Guide Eritrea : Histoire
L'histoire de l'Erythrée en tant que nation indépendante est une histoire " jeune ", puisqu'elle n'existe que depuis 1993. En vérité, le sentiment national érythréen semble plus ancien et date peut-être de la première unification du pays dans ses frontières actuelles, lors de la période de la colonisation italienne, de 1889 à 1941. Mais, quoi qu'il en soit, cette région a un passé multimillénaire riche des influences multiples que lui a valu sa position stratégique sur les côtes de la mer Rouge.
IVe s. avant J.-C. > Royaume d'Aksoum.
VIIe s. > Islamisation des côtes de l'Erythrée.
XVIe s. > Annexion de l'Erythrée au royaume ottoman.
1889 > L'Erythrée devient colonie italienne, par le traité d'Ucciali.
1936 > Elle sert de tremplin pour la conquête de l'Ethiopie par Mussolini.
1941 > Les forces britanniques de la Seconde Guerre mondiale s'emparent du pays.
1950 > Formation d'une fédération entre l'Erythrée et l'Ethiopie.
1962 > Le négus Haïlé Sélassié (empereur d'Ethiopie) annexe l'Erythrée à l'Ethiopie.
1984-1985 > Sécheresse et grande famine.
1990-1991 > Le FPLE (Front populaire de libération de l'Erythrée) s'empare de Massawa puis prend le contrôle d'Asmara.
1991 > L'Erythrée devient une des cinq régions autonomes de l'Ethiopie.
1993 (24 mai) > Indépendance de l'Erythrée, qui est reconnue par l'ONU comme un de ses membres à part entière ; le FPLE obtient la légitimité pour gouverner le pays.
1994 (6 juillet) > L'Erythrée devient membre du Fonds monétaire international (FMI).
1995 (avril) > Un accord de libre échange est conclu entre l'Erythrée et l'Ethiopie.
1995-1996 > L'Erythrée et le Yémen se disputent les îles Hanish et demandent la médiation de la France, puis un arbitrage international qui restitue la Grande Hanish au Yémen.
1997 > Vote de la constitution
1998 > Institution d'une unité monétaire nationale : le nakfa.
1998-2000 > Guerre contre l'Ethiopie pour la région frontalière de la région de Badme.
2000 > Un accord de paix est signé entre l'Erythrée et l'Ethiopie.
2008 > Guerre djibouto-érythréenne de trois jours, du 10 au 13 juin 2008, pour la ville frontalière de Ras Doumeira.
Dans la période préhistorique, le développement d'une industrie lithique (pierre taillée, pierre polie) dans la Corne de l'Afrique suit la lente évolution de l'homme vers l'Homo sapiens qui, des basses terres, se répand progressivement vers les hauts plateaux jusqu'à établir le contact avec les cultures de la vallée du Nil. Ainsi, ce seraient des populations nilotiques migrant vers les côtes de la mer Rouge qui auraient constitué les premiers habitants de la région correspondant à l'actuelle Erythrée, suivis plus tardivement de différents peuples de langues couchitiques et sémitiques (voir aussi le chapitre " Populations et langues "). Les sociétés de chasseurs-cueilleurs se sédentarisent peu à peu et évoluent en sociétés d'agriculteurs et d'éleveurs, faisant de cette région l'une des plus anciennes zones africaines de culture et de domestication animale. Alors qu'un certain nombre de plantes cultivées, comme le blé ou l'orge, proviennent d'Egypte par la vallée du Nil, d'autres, qui constituent encore aujourd'hui la base de l'alimentation traditionnelle, sont typiquement indigènes. C'est le cas notamment du tef, base de l'alimentation érythréenne, et du café.
Selon les égyptologues, l'Erythrée actuelle, avec la région du Tigré, pourrait correspondre au mystérieux Pays de Pount dont font état les anciens textes égyptiens où il est dit que la reine d'Egypte, Hatchepsout, envoya une expédition conduite par Senmout en 1494 avant J.-C. Ce pays, décrit comme regorgeant de très nombreux produits précieux, tels l'encens, la myrrhe, l'ivoire et les épices, devient un enjeu de premier plan pour le commerce en mer Rouge et il sert alors de base commerciale pour les Perses, les Grecs, et les Sabéens.
Ce sont les anciens Grecs qui donnent son nom à l'Erythrée et à la mer qui baigne ses côtes : eruthros signifiant " rouge " en grec.
Les Sabéens, peuple du royaume yéménite de Saba, traversent la mer Rouge au Xe siècle avant J.-C. et s'établissent sur les côtes érythréennes puis, ayant noué le contact avec les populations locales au parler sémitique proche, créent le royaume de Damat, entre 800 et 500 avant J.-C., qui étend sa domination sur l'Est du Tigré depuis sa capitale Yéha dans l'actuelle Ethiopie. Du mélange de ces peuples va naître une civilisation sans égale sur le continent, fortement marquée dans ses coutumes, ses édifices et ses croyances, d'influences sud-arabiques.
Le nom de l'Erythrée fait référence au nom grec de la mer Rouge dans l'Antiquité : " la mer d'Erythrée " ; car eruthros signifie " rouge " en grec. Mais cette région de la mer Rouge portait un autre nom, local : Märäb-Mellash, du nom de la rivière Märäb, affluent de l'Atbara. C'est en 1890, sur la suggestion du poète italien Carlo Dossi, que ce pays nouvellement formé par la colonisation italienne prit officiellement le nom d'Erythrée.
La légende fait d'Axoum la capitale du royaume de la reine de Saba dès le Xe siècle avant J.-C., mais ce n'est en réalité qu'à partir du Ier siècle avant notre ère que son nom apparaît dans des écrits, comme dans le Manifeste du périple de la mer d'Erythrée, du marin grec Hippale, ou dans La Géographie du Grec Ptolémée. Bien que le déclin de Yéha semble correspondre à l'émergence d'Axoum, les relations entre les deux cités restent obscures, comme l'est d'ailleurs l'établissement de la ville d'Axoum elle-même. La civilisation axoumite développe un style architectural propre, de type indigène, dont les stèles et obélisques demeurent encore aujourd'hui le symbole, et l'on peut se demander si cela n'est pas dû à l'influence d'une civilisation plus ancienne, présente en ce lieu, et dont des vestiges ont été retrouvés lors de fouilles archéologiques (poteries, attelages).
Les Axoumites soumettent les régions situées entre le plateau du Tigré et la vallée du Nil. L'Etat se divise entre Axoum proprement dit et ses royaumes vassaux, dont les monarques sont sujets du " roi des rois " d'Axoum, auquel ils paient tribut. Les royaumes vassaux sont situés principalement sur le plateau du Tigré et dans la région de la baie de Zula, en Erythrée, et dans la péninsule arabique. Le royaume d'Axoum va étendre progressivement son rayonnement du Soudan au Yémen et s'assurer le monopole du négoce sur la mer Rouge, développant des relations commerciales avec de nombreux partenaires dont l'Egypte, les empires du pourtour méditerranéen et même jusqu'en Inde et à Ceylan. Au IIIe siècle, alors qu'Axoum se dote de sa propre monnaie, l'écrivain perse Mari le décrit comme l'un des quatre royaumes les plus puissants du monde. Sous l'influence du souverain Ezena, au IVe siècle, les cultes païens sabéens (au soleil, à la lune et à la terre) sont abandonnés au profit du christianisme. Sa position de carrefour commercial et l'importance du port d'Adulis assurent sa prospérité jusqu'à son apogée entre le VIe siècle.
L'on y parle le guèze, langue sémitique locale, mais aussi le grec, la langue commerciale, ou le sabéen. L'influence grecque, grâce aux comptoirs implantés sur les côtes érythréennes, est attestée par l'utilisation de cette langue sur les pièces de monnaie utilisées dans le commerce international. Les commerçants romains et les esclaves syriens qui transitent par le royaume contribuent à la propagation du christianisme. En 578, Axoum est conquis par les Perses. Au VIIe siècle, des disciples de Mahomet chassés d'Arabie viennent s'y réfugier. L'islam se répand dans la Corne de l'Afrique via les marchands arabes, qui fondent notamment le port de Zeila dans le golfe d'Aden (Yémen actuel). Le port principal du royaume d'Axoum, Adulis, dépérit rapidement. Les grandes voies commerciales ont changé et sont désormais tenues par les Perses et par les Arabes. Progressivement le royaume d'Axoum décline.
Dès le VIIe siècle après J.-C., la côte érythréenne est islamisée et constitue un état semi-indépendant sous la souveraineté officielle de l'Ethiopie, jusqu'à ce qu'il soit annexé par l'empire turc ottoman, au XVIe siècle. Le reste du pays actuel appartient alors au royaume éthiopien.
L'empire ottoman débute au XIVe siècle et dure plus de six siècles, jusqu'en 1922. Au XVIe siècle il est au sommet de son expansion, sous le règne de Solimane le Magnifique, et il s'étend alors sur trois continents : toute l'Anatolie, le haut-plateau arménien, les Balkans, le pourtour de la mer Noire, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, la péninsule Arabique et l'Afrique du Nord (à l'exception du Maroc). Dès cette époque et jusqu'au milieu du XIXe siècle, l'empire ottoman a le contrôle total des eaux de la mer Rouge. Mais après l'invasion de l'Egypte par Bonaparte, puis l'ouverture du canal de Suez, l'empire ottoman décline et se retire de la Corne de l'Afrique, remplacé par les Egyptiens pour une trentaine d'années (1846-1876) puis par les puissances coloniales européennes qui se partagent cette région. L'Erythrée devient une colonie italienne.
C'est en 1889 que l'Erythrée devient une colonie de l'Italie, avant de servir de passage aux troupes de Mussolini pour la conquête de l'Ethiopie en 1936.
La colonisation italienne commence par la côte : Assab en 1882 puis Massawa en 1885, qui est occupée et fortifiée dans le but d'en faire le point de départ d'une campagne de conquête de l'Ethiopie. Finalement, par le traité d'Ucciali (1889), le roi d'Ethiopie Ménélik 1er cède toute la région de l'Erythrée à l'Italie et, le 1er janvier 1890, le roi d'Italie Umberto 1er officialise le nom de l'Erythrée pour sa colonie.
Après la défaite des Italiens en Ethiopie, une convention (1900) délimite les frontières entre l'Ethiopie, indépendante, et l'Erythrée, qui reste italienne. Les limites territoriales entre l'Ethiopie et l'Erythrée sont fixées par des accords successifs et notamment par un traité signé en 1906 par l'Angleterre, la France et l'Italie, nouveau traité qui délimite les sphères réciproques d'influence de ces trois pays dans la Corne de l'Afrique.
Ce traité est ensuite dénoncé par Mussolini après son arrivée au pouvoir en Italie en 1922. En effet, les ambitions impérialistes de Mussolini le poussent à vouloir faire de l'Italie un nouvel empire romain et, pour cela, à faire de l'Erythrée une superpuissance coloniale qui supplanterait les colonies africaines des autres pays. Sous son gouvernement, la capitale Asmara se transforme et connaît une véritable explosion économique, industrielle et architecturale. Elle prend même le surnom de " piccola Roma " (petite Rome).
En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, l'Erythrée est reprise aux Italiens par les Alliés britanniques, qui l'occupent jusqu'en 1952. A la fin de la guerre, le sort de l'Erythrée fait débat au sein de la population et entre les grandes puissances occidentales. De nombreux clivages se font jour au sein des congrégations religieuses : entre l'église orthodoxe éthiopienne favorable à l'union de l'Erythrée et de l'Ethiopie et certains catholiques et protestants indépendantistes, et au sein de la ligue musulmane. Des tensions sociales s'accroissent à cause du licenciement de nombreux fonctionnaires érythréens devenus inutiles après la fin de l'Impero mussolinien et à cause de la démobilisation des soldats. Licenciés et démobilisés viennent grossir des bandes criminelles de paysans dépouillés de leurs terres, les sefta (bandits), bientôt rejoints par les Beni Amer, nomades chassés du Soudan par la sécheresse. La montée de la violence provoque un retournement de l'opinion en faveur de l'ordre, et, malgré l'opposition des états arabes, c'est finalement la proposition des Etats-Unis qui est retenue par l'ONU : l'Erythrée devient en 1950 une entité autonome. Elle est fédérée à la couronne éthiopienne, mais avec des institutions démocratiques : une assemblée élue au suffrage universel désignant le chef de l'exécutif, des partis politiques et des syndicats libres. Les langues officielles de l'Erythrée sont alors le tigrinya et l'arabe malgré la volonté éthiopienne d'imposer l'amharique.
Rapidement cependant, l'empereur d'Ethiopie, le négus Haïlé Sélassié, réussit en se servant des ambitions des politiciens érythréens à faire basculer la majorité de l'assemblée érythréenne (en 1955) ; la nouvelle majorité interdit partis et réunions politiques et impose en 1959 l'abandon du drapeau érythréen ainsi que l'adoption des lois éthiopiennes et de l'amharique comme langue nationale. En 1962, le négus annexe l'Erythrée à l'Ethiopie. Commencent alors pour l'Erythrée trente années de guerre d'indépendance.
Différents mouvements de libération s'affrontent. L'ouverture des marchés éthiopiens et le développement des infrastructures (routes, raffinerie de pétrole d'Assab) ont favorisé une relance économique en Erythrée. Mais l'adoption de l'amharique comme langue nationale défavorise les cadres érythréens, qui doivent passer un examen obligatoire en amharique pour entrer dans l'administration éthiopienne ; cela provoque l'exil de nombreux érythréens musulmans vers les pays arabes voisins. En 1958, une grève générale est déclenchée à l'initiative de syndicats érythréens.
Le MLE. La répression violente de cette grève donne le départ du Mouvement de libération de l'Erythrée (MLE), fondé à Port Soudan par quelques exilés musulmans, dont Woldeab Woldemariam, Idriss Mohamed Adem, Ibrahim Sultan Ali et Osman Saleh Sabbé, en relation avec les exilés érythréens du Caire.
En 1961, le MLE lance une première offensive armée contre des postes éthiopiens dans les basses terres de l'ouest, avec l'aide de Beni Amer, anciens sefta et ex-askaris (indigènes recrutés en renfort de l'armée italienne à l'époque de la colonisation), ou anciens cadres de l'armée soudanaise, qui subissent de lourdes pertes.
Le FLE. Puis, en 1962 le MLE laisse la place au Front de libération de l'Erythrée (FLE), constitué par les exilés érythréens du Caire et de Damas sur le modèle du FLN algérien. Un renfort d'intellectuels chrétiens urbains orientés par le marxisme vient ensuite s'ajouter au groupe des agriculteurs et éleveurs musulmans du FLE. Le FLE se rapproche alors des états socialistes tandis que l'Ethiopie se rapproche politiquement d'Israël et des U.S.A. Un mouvement contestataire commence peu à peu à se faire jour au sein du FLE, cherchant à sortir d'une logique exclusivement arabo-musulmane qui risquerait d'inféoder l'Erythrée aux pays arabes.
Le FLE-FPL. Une scission a lieu en 1971 et les contestataires rejoignent à Damas les Forces populaires de libération (FPL), créant le FLE-FPL. Les deux mouvements résultant de la scission, FLE et FLE-FPL s'affrontent pour le contrôle de la région d'Asmara jusqu'en 1974 ; puis un statu quo s'installe, le FLE retournant dans les basses terres de l'ouest, tandis que le FLE-FPL s'installe au nord-ouest, près de la frontière soudanaise d'où il reçoit des armes.
Le Derg et la " Terreur rouge ". A la même époque, la révolution marxiste éthiopienne contre le régime despotique d'Haïlé Sélassié aboutit, en 1974, à la déposition du négus par le Derg, Conseil militaire administratif provisoire qui prend le contrôle du gouvernement, avec à sa tête un général érythréen : Aman Mikaél Amdon. Malgré cela, aucun accord ne peut être négocié entre la junte militaire au pouvoir et les indépendantistes érythréens. Aman Mikaél Andom est éliminé à Addis-Abeba et c'est Mengistu Haïlé Mariam qui le remplace à la tête du Derg et qui devient chef de l'état. L'ex-garde impériale est envoyée à Asmara où elle exerce une répression d'une rare violence en 1975. C'est la période de la " Terreur rouge ".
Le Front populaire de libération de l'Erythrée (FPLE). En 1977, le FLE-FPL devient le Front populaire de libération de l'Erythrée (FPLE). Un commandement politique suprême réunit au Soudan (à Khartoum) les " fronts " du FPLE et du nouveau FPLT, Front populaire de libération du Tegré créé en 1976 contre la politique d'Addis-Abeba. Ce commandement prend progressivement le contrôle de vastes territoires durant les années 1977-1978, et se prépare à l'assaut des grandes villes. Mais l'armée éthiopienne, soutenue par l'armement et les instructeurs de l'armée soviétique, reprend en 1979-1980 la majorité des territoires qui viennent d'être libérés. La flotte soviétique bombarde même Massawa, afin d'obtenir des facilités dans les îles Dahlaks. Cependant, les camps retranchés et enterrés du FPLE au nord, à Nakfa et à Karora près de la frontière soudanaise, qui abritent toutes les infrastructures nécessaires à la vie des populations locales (écoles, hôpitaux, ateliers), résistent aux attaques aériennes et terrestres éthiopiennes. Parallèlement à ce conflit, et jusqu'en 1981, les maquis musulmans du FLE, situés en terrain découvert, sont éliminés par le FPLE, ainsi que ceux de ses membres qui se réfugient au Soudan ; le Soudan tolère cette ingérence, car la défense de l'Erythrée est un moyen de pression du pays face à l'Ethiopie.
Bientôt, le FPLE tempère ses influences marxistes et le fait savoir à l'Occident. Il rallie à sa cause l'aide internationale en exploitant le discrédit frappant Mengistu, qui est jugé par les grands médias occidentaux comme responsable de la famine et des déplacements forcés de population. Au contraire, le FPLT, durcit ses références marxistes et proclame en 1987 la république démocratique populaire d'Ethiopie. L'Erythrée devient alors une des cinq régions autonomes d'Ethiopie ; mais Assab n'en fait pas partie et est rattaché à la province autonome des Afars. Le FPLE rejette cette autonomie, réclamant toujours l'indépendance pour l'Erythrée, et bat l'armée éthiopienne en mars 1988 à Afabet. En mars 1990, c'est Massawa qui tombe et, en mai 1991, Asmara. Le secrétaire d'Etat adjoint des Etats-Unis préconise, lors d'une conférence internationale à Londres, que le pouvoir soit remis au FPLT à Addis-Abeba et au FPLE à Asmara, chargeant les deux " fronts " d'organiser un référendum populaire sur l'indépendance, et, qu'en attendant le référendum, le port d'Assab, vital pour l'économie éthiopienne, reste ouvert et sans droits de douane pour l'Ethiopie.
Un référendum est en effet organisé le 24 avril 1993 sous l'égide de l'ONU. Les Erythréens ratifient l'indépendance à la quasi majorité, et l'Ethiopie reconnaît le nouvel état, qui est proclamé officiellement le 24 mai 1993. Le FPLE, légitimé pour gouverner le pays, avec à sa tête le président Issayas Afeworki, prend le nouveau nom de Front populaire pour la démocratie et la justice (FPJD).
En 1973, une agitation sociale grandissante en Ethiopie conduit les militaires à constituer le Comité des forces armées (derg en amharique) qui prend le pouvoir et pousse le roi Haïlé Sélassié à abdiquer. Nommé à sa tête en 1977, le colonel Mengistu Haïlé Mariam, tristement célèbre sous le nom de " Négus rouge ", va imposer une poigne de fer sur le pays, soutenu par les Soviétiques et les Cubains. Après des années de réformes, de purges et de guerre civile notamment marquées par les famines des années 1980, cette période troublée de l'histoire du pays prend fin en 1991 avec la chute du régime et l'exil de Mengistu au Zimbabwe.
Depuis cette date, l'Erythrée s'est fermée aux influences extérieures dans le but affirmé de construire un pays véritablement indépendant et parce qu'une paix très relative peine à s'établir, l'histoire récente du pays étant marquée par différents heurts avec ses voisins : avec le Soudan, qui appuie de 1995 à 1997 une opposition islamiste contre le gouvernement érythréen ; avec le Yémen, pour la possession des îles Hanish, se soldant par la demande d'un arbitrage international qui restitue la Grande Hanish au Yémen (1995-1996) ; avec l'Ethiopie à nouveau, pour les zones frontalières de la région de Badme (1998-2000) ; et plus récemment avec Djibouti (2008). Le pays s'est doté en 1997 d'une constitution qui prévoit le multipartisme, une fois réalisée l'unité nationale, mais les élections annoncées depuis 2001 n'ont pas encore eu lieu, le gouvernement au pouvoir estimant que la situation ne le permet toujours pas.
Le conflit pour la souveraineté dans les îles Hanish (1995-1996). Un conflit oppose, en décembre 1995, l'Erythrée au Yémen pour la souveraineté sur l'archipel des îles Hanish, en mer Rouge. L'Erythrée demande la médiation de la France puis un arbitrage international, qui aboutit à la restitution de la Grande Hanish au Yémen en 1996.
La guerre frontalière contre l'Ethiopie (1998-2000). Les accords de 1993 ne résistent pas aux intérêts économiques divergents de l'Ethiopie et de l'Erythrée. Le commerce éthiopien se détourne progressivement d'Assab vers Djibouti, tandis que l'Erythrée adopte une monnaie nationale, le nakfa, au détriment du birr éthiopien qui avait cours dans les deux pays, entraînant finalement la suspension de la liberté des échanges financiers et commerciaux. Un différend frontalier concernant la région de Badme, située en territoire éthiopien mais revendiquée par l'Erythrée, met le feu aux poudres. Le 12 mai 1998, les forces d'Asmara pénètrent cette zone frontalière en Ethiopie et, le 12 mai 1998, des combats opposent les deux armées dans cette région. Le 5 juin, l'aviation d'Asmara bombarde Mekele dans le Nord de l'Ethiopie. La riposte ne se fait pas attendre, et l'aéroport militaire d'Asmara est alors bombardé par l'armée éthiopienne, tandis que les combats s'intensifient dans les zones contestées. Des efforts diplomatiques américains et italiens aboutissent à la suspension des combats et un plan de paix est proposé : celui-ci prévoit la démilitarisation de la frontière et l'ouverture de négociations territoriales. Addis-Abeba l'accepte, mais pas Asmara. Une nouvelle offensive, de grande ampleur, est alors lancée par l'Ethiopie le 23 février 1999 dans la région de Badme, toujours occupée par l'Erythrée depuis 1998. Le 27 février 1999, l'Erythrée s'avoue vaincue et accepte finalement le plan de paix de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) qui prévoit le rétablissement de la souveraineté éthiopienne dans la région, la démilitarisation de la zone contestée et le déploiement d'une force de paix sur la frontière, en attendant une délimitation précise de la frontière des deux pays, sous l'égide de l'ONU.
Mais, le 12 mai 2000, l'Ethiopie lance une nouvelle offensive sur la frontière, et l'ONU, au terme d'un ultimatum demandant la cessation de combats, adopte une résolution promulguant un embargo d'un an sur le matériel et l'assistance militaire pour les deux belligérants, visant à les inciter à négocier. Finalement, le plan de paix de l'OUA est accepté à nouveau par les deux pays qui signent le 18 juin, à Alger, un accord de cessez-le-feu prévoyant qu'une zone tampon de 25 km de largeur en territoire érythréen soit surveillée par une force de paix internationale. Finalement, le 12 décembre 2000, l'Erythrée et l'Ethiopie signent à Alger un accord de paix. Et, le 13 avril 2002, la Cour internationale de la Haye donne son verdict quant au différend frontalier à l'origine du conflit et prévoit que les deux pays auront la même surface du territoire contesté, de part et d'autre de leur frontière. Mais le village emblématique de Badme est placé en territoire érythréen, ce que conteste l'Ethiopie. Comme, en 2005, la décision de la Cour internationale de la Haye concernant Badme n'a toujours pas été exécutée, l'Erythrée accuse l'ONU de partialité et s'en prend aux casques bleus de la zone frontalière, avant d'en expulser certains éléments en décembre, tout en maintenant ses propres troupes armées dans la région.
Les conséquences de cette guerre sont lourdes pour l'Erythrée qui a perdu de nombreux hommes dans les combats et dont l'économie se trouve très affaiblie. La politique autoritaire du régime ayant été mise en cause, le président Issayas Afeworki a fait arrêter, en septembre 2001, une quinzaine d'opposants réformateurs, dont son vice-président, et maintient, depuis, une sévère répression de l'opposition, soutenant que les élections prévues ne peuvent pas avoir lieu compte-tenu de la situation politique encore instable. Au moment de la rédaction de ce guide, les frontières entre l'Erythrée et l'Ethiopie sont toujours fermées.
La guerre djibouto-érythréenne (2008). D'autre part, des tensions se sont accrues entre l'Erythrée et Djibouti, pour différentes raisons. Djibouti accuse Asmara d'avoir financé la rébellion opposée au pouvoir, de 1991 à 1994, et Asmara revendique la ville de Ras Doumeira. Le 16 avril 2008, Djibouti porte plainte à l'ONU, accusant précisément Asmara d'avoir installé des fortifications à Ras Doumeira, à la frontière des deux pays, et d'avoir émis des cartes dans lequel cette ville serait en territoire érythréen. Une guerre de trois jours a lieu du 10 au 13 juin 2008 dans laquelle l'armée érythréenne subit encore de lourdes pertes.
Issayas Afeworki (né en 1946 à Asmara) est l'actuel président de l'Erythrée. Il termine des études d'ingénieur en 1965 à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, et fréquente les cercles indépendantistes érythréens. Il entre au FLE, Front de libération de l'Erythrée, puis au FPLE, Front populaire de libération de l'Erythrée, à sa création en 1977. Il en est le secrétaire général en 1987. Lorsqu'après trente ans de guerre le pays accède à l'indépendance, il devient le président de l'Erythrée.
Il gouverne sans élections, avec un parti unique d'état renommé en 1994 Front populaire pour la justice et la démocratie (FPJD), dont il est toujours le secrétaire général. L'économie du pays est centralisée et sous la prépondérance de l'état, et la liberté de la presse est très réduite. Dans un contexte de menace d'action armée de la part de l'Union nationale érythréenne (une scission du FLE), mouvement d'opposition islamiste soutenu par certains dirigeants soudanais, il s'oppose à la mise en oeuvre d'une nouvelle constitution promouvant le multipartisme. En 2001, comme certaines voix s'élèvent au sein du FPLE pour l'application de la constitution votée en 1997, il fait emprisonner les contestataires, dont son vice-président Mahmud Ahmed Sherifo. En 2011, son gouvernement réprime encore sévèrement toute forme d'opposition et soutient que des élections ne peuvent avoir lieu tant que la situation de paix en Erythrée reste précaire du fait des tensions frontalières avec l'Ethiopie et Djibouti.
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