Guide Bonn : Histoire

L'histoire des hommes sur le Rhin commence avec l'homme de Neandertal (Homo neanderthalensis). Cet ancêtre des hommes modernes (Homo sapiens) est nommé d'après le lieu de découverte d'un squelette partiel d'un homme de Neandertal dans la vallée de Neander près de Mettmann. Des ouvriers avaient d'abord découvert 16 fragments d'os, et un peu plus tard une calotte crânienne, dans une carrière de pierre, en août 1856. Le musée de Neandertal retrace de manière impressionnante l'évolution et le mode de vie de ces premiers humains. On ne sait toujours pas pourquoi l'homme de Neandertal s'est éteint il y a environ 30 000 ans.

Cependant, d'autres trouvailles d'outils en pierre et d'outils en os prouvent une colonisation permanente par les humains modernes de la région du Rhin moyen et inférieur. À partir de 1900 av. J.-C., les populations locales maîtrisent déjà le moulage en bronze et le forgeage des métaux. Ils vivent de l'agriculture, de l'élevage, de la pêche et de la chasse.

Durant l'âge du fer (750 av. J.-C. jusqu'à la naissance de Jésus-Christ), les outils, les armes ainsi que l'élevage et l'agriculture se sont de plus en plus améliorés, de nouvelles colonies se sont implantées en défrichant les forêts. Étant donné que seules quelques zones de la rive étaient adaptées à l'implantation de petites fermes isolées et des hameaux, les gens se sont installés principalement sur les crêtes et dans les collines le long du Rhin.

L'arrivée des premières troupes romaines sur le Rhin, lors des campagnes militaires de Jules César en Germanie vers 50 av. J.-C., marque une nouvelle époque culturelle. Sous le règne de l'empereur Auguste, les aspects économiques deviennent de plus en plus importants. La forte présence militaire et la mise en place rapide d'une infrastructure (camps militaires, fermes, routes) entraînèrent un boom culturel et économique relativement preste dans la région du Rhin. Ainsi, les origines de nombreux villages et villes sur le Rhin remontent à ces colonies romaines, comme par exemple Cologne (19 av. J.-C.) et Bonn (12 av. J.-C.). Pourtant, le Rhin reste une frontière. Tandis que sur la rive gauche du Rhin, des villes romaines sont fondées, des ports sont construits et le commerce s'épanouit, la rive droite reste libre et non civilisée.

La plus réussite la plus brillante des planificateurs romains est la Colonia Claudia Ara Agrippinensium, bientôt appelée CCAA : Cologne. La ville reçoit son eau des montages de l'Eifel, qui se trouvent à 100 kilomètres. D'autres exemples de villes romaines sont Aquae Granni (Aix-la-Chapelle), Vicus et Castra Bonnensis (Bonn), Novaesium (Neuss) et Colonia Ulpia Traiana (Xanten). Et il y a aussi quelques quartiers ayant un passé romain, tels les quartiers de Endenich, Kessenich ou Lessenich à Bonn.

Les Germains effectuent des échanges ou font des raids afin de participer à cette prospérité romaine. En dépit de quelques révoltes, les Romains réussirent à maîtriser la situation pendant 200 ans. Cependant, de plus en plus de conflits armés eurent lieu et après 200 années supplémentaires, le pouvoir romain sur le Rhin s'effondre définitivement, suite à la pression trop forte des envahisseurs francs. Ce qu'on retient de cette période est un échange mutuel ainsi que la fusion de la germanisation et de la romanisation.

Ce n'est qu'à la fin du V^e siècle que Clovis I^er (vers 466-511) établit le royaume des Francs et que le Rhin perd sa fonction frontalière. La langue officielle est restée le latin alors que la population parlait probablement un dialecte franco-romain.

C'est sous le règne du Carolingien Charlemagne (vers 747-814) que la Rhénanie, jusque-là région marginale et limitrophe du royaume des Francs, connaît un véritable essor. Elle devient le centre du royaume des Francs, ce qui est notamment dû au fait que le palais d'Aix-la-Chapelle prend de l'importance pour Charlemagne aux alentours de 794-795. En outre, en 795, Cologne acquit le statut d'archevêché, avec les évêchés suffragants de Brême, Utrecht, Liège, Minden, Münster et Osnabrück. Le 25 décembre 800 a lieu un événement très important pour le reste du Moyen Age : le couronnement de Charlemagne comme empereur à Rome par le pape Léon III, et donc le transfert du règne romain aux Francs.

A partir de la fin du règne de Charlemagne, les comtes, nommés en tant qu'agents du roi pour administrer ses terrains, gagnent de plus en plus d'importance. Ces nobles fondent des villages et défrichent des forêts pour se procurer de la terre arable. Peu à peu, ils créent leurs propres territoires souverains. Les églises épiscopales, et surtout les monastères, font également partie de ce développement. C'est ainsi qu'au Moyen Âge, un seul pouvoir impérial central ne marque pas l'histoire politique de la Rhénanie, mais plusieurs souverains, notamment les archevêchés de Mayence (Mainz), de Trèves (Trier) et de Cologne. Les comtes palatins du Palatinat du Rhin, les landgraves de la Hesse, les comtes de Katzenelnbogen, Limburg, Are, Saffenberg (héritée de Sayn), Jülich, Berg, Geldern et Kleve (devenus plus tard des ducs) incarnent le pouvoir profane.

Du haut Moyen Âge jusqu'à l'époque moderne, Cologne connaît un essor remarquable et devient la plus grande ville de l'Empire, avec environ 40 000 habitants, ce qui est entre autres dû à la construction des remparts de la ville, qui, avec une longueur de 7 500 mètres, est la plus grande fortification d'une ville au Moyen Âge. Les relations commerciales de Cologne vont de la mer Baltique à Lisbonne et de l'Angleterre à la Hongrie et à l'Italie. Fondé vers 1175, le Stalhof (comptoir) de Londres, siège commercial des Allemands en Angleterre, devient l'un des centres de la Hanse au haut Moyen Âge. La ville impériale d'Aix-la-Chapelle gagne elle aussi en importance et occupe la deuxième place dans le nord de la Rhénanie, après Cologne. Ceci est dû à la grande importance accordée au Marienstift, l'église dédiée à Marie dont l'octogone est aujourd'hui au centre de la cathédrale d'Aix-la-Chapelle, suite à la canonisation de Charlemagne en 1165. Vers la fin du Moyen Âge, Aix-la-Chapelle est le lieu de pèlerinage le plus important au nord des Alpes. Seules les villes de Jérusalem, Rome et Saint-Jacques-de-Compostelle furent plus importantes à cette époque. Encore de nos jours, les pèlerins viennent tous les sept ans pour vénérer les quatre reliques conservées dans la cathédrale. À Bonn aussi, la vie urbaine est en train de se développer.

Le haut Moyen Âge est l'époque des villes florissantes. En Rhénanie, le degré d'expansion démographique est particulièrement élevé. Avec 40 000 habitants, Cologne est de loin la plus grande ville médiévale d'Allemagne, avec un pouvoir économique conséquent, qui dépasse largement les frontières de la région. La vie économique d'Aix-la-Chapelle (environ 15 000 à 20 000 habitants) repose principalement sur les activités artisanales et commerciales du tissu et des métaux. Avec 2 000 à 5 000 habitants, les villes de Bonn et de Düsseldorf, elles aussi, font partie des villes les plus importantes de la région.

Dès la fin du XI^e siècle, le désir d'autonomie des Colonais devient de plus en plus fort. En 1288, la bataille de Worringen, l'une des batailles les plus sanglantes du Moyen Âge, marque non seulement la fin de la guerre de Succession du Limbourg, mais met aussi fin à la suzeraineté de l'archiépiscopat du Rhin inférieur. Les citoyens de Cologne gagnent leur liberté. Cologne devient d'abord une ville autonome, avant d'acquérir le statut de ville impériale libre en 1475. La bataille de Worringen est également un événement crucial pour Düsseldorf. C'est en 1288 que cet ancien village de pêcheurs obtient le statut de ville et devient au fil des années l'une des métropoles commerçantes du Rhin. A Düsseldorf, le Stadterhebungsmonument, de l'artiste Bert Gerresheim, évoque cette bataille qui a marqué le destin de la région.

Avec la fondation des universités de Cologne (1388) et de Trèves (1455-1473), la science fait son entrée en Rhénanie. Le XV^e siècle est également marqué par l'invention d'un nouveau médium, l'imprimerie. Les premières imprimeries colonaises remontent à 1466, et Cologne en devient l'un des foyers.

Après l'augmentation de la population au cours du XVI^e siècle, au XVII^e et au début du XVIII^e siècle, l'accroissement du nombre d'habitants varie beaucoup selon les retombées des guerres et épidémies. Les pertes sont considérables pendant la guerre de Trente Ans (1618-1648). La peste et la dysenterie empêchent une augmentation du nombre d'habitants. Ce n'est probablement qu'à la fin du XVII^e siècle que l'état d'avant-guerre est finalement retrouvé. Comme partout en Europe, le XVIII^e siècle est marqué par une augmentation significative de la population, notamment dans les territoires où l'économie est florissante.

La Révolution française marque la Rhénanie durablement. Entre 1794 et 1814, les Français règnent sur le Rhin. Au cours de ces années, la France passe de l'époque révolutionnaire à l'Empire napoléonien, et devient la puissance dominante de l'ancienne Europe, jusqu'à la défaite de Napoléon Bonaparte à Waterloo.

La période qui s'étend du Congrès de Vienne (1814-1815) à la révolution de 1848 est marquée de grands bouleversements politiques, sociaux et économiques. De grandes parties de la Rhénanie se trouvent sous domination prussienne.

Grâce au commerce (vin, céréales, marchandises coloniales...), les villes rhénanes développent des relations étroites avec le Brabant, la Hollande et les villes hanséatiques du nord de l'Allemagne. Cologne devient un centre de production du sucre colonial. Dix-neuf raffineries de sucre y sont mises en place entre 1821 et 1836. Grâce aux réseaux ferroviaire et télégraphique en pleine expansion, les deux décennies entre la révolution de 1848 et la fondation de l'Empire allemand en 1871 ouvrent la voie à l'industrialisation. Les régions économiquement prospères comprennent la région d'Aix-la-Chapelle, avec son industrie textile et sa sidérurgie locale, ainsi que les villes de Cologne et de Düsseldorf. Le centre entrepreneurial et financier de la Rhénanie prussienne, également appelé Province rhénane, est Cologne, qui, avec 100 000 habitants, est la troisième plus grande ville de Prusse en 1850. Les banques de Cologne, suivies par celles de Düsseldorf et d'Aix-la-Chapelle, contribuent largement au financement de l'industrialisation. Immédiatement après la fondation de l'Empire allemand en 1871, la deuxième université scientifique de la Rhénanie prussienne après Bonn (1818) est inaugurée à Aix-la-Chapelle.

Début novembre 1918, l'Empire allemand s'effondre, la République est proclamée et la Première Guerre mondiale terminée. La fin de la guerre et les traités de paix marquent un tournant pour l'économie rhénane avec des conséquences parfois graves. Néanmoins, la situation économique s'améliore jusqu'à ce que la crise de 1929 provoque une augmentation des difficultés économiques et sociales.

Cologne est aujourd'hui une ville où ont lieu de nombreuses foires. En 1928, le centre des expositions de Cologne, achevé en 1924, accueille une exposition, la Pressa, qui dépasse toutes les attentes avec neuf millions de visiteurs. Les années suivantes, Cologne fait partie des villes de foires les plus importantes au monde.

Les nazis profitent des conséquences de la crise de 1929. La prise du pouvoir par les nazis, en janvier 1933, est le début du chapitre le plus sombre de l'histoire allemande.

L'industrie minière et métallurgique ainsi que le secteur de la construction mécanique dans la région Rhin-Ruhr profitent de la politique économique nazie et, avant tout, de la stabilisation de l'économie mondiale. Les autres industries, sans rapport aux industries de l'armement et de la défense, ou le secteur tertiaire, fortement développés à Düsseldorf et à Cologne, connaissent une reprise plus faible.

La Seconde Guerre mondiale met fin à cette reprise économique. A la fin de la guerre, le 8 mai 1945, l'Allemagne est un pays en ruine et les villes rhénanes en grande parties dévastées.

En 1946, le gouvernement militaire britannique réunit les provinces de la Rhénanie du Nord et de la Westphalie pour créer le nouvel État fédéré de la Rhénanie-du-Nord-Westphalie, avec Düsseldorf comme capitale régionale. Plusieurs raisons expliquent le rôle important de Düsseldorf : grâce à sa situation centrale, la ville est toujours un centre administratif important dans la région de la Ruhr, de plus elle est moins endommagée que d'autres villes, comme par exemple Cologne, et est par ailleurs le siège du gouvernement militaire britannique.

1949 est l'année de la fondation de la République fédérale d'Allemagne. Quatre villes sont retenues pour devenir le nouveau siège du gouvernement de la RFA et sa capitale : Stuttgart, Kassel, Francfort-sur-le-Main, et Bonn. Bien que Francfort soit favorite, Bonn est choisie.

Comme dans le reste de l'Allemagne, pour la Rhénanie l'après-guerre est la période de la reconstruction. Grâce au miracle économique allemand, l'économie du pays et de la région se stabilise rapidement.

La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, l'un des 16 Länder et le centre industriel de l'Allemagne, est l'une des région métropolitaines les plus puissantes d'Europe. Avec une surface de 34 100 kilomètres carrés, c'est le quatrième plus grand Land après la Bavière, la Basse-Saxe et le Bade-Wurtemberg. Avec presque 18 millions habitants, c'est le Land avec la population la plus élevée de l'Allemagne. Plus de 20 % de la performance économique allemande est produite en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.