Guide du Sahara : Enfants du Sahara

Alla

Mohamed Abdellah, dit Alla, est né à Kenadza, près de Béchar. Après 20 ans de prestations locales et d'enregistrements pirates, la première cassette d'oud d'Alla sort en 1992, bientôt suivie par un CD produit à Paris en 1994 et l'album Taghit qu'on trouve sous le nom de Fondou de Béchar. Sa musique mélange les influences africaines et arabes, en s'inspirant des chants des mineurs de Kenadza dont son père faisait partie.

Moussa ag Assarid

Moussa ag Assarid est un écrivain touareg, originaire du Mali. Il est né vers 1975 dans un campement nomade entre Tombouctou et Gao, il est l'aîné d'une fratrie de treize enfants. Il va à l'école, d'abord à Ansongo, puis il part à Bamako, la capitale. Il participe aux manifestations lycéennes et étudiantes de 1996 contre les conditions désastreuses de travail des élèves. Il arrive en France à Angers en 1999 (en raison du jumelage de la ville avec Bamako).

En mars 2006, sort le livre Y'a pas d'embouteillage dans le désert ! où il narre son arrivée en France et sa vision de la civilisation occidentale en tant que Touareg malien ; ce livre a eu beaucoup de succès et a été tiré à quelque 40 000 exemplaires en français.

Y'a pas d'embouteillage dans le désert ! Presses de la Renaissance, 2006

Enfants des sables, 2008, Presses de la Renaissance.

Jean-Louis Bernezat

Né en 1936, Jean-Louis Bernezat est l'un des meilleurs guides du Sahara. A l'origine, cet infatigable saharien est Guide de Haute Montagne. En 1967, après bien des aventures dans les Alpes et en Alaska (1ère ascension du Mount Huntington avec une expédition conduite par Lionel Terray), il va grimper dans le massif du Hoggar, en Algérie. Le coup de foudre est immédiat. En 1969, il crée l'agence de voyages Hommes et Montagnes qui sera le début d'une grande aventure saharienne. Il se lie d'amitié avec les Touaregs, et devient l'un des meilleurs spécialistes des espaces naturels du Sahara Central. En 1988-1989, il organisera pour ses clients la traversée Nord-Sud du Sahara à chameau. Près de 3 000 kilomètres, en 3 mois. Puis, entre autres grands voyages, en 1999, ce sera la traversée de l'égédé de Mourzouk (Libye) qui sera son "Everest saharien". C'est la première fois que cet erg et ses plus hautes dunes sont traversés par une caravane dont il a été choisi comme guide par ses chameliers. Pas d'eau, de bois et de pâturage dans cet erg, et les chameaux, s'ils ne boiront pas de toute la traversée, devront transporter toute leur nourriture, sans parler de 17 jours d'eau et de nourriture pour les participants. Ce voyage sera un bonheur partagé entre les Touaregs et les Européens, le bonheur d'une aventure et d'un exploit réussis.
Bernezat est aussi un excellent méhariste et parle la Tamahaq, le langage des Touaregs du Sahara central. Lui et son épouse Odette, qui l'a accompagné partout, tant en montagne que dans les déserts, ont publié plusieurs ouvrages sur les Touaregs, différents déserts et leur itinéraire saharien. Pour lui : Immidir, la tassili oubliée (Monographie, Editions Glénat), La caravane qui retrace la traversée nord-sud du Sahara (Editions Glénat), Tunisie, le Grand erg Oriental (Monographie sur le Grand Erg Oriental, Editions Non-Lieu), et enfin Guide des déserts, une vie au Sahara qui retrace son itinéraire saharien (Editions Guérin).
Quant à Odette Bernezat, elle a écrit des ouvrages qui sont des références en ethnographie, comme : Hommes des montagnes du Hoggar (Editions Glénat), Hommes et vallées du Haut-Atlas (Editions Glénat, Mémoires sahariennes (Editions Libris) et enfin Campements touaregs (Editions Glénat).

Mano Dayak

" La culture touarègue est une culture du désert, c'est une culture très forte, ce sont des traditions très anciennes auxquelles les Touaregs sont très attachés. Il faut aider à se développer le peuple touareg qui vit aujourd'hui dans le désert, il faut l'aider à développer les moyens dont il dispose, à se scolariser mais il faut que tout cela se fasse dans une certaine douceur culturelle, sociale, comme les Touaregs l'ont toujours vécue. Nous sommes pour un changement mais nous ne voulons pas d'un changement qui va complètement tuer notre mentalité et notre culture ". Mano Dayak

" Quand je dis que je vis entre deux mondes, je ne suis pas le seul dans cette situation. C'est un peu tous les Touaregs de ma génération qui ont été scolarisés qui ont aujourd'hui un pied dans la communauté touarègue et dans son passé (...) mais la scolarisation nous a ouvert les yeux sur un autre monde. C'est un peu comme si aujourd'hui nous avions un pied en Occident et un regard en arrière sur notre communauté. C'est à la fois une richesse mais une richesse difficile à gérer pour faire la jonction entre ces deux mondes qui sont tellement loin l'un de l'autre. "

Mano Dayak

Mano Dayak (1949 - 15 décembre 1995) est une figure incontournable du peuple touareg. Il est né à Tidène dans l'Aïr à 80 km au nord d'Agadez. Il suit des études tout d'abord à l'école nomade créée par les Français, puis aux Etats-Unis et enfin en France en anthropologie culturelle et sociale du monde berbères à l'Ecole Pratique des Hautes Etudes (EPHE). Il épouse une Française, Odile, dont il a deux enfants. Il rentre au Niger et devient guide de désert pour une agence française avant de créer sa propre agence : Temet Voyages. Son agence devient alors une référence au Niger.

C'est en 1983, à l'occasion d'une reconnaissance du Paris-Dakar qu'il fait la connaissance de Thierry Sabine avec qui il se lie d'amitié. Il dit d'ailleurs que cette rencontre l'a fait changer d'opinion sur le Paris-Dakar contre lequel il avait beaucoup de préjugés. A cette période où il devient très connu, il fait le lien entre les Touaregs et l'Occident et plus particulièrement la France. En 1990, après une succession de sécheresse et à la suite de tensions importantes entre l'armée nigérienne et les Touaregs, Mano Dayak entre dans la rébellion et prend les armes. Cette rébellion trouve son origine dans un événement dramatique. Le 7 mai 1990 à Tchin Tabaren, de jeunes Touaregs organisent l'évasion de certains de leurs amis de la prison. Dans la confrontation, un militaire nigérien est tué. La répression est terrible et toute la région s'embrase jusqu'au Mali : campement et école détruits, troupeaux abattus, puits empoisonnés et 600 morts. Le gouvernement du Mali qui soutient celui du Niger, procède à des arrestations parmi les Touaregs provoquant ainsi de nouvelles confrontations. Avant ces événements, Mano Dayak pensait que le dialogue et le développement du Nord du Niger apporteraientt la paix, la prospérité et le respect de leurs droits aux Touaregs. Mais devant la situation intenable des nomades, il prend les armes. Mano Dayak réussit à coordonner la rébellion et à fédérer les Touaregs autour de lui. Il devient le leader de la CRA (Coordination de la résistance armée). Il dira par la suite qu'il n'avait pas eu d'autre choix que de prendre les armes puisque le dialogue n'avait pas abouti, poursuivant un seul objectif : " l'amélioration des conditions d'existence de notre communauté doit se faire. " Ils arrivent finalement à des accords avec le gouvernement nigérien en 1994 mais le dialogue reste difficile.

Le 15 décembre 1995, alors qu'il doit rencontrer Mahame Ousmane, le président nigérien, en vue de négociation, son avion s'écrase au décollage avec à son bord, un journaliste français et deux autres chefs de la rébellion.

Cet accident tragique a durablement marqué les esprits et a forgé sa légende, tout comme ses nombreuses amitiés avec de personnalités comme Thierry Sabine, Bernardo Bertolucci, Jean-Marc Durou.

Une croix touarèegue, sur le modèle de celles des tribus du Niger, est créée spécialement pour lui par un forgeron et Tinariwen lui rend hommage dans une chanson qui porte son nom.

Ses livres ont contribué à faire connaître le peuple touareg au grand public français.

Touareg, la tragédie, Mano Dayak, Michael Stührenberg, Jérôme Strazzulla, Lattès, 1992.

Je suis né avec du sable dans les yeux, Mano Dayak et Louis Valentin, Fixot, 1999.

Hawad

Poète touareg de l'Aïr né en 1950 et établi en France, il est l'auteur de nombreux recueils en tamachek écrits en Tifinagh où il mêle écriture et calligraphie qu'il surnomme avec humour " furie-graphie " tant elles expriment une oeuvre individuelle singulière. Les litanies de Hawad sont enracinées dans les pensées touarègues.

Caravane de la soif. Edisud, Aix-en-Provence 1985 et 1988. " Ces gémissements, paroles de fièvre embrasées devant la source tarie, je les dédie à Tellent, aux mirages vagues de dunes, à l'errance du vent, au concert du silence et aux oreilles de l'oubli, seule étoile de ma caravane divaguant à travers les tempêtes qui ont brisé la charpente constellée des textes nomades ".

Chants de la soif et de l'égarement. Edisud 1987.

Testament nomade. Sillages, Paris 1987 et Amara, le Pigeonnier, 1989.

L'Anneau sentier. L'Aphélie, Céret, 1989.

Ibrahim el-Kony

Libyen de culture touarègue né en 1948 dans le désert, est sans conteste l'un des plus célèbres écrivains contemporains du monde arabe. Il apprend l'arabe à l'âge de 12 ans, puis suit des études de littérature comparée à Moscou et soutient une thèse sur Dostoïevski. Il travaille alors à l'ambassade de Libye à Moscou.

Sa carrière d'écrivain débute par un premier recueil de nouvelles paru en 1974, intitulé La Prière hors du cadre des cinq moments de prière. Il écrit en langue arabe, ce qui lui vaudra une diffusion dans l'ensemble du monde arabe. Cet écrivain très prolifique a signé 53 nouvelles ou romans.

Dans l'oeuvre d'Ibrahim el-Kony, le désert constitue le noyau central d'une prose dense et onirique, riche de références littéraires et mythologiques que la grande culture de l'écrivain lui permet d'introduire au service d'une quête spirituelle et existentielle.

Ibrahim el-Kony vit en Suisse depuis 1993 et bénéficie aujourd'hui d'une reconnaissance internationale concrétisée par de nombreuses récompenses en Suisse, en France et en Allemagne. La Libye l'a célébré à son tour lors d'une conférence donnée en son honneur en 2005.

Sortie en 2005, la traduction française de son roman-fleuve (615 pages), une grande fresque saharienne, Les Mages, offre au public francophone une des meilleures introductions à l'oeuvre de cet auteur libyen et à son univers.

Poussière d'or. Gallimard, Paris, 1998.

Le Saignement de la pierre. L'Esprit des péninsules, Paris, 1999.

Un oeil qui jamais ne se ferme, Aphorismes du Désert. Sebe, Paris, 2001.

L'Herbe de la nuit. L'Esprit des péninsules, Paris, 2001.

L'Oasis cachée (Phébus, Paris 2002).

Abdoulaye Mamani

Né en 1932, il a disparu en 1993. Il a offert à la littérature nigérienne sa plus belle évocation historique avec un roman Sarraounia qui relate la résistance de la reine guerrière des Azna contre la colonne Voulet-Chanoine.

Sarraounia. Le drame de reine magicienne. L'Harmattan, 1980.

oeuvres poétiques. L'Harmattan, 1993.

Une nuit au Ténéré. Editions Souffles, 1987.

Le Représentant. Abidjan, NEA, 1984.

Poémérides. L'Harmattan, 1972.

Théodore Monod

Né en 1902 à Paris, il se découvre très vite une passion pour la nature et s'érige en défenseur du règne animal. A 19 ans, il publie son premier texte scientifique qui traite de l'influence des crustacés dans l'écosystème marin. Arrivé en 1922 à Nouâdhibou, alors Port-Etienne, pour étudier les ressources halieutiques, il met moins d'un an pour effectuer un virage à 180 degrés et se détourner en partie de l'immensité océanique pour se consacrer à l'immensité saharienne.

Il va, pendant plus de soixante-dix ans, parcourir le Sahara dans tous les sens, à pied et à dos de dromadaire. Adepte du jeûne, il démontre que l'homme est capable d'intenses efforts physiques sans apport de viande. Ses méharées réalisées dans des conditions frugales, voire ascétiques, le conduisent tout naturellement vers le végétarisme. Il découvre en 1940 dans le Tibesti une plante de la famille des gentianes baptisée Monodiella flexuosa en son honneur. Son étude du verre libyque étaye sa théorie selon laquelle ce matériau proviendrait d'une météorite tombée sur la Terre, il y a 25 millions d'années. C'est lui, qui au cours de ses expéditions sahariennes, contribue à combler les blancs des cartes coloniales, ces terra incognita qu'aucun Blanc n'a fréquentées avant lui. Parallèlement à cela, il continue d'étudier les différentes formes de vie maritime, ses travaux lui valant la reconnaissance des carcinologistes qui donnent son nom à plusieurs espèces de crustacés.

Découvert tardivement par les médias, il était tout sauf superficiel. Ce sage du désert était non seulement un scientifique respecté et écouté, mais aussi un être qui n'hésitait pas à s'engager là où l'homme risquait de perdre une partie de sa dignité. Impliqué dans des causes humanitaires comme la défense des sans-papiers, il pouvait également décider d'aller jeûner plusieurs jours à Taverny, haut lieu de l'armement nucléaire français, ou de manifester contre la chasse à la palombe dans le Sud-Ouest.

Parmi ses nombreux ouvrages, citons son chef-d'oeuvre, L'Emeraude des Garamontes et Méharées, un livre inclassable à lire pour une approche initiatique du Sahara.

Ce défenseur de la vie sous toutes ses formes s'est éteint le 22 octobre 2000 à l'âge de 98 ans. La disparition de Théodore Monod corrobore pleinement ce proverbe africain : " Lorsqu'un vieux meurt, c'est une bibliothèque qui brûle. "

Ousmane Moussa Diagana

Il est né en 1951 à Kaédi dans le sud de la Mauritanie et il est incontournable pour les poèmes de Cherguiya. Le poème en hommage à une femme, Cherguiya, se situe au Sahel dans une tradition musulmane et anté-musulmane. En effet, Cherguiya, qui veut dire " femme de l'Est " en arabe, est un titre évocateur. En effet, l'Est de la Mauritanie est le lieu de la première rencontre entre les mondes négro-africain et arabo-berbère, le lieu du brassage. C'est aussi un lieu de mémoire, là où ont prospéré les grands royaumes, les grandes cités. L'Est c'est aussi la direction de la prière. Quant à la " femme de l'Est ", elle a une place particulière dans l'imaginaire mauritanien : elle a, à l'époque du Moyen-Age développé une forme de polyandrie. Elle pouvait avoir plusieurs amants. Elle était libre, sans voile. L'écriture sensuelle de l'auteur égrène désirs et pensées confuses pour cette femme mystérieuse et inaccessible : Cherguiya, la muse imaginaire, idéale et exaltée, qui emmène le lecteur au coeur d'un désert mauritanien tourmenté et sensuel.

Cherguiya (Odes lyriques à une femme du Sahel), Le Bruit des Autres, 2001.

Bali Othmani

Le poète, auteur-compositeur et joueur de tindé et d'oud, n'était il n'y a pas si longtemps, que la gloire locale de Djanet et du Sud algérien. Né en 1953 à Ouballou, près de Djanet, il a appris auprès de sa mère, une joueuse réputée de tindé, la musique et la poésie tamachek qu'il interprète sur deux albums publiés par Triloka/Safar et Al Sur : Assouf (La Nostalgie) et Assarouf (Le Pardon), enregistrés avec Steve Shehan, un percussionniste bassiste américain qui vit à Paris, et les membres de sa famille, tous musiciens ou choristes. Loin des rythmes algériens traditionnels et au-delà d'une musique africaine, les mélodies et la voix de Baly ont tant de charme qu'on se demande encore pourquoi il n'a pas rencontré plus de succès en Europe. Mais, la voix de Djanet s'est éteinte le 16 juin 2005, emportée par les eaux de l'oued en crue, frappant de stupeur ceux qui connaissaient l'homme.

Abdallah ag Ouambadougou

Musicien touareg auteur-compositeur et interprète, né vers 1962. Autodidacte, il fait partie des exilés réfugiés dans la résistance touarègue en Libye, qui ont été chassés par la famine et la politique du Niger. Dans les casernes, il forme son premier groupe de musiciens Tagueyt Takrist Nakal (orchestre construire le pays), ses poésies de l'époque témoignent du quotidien de son peuple et appellent à l'unité et à la résistance touarègue. Pendant la rébellion touarègue au nord du Mali et au Niger, ses chansons circulent parmi les combattants. Abdallah revient au Niger après les accords de paix en 1995.

Ses musiques sont inspirées du blues touareg, à la guitare sèche ou électrique. En 1995, il sort son premier album, puis en 2002, il enregistre Imawalen à Niamey. En 2005, sort un nouvel album Afrikya. Parallèlement, Abdallah fonde une association pour préserver la culture touarègue : elle soutient les jeunes artistes, met en place des écoles pour sauvegarder l'apprentissage de l'imzad, et crée deux écoles. En 2005, des musiciens français (dont ceux de la Mano Negra, Tryo, IAM...) décident de former avec lui le collectif Desert Rebel et sortent l'album Culture équitable.

Pour connaître l'histoire d'Abdallah : Ishumars, les rockeurs oubliés du désert, le film de François Bergeron, à voir ou à commander en DVD ou CD sur le site de Desert Rebel.

Mohamed Ould Ebnou

Ce commerçant de Chinguetti est à la fois un nostalgique de la splendeur passée de sa ville natale et un homme d'affaires ayant réussi. Désolé de voir Chinguetti de plus en plus isolée, il décide, au début des années 1980, de lutter contre l'inexorable. A l'époque, pour aller d'Atar, la capitale de la région, à Chinguetti, il faut rouler sur une piste difficile pendant au moins trois heures. Cette dernière emprunte la passe d'Amogjâr, pas évidente à trouver, qui permet de rejoindre le plateau où se situe Chinguetti. Cette piste magnifique, jalonnée de peintures rupestres, est en revanche très dangereuse, et l'entretien de ses 120 kilomètres fort coûteux. Mouhamedou ould Ebnou prend alors la décision de consacrer ses économies au financement d'une nouvelle piste, plus directe et plus sûre. Les Chinois, qui obtiennent le marché, doivent tailler une piste en découpant la montagne à coups d'explosifs. Les fondations sont préservées des infiltrations d'eau par l'adjonction de radiers. La construction durera une dizaine d'années, mais aujourd'hui, Chinguetti est à 83 kilomètres d'Atar, et ce voyage s'effectue dans des conditions de sécurité tout à fait satisfaisantes. Si de nos jours Chinguetti est la principale destination touristique de la Mauritanie, cette initiative privée y est pour beaucoup. Il est intéressant de saluer Mohamedou ould Ebnou qui a consacré l'essentiel de sa fortune et de son temps à la réalisation de ce qu'il considère comme l'aboutissement de sa vie. Les habitants de la région l'ont bien compris en baptisant ce nouvel itinéraire " la route d'Ould Ebnou ".

Odette Du Puigaudeau

Décembre 1933 : à cette époque, voyager en Mauritanie n'est pas dénué de risques, les tribus R'Gueïbalt et Oulad Bousbah opposant une farouche résistance à l'occupation française. C'est pourtant ce que font deux femmes, Odette Du Puigaudeau et Marion Senones. Rien ne les prédestine à une telle aventure. Originaire du Croisic, Odette Du Puigaudeau, peintre et dessinatrice, exerce cette activité au Muséum et au Collège de France, quand ce n'est pas dans les marais de la Brière ou sur les quais du Croisic. Après s'être essayée avec succès au journalisme, elle débarque d'un langoustier en provenance de Douarnenez à Nouâdhibou, alors Port-Etienne, en décembre 1933, avec son amie Marion Senones.

Pendant neuf mois, de décembre 1933 à septembre 1934, elles sillonnent le désert mauritanien, voyageant sans déguisement, contrairement à René Caillé. La plupart du temps pieds nus, elles parcourent ainsi 2 500 kilomètres à dromadaire et 2 000 kilomètres en voiture ou en camion, sans oublier les quelque 1 000 kilomètres en chemin de fer de Saint-Louis à Kayes au Mali via Dakar. Faisant fi des avertissements prodigués par les militaires occupant les dix-huit postes coloniaux de l'époque qui n'exercent qu'une autorité relative sur la région, elles bravent l'aridité du désert et l'inimitié des tribus maures. Elles n'accepteront d'abréger leur voyage que parce qu'Odette Du Puigaudeau, victime d'une grave infection de la main, ne peut poursuivre sa route.

Cette aventure donne naissance à un livre Pieds nus à travers la Mauritanie, paru en 1936. Riche d'enseignements sur le caractère bien trempé et quelque peu décalé de l'auteur, il est réédité en 1992. Non contentes de cela, Odette Du Puigaudeau et Marion Senones se retrouvent de décembre 1936 à janvier 1938 pour un périple de 6 000 kilomètres à travers les plateaux du Tagant, Tombouctou, Taoudeni et Tindouf. Théodore Monod lui-même encense Odette Du Puigaudeau à la lecture de son nouvel ouvrage Tagant paru en 1949 et réédité en 1994, qui relate cette traversée.

Après-guerre, elle reprend à deux reprises la piste du Sahara pour porter son total à plus de 15 000 kilomètres effectués dans le plus grand désert du monde. En 1991, elle décède à Rabat, à l'âge de 97 ans, laissant derrière elle huit livres, des centaines d'articles et l'empreinte dans le désert mauritanien d'une grande dame ayant magnifiquement et amoureusement fait découvrir l'une des plus vieilles civilisations du monde.

Abderrahmane Sissako

Il est né en Mauritanie en 1961. Après avoir passé une partie de son enfance au Mali, il revient dans son pays. Issu d'une famille de tradition nomade, il n'échappe pas à l'envie de connaître d'autres horizons et quitte la Mauritanie au début des années 1980 pour la Russie. Il poursuit ses études à Moscou à l'institut d'Etat du cinéma d'Union soviétique (VGIK). De cet enseignement, il tire rigueur et réalisme, deux qualités qui viennent contrebalancer l'exotisme de son oeuvre. Si son film de fin d'études, Le Jeu, est projeté à Cannes en 1991, c'est surtout avec Octobre qu'il se fait connaître, un moyen-métrage montré dans la section " Un certain regard " en 1993. Productif, il enchaîne les films, toujours avec le même réalisme, des fictions documentaristes comme Le Chameau et Les Bâtons flottants en 1995, Sabriya et Rostov-Luanda. Malgré la quasi-inexistence du cinéma mauritanien, Abderrahmane Sissako a réussi à s'imposer comme l'un des plus brillants auteurs-cinéastes africains. Puis en 1998, il est sélectionné pour participer à une collection sur l'an 2000 avec La Vie sur la Terre, dont le thème central est celui du départ. Thème que l'on retrouve d'ailleurs dans son dernier film En attendant le bonheur récompensé par le prix de la critique internationale à Cannes en 2002. Dans son oeuvre cinématographique, - ce film en est l'exemple le plus parfait, l'intrigue se passe dans la ville de transit malienne de Nouhadhibou, de laquelle il est parti pour la Russie - Abderrahmane Sissako mêle sa propre expérience de l'exil aux couleurs de l'Afrique car même s'il vit désormais en France, ce continent a su garder sa préférence. Bamako, son dernier film, a même été présenté en sélection officielle à Cannes en 2006.

Toumaï

C'est notre ancêtre commun et le plus ancien habitant du Sahara. Le Sahara tchadien est depuis le 19 juillet 2001, le berceau de l'humanité grâce à la mission paléontologique franco-tchadienne dirigée par le professeur Brunet. Ce dernier a découvert un crâne vieux de 7 millions d'années dans le désert de Djourab au nord du Tchad et l'a baptisé Toumaï, ce qui signifie " espoir de vie ".

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