Guide du Sahara : Histoire
Styles ou périodes ?
Certains spécialistes ont classifié les différentes traditions d'art rupestre par grandes " périodes " chronologiques, tandis que d'autres préfèrent parler de " styles ". Car s'il est vrai que les styles d'art rupestre du Sahara central correspondent à des périodes chronologiques, ce sont ces styles artistiques qui permettent de déterminer les périodes en l'absence de données archéologiques et de techniques de datations encore insuffisantes. De plus, les savants ne sont pas tous d'accord entre eux sur les périodes chronologiques correspondant à certains styles très anciens répertoriés. Par exemple, certains placent le style des Têtes rondes autour du neuvième millénaire av. J.-C. (dans la chronologie longue du professeur Mori), tandis que d'autres le placent autour du quatrième millénaire av. J.-C. (dans la chronologie courte d'Alfred Muzzolini et de Jean-Loïc Le Quellec). Dans cette dernière chronologie, le style des Têtes rondes est contemporain du style bubalin et du style bovidien ancien, tandis que le professeur Mori pense que les Têtes rondes succèdent à la période bubaline et précèdent les oeuvres bovidiennes. Ainsi, le consensus est plus fort à l'heure actuelle autour des " styles " observés qu'autour d'une chronologie.
Parmi les savants qui raisonnent en termes de " périodes ", certains observent une première période dite " archaïque ", qui recouvre les gravures les plus anciennes du Fezzan. Ces gravures sont les plus difficiles à observer à cause de l'érosion et des superpositions. Elles sont souvent symboliques et représentent des signes circulaires ou ovoïdes simples, comme dans le wadi Anshal. On trouve aussi des traits multiples parallèles, comme dans les wadi Imha et Afarrh. Une très ancienne gravure dans le wadi Matkhendouch représente une autruche. Ont été également découvertes des figures anthropomorphes simples et des figurations d'hommes très stylisées. Mais d'autres chercheurs soulignent que certaines gravures très simples ou symboliques peuvent parfois tout aussi bien appartenir à des styles plus récents.
Le style dit " des Têtes rondes " (de - 8500 à - 5500 dans la chronologie longue, dates incertaines) doit son nom à la forme ronde des têtes des figurations humaines. Les fresques de cette époque sont des peintures très vivantes à l'ocre foncé rehaussées de contours clairs. Leur thème principal est la société humaine dont les membres sont souvent parés de riches vêtements. En Libye, les fresques de cette période se trouvent dans l'Akakus. Ce style concerne en grande majorité les représentations humaines, ce n'est qu'occasionnellement que des animaux (antilopes, mouflons) y figurent, et l'on n'y trouve pas de scènes de chasse.
Mis à part ce style qui tient donc son nom de représentations humaines, la dénomination des autres styles rupestres sahariens provient d'animaux fréquemment représentés qui présentent l'intérêt de dater les styles (comme le chameau, introduit au début de notre ère) et/ou de déterminer le type de société humaine (comme le style bovidien, témoignant d'une pratique de l'élevage).
Le style bubalin (de - 8000 à - 4000 dans la chronologie longue, dates incertaines), qui s'exprime seulement dans des gravures. Le bubale antique, un buffle massif disparu, était alors fréquemment représenté. On a longtemps pensé qu'il avait disparu vers - 5000, ce qui permettait de dater ce style dans une chronologie longue, mais la découverte récente de gravures de bubale antique dans un style bovidien laisse penser qu'il aurait vraisemblablement disparu beaucoup plus tard, vers 2000 av. J.-C.
Les gravures de cette époque sont sans doute les plus belles. On les trouve dans le Messak Settafet. Elles sont reconnaissables à leur grande dimension (souvent plus de 50 cm), à leur gravure profonde avec patine sombre et à leur souci de reproduction très réaliste. Elles représentent essentiellement les grands animaux de la faune locale, mais on y voit également des signes des activités humaines : des archers, des boeufs domestiques et même des moutons (introduits en Afrique entre - 5000 et - 4000) remettant en cause l'idée que ce style correspondrait à une période prépastorale où les hommes étaient exclusivement chasseurs. C'est grâce à cet argument que les tenants d'une " chronologie courte " pensent que tout l'art rupestre au Sahara serait l'oeuvre de populations néolithiques connaissant aussi bien l'élevage que la chasse.
On trouve également des dessins érotiques ou d'ordre plus spécifiquement sacré : les théromorphes, hommes à tête d'animal, principalement de chacal (comme il le semblerait dans l'Akakus) et de lycaon (dans le Messak Mellet et le Messak Settafet). Ces créatures étaient dotées d'une force surnaturelle et pour certaines associées à la sexualité (leur sexe revêt parfois de surprenantes dimensions). Les hommes de la période bubaline ont aussi gravé, dans le wadi Imrawen par exemple, un corps d'éléphant avec une tête d'hippopotame ainsi que des combinaisons bicéphales (à deux têtes d'animaux). Les humains représentés sont beaucoup plus petits que cette faune naturaliste ou mythique. Ce sont principalement des archers à demi agenouillés ou des chasseurs armés de sortes de boomerangs. Outre les scènes de chasse du wadi Tilizaghen par exemple, on peut voir aussi des scènes de la vie sociale et des gravures érotiques. A en croire les gravures, une convention sociale de la tradition bubaline consistait à garder le bras fléchi derrière le dos.
A la fin de la période bubaline, un style particulier a émergé, le style Tazina. Il se reconnaît à une gravure moins profonde et des lignes très simples. Les pattes des animaux sont prolongées et dépourvues de sabots. On trouve de très beaux exemplaires de ce style dans le Messak.
Le style bovidien (de - 4000 à - 2500) met l'accent sur l'élevage des bovins dans la région. Les gravures sont de moindre qualité que celles de style bubalin, mais les peintures peuvent être magnifiques. Elles recouvrent en fait plusieurs styles picturaux, laissant envisager une forte diversité de peuplements provenant peut-être notamment de migrations. Elles se concentrent sur les scènes pastorales, la domestication animale ou les scènes de la vie quotidienne. Ce style est scindé en deux époques successives : la période Uan Amil, reconnaissable à la mèche de cheveux coiffée vers l'avant de personnages dont les traits ont été qualifiés par certains d'europoïdes ; et la période de Ti-n-Lalan et de Ti-n-Aneuin, reconnaissable à la représentation de corps élancés, avec le torse de face et la tête et les pieds de profil.
Le style caballin (de - 1500 à 0) correspond à l'introduction des chevaux dans la région. Ce style concerne aussi bien des peintures que des gravures. Sans lien ethnique visible avec le style précédent, les peintures sont marquées par un grand dynamisme, les scènes de chasse au mouflon avec des chiens abondent, les chevaux et leurs chariots " volent ". Certains spécialistes y ont vu la représentation des chars de la civilisation des Garamantes dont parlait Hérodote (voir l'encadré de la ville de Germa). D'autres (Alfred Muzzolini) pensent qu'ils témoignent de relations avec le monde grec méditerranéen. Bien souvent les animaux de style caballin sont reproduits de façon très fine et réaliste, tandis que les figures humaines sont bitriangulaires et monochromes avec des têtes en bâtonnet.
Le style camélin (apr. J.-C.) suit l'introduction des dromadaires qui remplacent les chevaux dans le Sahara aride. Ce style semble bien sommaire au regard de ses prédécesseurs. L'écriture fait son apparition peu avant notre ère. L'écriture utilisée par les Touaregs est le tifinagh, vous la reconnaîtrez aisément à son alphabet composé de formes géométriques. Elle est très souvent présente à côté des gravures camélines, mais on la trouvait déjà parfois près de gravures caballines.
Au néolithique, le Sahara est un pôle de développement important dans les domaines techniques et artistiques. Au-delà du passage de la pierre taillée à la pierre polie, le néolithique est aussi le passage d'une économie de prédation à une économie de production. C'est également un changement d'organisation sociale avec spécialisation des membres du groupe, ce qui accélère les progrès.
Grâce à des conditions climatiques favorables, c'est-à-dire une période humide où les pluies sont abondantes et la faune et la flore variées, les hommes du Néolithique ont laissé au Sahara de nombreux témoignages de leur génie.
C'est sans doute l'une des richesses les plus exceptionnelles du Sahara : ateliers néolithiques, pointes de flèches, meules, gravures et peintures rupestres regorgent. C'est un véritable " musée à ciel ouvert ". Encore aujourd'hui, même les guides sahariens font des découvertes au cours de leurs explorations.
Les peintures et les gravures représentent un environnement très différent de ce qu'il est aujourd'hui : un paysage de savane et de lacs, avec une faune nombreuse et variée.
Tout comme l'Europe avec sa période glaciaire, le Sahara a subi des variations climatiques très importantes. Au Néolithique, de 12000 à 2000 av. J.-C., le Sahara a connu deux périodes d'humidité : l'Holocène humide, ou Grand Humide, de - 12000 à - 6000 ; et l'Humide néolithique de - 5000 à - 2000. Entre ces deux périodes, le Sahara a traversé une période de sécheresse aride. A partir de - 2000, la sécheresse s'est progressivement réinstallée jusqu'à ce que, il y a environ 2 500 ans, le climat soit devenu comparable à celui d'aujourd'hui.
Ces variations climatiques ont évidemment eu un impact immense sur la faune et la flore sahariennes. Durant les périodes humides, le Sahara était une savane aux lacs et rivières où se désaltéraient les lions, les éléphants, les girafes et les rhinocéros et qui abritaient des hippopotames et des crocodiles. Le Sahara était alors une région hospitalière qui fut peuplée par l'homme durant des millénaires. Ces hommes ont gravé ou peint les animaux les plus spectaculaires de leur environnement et nous ont livré de précieux renseignements sur l'ancienne faune du Sahara.
L'évolution de la faune et de la flore a été constante tout au long du Néolithique. Avec l'arrivée de la sécheresse, les animaux de la savane se sont repliés vers les plaines puis les plateaux, avant de disparaître. Ce sont les girafes et les lions qui ont disparu le plus tardivement. Du temps des guerres puniques, Hannibal utilisait des éléphants nains, descendants des éléphants du Sahara des périodes humides. Dans les zones montagneuses reculées, les derniers crocodiles subsistent encore aujourd'hui.
Rappelons quelques faits caractérisant les conditions de vie de l'homme au néolithique. Le néolithique (de - 12000 à - 2000) a succédé au paléolithique (- 300 000 à - 12000). Ces deux périodes constituent l'âge de la pierre, durant lequel les hommes ont appris à fabriquer les outils en pierre, passant lentement du biface aux lames de pierre et aux pointes de flèche (vers - 6000). Le feu a été maîtrisé il y a 400 000 ans et les plus anciennes traces d'art rupestre connues datent de 40 000 ans. L'âge du bronze succède au Néolithique en - 2000, avec le commencement de l'usage des métaux.
Les grandes évolutions humaines dans le Sahara incluent la poterie vers - 7000, la stratification sociale vers - 6000, les arcs et les flèches vers - 6000 également, les débuts de la domestication des bovidés et des chiens vers - 5000 (dans l'Akakus, les bovidés domestiques du début du cinquième millénaire sont les plus anciens répertoriés au Sahara central), des chèvres vers - 5000 et même avant (de même que l'introduction des moutons), les chevaux et les chars vers - 1500, l'écriture vers - 600 (encore que cela soit remis en question, certainement vers - 3000 comme à Sumer en Mésopotamie et en Egypte) et les dromadaires au début de notre ère. Les populations du Néolithique qui ont vécu dans le Sahara étaient des chasseurs et des éleveurs (à partir de la domestication).
Bien que la présence humaine apparaisse dès le paléolithique, il y a plus de 2 millions d'années, c'est à partir de 12 000 av. J.-C. que commence la période préhistorique la plus richement représentée au Sahara. Les sociétés pastorales inventent des outils en pierre de toutes sortes (flèches, haches polies), du matériel de broyage (meules, molettes, broyeurs) qu'on trouve sur certains sites à profusion. ils exprimeront aussi dans les peintures et les gravures.
C'est Henri Lhote (1903-1991), qui a fait connaître les gravures et peintures du Tassili n'Ajjer, et qui a établi une chronologie approximative qui fait référence. Mais l'étude des techniques et des styles de cet art pariétal continue de poser davantage de questions qu'elle ne dévoile de réponses... Aujourd'hui, on se tournera vers Jean-Loïc Le Quellec ou Malika Hachid et leurs recherches plus récentes.
Alors que l'époque humide Sahara avec ses savanes et ses civilisations brillantes s'achèvent, le Sahara devient désertique et se vide. La dernière période humide au Sahara, s'achève en 2500 av. J.-C.
Les Berbères, dispersés en plusieurs confédérations sont : les Gétules, les Guaramantes, les Libyens et ils sont dispersés sur tout le territoire de l'Afrique du Nord et établissent des relations avec tous les royaumes environnants. Après la domination du Sahara par les Romains, puis les Vandales et les Byzantins, la conquête arabe commence en Afrique du Nord par l'Egypte jusqu'au Maroc en rencontrant toutes sortes de résistance. Le Maghreb n'est finalement plus rattaché au monde occidental mais bien à l'Orient arabe. Cependant, il conserve sa spécificité berbère.
L'histoire du Maghreb ne débute pas avec la conquête musulmane : celui-ci a déjà connu une présence romaine, sur le littoral de la Tunisie, de l'Algérie et du Maroc, et cela jusqu'à 200 km de profondeur dans les terres ; le christianisme s'y est anciennement implanté, avec une Église chrétienne d'Afrique très active (Saint Augustin, par exemple d'origine berbère). Lors de la conquête arabe, le Maghreb est une dépendance de l'Empire Byzantin, quasi autonome, et qui diverge d'avec le reste de l'Empire sur l'interprétation du christianisme.
La conquête arabe a connu la résistance de plusieurs tribus berbères retranchées dans les montagnes et très difficiles à conquérir. La conversion des tribus ne s'est pas déroulée uniformément, et a connu des résistances, des apostasies ponctuelles, ou l'adoption de syncrétismes. L'arabisation s'est faite de manière plus lente encore. Il faut près d'un siècle, en effet, pour apaiser les tensions politiques liées à la conquête. Les populations berbères du Maghreb ont contribué tant au rayonnement de la civilisation arabo-musulmane, qu'à la défense de certains particularismes ; il existe ainsi une identité maghrébine dans le monde médiéval, pour l'étude de laquelle les sources manquent. Il n'y a en effet aucun témoignage direct de l'époque de la conquête.
En 642, les Arabes sont présents à Barqa et l'Egypte est conquise. Le Soudan par contre résistera et l'islamisation sera beaucoup plus tardive. En 670, la célèbre expédition de Oqba Ibn Nafaa mène à la fondation de Kairouan. C'est la première implantation de l'islam en Occident. Kairouan est à la fois une ville islamique, une tête de pont pour de nouvelles expéditions, et un jalon sur la route entre l'Egypte et le Maghreb. Une question se pose sur le statut que l'on veut - ou non - donner aux nouveaux convertis berbères. Il semble que ceux-ci ont été généralement traités en vassaux, soumis à l'impôt. En 682-683, Oqba dirige une grande chevauchée qui mène son contingent jusqu'au rivage de l'Atlantique. Sur le chemin, les tribus berbères sont bousculées violemment. On ne sait pas si cette expédition s'apparentait à une mission de reconnaissance, ou à une razzia. Cependant, elle va provoquer de nombreux soulèvements berbères. Oqba est tué (il sera plus tard sanctifié, et son tombeau deviendra le premier monument musulman au Maghreb). Le soulèvement, qui rassemble des Berbères, islamisés ou non, et probablement des restes de l'armée byzantine, parviendra à occuper Kairouan. Les Arabes évacuent le Maghreb.
En Orient, le califat omeyyade d'Adb al Malik débute en 685 jusqu'en 707. C'est un califat important. Celui-ci nomme Hassan ibn Numan, gouverneur au Maghreb, lequel mènera la reconquête en 686. Kairouan est reprise. Dès 702, l'assise arabe est suffisante en Ifriqiya, pour envisager de nouvelles conquêtes. Jusqu'en 713, s'opère une phase de contrôle de l'espace, jusqu'à Tanger. Le pouvoir se consolide. À la phase d'organisation militaire de la conquête, va se substituer l'administration d'un territoire encore partiellement insoumis, et non converti.
Cet empire prend naissance pendant la conquête musulmane. Il a existé de 750 environ à 1240 apr. J.-C., et a constitué l'un des grands empires d'Afrique noire connus, s'étendant sur les territoires de la Mauritanie, du Mali occidental, de la Haute-Guinée et du Sénégal. Désigné par ses habitants comme l'Empire Wagadou, il se fit connaître en Europe et en Arabie comme l'Empire du Ghana. Le royaume du Ghana s'est constitué au VIIIe siècle avec l'exportation d'or et de sel, important pour la conservation des aliments.
Selon les sources médiévales rédigées par des chroniqueurs arabophones, le royaume aurait été fondé par les Soninkés (Les Soninkés sont une ethnie d'Afrique de l'Ouest, présente surtout au Mali le long de la frontière sénégalaise ainsi qu'au Sénégal et au Mali). Le royaume de Ghana s'agrandit par la suite pour devenir un empire en dominant les dirigeants des chefferies situées aux alentours. L'occupation du Maghreb par les Arabes favorise le trafic de l'or et des esclaves entre le Ghana et la ville d'Aoudaghost en Mauritanie qu'ils ont conquis au Xe siècle, et Sidjilmassa et du même coup son expansion et sa richesse. Le pays de l'or correspond à la région aurifère du Bambouk, dont la capitale a été localisée à Koumbi Saleh, au sud de l'actuelle Mauritanie.
L'apogée du Ghana se situe au XIe siècle. Le pays est richissime. La fédération de royaumes s'est peu à peu centralisée autour du roi, détenteur de tous les pouvoirs religieux, militaires et judiciaires. La capitale du royaume, Koumbi, peuplée de 20 000 habitants, est partagée entre les musulmans et les Soninkés, animistes.
Le Royaume du Ghana se trouve affaibli par la poussée des musulmans Sahariens Almoravides (XIe siècle) et la destruction partielle de Koumbi Saleh (1076) mais c'est surtout la sécheresse liée à une exploitation intensive des ressources forestières qui conduit à la dispersion des Soninkés. Le royaume du Ghana décline alors progressivement jusqu'à sa conquête par le royaume de Sosso de Soumaroro Kanté (XIIe-XIIIe siècles), puis perd définitivement son indépendance après son intégration dans l'Empire du Mali de Sundjata Keïta après 1240.
C'est un empire africain créé au XIIIe siècle par Sundjata Keïta et qui connut son apogée au XIVe siècle. Il est le berceau de la Charte du Manden. Encore aujourd'hui, on ignore où se trouvait sa capitale. L'empire du Mali s'étendait entre le Sahara et la forêt équatoriale, l'Océan Atlantique et la Boucle du Niger soit sur les actuels Mali, Sénégal, Gambie, Guinée, Guinée-Bissau, Mauritanie et une grande partie de la Côte d'Ivoire. Il était un carrefour important entre les peuples nomades du Sahara et les peuples de l'Afrique noire équatoriale. Son économie reposait sur l'agriculture, l'artisanat, l'exploitation des mines d'or et le commerce de l'ivoire vers le bassin méditerranéen.
L'Empire du Mali s'éteint sous la pression de l'empire Songhaï de Gao sous le pouvoir de l'askia Mohammed qui régnera de 1493 à 1591. Il achèvera d'islamiser le royaume de manière brutale et fondera la dynastie musulmane des Askias. Djenné devient une des villes principales du marché de l'or. Tombouctou, sur la route des caravanes, devient une ville mythique. Les marchandises y affluent et sont ensuite transportées dans le Sahara par de grandes caravanes. L'empire s'effondre à la suite de l'invasion du marocain Al-Mansur.
Le Maroc est constitué de différentes tribus dont l'islam sunnite est le principal ciment. Le premier royaume est la dynastie des Idrissides qui parvient à fédérer plusieurs tribus et fonde le Maroc. L'histoire des Idrissides débute en 789 et s'achève en 985. Au même moment, né un émirat saharien fondé par les Zénètes dans la région du Tafilalet à partir de 758. Dirigé par la dynastie des Midrarides, il prend pour capitale la cité de Sidjilmassa. Ce royaume professe officiellement le kharidjisme de rite sufrite mais finit par reconnaître à partir de 883 la suprématie religieuse du califat sunnite des Abbassides. Le royaume de Sidjlimassa crée des alliances avec les autres États kharidjites, comme le royaume des Rostémides de Tahert, et réussi à établir un fructueux commerce caravanier de l'or avec le royaume du Ghana, à l'époque maître des plus importants gisements aurifères de l'Afrique de l'Ouest. Le royaume atteint ainsi son apogée au IXe siècle grâce à son rôle de plaque tournante du commerce des métaux précieux, et sa renommée s'étend ainsi jusqu'aux pays méditerranéens et au Moyen-Orient. C'est précisément cette position de débouché de l'or africain qui excite les convoitises et ce sont finalement les Almoravides qui s'emparent du royaume en 1055. Par la suite, la fondation de Marrakech éclipse définitivement le prestige de Sijilmassa.
Au Moyen Age, le Maroc est dirigé par un grand roi saadien : le sultan Al-Mansur (le Victorieux, dynastie des rois saadiens, lignée chérifienne originaire de Tamegroute dans la vallée du Draâ). Il est attiré par le sel de Taoudenni (dans l'actuel Mali) et l'or du Soudan. Il lance une expédition qui traversera le Sahara pendant 3 mois. Il prend tout d'abord les oasis du Touat, étape obligatoire des caravanes supplantant l'étape antérieure du Tafilalt et de Sidjilmassa (l'or ne passait plus par le Maroc). Puis son armée s'élance vers le sud. A l'arrivée, le pacha Djouber, chef de l'expédition, avec son millier d'hommes armés de fusils et d'arquebuse, écrase les 30 000 soldats songhaï à la bataille de Tondibi en 1591. L'armée du Maroc pille tout ce qu'elle trouve et envoie, selon la légende, plus d'une tonne d'or au Maroc. Les Marocains s'installent à Tombouctou et continuent leur conquête vers le Sud. Au nord, Al-Mansur contient l'Empire ottoman qui doit renoncer à ses ambitions en direction de l'ouest.
La dynastie alaouite renverse les saadiens. Les Alaouites ont eu pour plus célèbre représentant Moulay Ismaïl, qui gouverne le pays pendant 55 ans (1672-1727). Il réorganise le Maroc et en assure la pacification, après avoir mené une série d'expéditions militaires contre des tribus insoumises, les Ottomans et les Chrétiens. Il affermit ainsi la domination du pouvoir central. Roi bâtisseur, il fonde Meknès et y installe sa capitale. Sa mort marque l'entrée dans une période troublée : les révoltes montagnardes, l'opposition religieuse des confréries, les années de sécheresse et de famine, les épidémies (notamment la peste en 1797-1800), qui provoquent un effondrement démographique, la montée des caïds et le repli du Maroc sur lui-même.
Le règne de Mohammed III (1757-1790) voit les débuts du commerce avec l'Europe. Au XIXe siècle, l'économie entre en crise et le désordre règne. Le sultan qui avait des vues sur l'ouest algérien vint en aide à l'émir Abd-el-Kader qui luttait contre les Français alors en pleine conquête de l'Algérie. Le sultan perd en 1844 la bataille d'Isly alors que les Espagnols s'emparent de Tétouan en 1860. Hassan Ier (1873-1894) réussit cependant à maintenir l'indépendance politique du pays, mais l'affaiblissement du pouvoir central, l'entrée en dissidence de nombreuses tribus et les effets de la crise financière obligent l'État marocain à contracter des emprunts de plus en plus coûteux ; celui de 1904 entraîne l'installation dans les ports marocains de contrôleurs français.
L'Empire Ottoman a existé de 1299 à 1922. Au fait de sa puissance, cet empire est énorme : il s'étend sur l'Anatolie, les Balkans, le pourtour de la mer Noire, la Syrie, la Palestine, la Mésopotamie, et l'Afrique du Nord, à l'exception du Maroc.
Cependant, les Ottomans étaient incapables d'étendre leur autorité aux régions sahariennes. Le Sahara restait l'axe principal aux échanges commerciaux entre l'Afrique noire et le nord.
Cet empire ne pourra contrôler le Maroc. Au contraire, des frictions entre les deux "empires", conduiront les saadiens et le sultan Al Mansur à contrôler le Gourara et le Touat. À l'arrivée du pouvoir des Alaouites, ces derniers abandonnent ces régions. Les émirs locaux prendront alors en charge la gouvernance de leurs territoires, avec un impôt était prélevé par des Caïds envoyés par les Alaouites.
En Algérie en 1518, Kheir Ed-Din est nommé pacha d'Alger, le premier d'une domination qui durera trois siècles. Le territoire est dirigé par les janissaires, une sorte de milice turque également appelée Odjak ou Tafias. De cette corporation sont issus presque tous les beylerbeys, les aghas et les deys qui administreront la Régence d'Alger jusqu'à l'arrivée des Français en 1830. Alger et la côte deviennent une province gérée par un pacha ou dey, vassal du sultan d'Istanbul. Le reste du pays est divisé en trois beylicats aux frontières fluctuantes. Nommés par les deys, qui ont autorité sur eux, les beys bénéficient d'une relative autonomie. L'intérieur du pays, les hauts plateaux et le désert, qui intéresse moins les Ottomans sont laissés entre les mains de petits chefs locaux et de confréries religieuses qui, de temps en temps, se soulèvent contre le pouvoir turc. À Ouargla, les habitants étaient gouvernés par l'autorité des Zaouïas. Les mouvements des Marabouts étaient fort implantés dans toutes les régions du sud et dans une partie des Aurès.
Dans le Sahara, le Sultanat de Touggourt prend son indépendance en 1414. À la constitution du Beylic de Constantine, Touggourt devient rapidement tributaire de celui-ci. Les refus récurrents des Sultans de Touggourt de s'acquitter du tribut imposé par les Turcs provoquent de nombreuses expéditions des autorités de la Régence à leur encontre (Salah Raïs en 1552, Salah-Bey 1788, Ahmed el Mamlouk en 1821). Enfin dans l'extrême sud, une confédération targuie, les Kel Ahaggar, est formée dans le Sahara algérien vers l'année 1750.
Après la défaite à la bataille de Lépante (Grèce) en 1571, la Régence d'Alger perd peu à peu le contact avec le sultanat, contact rendu difficile par les accrochages incessants avec les forces chrétiennes en Méditerranée. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, forte de sa relative autonomie, elle s'enrichit et gagne en puissance. Sa flotte est considérable et pousse les incursions jusqu'aux côtes anglaises, prenant même un temps le contrôle de la navigation dans l'Atlantique Nord. Irrité par cette puissance, Louis XIV tente même de gagner sa part en envoyant des troupes prendre Jijel en 1664, mais l'expédition menée par de Beaufort échoue et la France doit signer un traité de paix avec le dey d'Alger en 1666.
Au XVIIIe siècle, Alger est une ville de corsaires qui s'est considérablement développée, comptant plus de 100 000 habitants dont beaucoup, captifs pris par les corsaires ou anciens captifs rachetés, sont originaires des quatre coins de la Méditerranée. Les autres puissances de la Méditerranée doivent lui payer de fortes rançons pour faire revenir leurs citoyens pris pendant des raids et assurer la sécurité de leurs bateaux.
Le royaume du Kanem est fondé vers le VIIIe siècle par la dynastie Zakhawa, une population noire chamelière originellement établie au nord du tchad.
Majoritairement musulman à partir du règne Mai Oumé (vers 1085), il atteint son apogée avec Dounama en 1220-59, et s'étend vers le Fezzan et le Nil et noue des relations avec les royaumes berbères, en particulier avec les Almohades. Après la mort de Dounama, le royaume se morcelle rapidement. Pour échapper aux attaques extérieures, les souverains du Kanem doivent se réfugier sur la rive ouest du lac Tchad où ils fondent le royaume de Bornou en 1395.
Le Bornou reconquiert le Kanem et devient le Kanem-Bornou au XVIe siècle. L'empire atteint son apogée sous le règne d'Idriss III Alaoma (1571-1631).
À la fin du XVIIIe siècle, le Bornou a retrouvé une puissance certaine et sa prospérité est essentiellement basée sur le trafic des esclaves.
À la fin du XIXe siècle, la région est ravagée par le négrier soudanais Rabah qui s'impose comme le dernier sultan du royaume ; puis ce dernier est écrasé par les armées françaises en 1900.
Le 17 mars 1920, le Tchad devient une colonie civile directement rattachée au Gouvernement général de l'Afrique équatorial française (AEF). Ses frontières sont identiques à celles d'aujourd'hui. La frontière avec le Niger marque la limite entre l'AEF et l'Afrique occidentale française. Celle avec le Soudan sera négociée en 1932. La frontière nord allait donner naissance quelques décennies plus tard au conflit de la fameuse bande d'Aouzou. Dans le cadre d'accords entre puissances coloniales, la France abandonnait 160 km à la Libye italienne (accords Laval-Mussolini).
En Egypte, le Nil va donner naissance à l'une des plus brillantes civilisations de la planète. Les 30 000 km² cultivables créés par le fleuve ont ainsi favorisé l'existence et le développement de la civilisation égyptienne. Lorsque le Sahara devient progressivement aride, la désertification chasse les populations notamment des rives du Nil où vivent déjà des pêcheurs nilotiques. Ce refuge naturel est une immense et intarissable oasis. L'existence d'une écriture et d'un pouvoir politique centralisé, indispensable pour organiser la répartition de l'eau, fait entrer cette civilisation dans l'histoire à l'orée du IIIe millénaire av. J.-C. Après le temps des Pharaons, entre 2700 et 333 av. J.-C., se succèdent les périodes grecque, romaine et byzantine qui voient la naissance du christianisme égyptien. La période islamique commence en 639 apr. J.-C. Certaines oasis résistent, comme Siwa par exemple, peuplée de Berbères depuis la Haute Antiquité. La langue berbère y est parlée sous sa forme siwi. C'est le point le plus oriental de la zone berbérophone. Le lien avec l'Egypte antique est avéré vers 600 av. J.-C., car une nécropole y est construite. En 1524, l'Empire ottoman conquiert l'Egypte. En 1798, Napoléon conquiert l'Egypte mais les Français se retirent en 1801. Après leur départ, la population égyptienne prend parti en faveur des troupes ottomanes. L'un des contingents envoyés par Constantinople est albanais. Son chef Mohammed Ali devient le vice-roi d'Egypte. Ce chef de guerre, met au pas la Péninsule arabique, soulevée par la secte wahhabite et conquiert le Soudan. L'un de ses successeurs, vend ses actions du canal de Suez à l'Angleterre. Un an plus tard, il doit accepter l'établissement d'un condominium franco-anglais pour gérer les dettes du pays. L'Egypte entre dans le XXe siècle sous la forme d'une monarchie constitutionnelle, sous protectorat informel de l'Angleterre. La société égyptienne est alors plus cosmopolite que jamais. La tolérance des autorités musulmanes à l'égard des minorités ethniques et religieuses a permis aux Grecs, aux Juifs, aux Coptes de se maintenir dans le pays. Le 23 juillet 1952, le comité des Officiers libres, dirigé par Gamal Abdel-Nasser, prend le pouvoir en Egypte.
Au Soudan, ce sont les royaumes nubiens qui se développent dès l'Antiquité. Vers 2450 av. J.-C., Kerma s'érige en centre politique et économique nubien. La ville et la région alentours se placent sous l'autorité d'un roi. La civilisation du royaume de Kerma tire ses richesses en partie des routes commerciales sur lesquelles il se trouve placé. Il est cependant un obstacle pour l'Egypte dans ses relations commerciales avec le Sud Soudan. Des murailles et des forteresses sont progressivement aménagées pour se défendre. A l'image peut-être des pyramides d'Egypte, Kerma fait aussi construire des édifices religieux en briques de terre de plusieurs dizaines de mètres de diamètre, connus aujourd'hui sous le nom de deffufas. Vers 1480 av. J.-C., le royaume de Kerma ne résiste pas à la conquête des Pharaons qui colonisent la Nubie pour mettre la main sur ce carrefour entre l'Afrique centrale et l'Egypte. Cela marque le début de la domination égyptienne sur la Nubie. Des temples égyptiens sont bâtis pour rappeler la supériorité égyptienne et étendre le culte d'Amon. Les temples de Soleib ou de Kawa datent de cette période. Ramsès II ou Toutankhamon sont à l'époque représentés triomphants sur les Nubiens. Le nouveau centre politique se déplace plus en amont du Nil, à Napata, où un grand temple d'Amon est bâti au pied du Djebel Barkal.
A la fin de l'âge d'or égyptien du Nouvel Empire, la Nubie reprend son indépendance grâce au développement d'une aristocratie locale. C'est le début de la civilisation koushite de Napata, désormais imprégnée de culture égyptienne.
Les rois nubiens étendent depuis Napata leur influence vers le nord, tandis qu'au sud, ils atteignent les environs de la sixième cataracte. C'est la période des Pharaons Noirs. Si des peuples non-égyptiens s'étaient déjà arrogé le titre de Pharaon, c'est la première fois que des dirigeants " noirs vont contrôler " l'Egypte tout entière. Point de destructions en Egypte comme il avait pu s'en passer en Nubie mille ans auparavant. En fait, les conquérants nubiens remettent au goût du jour les anciennes traditions égyptiennes qui ont fait la grandeur de la région sous l'Ancien Empire. Ils embellissent les monuments existants, comme à Karnak, et se font couronner en Egypte. Importance de la terre mère oblige, ils se font tout de même enterrer (dans des pyramides !) en Nubie, à El-Kurru près de Napata. Sous la pression des potentats du nord et peut-être aussi par une dégradation du climat, les souverains nubiens décident de remonter le Nil pour se fixer à Méroé à partir du règne du roi Arkamani. L'écriture hiéroglyphique est largement mise de côté pour le développement d'une écriture dite "méroïtique" que l'on commence seulement à déchiffrer aujourd'hui. De grands temples et des palais sont construits. De cette époque datent notamment les très fameuses pyramides qui sont aujourd'hui l'icône touristique du pays. Le royaume tombe en déclin accéléré à partir du IIe siècle, sans que l'on sache vraiment pour quelles raisons. L'avancée du désert et l'appauvrissement des ressources naturelles ont pu affaiblir le pouvoir central. En 350 de notre ère, les troupes axoumites d'Ethiopie envahissent le nord du Soudan et ravagent la cité de Méroé, qui ne se relèvera pas. C'est la fin des royaumes koushites et de l'Antiquité nubienne.
La disparition d'un pouvoir central favorise la pénétration des influences étrangères qui s'incarnent dès le Ve siècle par des missionnaires chrétiens venus d'Egypte.
La christianisation du Soudan s'effectue alors que les chrétiens se déchirent dans l'Empire Byzantin. Des cathédrales et des églises sont construites le long du Nil. Le clergé, particulièrement les évêques, devient une figure centrale du pouvoir, alors que les souverains semblent être en retrait des prises de décision. L'époque est paradoxale. C'est celle du christianisme triomphant en Nubie alors que l'islam, apparu quelques décennies auparavant, est en pleine expansion et exerce désormais une forte pression depuis l'Egypte et la Mer Rouge. En 652 déjà, les Nubiens ont repoussé une première invasion. De nouveau, la confrontation est inévitable, mais, de manière surprenante, les armées musulmanes sont finalement contenues (malgré le saccage de Dongola et de sa basilique). Un traité de paix est même signé - le bakht - qui prévoit des accords de commerce élargis et va durer plusieurs siècles. Mais les relations se dégradent et l'Egypte s'infiltre au sud. En 1275, le roi de Dongola est coopté avec les Mamelouks égyptiens. En 1323, c'est la conversion forcée du royaume de Dongola à l'islam.
L'islam reste d'abord présent en Nubie et sur la Mer Rouge. Le vieux royaume d'Alodie, centré sur l'actuelle Gezira et proche de l'Ethiopie, est lui toujours chrétien et le reste d'une certaine manière jusqu'à sa disparition définitive au tout début du XVIe siècle. Au nord et à l'est sur la Mer Rouge, l'Empire Ottoman entreprend de soigneusement contrôler les réseaux commerciaux et les centres névralgiques.
Cette période sera suivie par la Turkiyah (entre 1821 et 1881) et la conquête du Soudan par l'Egypte et Mohammed Ali. A cette époque, sont fondées des villes comme Kassala et surtout Khartoum, qui devient vite le nouveau siège du pouvoir central. Mais la domination étrangère du Soudan prospère sur le commerce des esclaves, monopole d'Etat, qui semble être au final la seule raison de la présence égyptienne sur place. Les esclaves sont acheminés par la fameuse piste des 40 jours depuis le Sud-Soudan à Kharga. Il s'ensuivra la révolte des Soudanais et la création de l'Etat madhistes (entre 1881- 1899), puis de nouveau le condominium anglo-égyptien (entre 1899 et 1956). Le Soudan retrouvera son indépendance après des débuts difficiles, avec le régime Nimeiry (1956), l'intermède Al-Mahdi (entre 1969 et 1989), puis la présidence d'Omar al-Bashir (depuis 1989).
Durant de longues années, le Sahara reste complètement inconnu des occidentaux. Les cartes qui existent de cette région sont complètement fantaisistes : on y dessine des fleuves, des grands animaux comme des éléphants pour combler le vide sidéral de la connaissance du désert. En effet, les conquêtes occidentales se limitent aux comptoirs maritimes et se gardent bien d'entrer à l'intérieur des terres. Cependant, viennent à l'oreille des explorateurs les fabuleuses légendes de l'or du Soudan (actuel Mali) et des cités mythiques telles Tombouctou. Ce sont donc des aventuriers, des explorateurs qui partiront à titre privé à la découverte de ces pays qui les fascinent. L'autre motivation est celle de la dénonciation du trafic négrier qui dure depuis 3 siècles. En 1788, Sir Jospeh Banks crée l'African Association en Angleterre qui se définit la mission de combattre les principaux foyers d'esclavage et d'encourager l'exploration de l'Afrique. Nous avons vu que ce trafic a aussi été pratiqué par les Arabes mais pas de manière aussi systématique que par les Européens. En 1833, l'esclavage est aboli dans toutes les colonies britanniques. En 1848, la France fait de même. La guerre de Sécession mettra fin à l'esclavage aux Etats-Unis. L'esclavage perdurera dans certains pays musulmans jusqu'au XXe siècle.
Après la mise sous protectorat du M'Zab en 1853 et l'achèvement de la conquête de la région de Laghouat et de Touggourt en 1854, les troupes allaient-elles continuer vers le sud ou non ? On commençait alors tout juste à s'intéresser au centre de l'Afrique dont revenaient des explorateurs forts de découvertes fascinantes. Le gouverneur Faidherbe étant bien installé au Sénégal, on projette rapidement d'atteindre le Sénégal, la boucle du Niger et le lac Tchad au départ de l'Afrique du Nord. La nécessité de mettre fin aux rezzous des nomades du Sud est l'occasion de retrouver la route du Soudan et les voies commerciales entre la Tripolitaine et le Sud marocain. Les bonnes relations entretenues avec Si Hadza Ben Ed-Din, le bachagha des Oulad Sidi Cheikh, permettent de suivre la route des oasis au sud de la province oranaise.
A l'est, la région de l'oued Rhir et El-Oued investie par des planteurs européens est le point de départ d'expéditions à but économique vers Ghadamès et Ghat, située dans l'actuelle Libye. Des voyageurs indépendants suivent leurs propres routes. Parmi eux, Rohlfs, un ancien légionnaire, rejoint la Tripolitaine à partir du Tafilalet marocain et Duveyrier, qui est le premier à entrer en contact avec les Touaregs. Protégé par le cheikh des Iforhas et l'Amenokal des Kel Ajjers, il montre que le Sahara n'est pas une barrière infranchissable et recueille des informations précieuses pour les futures expéditions.
Dans les années 1860 à 1870, en pleine insurrection des tribus sahariennes, l'exploration du grand désert prend un tour spirituel avec la création, par l'idéaliste cardinal Lavigerie, de l'ordre des Pères blancs toujours présent en Afrique. Ayant très vite renoncé à la propagande, les Pères blancs se sont consacrés à des oeuvres de charité et d'éducation, aux côtés des Soeurs blanches, et à l'étude de leur nouvel environnement.
La guerre franco-prussienne de 1870 et ses suites n'ont pas ralenti les rêves de conquête et de richesses promises au-delà du Sahara. La IIIe République ayant besoin de projets fédérateurs, on lance l'idée d'un chemin de fer qui relierait les possessions françaises en Afrique. Mais le tracé arbitraire du Transsaharien n'est resté qu'une ligne sur les plans d'étude et la voie ferrée n'a jamais dépassé Biskra ou Djelfa, à une centaine de kilomètres au nord de Laghouat.
En effet, les difficultés matérielles et humaines étaient trop nombreuses. La précipitation trop grande - on voulait poser les voies en même temps qu'on en découvrait le tracé - et l'échec de la mission Flatters en février 1881 portent un coup fatal au projet. Cette mission, commandée par le lieutenant-colonel Paul Flatters, a déjà réussi la percée de la ligne Ghadamès-Temassinine-El-Goléa et doit au cours de cette seconde mission rejoindre le Soudan par l'est du Hoggar. Mais le groupe est arrêté lors d'une embuscade tendue par des Touaregs qui leur reprochent d'avoir traversé leurs terres sans permission. La mort de 96 hommes a un grand retentissement en France et la pénétration du Sahara s'en trouve ralentie. Il faudra attendre presque une vingtaine d'années pour retrouver la route du Sud et des hommes comme Foureau ou Lamy.
A partir de 1898, les pays bordant le Sahara sont à peu près tous reconnus et le but à atteindre par tous est le lac Tchad. Trois grandes missions sont organisées dont une au départ de l'Algérie, dirigée par Foureau et Lamy qui sont certains qu'une organisation militaire légère mais très encadrée, comme une petite troupe de 300 hommes, suffira. Les deux autres missions partent l'une de Dakar, l'autre de Libreville et tous, après de grandes difficultés, se retrouvent en avril 1900 au lac Tchad.
A la suite de la mission Foureau-Lamy, le Tidikelt, le Touat et le Gourara sont entièrement occupés, dessinant une ligne de postes joignant Colomb-Béchar à l'ouest à Ouargla au centre-est.
En 1902, le lieutenant Cottenest accompagné d'une centaine de goumiers (méharistes supplétifs recrutés localement) reconnaît rapidement le Hoggar, avant de battre un groupe de Touaregs à Tit, au nord de Tamanrasset. Reste à s'installer plus durablement. C'est ce que se proposent de faire le Lyautey ou le commandant Laperrine, aidés par la création en 1902 d'un nouvel organisme administratif, les Territoires du Sud algérien, qui doit gérer les énormes dépenses entraînées par la conquête et empêcher les abus de pouvoir de petits chefs militaires isolés. On prévoyait que des villes comme Biskra, Touggourt, Laghouat ou Méchéria, des centres agricoles rentables situés aux confins nord de la nouvelle zone administrée, apporteraient par les impôts prélevés une source de revenus nécessaires à l'entretien du Grand Sud beaucoup plus pauvre.
Le général Lyautey, futur maréchal, est envoyé au sud de l'Oranais en 1903 par M. Jonnart alors gouverneur général. Investi de pouvoirs étendus, le saint-cyrien, issu d'une famille militaire de Lorraine, s'emploie dès son arrivée à organiser la présence française par des actions politiques visant à gagner la confiance des chefs de tribus autrefois rebelles et par la création de postes judicieusement situés, dont Colomb-Béchar est le meilleur exemple. A partir de 1907, la situation pour le moins instable au Maroc pousse la France à faire des incursions dans ce pays depuis l'Algérie. C'est l'occasion des premiers pas marocains du général Lyautey qui occupe Oujda puis une bonne partie de l'est marocain. En avril 1912, il est nommé par décret Résident général au Maroc, ce qui lui donne quasiment les pleins pouvoirs dans un pays où il développera avec un certain succès les actions entreprises en Algérie.
Dans le même temps, plus à l'est, le capitaine Laperrine entamait d'une façon différente une campagne qui promettait beaucoup. Le capitaine qui s'était déjà illustré au Soudan par de nombreuses percées victorieuses connaissait assez bien le monde touareg et n'avait de cesse de rencontrer les Kel Hoggar sur leurs terres. En 1898, il est nommé à la tête de l'escadron de spahis sahariens méharistes à El Goléa. Il crée des corps de méharistes indigènes recrutés parmi les nomades. Les cadres de ces troupes plus mobiles et moins coûteuses, des officiers français bien formés, administrent eux-mêmes les territoires et les tribus avec lesquelles Laperrine préconise le plus de relations amicales possible. En effet, il noue des liens exceptionnels avec Moussa Ag Amestane (1867-1921), l'amenokal des Kel Hoggar, et les Kel Rela de l'Adrar.
A l'est et plus au sud, d'autres missions ont réussi (Touchard, Theveniaux, Venel, Nieger...) mais ce sont celles de Laperrine qui ont le plus marqué, notamment grâce à son amitié avec un ancien soldat, le père de Foucauld, venu se retirer sur les rives de l'oued Tamanrasset au sud-est du massif du Hoggar. En hommage au militaire, la ville qui s'est développée à l'endroit où vivait le saint homme, la future Tamanrasset, et, à proximité, le pic Ihaghen ont porté le nom du capitaine jusqu'en 1962.
Après la Grande Guerre et au début des années 1920, l'administration marque le pas, préoccupée par les problèmes de sécheresse qui frappent les populations du sud. En 1922, la première traversée du Sahara en automobile est un succès. D'autres expéditions suivent et balisent les grandes pistes vers le Niger et le Mali (Estienne, Berliet...). Les Actualités des salles de cinéma montrent les prouesses de la fameuse Croisière noire des autochenilles Citroën, partie de Colomb-Béchar pour rallier le sud du continent. Au début des années 1930, le Sahara est à nouveau l'objet de projets de développement enthousiastes.
En 1830, les plans politiques et militaires ne prévoyaient pas la colonisation de l'Algérie. En 1860, Napoléon III, débarquant en Algérie pour se rendre compte sur place, entrevoit la création possible d'un " royaume arabe, une sorte de protectorat autoritaire mais bienveillant ". Les Français occupent alors l'Algérie, puis créent l'Afrique-Occidentale française (la Mauritanie, le Mali, et le Niger avec un protectorat au Maroc et en Algérie) et l'Afrique-Equatoriale française (Tchad) qui prendra fin entre 1950 et 1960. La grande expansion coloniale française aura duré 150 ans.
Après le traité de Lausanne (1912) qui entérine leur défaite et la perte de la Libye, les Ottomans demandent au chef de la Senoussiya, Ahmed ash-Sherif, de continuer la lutte au nom du sultan. La confrérie de la Senoussiya devient vite l' " âme de la résistance " contre la puissance colonisatrice italienne qui, en 1915, n'a réussi à s'imposer que dans quelques villes côtières.
La politique coloniale initialement choisie est guidée par un projet d'association partielle avec les populations locales, visant plus leur contrôle qu'une simple coercition. La Loi fondamentale de 1919 prévoit l'obtention de la nationalité italienne - sous conditions - par les Libyens et par là même leur participation à la vie politique et administrative du pays. Elle obtient l'aval des chefs des principales tribus libyennes et de la confrérie de la Senoussiya. Mais cette politique n'en est qu'à ses prémices lors de l'avènement du régime mussolinien, dont les principaux instruments coloniaux sont la conquête militaire, la répression et la coercition. La " pacification " définitive du pays (en fait l'anéantissement des mouvements de résistance) n'est proclamée que le 24 janvier 1932.
La colonisation italienne prend fin lors de la Seconde Guerre mondiale avec la retraite des troupes italiennes et allemandes d'Afrique du Nord en 1943. La Libye n'ayant été totalement " pacifiée " par les Italiens qu'en 1931, on prend la mesure d'une colonisation relativement courte et très violente. La colonisation n'a pas même contribué à l'unification du pays pourtant soumis à une même domination, si ce n'est sur le mode d'un même rejet de l'occupant par les populations.
En 1947, l'Italie renonce à toute revendication sur la Libye. Idriss, le petit-fils du fondateur de la confrérie de la Senoussiya, en exil en Egypte depuis 1922, avait été nommé émir de la Cyrénaïque. Dès l'entrée en guerre de l'Italie avec l'Espagne, il avait formé une force arabe pour la libération du pays, la force sénoussie, sous le commandement de l'armée britannique, et avait invité les leaders tripolitains à s'y joindre, ce que certains avaient refusé. Avec le soutien des Britanniques, Idriss revient en Cyrénaïque dont il déclare l'indépendance le 1er mars 1949. Malgré de fortes réticences en Tripolitaine, tout le pays finit par se rallier à Idriss, et le 24 décembre 1951, l'indépendance de la Libye est officiellement programmée Idriss Ier, roi de Libye, cependant des contestations apparaissent, notamment les courants prônant l'unité arabe, baasisme ou frères musulmans, et bien plus encore le nassérisme. Le premier septembre 1969 alors que le roi est parti faire une cure en Turquie, un petit groupe d'officiers s'empare du pouvoir par un coup d'Etat. Une nouvelle constitution est adoptée le 11 septembre 1969 qui créé la République arabe libyenne, chapeautée par le CCR.
Sortie de la colonisation des différents empires, les frontières des pays modernes se dessinent au milieu du XXe siècle. Les Anglais et les Français créent des Etats-nations dans des régions où il n'en avait jamais existé. Pour les peuples du Sahara, la reconnaissance de leur spécificité au sein de ces différents états n'est pas toujours facile. Notamment pour les Touaregs du Mali et du Niger, longtemps ignorés par les gouvernements du sud et qui ont connu plusieurs conflits armés successifs.
Aujourd'hui pourtant le Sahara est un enjeu stratégique majeur, notamment de part la présence de pétrole dans son sous-sol, pétrole indispensable à au développement et à l'économie mondiale, mais aussi de minerais. Mais face à la logique économique entre nations, on trouve aussi la revendication du partage des ressources sur des territoires où vivent des peuples sahariens, la volonté d'une exploitation sans dommage pour la nature et les populations. Le développement durable est d'actualité au Sahara.
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