, durant la guerre, le Niger fut très isolé bien que participant à l'effort de guerre. Après 1946, en reconnaissance des services que les Africains lui avaient rendus pendant la Seconde Guerre mondiale, la France supprima les travaux forcés. Une nouvelle constitution fut ratifiée, elle conférait notamment la nationalité aux habitants de la colonie et décentralisait le pouvoir. Cependant, même avec le droit à la nationalité, le pouvoir politique des opposants locaux était limité. En 1946 deux Zerma, Issoufou Djermakoye et Diori Hamani, un notable et un enseignant, créèrent le Parti progressiste nigérien, affilié ensuite au Rassemblement démocratique africain présidé par Félix Houphouët-Boigny.
Les colonies furent transformées en territoires d'outre-mer regroupés en un vaste ensemble politique : l'Union française. Désormais, elles envoyaient des représentants à l'Assemblée nationale française : ceux du Niger étaient Diori Hamani (le futur premier président) et Georges Condat. A l'assemblée de l'Union française, le Niger fut représenté par Boubou Hama, Issoufou Seydou Djermakoye et Francis Borey, un médecin français. A Niamey, un conseil général fut transformé en assemblée territoriale. Bientôt, les colons français durent compter avec l'émergence d'une petite bourgeoisie locale dont la conscience politique s'était affirmée durant les décennies précédentes notamment à la faveur des mouvements de décolonisation à l'échelle mondiale. Les mouvements indépendantistes débutèrent en juillet 1956 avec l'Acte de réforme outre-mer (loi-cadre) révisant l'organisation des territoires francophones et permettant aux assemblées territoriales de délibérer sur toutes les affaires intérieures par le biais du conseil de gouvernement présidé par le gouverneur Bordier. Il avait pour vice-président Djibo Bakari, le chef du parti politique majoritaire Sawaba affilié au mouvement socialiste africain du Guinéen Sékou Touré. La nouvelle constitution française de 1958 donnait la possibilité à chaque colonie de gérer sa vie intérieure sauf en ce qui concernait la monnaie, les affaires étrangères et la défense, relevant de la compétence de la France.
Le 18 décembre 1958, le Niger devint un Etat autonome dans la communauté française et, comme la Constitution française le permettait, se retira de la communauté pour proclamer son indépendance le 3 août 1960. La France avait transmis habilement les mécanismes d'un Etat colonial à la bourgeoisie locale dont elle avait favorisé l'émergence. Celle-ci, bien qu'elle jugeât la chefferie traditionnelle féodale et la condamnât, l'utilisa à son profit pour ses victoires électorales, la chefferie restant la seule structure représentative du monde rural majoritaire.
Hamani Diori, secrétaire général du Parti progressiste nigérien (PPN), ancien compagnon d'armes de Félix Houphouët-Boigny depuis les premières heures du Rassemblement démocratique africain (RDA) fut élu président de la nouvelle République du Niger, puis réélu en 1965 et 1970. Sous son régime, le Niger accomplit d'importants progrès économiques et sociaux. Diori régna sans partage sur le pays jusqu'à l'aube du 15 avril 1974. Au milieu d'une des pires sécheresses que le Niger ait connues, le lieutenant-colonel Seyni Kountché, qui était alors chef d'état-major des Forces armées nigériennes, renversa le gouvernement civil et mit fin au régime Diori (l'épouse du président fut une des victimes). La fin de la première République révéla les limites du monopartisme : le chef du parti (PPN) était aussi chef de l'Etat et laissait la corruption et le népotisme se développer. Diori fut notamment accusé du détournement de l'aide alimentaire et donc d'incapacité à gérer la crise engendrée par la terrible sécheresse.
Seyni Kountché suspendit immédiatement la constitution, il instaura alors l'état d'exception et il commanda à l'Assemblée nationale d'installer le Conseil militaire suprême, en tant que gouvernement national avec lui-même comme président. Bien qu'il ait laissé entrevoir le retour de certains opposants (Djibo Bakari) et ait manifesté une certaine attention aux forces civiles opposées à l'ancien régime, très vite, Kountché décréta " n'être au service de personne " et révéla ses intentions qui n'étaient pas celles d'adopter une nouvelle forme de société mais celle de la purifier. Le régime militaire s'isolait alors et Kountché chercha à conquérir le monde rural en dynamisant les organisations traditionnelles telles que les samaria, regroupements de jeunes d'un village qui se mettent au service de leur communauté. Mais le Niger entrait dans un régime d'exception caractérisé par une véritable dictature doublée d'un pillage systématique du pays par les militaires et leurs alliés civils exerçant le pouvoir. Kountché gouverna le pays fermement avec la mise en place de la Commission nationale pour la société de développement. Il essuya aussi plusieurs tentatives de coup d'Etat (1976-1983).
En dépit de son style autocratique et du climat de délation permanente qu'il instaura avec sa police parallèle, on lui reconnaît le mérite d'avoir restauré le pays après la sécheresse. Bénéficiant notamment du boom de l'uranium, le Niger devenait le quatrième exportateur mondial. La production globale culminait en 1981 à 4 366 tonnes d'uranium-métal avec des recettes de 130 milliards de FCFA et permettait la réalisation d'infrastructures, mais trop peu d'investissements productifs. Le pays s'endetta énormément, comptant sur la prospérité à venir tirer des revenus de l'uranium, mais la chute des cours en 1979 mena très vite l'Etat à la faillite faisant entrer le pays dans une longue période d'ajustement structurel.
Après le décès du général Seyni Kountché en 1987, le colonel Ali Chaïbou fut désigné par ses pairs pour lui succéder. Sa présidence mit fin " au régime d'exception ", marquée par la décrispation (c'est la fin de la police politique) et la transition vers un pouvoir démocratique difficile à mettre en place du fait notamment de la crise économique croissante, les fonctionnaires connaissant leurs premiers mois d'arriéré de salaire. Ali Chaïbou fut élu président de la République en décembre 1989 avec une volonté manifeste d'un retour progressif à l'Etat de droit (première parution du journal d'opposition Haske, et création d'associations nigériennes de défense des droits de l'homme).
Mais la répression sanglante des étudiants, en février 1990, traumatisa l'opinion publique nigérienne et accéléra les revendications pour l'ouverture démocratique, d'ailleurs appuyées par le discours du président Mitterrand à La Baule qui conditionnait l'aide de la France au multipartisme et à la démocratie en Afrique.
Début 1990, c'est le début de la rébellion touareg dans le nord du pays, marquée par des vagues d'arrestations de jeunes réfugiés touareg (émigrés en Libye du temps de Seyni Kountché) qui rentraient au pays à l'appel du colonel Ali Chaïbou. Révoltés par le sort médiocre qui leur était réservé, les réfugiés touareg n'avaient pas trouvé d'autre alternative que la lutte armée. La répression par l'armée fut sanglante dans la région de Tchintabaraden, et ce fut l'amorce d'un long conflit entre les Touareg et le pouvoir qui a quasiment duré une décennie. Le rebelle touareg le plus connu fut Mano Dayak. Originaire de la vallée de Tidène dans l'Aïr, il fut l'un des précurseurs du tourisme saharien au Niger. Il a joué un rôle non négligeable dans la prise de conscience par les Touareg des potentialités touristiques de leur région en ouvrant une agence de voyages dans les années 1980 à Agadez. Il a été, entre autres, un des interlocuteurs principaux pour l'organisation des passages des différents rallyes Paris-Dakar dans le Ténéré.
A la suite de la rébellion touareg naissante, il a pris position dans ce conflit jusqu'à devenir un des chefs de front replié dans l'Adragh (le massif de l'Aïr, synonyme de place forte tenue par les rebelles durant le conflit). Très médiatisé en France, il a oeuvré dans le sens d'une reconnaissance des droits du peuple touareg, sans pouvoir achever son combat, puisqu'il est mort dans un accident d'avion dans l'Aïr, en décembre 1995, alors qu'il se rendait à Niamey pour la mise en oeuvre de l'accord de paix signé le 24 avril de la même année. Autre figure de la rébellion des années 1990, Rhissa Ag Boula qui, après l'accord de paix auquel il a activement participé, occupa la fonction de ministre du Tourisme et de l'Artisanat de 1996 à 2004. Sa présumée implication dans le meurtre d'un militant du MNSD (Mouvement National de la Société de Développement) lui coûta sa place et sa liberté pendant quelques mois, aujourd'hui il est de retour sur la scène politique en tant que président du parti UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social). Depuis février 2007, la rébellion a repris dans le Nord du Niger, des négociations sont en cours pour mettre fin à ce conflit.
Après la grande famine qui frappa le pays en 1973, l'été 2005 a vu souffrir de la faim, plus de 3 millions de personnes, cette crise alimentaire, due à une insuffisance des pluies et une invasion de criquets, est passée en boucle sur les chaînes de télévision internationales.
Les jeux de la Francophonie, réunissant les pays d'expression française dans des compétitions sportives et culturelles, a offert au Niger en décembre 2005 l'occasion de redorer son image dans le monde. Ces jeux ont été suivis par les Jeux de La Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD) en 2009, liant 28 Etats africains dans un effort d'union économique pour un développement durable.
Des élections présidentielles se tiendront fin 2009. L'opposition soupçonne Tanja, président actuel, de vouloir se représenter, alors que constitutionnellement il arrive à la fin de son deuxième et dernier mandat. Ces élections permettront de tester une nouvelle fois la démocratie nigérienne.
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